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Centre
Culturel International de Cerisy
Association
des Amis de Pontigny-Cerisy |
MOT
DE LA DIRECTRICE-ADJOINTE DU CCIC
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Depuis
mon enfance, j’ai entendu parler de l’accueil chaleureux que ma
grand-mère, ma tante, et mes parents ont prodigué depuis 1952 aux
participants des colloques. Pour la première fois, mon mari Olivier et
moi-même avons pris la responsabilité de l’accueil de deux colloques Goethe
: l’actualité d’un inactuel et Hélène
Bessette : l’attentat poétique, qui se déroulaient en parallèle du
20 au 27 août dernier. Pour vous faire partager notre expérience, trois
expressions nous sont venues : famille, hors du temps, disponibilité.
Famille
La veille de "l’arrivée", dans une atmosphère de
lever de rideau, Olivier et moi retrouvons la grande famille du Centre
culturel : l’équipe de Chantal brique le château de fond en comble, en
cuisine les menus sont préparés par Ghislaine et Patricia, la tondeuse
de Pascal vrombit dans le parc, l’équipe de Philippe, Michaël,
Jean-Christophe et Léa (la stagiaire) nous transmet les listes des
participants, horaires d’arrivée, répartition des chambres, calendrier
des séances, publications à disposer en rayons, et nous initient aux
multiples tâches des colloques... Claire Paulhan, Jean-Pierre Montier,
membres du Conseil d’administration, et Michèle Guichard sont venus
avec gentillesse nous prêter main forte et nous nous répartissons les
tâches : assister aux entretiens des deux colloques, être attentifs aux
demandes de chacun, participer aux repas dans la salle à manger, être à
l'écoute de nouveaux projets de colloques...
Hors du temps
C’est le temps
excitant de la rencontre : Lors de la soirée d’accueil, nous
demandons quelles sont les personnes qui viennent pour la
première fois à Cerisy, beaucoup de mains se lèvent... Mémoire du
projet de mon arrière-grand-père Paul Desjardins dont Claire Paulhan
parle admirablement, courte présentation des colloques par les
directeurs qui tous sont déjà venus à Cerisy, témoignages de chacun sur
ce qui l’a poussé à venir, organisation matérielle pour vivre ensemble
pendant une semaine. Le ton est donné ! Simplicité, bonne humeur,
passion pour les sujets présentés. Le charme du grenier opère...
Le temps long des
entretiens à l’ambiance studieuse où, simultanément, on peut
écouter, d'un côté, les communications de certains spécialistes de
Goethe invitant à découvrir sa réception actuelle, et, de l'autre, les
premières recherches autour de l’écrivaine contemporaine un peu oubliée
aujourd'hui Hélène Bessette.
Le temps programmé au
rythme de la cloche pour les repas et les entretiens, ainsi que pour
les divers rituels que sont la visite du château, la photo de groupe...
Le temps dilaté et chargé
d’émotion des relations que nous avons nouées pendant le repas,
l’apéritif dans l’estaminet ou au potager.
Le temps suspendu
des lectures d’Hélène Bessette, à peine réveillés, dans l’Orangerie
baignée
de verdure dans la lumière du matin, ou pendant les spectacles du soir
: les Élégies croisées de
Goethe et Bessette, le récital Goethe
en musique du baryton Julien Ségol et du pianiste Kunal Lahiry,
les lectures mises en scène de Ida
par Anaïs de Courson et Grande Balade,
par Claudine Hunault et Cédric Jullion à la flûte basse...
Nous avons aussi partagé avec l’équipe, le temps appliqué des tâches
"internes" : réparations à signaler, ajustements du planning, projets
que l’équipe engage pour l’année prochaine (nouveau site internet,
paiement en ligne, visite des extérieurs en autonomie, coopérations
avec le collège Anne Heurgon-Desjardins de Cerisy...).
Le temps disparu
des tâches matérielles : ménage fait, repas préparés ; tout est fait
pour que nous soyons disponibles et que les participants puissent
penser ensemble...
Disponibilité
Sur le pont de 8h00 du matin jusqu’à 23h00, l’équipe
est en permanence au service des participants : le secrétariat est le
lieu-ressource où l’on prolonge les débats, où l’on demande de
multiples services... Le dernier jour, remerciements, embrassades,
reconnaissance... Un directeur dit que nous étions leurs
"bienfaiteurs", nous lui répondons spontanément que c’était eux nos
bienfaiteurs. Tout était dit ; Olivier et moi sommes repartis à la fois
exténués mais riches de belles rencontres, de nouvelles réflexions et
avec la fierté de perpétuer, ne serait-ce que le temps d’un colloque,
la mission d’une famille engagée il y a 108 ans.
Anne Peyrou-Bas
Directrice-Adjointe
du CCIC
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TÉMOIGNAGE
DE SYLVAIN ALLEMAND
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Du
1er au 8 août se déroulait le colloque Brassages
planétaires, codirigé par Patrick Moquay, Véronique Mure et
Sébastien Théry. Plus que n’importe quel autre colloque, celui-ci se
devait de "brasser" les points de vue, de surcroît aussi divers que
possible. Défi relevé, comme en témoigne le secrétaire général de
l’Association des Amis de Pontigny-Cerisy, Sylvain Allemand, qui y a
assisté.
La
notion de "brassage planétaire" est évoquée par le jardinier paysagiste
Gilles Clément dès le début des années 2000, dans son ouvrage en forme
d’éloge à ces plantes qui se sont joué et continuent à se jouer des
frontières, et que l’on a tôt fait de considérer comme "envahissantes"
ou "invasives" (Éloge des vagabondes,
Nil éditions, 2002). Plus de quinze ans plus tard, le débat reste
intense entre ceux qui recommandent de lutter contre ces plantes et/ou
de promouvoir la certification de plantes locales, et ceux qui, au
contraire, soulignent leur contribution à la biodiversité, tout en
rappelant la responsabilité des hommes dans ce "vagabondage" végétal.
Des
jardins en politique aux brassages planétaires
Ce débat prend une résonance particulière à l’heure où se pose la
question des migrants. Notre rapport à ces plantes comme d’ailleurs aux
espèces animales dites "nuisibles", n’éclaire-il pas en effet notre
attitude contradictoire face à ces derniers, entre hospitalité et
rejet, sinon inquiétude ? Si ce parallèle est pertinent, jusqu’où
peut-on le pousser sans tomber dans l’écueil des analogies faciles ?
N’y aurait-il pas intérêt à penser ensemble les brassages planétaires,
ceux des plantes comme ceux des animaux et des humains ? C’est donc ce
questionnement proposé par Gilles Clément qui a motivé ce quatrième
colloque de la série consacrée aux jardins. Et ce, en parallèle, encore
une fois, avec le séminaire de Textique.
Un
colloque à l’image de son objet
Un tel colloque se devait d’être à l’image de son objet : un brassage
de disciplines, de discours, de pratiques, d’expériences... Par sa
composition, la codirection avait donné le ton, en réunissant trois
personnes d’horizons différents (Véronique Mure, Patrick Moquay et
Sébastien Thiéry, finalement empêché de venir). Sans compter Gilles
Clément qui a honoré le colloque de sa présence en incarnant à lui seul
cette volonté de croiser non seulement les regards, mais aussi les
registres discursifs. Du brassage, donc, y compris intergénérationnel,
grâce à la présence de jeunes de l’ENSP de Versailles et de l’ENSA de
Marseille qui ont proposé des ateliers en forme de "jardins divers",
dont une balade exploratoire des arbres de Cerisy...
Des
discours variés, mais sans cacophonie
On pouvait craindre qu’une telle diversité de points de vue ne vire à
la cacophonie, tant elle donna lieu à des registres de discours tout
aussi variés, les uns académiques, les autres militants (parfois les
deux), sans oublier les approches plus artistiques. Au contraire, il y
eut quelque chose de stimulant à passer d’un registre à l’autre, malgré
le risque de clivage qu’on pouvait voir poindre entre ceux qui en
appelaient à des solutions non violentes, certes, mais "radicales", et
ceux assumant davantage de pragmatisme. La traversée guidée de la baie
du Mont Saint-Michel fut l’occasion de pousser plus loin les limites du
brassage... comme le montre la photo ci-dessous, métaphore d’un
brassage réussi entre l’humain et le végétal... De même que la
proposition du paysagiste concepteur Yann Lafolie : une centaine de
plants de tomates d’origines variées, qu’il était venu installer dès le
mois de mai et qui, en plus d’agrémenter toute la saison cerisyenne,
ont donné lieu, lors du colloque, à une exposition suivie d’une
dégustation. Un bon moyen de voir, goûter, sentir et toucher les
brassages planétaires à l'œuvre dans les jardins vivriers du monde
entier.
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Les
brassages d’une mondialisation ultralibérale
Mais tous ces brassages auraient été vains si n’en étaient ressorties
des idées forces nouvelles, utiles à la réflexion et à l’action. Nous
mettrons juste en avant la manière dont les discussions ont permis de
questionner jusqu’à la notion même... de brassage. Si dans l’Éloge des
vagabondes, elle connote positivement, force est d’admettre avec un
auditeur, qui n'est autre qu'Armand Hatchuel, qu’un brassage de grande
ampleur est aussi à l’œuvre dans la mondialisation "ultra-libérale" au
travers de la circulation accélérée de l’information et des
connaissances... Difficile dans ces conditions d’encenser le brassage
planétaire tout en dénonçant ce qui en est, qu’on le veuille ou non, un
des moteurs principaux... Dans ce contexte, on est alors en droit de se
demander si des "alliances inédites" ne sont pas à envisager pour
affronter les défis posés par les sombres facettes de cette
mondialisation, évoquées tout au long du colloque : les atteintes à la
biodiversité, les contraintes qui pèsent sur la libre circulation des
semences paysannes, sans oublier les flux migratoires et les obstacles
qui leur sont dressés, et faire en sorte que les bonnes volontés
(notamment celles de l’association Démosthène, à Caen) ne s’épuisent
faute d’être relayées par les institutions susceptibles de les
"monter en généralité".
Zone
sensible et Banque de miel
À cet égard, l’intervention d’Olivier Darné mérite d’être mise en
exergue tant elle fait preuve d’un "optimisme méthodologique" à même
d’esquisser un "futur souhaitable" : fondateur du "Parti poétique", il
a illustré à travers l’exemple de son laboratoire à ciel ouvert
installé au nord de Paris et d’un programme artistique (La Banque du miel), la capacité de
transformation à plus grande échelle, sur des territoires, et
d’adhésion à d’autres conceptions de la richesse, bien au-delà de
cercles de stricts militants, moyennant l’acceptation de travailler
avec des institutions, des collectivités, voire des entreprises...
Au final, rien mieux que la conclusion du colloque résume le chemin
parcouru. Elle a consisté en une seconde lecture par Gilles Clément de
l’introduction de son Éloge des
vagabondes (la première avait ouvert le colloque), enrichie
cette fois d’éléments de réflexion "glanés" au fil des échanges. Un
exercice assez rare pour être souligné et dans lequel nous n’avons pu
nous empêcher de voir plus qu’un clin d’œil à un des principes de... la
Textique, dont le séminaire se déroulait en parallèle.
Le
jardin en mouvement au prisme de la Textique
Pour mémoire, il s’agit d’une discipline inaugurée, en 1985, par Jean
Ricardou lors d'un séminaire au Collège International de Philosophie,
visant "à établir par niveaux une théorie unifiante de l’écrit
accompagnée d'une théorie unifiante de l'écriture". Entre autres
caractéristiques, elle autorise à reprendre des textes pour les
"corriger" voire les réécrire, en vertu d’un autre principe suivant
lequel ces textes ne sauraient être considérés comme définitifs ni
l’œuvre d’un unique auteur, mais le produit de logiques inhérentes à
l’acte d’écriture. Un principe pas si éloigné de la manière dont Gilles
Clément envisage ses réalisations paysagères, dans la perspective du
"jardin en mouvement" : comme l’expression de logiques qui le débordent
largement, puisque liées aux interventions des jardiniers en charge de
leur entretien, mais aussi des mécanismes naturels de la pollinisation.
À se demander, donc, si un autre brassage ne s’était pas produit entre
le colloque et le séminaire...
Sylvain Allemand
Secrétaire
général de l’Association des Amis de Pontigny-Cerisy
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RÉSUMÉ
DU COLLOQUE "L'USAGE DES AMBIANCES", PAR QUENTIN LAZZARESCHI
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Les temps du point de
vue de l’étang
Un banc se situe entre le château et l’étang, il surplombe le chemin de
graviers colorés qui mène au moulin.
Dissimulé derrière une plante buissonnante, il offre un point de vue
singulier sur le paysage.
Sa position est ambivalente ; il est proche des lieux qui pensent, bien
qu’il en soit un peu espacé.
La petite distance compose avec l’environnement, le son des
installations, le silence des instants "entre-deux".
Il est comme un interstice : le banc a son usage, une forme sur
laquelle on peut s’asseoir et se reposer mais il amène aussi l’usager à
faire l’expérience.
Notamment l’expérience des ambiances, diffuses et diffusées.
Cerisy est à l’écoute des rumeurs du monde, à l’écoute de Cerisy il y a
ces objets, ces arbres, ces pierres qui invitent à la rencontre, à la
discussion, à l’observation et à d’autres temps.
Ils s’accordent et créent l’atmosphère.
La pensée circule et s’émancipe au fil de l’usage des ambiances, elle
est prête à jaillir des sentiers que chacun emprunte pour tracer des
itinéraires différents, tend à l’ubiquité.
La cloche aiguille les moments de la journée : elle rythme le bal des
sentiments ambiants, les fluidifie.
Des tonalités et des postures déplacent les intervenants et les
interventions, c’est la recherche qui se mêle à la proposition
artistique : les disciplines ont des mouvements communs.
Une sensibilité nouvelle et relative au territoire se construit, les
espaces du domaine prennent part aux arguments, ils deviennent le
théâtre de productions, de lectures, de tentatives.
Les fenêtres s’ouvrent donc sur l’extérieur et sur ce banc au matin, je
contemple l’eau de l’étang, comme un miroir paisible qui reflète depuis
mon point de vue, le paysage, un usage, une ambiance.
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ÉCHOS
SUR QUELQUES COLLOQUES, PAR LÉA LUCAS, STAGIAIRE AU CCIC
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Rencontre avec
Aude Legrand
Aude Legrand est
étudiante en master d’arts plastiques et sciences de l’art à Paris 1.
Elle s’intéresse à l’art tel qu’il est pensé et théorisé par les
sciences humaines (histoire, philosophie, anthropologie…) mais aussi à
la pratique artistique, tel que le ferait un étudiant aux Beaux-Arts.
Ainsi, dans son travail, théorie et pratique s’articulent et se
confrontent.
Comment
as-tu découvert la textique ?
J'ai suivi une formation hypokhâgne/khâgne et m'appuie sur la
littérature pour mieux saisir ce rapport entre théorie et pratique,
question qui m'a conduite à me pencher sur la textique. En effet, je
m'intéresse en particulier à la poésie et au Nouveau Roman. C’est donc
dans les rayonnages d’une bibliothèque parisienne que j’ai découvert
Jean Ricardou, avec Le Nouveau Roman,
il y a environ un an. Dans une autre bibliothèque, j’ai eu la chance de
trouver les actes du colloque Nouveau
Roman : hier, aujourd'hui (Tome I et Tome II) dirigé par Jean Ricardou à Cerisy
en 1971.
Qu'est-ce
qui t'a intéressée dans cette discipline ?
Les recherches de Ricardou sur la littérature et l’écrit en général
m’ont tout de suite passionnée. Sa quête de clarté et son statut à la
fois d'écrivain et de théoricien suscitent beaucoup mon intérêt. La
textique propose des outils conceptuels qui permettent une analyse très
fine des écrits, qu’ils soient faits de lettres ou d'images, via
l'articulation effective de la théorie et de la pratique.
Qu'est-ce
qui t'a amenée à participer à un séminaire à Cerisy ?
C’est donc grâce à la textique que j’ai découvert Cerisy ! Ce n’est pas
la première fois que je participe à un séminaire ou à un colloque, mais
l’expérience cerisyenne n’a rien à voir avec tout ce que j’ai pu vivre
jusque là. Cerisy est un lieu unique et authentique, une sorte de
colonie de vacances pour intellectuels et curieux, où l’on se sent
comme à la maison. Les journées sont consacrées à la discussion, à la
réflexion et aux repas, voire à quelques ballades... Que demander de
plus ?
Que
retires-tu de ce séminaire ?
Le séminaire a été très riche aussi bien sur le plan intellectuel que
sur le plan humain. L’écoute et la bienveillance de l’ensemble des
membres du séminaire de textique est remarquable, ainsi que l’exigence
et le refus de complaisance de chacun. Cet état d’esprit permet de
mettre en place des discussions de fond et de remettre sans cesse en
question les concepts proposés par la discipline elle-même.
As-tu
éprouvé des difficultés lors de cette initiation à la textique ?
Pour préparer le séminaire, je me suis penchée sur les contributions
des uns et des autres, sans pouvoir saisir l’ensemble des concepts
mobilisés. Ce n’est d’ailleurs pas l’objectif de la textique, me
semble-t-il, puisque le massif théorique élaboré par Ricardou n’a pas
du tout vocation à être appris par cœur... Ce qui compte, c’est la
réflexivité, la capacité argumentative et la clarté de chacun en vue de
faire avancer, par questionnements successifs, la textique. Lors du
séminaire, les texticiens m’éclairaient dès que j'en avais besoin sur
les concepts que je n’avais pas saisis. Ils m’ont très bien accueillie,
et j’ai le sentiment d’avoir trouvé en eux une famille intellectuelle.
Vas-tu
continuer à t'impliquer dans la textique ?
Je vais donc évidemment continuer à m’impliquer dans la textique. D'une
part, je vais approfondir mes recherches sur l’œuvre de Ricardou. Je
compte aussi prendre part aux échanges collectifs qui se
poursuivent avec les texticiens tout au long de l’année, via le Cercle
Ouvert de Recherche en Textique. La date du prochain colloque consacré
à Jean Ricardou et à la textique, "Écrire pour comprendre", qui se
tient en août prochain à Cerisy, est déjà notée dans mon agenda !
Rencontre
avec Inhye Hong
Inhye Hong, coréenne, est venue en France pour suivre des études en
littérature française à la Sorbonne. Elle est actuellement en cinquième
année de thèse portant sur la catharsis par la parole dans le théâtre
de Valère Novarina.
Pourquoi
as-tu choisi de venir étudier en France ?
J'ai toujours beaucoup aimé la littérature. Au lycée, en Corée, j'ai dû
choisir une langue étrangère. J'ai choisi le français sur les conseils
de mon oncle, qui travaille sur la linguistique et la littérature
coréenne. Il pensait en effet qu'il serait intéressant pour moi de
faire de la littérature comparée entre littératures française et
coréenne : il avait raison ! Je suis vite tombée amoureuse de la
littérature française, j'ai donc continué dans cette voie. Ensuite, la
France m'a tout naturellement semblé être le meilleur endroit du monde
pour étudier la littérature française !
Comment
as-tu découvert l’œuvre de Valère Novarina ?
Quand je suis arrivée en France, je voulais travailler sur Camus ou
Ionesco. À la Sorbonne, on m'a dit que ces sujets étaient déjà
exploités en nombre par les étudiants. Mon directeur de recherche en
master 1 m'a proposé de lire Valère Novarina. J'ai commencé par lire
ses pièces de théâtre... Au premier abord, je n'ai rien compris et me
suis sentie assez désespérée. Mon directeur de recherche m'a alors
conseillé de commencer par les textes théoriques de Novarina. J'ai donc
lu ces textes, avant de revenir au théâtre, dont la compréhension m'a
tout de suite été plus aisée. Dès lors, j'ai pu apprécier le travail de
Novarina, et c'est ainsi que j'ai décidé de me plonger dans le monde
novarinien...
Comment
as-tu eu connaissance de l'organisation de ce colloque ?
Cerisy est un endroit renommé, surtout parmi les étudiants en
littérature ! De plus, je travaille avec Marion Alev-Chénetier, qui
m'aide beaucoup pour ma thèse. Lorsqu'elle m'a dit qu'elle
co-organisait un colloque sur Novarina, j'ai été tout de suite très
intéressée.
Qu'est-ce
qui te plaît dans le programme de ce colloque ?
J'apprécie beaucoup le programme dense que nous avons à Cerisy, ainsi
que le fait que le colloque soit consacré à un auteur précis. Une fois,
ailleurs, j'ai participé à un colloque sur la catharsis. Les gens ne
connaissaient pas forcément Valère Novarina : je me suis retrouvée être
la représentante du monde novarinien alors que je n'étudiais cet auteur
que depuis cinq mois. C'était assez intimidant. Le programme dense de
cette semaine, ciblé sur le travail de Novarina et en présence de
l'auteur lui-même, m'a beaucoup aidée pour mon travail. J'ai aimé aussi
particulièrement les temps de représentation théâtrale, de spectacle et
de lecture, notamment le soir au grenier !
Quel
est ton ressenti après cette semaine passée aux côtés de ton sujet de
thèse ?
C'est vraiment fatiguant pour moi d'assister toute une semaine à un
colloque qui se déroule en français sur un sujet pareil, puisque ce
n'est pas ma langue maternelle. Cela dit, c'est une expérience très
enrichissante. Je n'interviens pas souvent car je reçois énormément
d'inspiration de la part des uns et des autres. Je préfère prendre des
notes et accueillir tout ce que ce colloque peut m'apporter. C'est bien
mieux que de lire des livres sur Valère Novarina : ce qui est vraiment
intéressant ici, c'est que l'interaction soit au cœur du colloque.
Cette semaine, j'ai retrouvé la plupart des auteurs des manuels que
j'ai consultés pour mieux comprendre le monde de Valère Novarina :
c'est comme s'ils étaient sortis du livre, ils étaient là !
Qu'est-ce
que tu aimes particulièrement à Cerisy ?
On prend le temps de présenter son travail et de discuter ensemble.
J'ai participé à plusieurs colloques ailleurs, en tant qu'intervenante
et en tant qu'auditrice : pouvoir débattre aussi longuement après une
présentation est quelque chose d'assez rare. J'ai beaucoup aimé ces
temps de partage. Ce qui fait du bien ici, c'est qu'on a le temps
d'apprendre à connaître les personnes présentes, puisqu'on partage la
vie des uns et des autres pendant une semaine : c'est important d'être
ensemble et de pouvoir communiquer et réfléchir à plusieurs le temps
d'une communication, d'un débat, d'un repas... Merci Cerisy !
Propos recueillis par Léa LUCAS
Stagiaire
au CCIC (juillet-août 2018)
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S'agissant des inscriptions aux colloques
2018, elles sont ouvertes depuis
le 15 mars.
Vous pouvez retrouver, au fur et à mesure de la mise à notre
disposition des informations de la part des directeurs,
pour chaque colloque, une présentation
détaillée (argument, calendrier provisoire ou définitif,
bibliographie,
résumé et présentation des intervenants) et télécharger les flyers de présentation.
En savoir plus
Vous pouvez aussi télécharger le programme
2018 (au format PDF) en
cliquant sur l'image
ci-contre.
Rappel: L'Association des
Amis de Pontigny-Cerisy est un organisme agréé pour la
Formation continue, enregistré sous le numéro: 25 50 00326 60. |
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L'Algérie,
traversées
Direction: Ghyslain Lévy,
Catherine Mazauric, Anne Roche
Éditeur: Hermann
Éditeur —
2018
Collection: Colloque
de Cerisy
ISBN: 978-2-7056-9767-9
Le projet de L’Algérie, traversées
s’est formulé autour d’une question partagée : l’heure n’est-elle pas
venue en Algérie d’un véritable renouveau apporté par les œuvres de
culture ? Les différentes générations d’écrivains, d’artistes, de
psychanalystes, de chercheurs en littérature, en anthropologie ou en
histoire réunies à Cerisy, le lieu même où se dit depuis si longtemps
la foisonnante diversité des cultures, ont concouru à une rupture avec
les versions convenues de l’Histoire, avec les mémoires encore
enfermées dans des clivages post-traumatiques et des fixations
nostalgiques. Cet ouvrage rend compte de leurs travaux, avec
l’enthousiasme et la passion des échanges entre celles et ceux qui
savent combien le passé s’écrit toujours au futur, car il est riche de
possibles à faire advenir.
Traverser c’est multiplier les voies du sens et de l’interprétation,
chercher des chemins de biais, traverser c’est traduire pour accéder à
d’autres formes d’altérité. L’esprit des traversées anime ce livre,
depuis le pouvoir créateur de la métaphore, afin de dire autrement
l’Algérie et sa réalité présente et à venir.
En savoir plus |
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C
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N
T
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S
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Vers
une république des biens communs ?
Direction:
Nicole Alix, Jean-Louis Bancel, Benjamin Coriat, Frédéric Sultan
Éditeur: Éditions
Les Liens qui Libèrent — 2018
ISBN: 979-10-209-0612-0
Cet ouvrage montre comment nous
sommes entrés dans une phase nouvelle, celle de l’enracinement des
communs dans la société, de leur extension à des domaines sans cesse
élargis de la vie sociale et de leur pérennisation dans le temps. Car
le commun n’est pas destiné à compenser les déficiences d’un monde
capitaliste et marchand. Instrument d’une citoyenneté refondée, le
commun comme les hybrides auxquels il ne peut manquer de donner lieu
(mutuelles de travail, coopératives "ouvertes", plateformes numériques,
etc.) ont vocation à se déployer comme formes économiques majeures, au
service du bien commun.
En tirant parti de l’expérience mutualiste, coopérative et associative,
ce livre s’efforce de penser dès aujourd’hui la connexion et la
coopération entre communs pour aider à ce que cet avenir se réalise. Si
l’on veut échapper à l’enfermement des communs dans un monde fait
d’îlots séparés, il faut d’emblée envisager les relations des communs à
l’entreprise, à la ville, au territoire, à l’action citoyenne, et
commencer à préfigurer et à anticiper dans la pensée comme dans
l’action ce que pourrait être une république des communs.
En savoir plus
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Espaces
et littératures des Amériques
Mutation,
complémentarité, partage
Direction: Zilá Bernd,
Patrick Imbert, Rita Olivieri-Godet
Éditeur: Presses
de l'Université Laval (co-édition Hermann) — 2018
Collection: Américana
ISBN: 978-2-7637-3756-0
Cet ouvrage compare les multiples
expressions de l’espace continental des Amériques et de l’espace
insulaire des Caraïbes qui lui fait face en analysant les modalités de
renouvellement des mythes, des narrativités et des perspectives menant
à la reconfiguration de cet espace. Les analyses sont structurées
autour de quatre axes nourris par des réflexions portant sur les
conflits et les croisements culturels, économiques, sociaux et
politiques : 1) déplacements et traversées de frontières, 2) dynamiques
urbaines et représentations, 3) confins, territoires et non-lieux et 4)
espaces mémoriaux.
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Peter
Handke
Analyse du temps
Direction: Mireille
Calle-Gruber, Ingrid Holtey, Patricia Oster-Stierle
Éditeur: Presses
Sorbonne Nouvelle — 2018
Collection: Archives
ISBN: 978-2-87854-974-4
Pour le colloque de Cerisy, Peter
Handke a fait la démonstration de "l’analyse du temps" en exposant aux
climats de juillet, dans son jardin, l’affiche qui reproduisait son
portrait, couvert désormais des graffitis aléatoires du temps cosmique.
Manuscrits, commentaires des conservateurs, entretiens, études
d’universitaires, lectures de comédiens, approchent à leur tour
l’énigmatique plasticité du temps qui façonne son œuvre.
En savoir plus |
NB: Vous pouvez accéder à l'ensemble
des publications du CCIC ainsi qu'à une liste plus complète des
prochaines parutions à la rubrique "Publications" de notre site
internet.
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2018 - Centre Culturel International de Cerisy
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