CCIC
Centre Culturel International de Cerisy

Association des Amis de Pontigny-Cerisy

Août - Septembre 2018

MOT DE LA DIRECTRICE-ADJOINTE DU CCIC

Anne PEYROU-BAS & Olivier BASDepuis mon enfance, j’ai entendu parler de l’accueil chaleureux que ma grand-mère, ma tante, et mes parents ont prodigué depuis 1952 aux participants des colloques. Pour la première fois, mon mari Olivier et moi-même avons pris la responsabilité de l’accueil de deux colloques Goethe : l’actualité d’un inactuel et Hélène Bessette : l’attentat poétique, qui se déroulaient en parallèle du 20 au 27 août dernier. Pour vous faire partager notre expérience, trois expressions nous sont venues : famille, hors du temps, disponibilité.

Famille
La veille de "l’arrivée", dans une atmosphère de lever de rideau, Olivier et moi retrouvons la grande famille du Centre culturel : l’équipe de Chantal brique le château de fond en comble, en cuisine les menus sont préparés par Ghislaine et Patricia, la tondeuse de Pascal vrombit dans le parc, l’équipe de Philippe, Michaël, Jean-Christophe et Léa (la stagiaire) nous transmet les listes des participants, horaires d’arrivée, répartition des chambres, calendrier des séances, publications à disposer en rayons, et nous initient aux multiples tâches des colloques... Claire Paulhan, Jean-Pierre Montier, membres du Conseil d’administration, et Michèle Guichard sont venus avec gentillesse nous prêter main forte et nous nous répartissons les tâches : assister aux entretiens des deux colloques, être attentifs aux demandes de chacun, participer aux repas dans la salle à manger, être à l'écoute de nouveaux projets de colloques...

Hors du temps
C’est le temps excitant de la rencontre : Lors de la soirée d’accueil, nous demandons quelles sont les personnes qui viennent  pour la première fois à Cerisy, beaucoup de mains se lèvent... Mémoire du projet de mon arrière-grand-père Paul Desjardins dont Claire Paulhan parle admirablement, courte présentation des colloques par les directeurs qui tous sont déjà venus à Cerisy, témoignages de chacun sur ce qui l’a poussé à venir, organisation matérielle pour vivre ensemble pendant une semaine. Le ton est donné ! Simplicité, bonne humeur, passion pour les sujets présentés. Le charme du grenier opère...
Le temps long des entretiens à l’ambiance studieuse où, simultanément, on peut écouter, d'un côté, les communications de certains spécialistes de Goethe invitant à découvrir sa réception actuelle, et, de l'autre, les premières recherches autour de l’écrivaine contemporaine un peu oubliée aujourd'hui Hélène Bessette.
Le temps programmé au rythme de la cloche pour les repas et les entretiens, ainsi que pour les divers rituels que sont la visite du château, la photo de groupe...
Le temps dilaté et chargé d’émotion des relations que nous avons nouées pendant le repas, l’apéritif dans l’estaminet ou au potager.
Le temps suspendu des lectures d’Hélène Bessette, à peine réveillés, dans l’Orangerie baignée de verdure dans la lumière du matin, ou pendant les spectacles du soir : les Élégies croisées de Goethe et Bessette, le récital Goethe en musique du baryton Julien Ségol et du pianiste Kunal Lahiry, les lectures mises en scène de Ida par Anaïs de Courson et Grande Balade, par Claudine Hunault et Cédric Jullion à la flûte basse...
Nous avons aussi partagé avec l’équipe, le temps appliqué des tâches "internes" : réparations à signaler, ajustements du planning, projets que l’équipe engage pour l’année prochaine (nouveau site internet, paiement en ligne, visite des extérieurs en autonomie, coopérations avec le collège Anne Heurgon-Desjardins de Cerisy...).
Le temps disparu des tâches matérielles : ménage fait, repas préparés ; tout est fait pour que nous soyons disponibles et que les participants puissent penser ensemble...

Disponibilité
Sur le pont de 8h00 du matin jusqu’à 23h00, l’équipe est en permanence au service des participants : le secrétariat est le lieu-ressource où l’on prolonge les débats, où l’on demande de multiples services... Le dernier jour, remerciements, embrassades, reconnaissance... Un directeur dit que nous étions leurs "bienfaiteurs", nous lui répondons spontanément que c’était eux nos bienfaiteurs. Tout était dit ; Olivier et moi sommes repartis à la fois exténués mais riches de belles rencontres, de nouvelles réflexions et avec la fierté de perpétuer, ne serait-ce que le temps d’un colloque, la mission d’une famille engagée il y a 108 ans.


Anne Peyrou-Bas
Directrice-Adjointe du CCIC


TÉMOIGNAGE DE SYLVAIN ALLEMAND

Sylvain ALLEMANDDu 1er au 8 août se déroulait le colloque Brassages planétaires, codirigé par Patrick Moquay, Véronique Mure et Sébastien Théry. Plus que n’importe quel autre colloque, celui-ci se devait de "brasser" les points de vue, de surcroît aussi divers que possible. Défi relevé, comme en témoigne le secrétaire général de l’Association des Amis de Pontigny-Cerisy, Sylvain Allemand, qui y a assisté.

La notion de "brassage planétaire" est évoquée par le jardinier paysagiste Gilles Clément dès le début des années 2000, dans son ouvrage en forme d’éloge à ces plantes qui se sont joué et continuent à se jouer des frontières, et que l’on a tôt fait de considérer comme "envahissantes" ou "invasives" (Éloge des vagabondes, Nil éditions, 2002). Plus de quinze ans plus tard, le débat reste intense entre ceux qui recommandent de lutter contre ces plantes et/ou de promouvoir la certification de plantes locales, et ceux qui, au contraire, soulignent leur contribution à la biodiversité, tout en rappelant la responsabilité des hommes dans ce "vagabondage" végétal.

Des jardins en politique aux brassages planétaires
Ce débat prend une résonance particulière à l’heure où se pose la question des migrants. Notre rapport à ces plantes comme d’ailleurs aux espèces animales dites "nuisibles", n’éclaire-il pas en effet notre attitude contradictoire face à ces derniers, entre hospitalité et rejet, sinon inquiétude ? Si ce parallèle est pertinent, jusqu’où peut-on le pousser sans tomber dans l’écueil des analogies faciles ? N’y aurait-il pas intérêt à penser ensemble les brassages planétaires, ceux des plantes comme ceux des animaux et des humains ? C’est donc ce questionnement proposé par Gilles Clément qui a motivé ce quatrième colloque de la série consacrée aux jardins. Et ce, en parallèle, encore une fois, avec le séminaire de Textique.

Un colloque à l’image de son objet
Un tel colloque se devait d’être à l’image de son objet : un brassage de disciplines, de discours, de pratiques, d’expériences... Par sa composition, la codirection avait donné le ton, en réunissant trois personnes d’horizons différents (Véronique Mure, Patrick Moquay et Sébastien Thiéry, finalement empêché de venir). Sans compter Gilles Clément qui a honoré le colloque de sa présence en incarnant à lui seul cette volonté de croiser non seulement les regards, mais aussi les registres discursifs. Du brassage, donc, y compris intergénérationnel, grâce à la présence de jeunes de l’ENSP de Versailles et de l’ENSA de Marseille qui ont proposé des ateliers en forme de "jardins divers", dont une balade exploratoire des arbres de Cerisy...

Des discours variés, mais sans cacophonie
On pouvait craindre qu’une telle diversité de points de vue ne vire à la cacophonie, tant elle donna lieu à des registres de discours tout aussi variés, les uns académiques, les autres militants (parfois les deux), sans oublier les approches plus artistiques. Au contraire, il y eut quelque chose de stimulant à passer d’un registre à l’autre, malgré le risque de clivage qu’on pouvait voir poindre entre ceux qui en appelaient à des solutions non violentes, certes, mais "radicales", et ceux assumant davantage de pragmatisme. La traversée guidée de la baie du Mont Saint-Michel fut l’occasion de pousser plus loin les limites du brassage... comme le montre la photo ci-dessous, métaphore d’un brassage réussi entre l’humain et le végétal... De même que la proposition du paysagiste concepteur Yann Lafolie : une centaine de plants de tomates d’origines variées, qu’il était venu installer dès le mois de mai et qui, en plus d’agrémenter toute la saison cerisyenne, ont donné lieu, lors du colloque, à une exposition suivie d’une dégustation. Un bon moyen de voir, goûter, sentir et toucher les brassages planétaires à l'œuvre dans les jardins vivriers du monde entier.

Brassages planétaires - Cerisy 2018

Brassages planétaires - Cerisy 2018 Brassages planétaires - Cerisy 2018

Les brassages d’une mondialisation ultralibérale
Mais tous ces brassages auraient été vains si n’en étaient ressorties des idées forces nouvelles, utiles à la réflexion et à l’action. Nous mettrons juste en avant la manière dont les discussions ont permis de questionner jusqu’à la notion même... de brassage. Si dans l’Éloge des vagabondes, elle connote positivement, force est d’admettre avec un auditeur, qui n'est autre qu'Armand Hatchuel, qu’un brassage de grande ampleur est aussi à l’œuvre dans la mondialisation "ultra-libérale" au travers de la circulation accélérée de l’information et des connaissances... Difficile dans ces conditions d’encenser le brassage planétaire tout en dénonçant ce qui en est, qu’on le veuille ou non, un des moteurs principaux... Dans ce contexte, on est alors en droit de se demander si des "alliances inédites" ne sont pas à envisager pour affronter les défis posés par les sombres facettes de cette mondialisation, évoquées tout au long du colloque : les atteintes à la biodiversité, les contraintes qui pèsent sur la libre circulation des semences paysannes, sans oublier les flux migratoires et les obstacles qui leur sont dressés, et faire en sorte que les bonnes volontés (notamment celles de l’association Démosthène, à Caen) ne s’épuisent faute d’être relayées par les institutions susceptibles de les  "monter en généralité".

Zone sensible et Banque de miel
À cet égard, l’intervention d’Olivier Darné mérite d’être mise en exergue tant elle fait preuve d’un "optimisme méthodologique" à même d’esquisser un "futur souhaitable" : fondateur du "Parti poétique", il a illustré à travers l’exemple de son laboratoire à ciel ouvert installé au nord de Paris et d’un programme artistique (La Banque du miel), la capacité de transformation à plus grande échelle, sur des territoires, et d’adhésion à d’autres conceptions de la richesse, bien au-delà de cercles de stricts militants, moyennant l’acceptation de travailler avec des institutions, des collectivités, voire des entreprises...
Au final, rien mieux que la conclusion du colloque résume le chemin parcouru. Elle a consisté en une seconde lecture par Gilles Clément de l’introduction de son Éloge des vagabondes (la première avait ouvert le colloque), enrichie cette fois d’éléments de réflexion "glanés" au fil des échanges. Un exercice assez rare pour être souligné et dans lequel nous n’avons pu nous empêcher de voir plus qu’un clin d’œil à un des principes de... la Textique, dont le séminaire se déroulait en parallèle.

Le jardin en mouvement au prisme de la Textique
Pour mémoire, il s’agit d’une discipline inaugurée, en 1985, par Jean Ricardou lors d'un séminaire au Collège International de Philosophie, visant "à établir par niveaux une théorie unifiante de l’écrit accompagnée d'une théorie unifiante de l'écriture". Entre autres caractéristiques, elle autorise à reprendre des textes pour les "corriger" voire les réécrire, en vertu d’un autre principe suivant lequel ces textes ne sauraient être considérés comme définitifs ni l’œuvre d’un unique auteur, mais le produit de logiques inhérentes à l’acte d’écriture. Un principe pas si éloigné de la manière dont Gilles Clément envisage ses réalisations paysagères, dans la perspective du "jardin en mouvement" : comme l’expression de logiques qui le débordent largement, puisque liées aux interventions des jardiniers en charge de leur entretien, mais aussi des mécanismes naturels de la pollinisation. À se demander, donc, si un autre brassage ne s’était pas produit entre le colloque et le séminaire...


Sylvain Allemand
Secrétaire général de l’Association des Amis de Pontigny-Cerisy


RÉSUMÉ DU COLLOQUE "L'USAGE DES AMBIANCES", PAR QUENTIN LAZZARESCHI


Les temps du point de vue de l’étang

Un banc se situe entre le château et l’étang, il surplombe le chemin de graviers colorés qui mène au moulin.

Dissimulé derrière une plante buissonnante, il offre un point de vue singulier sur le paysage.

Sa position est ambivalente ; il est proche des lieux qui pensent, bien qu’il en soit un peu espacé.

La petite distance compose avec l’environnement, le son des installations, le silence des instants "entre-deux".

Il est comme un interstice : le banc a son usage, une forme sur laquelle on peut s’asseoir et se reposer mais il amène aussi l’usager à faire l’expérience.

Notamment l’expérience des ambiances, diffuses et diffusées.

Cerisy est à l’écoute des rumeurs du monde, à l’écoute de Cerisy il y a ces objets, ces arbres, ces pierres qui invitent à la rencontre, à la discussion, à l’observation et à d’autres temps.

Ils s’accordent et créent l’atmosphère.

La pensée circule et s’émancipe au fil de l’usage des ambiances, elle est prête à jaillir des sentiers que chacun emprunte pour tracer des itinéraires différents, tend à l’ubiquité.

La cloche aiguille les moments de la journée : elle rythme le bal des sentiments ambiants, les fluidifie.

Des tonalités et des postures déplacent les intervenants et les interventions, c’est la recherche qui se mêle à la proposition artistique : les disciplines ont des mouvements communs.

Une sensibilité nouvelle et relative au territoire se construit, les espaces du domaine prennent part aux arguments, ils deviennent le théâtre de productions, de lectures, de tentatives.

Les fenêtres s’ouvrent donc sur l’extérieur et sur ce banc au matin, je contemple l’eau de l’étang, comme un miroir paisible qui reflète depuis mon point de vue, le paysage, un usage, une ambiance.


Quentin Lazzareschi
www.quentinlazzareschi.com


ÉCHOS SUR QUELQUES COLLOQUES, PAR LÉA LUCAS, STAGIAIRE AU CCIC

Rencontre avec Aude Legrand

Aude Legrand est étudiante en master d’arts plastiques et sciences de l’art à Paris 1. Elle s’intéresse à l’art tel qu’il est pensé et théorisé par les sciences humaines (histoire, philosophie, anthropologie…) mais aussi à la pratique artistique, tel que le ferait un étudiant aux Beaux-Arts. Ainsi, dans son travail, théorie et pratique s’articulent et se confrontent.

Comment as-tu découvert la textique ?
J'ai suivi une formation hypokhâgne/khâgne et m'appuie sur la littérature pour mieux saisir ce rapport entre théorie et pratique, question qui m'a conduite à me pencher sur la textique. En effet, je m'intéresse en particulier à la poésie et au Nouveau Roman. C’est donc dans les rayonnages d’une bibliothèque parisienne que j’ai découvert Jean Ricardou, avec Le Nouveau Roman, il y a environ un an. Dans une autre bibliothèque, j’ai eu la chance de trouver les actes du colloque Nouveau Roman : hier, aujourd'hui (Tome I et Tome II) dirigé par Jean Ricardou à Cerisy en 1971.

Qu'est-ce qui t'a intéressée dans cette discipline ?
Les recherches de Ricardou sur la littérature et l’écrit en général m’ont tout de suite passionnée. Sa quête de clarté et son statut à la fois d'écrivain et de théoricien suscitent beaucoup mon intérêt. La textique propose des outils conceptuels qui permettent une analyse très fine des écrits, qu’ils soient faits de lettres ou d'images, via l'articulation effective de la théorie et de la pratique.

Qu'est-ce qui t'a amenée à participer à un séminaire à Cerisy ?
C’est donc grâce à la textique que j’ai découvert Cerisy ! Ce n’est pas la première fois que je participe à un séminaire ou à un colloque, mais l’expérience cerisyenne n’a rien à voir avec tout ce que j’ai pu vivre jusque là. Cerisy est un lieu unique et authentique, une sorte de colonie de vacances pour intellectuels et curieux, où l’on se sent comme à la maison. Les journées sont consacrées à la discussion, à la réflexion et aux repas, voire à quelques ballades... Que demander de plus ?

Que retires-tu de ce séminaire ?
Le séminaire a été très riche aussi bien sur le plan intellectuel que sur le plan humain. L’écoute et la bienveillance de l’ensemble des membres du séminaire de textique est remarquable, ainsi que l’exigence et le refus de complaisance de chacun. Cet état d’esprit permet de mettre en place des discussions de fond et de remettre sans cesse en question les concepts proposés par la discipline elle-même.

As-tu éprouvé des difficultés lors de cette initiation à la textique ?
Pour préparer le séminaire, je me suis penchée sur les contributions des uns et des autres, sans pouvoir saisir l’ensemble des concepts mobilisés. Ce n’est d’ailleurs pas l’objectif de la textique, me semble-t-il, puisque le massif théorique élaboré par Ricardou n’a pas du tout vocation à être appris par cœur... Ce qui compte, c’est la réflexivité, la capacité argumentative et la clarté de chacun en vue de faire avancer, par questionnements successifs, la textique. Lors du séminaire, les texticiens m’éclairaient dès que j'en avais besoin sur les concepts que je n’avais pas saisis. Ils m’ont très bien accueillie, et j’ai le sentiment d’avoir trouvé en eux une famille intellectuelle.

Vas-tu continuer à t'impliquer dans la textique ?
Je vais donc évidemment continuer à m’impliquer dans la textique. D'une part, je vais approfondir mes recherches sur l’œuvre de Ricardou. Je compte aussi prendre part aux échanges  collectifs qui se poursuivent avec les texticiens tout au long de l’année, via le Cercle Ouvert de Recherche en Textique. La date du prochain colloque consacré à Jean Ricardou et à la textique, "Écrire pour comprendre", qui se tient en août prochain à Cerisy, est déjà notée dans mon agenda !



Rencontre avec Inhye Hong

Inhye Hong, coréenne, est venue en France pour suivre des études en littérature française à la Sorbonne. Elle est actuellement en cinquième année de thèse portant sur la catharsis par la parole dans le théâtre de Valère Novarina
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Pourquoi as-tu choisi de venir étudier en France ?
J'ai toujours beaucoup aimé la littérature. Au lycée, en Corée, j'ai dû choisir une langue étrangère. J'ai choisi le français sur les conseils de mon oncle, qui travaille sur la linguistique et la littérature coréenne. Il pensait en effet qu'il serait intéressant pour moi de faire de la littérature comparée entre littératures française et coréenne : il avait raison ! Je suis vite tombée amoureuse de la littérature française, j'ai donc continué dans cette voie. Ensuite, la France m'a tout naturellement semblé être le meilleur endroit du monde pour étudier la littérature française !

Comment as-tu découvert l’œuvre de Valère Novarina ?
Quand je suis arrivée en France, je voulais travailler sur Camus ou Ionesco. À la Sorbonne, on m'a dit que ces sujets étaient déjà exploités en nombre par les étudiants. Mon directeur de recherche en master 1 m'a proposé de lire Valère Novarina. J'ai commencé par lire ses pièces de théâtre... Au premier abord, je n'ai rien compris et me suis sentie assez désespérée. Mon directeur de recherche m'a alors conseillé de commencer par les textes théoriques de Novarina. J'ai donc lu ces textes, avant de revenir au théâtre, dont la compréhension m'a tout de suite été plus aisée. Dès lors, j'ai pu apprécier le travail de Novarina, et c'est ainsi que j'ai décidé de me plonger dans le monde novarinien...

Comment as-tu eu connaissance de l'organisation de ce colloque ?
Cerisy est un endroit renommé, surtout parmi les étudiants en littérature ! De plus, je travaille avec Marion Alev-Chénetier, qui m'aide beaucoup pour ma thèse. Lorsqu'elle m'a dit qu'elle co-organisait un colloque sur Novarina, j'ai été tout de suite très intéressée.

Qu'est-ce qui te plaît dans le programme de ce colloque ?
J'apprécie beaucoup le programme dense que nous avons à Cerisy, ainsi que le fait que le colloque soit consacré à un auteur précis. Une fois, ailleurs, j'ai participé à un colloque sur la catharsis. Les gens ne connaissaient pas forcément Valère Novarina : je me suis retrouvée être la représentante du monde novarinien alors que je n'étudiais cet auteur que depuis cinq mois. C'était assez intimidant. Le programme dense de cette semaine, ciblé sur le travail de Novarina et en présence de l'auteur lui-même, m'a beaucoup aidée pour mon travail. J'ai aimé aussi particulièrement les temps de représentation théâtrale, de spectacle et de lecture, notamment le soir au grenier !

Quel est ton ressenti après cette semaine passée aux côtés de ton sujet de thèse ?
C'est vraiment fatiguant pour moi d'assister toute une semaine à un colloque qui se déroule en français sur un sujet pareil, puisque ce n'est pas ma langue maternelle. Cela dit, c'est une expérience très enrichissante. Je n'interviens pas souvent car je reçois énormément d'inspiration de la part des uns et des autres. Je préfère prendre des notes et accueillir tout ce que ce colloque peut m'apporter. C'est bien mieux que de lire des livres sur Valère Novarina : ce qui est vraiment intéressant ici, c'est que l'interaction soit au cœur du colloque. Cette semaine, j'ai retrouvé la plupart des auteurs des manuels que j'ai consultés pour mieux comprendre le monde de Valère Novarina : c'est comme s'ils étaient sortis du livre, ils étaient là !

Qu'est-ce que tu aimes particulièrement à Cerisy ?
On prend le temps de présenter son travail et de discuter ensemble. J'ai participé à plusieurs colloques ailleurs, en tant qu'intervenante et en tant qu'auditrice : pouvoir débattre aussi longuement après une présentation est quelque chose d'assez rare. J'ai beaucoup aimé ces temps de partage. Ce qui fait du bien ici, c'est qu'on a le temps d'apprendre à connaître les personnes présentes, puisqu'on partage la vie des uns et des autres pendant une semaine : c'est important d'être ensemble et de pouvoir communiquer et réfléchir à plusieurs le temps d'une communication, d'un débat, d'un repas... Merci Cerisy !

Propos recueillis par Léa LUCAS
Stagiaire au CCIC (juillet-août 2018)


COLLOQUES 2018

S'agissant des inscriptions aux colloques 2018, elles sont ouvertes depuis le 15 mars.
Vous pouvez retrouver, au fur et à mesure de la mise à notre disposition des informations de la part des directeurs, pour chaque colloque, une présentation détaillée (argument, calendrier provisoire ou définitif, bibliographie, résumé et présentation des intervenants) et télécharger les flyers de présentation.
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Vous pouvez aussi télécharger le programme 2018 (au format PDF) en cliquant sur l'image ci-contre.

Rappel: L'Association des Amis de Pontigny-Cerisy est un organisme agréé pour la Formation continue, enregistré sous le numéro: 25 50 00326 60.
Cerisy - Programme 2018


PUBLICATIONS

L'Algérie, traversées L'Algérie, traversées
Direction: Ghyslain Lévy, Catherine Mazauric, Anne Roche
Éditeur: 
Hermann Éditeur — 2018
Collection: Colloque de Cerisy
ISBN: 978-2-7056-9767-9

Le projet de L’Algérie, traversées s’est formulé autour d’une question partagée : l’heure n’est-elle pas venue en Algérie d’un véritable renouveau apporté par les œuvres de culture ? Les différentes générations d’écrivains, d’artistes, de psychanalystes, de chercheurs en littérature, en anthropologie ou en histoire réunies à Cerisy, le lieu même où se dit depuis si longtemps la foisonnante diversité des cultures, ont concouru à une rupture avec les versions convenues de l’Histoire, avec les mémoires encore enfermées dans des clivages post-traumatiques et des fixations nostalgiques. Cet ouvrage rend compte de leurs travaux, avec l’enthousiasme et la passion des échanges entre celles et ceux qui savent combien le passé s’écrit toujours au futur, car il est riche de possibles à faire advenir.
Traverser c’est multiplier les voies du sens et de l’interprétation, chercher des chemins de biais, traverser c’est traduire pour accéder à d’autres formes d’altérité. L’esprit des traversées anime ce livre, depuis le pouvoir créateur de la métaphore, afin de dire autrement l’Algérie et sa réalité présente et à venir.

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Vers une république des biens communs ? Vers une république des biens communs ?
Direction: Nicole Alix, Jean-Louis Bancel, Benjamin Coriat, Frédéric Sultan
Éditeur:
Éditions Les Liens qui Libèrent — 2018
ISBN: 979-10-209-0612-0

Cet ouvrage montre comment nous sommes entrés dans une phase nouvelle, celle de l’enracinement des communs dans la société, de leur extension à des domaines sans cesse élargis de la vie sociale et de leur pérennisation dans le temps. Car le commun n’est pas destiné à compenser les déficiences d’un monde capitaliste et marchand. Instrument d’une citoyenneté refondée, le commun comme les hybrides auxquels il ne peut manquer de donner lieu (mutuelles de travail, coopératives "ouvertes", plateformes numériques, etc.) ont vocation à se déployer comme formes économiques majeures, au service du bien commun.
En tirant parti de l’expérience mutualiste, coopérative et associative, ce livre s’efforce de penser dès aujourd’hui la connexion et la coopération entre communs pour aider à ce que cet avenir se réalise. Si l’on veut échapper à l’enfermement des communs dans un monde fait d’îlots séparés, il faut d’emblée envisager les relations des communs à l’entreprise, à la ville, au territoire, à l’action citoyenne, et commencer à préfigurer et à anticiper dans la pensée comme dans l’action ce que pourrait être une république des communs
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Espaces et littératures des Amériques Espaces et littératures des Amériques
Mutation, complémentarité, partage
Direction: Zilá Bernd, Patrick Imbert, Rita Olivieri-Godet
Éditeur:
Presses de l'Université Laval (co-édition Hermann) — 2018
Collection: Américana
ISBN: 978-2-7637-3756-0

Cet ouvrage compare les multiples expressions de l’espace continental des Amériques et de l’espace insulaire des Caraïbes qui lui fait face en analysant les modalités de renouvellement des mythes, des narrativités et des perspectives menant à la reconfiguration de cet espace. Les analyses sont structurées autour de quatre axes nourris par des réflexions portant sur les conflits et les croisements culturels, économiques, sociaux et politiques : 1) déplacements et traversées de frontières, 2) dynamiques urbaines et représentations, 3) confins, territoires et non-lieux et 4) espaces mémoriaux.
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Peter Handke. Analyse du temps Peter Handke
Analyse du temps
Direction: Mireille Calle-Gruber, Ingrid Holtey, Patricia Oster-Stierle
Éditeur:
Presses Sorbonne Nouvelle — 2018
Collection: Archives
ISBN: 978-2-87854-974-4

Pour le colloque de Cerisy, Peter Handke a fait la démonstration de "l’analyse du temps" en exposant aux climats de juillet, dans son jardin, l’affiche qui reproduisait son portrait, couvert désormais des graffitis aléatoires du temps cosmique. Manuscrits, commentaires des conservateurs, entretiens, études d’universitaires, lectures de comédiens, approchent à leur tour l’énigmatique plasticité du temps qui façonne son œuvre.
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NB: Vous pouvez accéder à l'ensemble des publications du CCIC ainsi qu'à une liste plus complète des prochaines parutions à la rubrique "Publications" de notre site internet.
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CONFÉRENCES EN LIGNE

Les enregistrements audio ou vidéo de certaines conférences, choisies pendant les colloques, sont mis en ligne sur la Forge Numérique de la MRSH de l'Université de Caen Normandie ainsi que sur le site France Culture.
Forge Numérique
France Culture
Pascal NOUVEL: Les tonalités affectives dans la perception du milieu ambiant en architecture et en urbanisme: Bollnow, Bachelard, Zumthor
[Colloque "Saisir le rapport affectif aux lieux"]
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Françoise COBLENCE: Les embûches de l'affect
[Colloque "La psychanalyse : anatomie de sa modernité (à partir des travaux de Laurence Kahn)"]
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Victor-Arthur PIÉGAY: Naissance et renaissances des Watchmen, de Charlton Comics à DC Rebirth
[Colloque "Les superhéros : une mythologie pour aujourd'hui"]
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Maéva CLÉMENT & Éric SANGAR: L’engagement violent féminin: contournements discursifs sous le nazisme et sous l’État Islamique
[Colloque "Les discours meurtriers aujourd'hui"]
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Antoine HENNION: Débattre des mondes que nous voulons: les migrations comme proposition politique
[Colloque "Brassages planétaires"]
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Daniel BOUGNOUX: "Dans les ruines du temps démantelé" (Aragon)
[Colloque "Aragon vivant"]
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Christine RAMAT: Les bouffonneries macabres sur la scène novarinienne: un comique rédempteur
[Colloque "Valère Novarina : les quatre sens de l'écriture"]
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Werner WÖGERBAUER: L'art poétique des Élégies romaines
[Colloque "Goethe : l'actualité d'un inactuel"]
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