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Centre
Culturel International de Cerisy
Association
des Amis de Pontigny-Cerisy |
Catherine
de Gandillac nous a quittés le 22 novembre 2017 à la suite d’un lent
affaiblissement général...
Le
27 novembre, nous vous avons appris la disparition de Catherine de
Gandillac. Depuis
une bonne soixantaine d’années, Catherine était présente, à
nos côtés, pour y accueillir les hôtes de Cerisy et témoignait son
affection à
chacun et à chacune, dès son arrivée et jusqu’à son départ, lui
indiquant ainsi qu'il
faisait pleinement partie de la Maison. Son chaleureux sourire et son
immense gentillesse manqueront à tous les amis de Cerisy... Mais
Catherine restera toujours
présente dans nos cœurs.
À
la suite de l'annonce de cette triste nouvelle, de très nombreux
témoignages nous sont pavenus. Vous en trouverez plusieurs dans
cette
Newsletter (sachant que
l’ensemble des messages reçus seront progressivement accessibles sur
notre site Internet
[consulter]). Que toutes celles et tous ceux qui
ont pris le temps
d'adresser un dernier hommage à Catherine trouvent ici toute notre
reconnaissance.
Dans le souvenir de Geneviève et de Maurice de Gandillac, qui ont tant
fait pour Cerisy aux côtés d’Anne Heurgon-Desjardins, nous adressons
nos pensées les plus émues à sa famille et à ses proches. Et
nous
vous assurons de notre plein dévouement pour que Cerisy, sans
Catherine, reste néanmoins un lieu où règnent hospitalité et amitié.
Édith
Heurgon, Dominique Peyrou, la famille Bas-Peyrou
et toute l'équipe du Centre culturel de Cerisy
Catherine
avait fait de Cerisy sa seconde vie, poursuivant une tradition
familiale instaurée par Maurice de Gandillac, son père, qui fut pendant
près de trente-cinq ans le président des Amis de Pontigny-Cerisy. Pour
tous les familiers des colloques de Cerisy, elle incarnait un
dévouement discret et une fidélité constante à l’œuvre du Château.
Catherine accompagnait les rites de chaque colloque avec une grande
minutie mais sa gentillesse malicieuse leur ôtait toute pesanteur
inutile. Elle accueillait l’auteur célèbre, l’étudiant inconnu, ou
l’habitué des colloques, avec la même simplicité naturelle, la même
attention affectueuse. Elle portait à chaque rencontre le soin le plus
amical. Il fallait que chacun ressente qu’il n’y a pas de « petit »
colloque de Cerisy, que chaque colloque est un évènement, un moment
rare de vie commune, ouvert aux pensées et aux amitiés nouvelles. Et,
avec les années, Catherine avait reçu, à Cerisy, d’innombrables
témoignages d’amitié et d’affection. Beaucoup de directeurs de
colloques, d’intervenants ou de participants, lui étaient très attachés.
J’ai eu la chance de venir à Cerisy, à mes tous débuts de chercheur.
Catherine était une jeune femme rayonnante, au regard à la fois intense
et sensible. Elle exprimait un réel bonheur à faire partie d’une
aventure intellectuelle sans équivalent, autant qu’à apporter son
concours à Catherine et Edith, qui découvraient depuis peu leur mission
de directrices. Je l’ai vue, ensuite, à la maturité, soutenir lors de
plusieurs colloques les pas devenus plus difficiles de son père. Je
l’ai vue, ces dernières années, malgré les épreuves de la vie et
de la maladie, apporter inlassablement à Cerisy, ce même dévouement
souriant auquel elle nous avait habitués.
Catherine va beaucoup me manquer. À cet instant, je me souviens de mes
arrivées à Cerisy — souvent tardives — quand, à peine entrouverte la
lourde porte du Château, je voyais Catherine se précipiter, les bras
tendus, un grand sourire illuminant son visage...
Catherine de Gandillac a beaucoup apporté au Château et à tous ceux qui
viennent y chercher un surcroît d’esprit et d’humanité. Je veux redire
ici la fidèle affection et la profonde gratitude que lui portait
l’Association des Amis de Pontigny-Cerisy. En son nom, j’exprime à sa
famille nos condoléances les plus attristées.
Armand
Hatchuel
Vice-président
du conseil d’administration
au nom de l’Association des Amis de Pontigny-Cerisy
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Le
colloque Handke en août 2017
restera pour moi inoubliable parce que j'y ai vu Catherine de Gandillac
pour la dernière fois. Dès ma première rencontre avec Catherine à
Cerisy, je l’ai identifiée à cette institution unique. Parce
qu'elle était unique et irremplaçable. Son accueil, avec une bise,
confirmait qu'on était vraiment arrivé et ses salutations rythmaient la
journée et le séjour entier. Et quand j'étais dans la bibliothèque, il
me manquait quelque chose
lorsqu’elle n'était pas assise sur sa chaise à côté de la porte du
secrétariat.
Nous avons souvent parlé ces dernières années de sa vie difficile en
Bourgogne et quelques appels ou une carte postale de temps en temps n'y
changeaient presque rien. D'autant plus Cerisy lui était nécessaire
pour y retrouver sa "vraie
vie", mais aussi pour récupérer des forces en attendant un autre
hiver. Elle supportait ses problèmes de santé et sa faiblesse
grandissante avec une grande patience et pouvait même s'en moquer. Et
elle avait une intuition étonnante en jugeant et en appréciant les
personnes qui défilaient devant elle tout au long d'une saison.
Mais surtout elle avait le don de l'amitié. Une fois qu'on était
accepté parmi ses amis, elle n'arrêtait pas de donner des signes d'une
sympathie fidèle. Et cette sympathie fut un véritable cadeau. Passer un
moment de la pause ou en attendant le repas du soir sur un banc avec
Catherine, permettait un échange personnel et profond. Elle
s'intéressait aux autres, à leur travail, mais surtout à leur personne.
De cette manière, elle faisait partie intégrante de l’hospitalité de
Cerisy en offrant un don d'amitié inoubliable à tous ceux qu'elle
acceptait comme amis.
Tous ceux qui l'ont connu ainsi, vont remarquer son absence chaque fois
qu'ils reviendront au château : elle va nous manquer.
Wolfgang
Asholt
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Alors
que sa disparition me laisse un peu sans voix, je souhaite — selon
l’adage qu’“une image vaut mille mots” — offrir cette photographie de
Catherine à tous ceux qui l’ont aimée.
Prise
en 1978 sur la Terrasse Nord du château, elle dit, mieux que
tout, la
lumière joyeuse qui l’animait, une flamme qui m’a, si souvent, tout à
la fois éclairé et réchauffé. Je l'entretiendrai précieusement.
Marc
Avelot
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J'ai
beaucoup d’émotion en apprenant la mort de Catherine, alors
que je suis loin, et que dans les derniers mois je n’ai pu communiquer
avec elle comme je le faisais de temps en temps. Je pense à tout ce
qu’elle a représenté pour notre communauté, et que vous dites si bien.
Elle était partie d’une famille, et d’une œuvre collective à laquelle
elle a donné toute sa générosité, toute son imagination, toute sa
tendresse. Mais surtout je pense à la personne qu’elle était et deux
souvenirs en particulier me reviennent. Ils pourraient paraître
contradictoires et pourtant ils ne le sont pas, ou ils ne le sont que
comme la nuit et le jour font partie du même monde.
Une fois, il y a longtemps, à Neuilly, je l’avais appelée et elle
m’avait demandé de passer la voir. Au fond de l’appartement où étaient
entreposés, envahissant tout, des milliers de livres de son père et des
siens, dans une chambre aux volets fermés, comme un terrier, incapable
de surmonter sa tristesse, elle ne bougeait pas de son lit. La
dépression semblait tout dévorer. Et pourtant le sourire était là, pour
accueillir l’ami, et nous avions parlé, esquissé des projets.
Une autre fois, à Cerisy, la nuit tombée après la journée de
discussions, de promenades, le réfectoire, le café, les exposés, bref
tout ce qui remplit le cœur et l’esprit en ces lieux, on n’avait pas
envie d’aller se coucher tout de suite. Catherine ouvre un placard
secret, sort un Calva du premier choix, on va s’asseoir sur la terrasse
à quelques-uns, et on passe une partie de la nuit à dire n’importe
quoi, de la parole vide ou pleine. Catherine n’est pas celle qui parle
le plus, mais elle dit son mot au
passage, et d’une certaine façon elle est le centre, notre hôtesse et
notre partenaire. Ah oui, ces moments avec elle ont été bien beaux et
ne peuvent s’oublier.
Au revoir, cher sourire. Un de tes plus vieux amis.
Étienne
Balibar
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Nous
venons d’apprendre le décès de la petite Catherine. Son départ
nous attriste vraiment. J’aimais la voir arriver doucement dans la
salle à manger où elle distribuait ses baisers généreusement. Elle
aimait les "gens du Canada", m’a-t-elle dit un jour avec son sourire
aussi espiègle que mystérieux. Et dans la bibliothèque, elle écoutait
toujours attentivement les exposés sans jamais poser la moindre
question. Elle était là, tout simplement. Toute sa vie, je pense, s’est
passée dans un grand service, humble et
modeste, des intellectuels qu’elle admirait sans servilité aucune. Avec
humour. Peut-être y avait-il en cela un prolongement de l’amour qu’elle
portait au grand penseur que fut son père Maurice.
Mon cher Dominique, je ne doute pas que son départ soit une grande
perte pour Cerisy. Catherine laisse cependant, j’en suis sûr, une
partie de son âme dans le château. Et nous la sentirons encore roder
autour en juillet prochain quand nous serons à nouveau parmi vous. En
mon nom et au nom d’Ellen, pouvez-vous, s’il vous plaît, faire
parvenir cette note à Édith, à celle que nous appelons « notre
châtelaine ».
Gilles
Bibeau & Ellen Corin
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Comment
parler de Catherine de Gandillac en rendant justice à son immense
douceur ? Pour une fois, les mots semblent vains en ce jour où
j’apprends avec
peine sa disparition... Je suis venue deux fois à Cerisy, en tant
qu’assistante technique pour les colloques Prigent et Ponge, en 2014 et
2015, dirigés entre autres par Bénédicte Gorrillot.
J’ai donc passé deux semaines à Cerisy, et appris à connaître un peu
Catherine qui distribuait chaque jour ses sourires et sa bienveillance,
sans oublier ses câlins réparateurs pour les assistants fatigués, et
toute personne qui en ressentait le besoin. Cela avait été mon cas, un
soir de grande fatigue et de contrariété: elle est venue me chercher,
m’a regardé, n’a rien dit et m’a simplement serrée dans ses bras en
silence, jusqu’à ce que je m’apaise. Elle avait envie que l’on se sente
au château "comme à la maison", et elle savait y faire ! Je me
souviens d’un matin où il pleuvait à verse et où elle guettait les gens
qui sortaient des dépendances pour rejoindre la salle de réfectoire
avec un parapluie pour les abriter... Avec mon amie Justine, assistante
comme moi, nous avions été touchées de cette attention. Ce ne sont que
quelques anecdotes parmi d’autres, il y aurait beaucoup à dire...
Durant ces deux semaines, elle était très souvent la première personne
que l’on saluait le matin, et la dernière à qui l’on disait bonsoir...
Elle était l’âme de ce château. Elle manquera profondément à tous les
amis de Cerisy, mais le château qui semblera bien vide sera rempli de
son souvenir, indissociable de ces lieux, elle qui a tant contribué, au
long des années, à en faire ce qu’ils sont aujourd’hui...
Par ce billet, je souhaite m’associer à la peine de la « Famille de
Cerisy », et j’adresse à tous de douces pensées...
Mélanie
Blondel
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La
tristesse et tous ces souvenirs qui remontent comme autant de bouquets
que je voudrais offrir.
En vingt ans de colloques la proximité de Catherine et de son père, les
matinaux du petit déjeuner et cette attention filiale qui était si
douce pour Maurice et Catherine.
La petite femme aux yeux clairs qui nous accueillait, sourire et
cigarette à la lèvre.
Elle était au Chateau la bienveillante, "le cœur simple" que nous a
laissé Flaubert.
Une belle personne modeste et remplie de cette tendre humanité, de
cette forme de fraternité qu’elle accordait à chacun d’entre-nous.
Je deviens un peu orphelin elle qui m’appelait "camarade".
C’est plus qu’une émotion que nous devons partager, Catherine était une
part de cette âme qui donnait aux colloques un sentiment familial.
Je suis triste, heureux de l’avoir souvent croisée en ce début d’août,
mais triste de cette future absence.
Je suis avec vous tous car l’épreuve est douloureuse : partageons-la.
Mon salut combien triste.
Jean
Cassio
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Catherine de Gandillac in memoriam
C’était
dans les années soixante-dix; j’étais jeune et pleine d’espoir. À
Cerisy, j’ai rencontré des gens passionnés, qui voulaient
changer le monde. Le soir, nous montions au village boire un
calva et discutions tard dans la nuit. Parmi nous se trouvait
une jeune femme ravissante, avec un sourire qui illuminait le coin
sombre du café où nous étions assis. C’était Catherine de Gandillac.
Elle accompagnait ses parents, Geneviève et Maurice, qui assistaient la
famille Heurgon dans le bon déroulement des colloques de Cerisy.
Les années ont passé; Geneviève disparue, Maurice devenant âgé,
Catherine a pris la relève. Elle est toujours là, s’occupant de son
père, s’occupant de nous, saluant grand et petit avec un baiser tous
les matins. Quand on a dit bonjour à Catherine, on sait que la journée
est commencée. Et on sait qu’il est temps de bientôt se coucher quand
Catherine, avec sa douce présence, fait le tour de la cave pour dire
bonne nuit à chacun.
Les illusions de jeunesse se sont assez vite évaporées, et Catherine a
eu sa part de désespoir. Sa vie n’a pas toujours été facile; pourtant,
on sentait qu’elle avait gardé son intégrité et sa dignité, sous une
apparence discrète. Elle a toujours été très simplement vêtue, sweater
et jeans dans sa jeunesse, un habit bleu ces dernières années. Mais
l’été dernier, elle s’est aventurée à mettre un col roulé lilas, qui
lui allait bien. Je l’ai félicitée, car il me semblait que c’était un
signe: elle se sentait moins ”blue”. Je penserai à Catherine avec
beaucoup de tendresse.
Bente
Christensen
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Hommage à Catherine de Gandillac –
mardi 28 novembre 2017
Je t’appelais La Souris Bleue. Chaque été, depuis dix-huit ans, je te
retrouvais à l’accueil du secrétariat là. Tu nous y
attendais devant le tableau des chambres. Les gens
entraient, les grands, les gros, les timides, les fanfarons. Depuis
tant d’années, Catherine, tu les connaissais par cœur, les
reconnaissais. C’est ton sourire qui nous accueillait. Tu nous tendais
le plan du château pour que chacun découvre où il allait loger.
Catherine, La Souris Bleue, avec ton air d’ailleurs, tu savais tout,
entendais tout, ton œil bleu toujours aux aguets et tes oreilles en
alerte. Tu aurais pu en raconter des histoires depuis que tu passais
tes étés
dans ce haut lieu du penser ensemble, du vivre ensemble, loin des
tumultes de l’urgence. Mais tu ne disais rien. Tu étais La souris
Bleue, la secrète, dont la présence rayonnait. Tout le monde te
connaissait, te reconnaissait d’emblée, avec tes
cheveux gris bleutés, coupés courts, ton ensemble de jean bleu passé,
toujours le même, ton tee-shirt bleu toujours le même, tes sandales de
cuir brun, toujours les mêmes. La même tenue depuis combien d’années ?
Et tes yeux bleus, si bleus qu’ils éclairaient ton visage d’une lumière
marine. Depuis tant d’années tes petits pieds menus glissaient sur les
sols
parquetés, sur les tapis épais, sur les dallages. Avant qu’on te
sollicitât, tu étais là, devançant tous les besoins, à l’écoute
de nos moindres
désirs.
Le premier soir, au grenier, Catherine, tu passais
furtive devant chacun avec ton plateau de petits verres ambrés. Petite
Souris Bleue, tu servais le traditionnel verre de calva,
distribuais le calendrier du colloque. Chaque matin, ceux qui
prenaient tôt leur petit déjeuner, te
retrouvaient, assise toujours à la même place. Souvent, je me
suis placée à tes côtés. Tu embrassais chacun des arrivants. C’était
une coutume immuable, ton baiser du matin, Catherine.
Lorsque, dès le lendemain, commençaient les communications, durant tant
d’années, tu asseyais ton père, le vieux et célèbre philosophe,
président honoraire, sur le canapé du premier rang. Tu lui
réservais la même place, parce qu’il entendait mal mais ne perdait pas
un mot même quand il paraissait s’assoupir. Je me suis souvent assise à
ses côtés. Tu prenais ta place sur une chaise près de la porte du
secrétariat. Longtemps, Catherine, tu as assisté à toutes les
communications,
écoutant sans jamais intervenir. Au fil des années, tu s’absentais
discrètement de temps en temps.
Catherine, tu appartenais à ce lieu hanté
d’intelligence. Pendant les repas, tu veillais. C’était ton rôle,
toujours en bout de la même table pour pouvoir te lever à la moindre
alerte sans déranger personne.
Catherine, tu descendais souvent à la cave lors des soirées dansantes.
Tant qu’il y avait de la chaleur humaine tu étais là. Tu étais comme
ça. Tu redoutais plus que tout la solitude au fil des ans. Je t’imagine
jeune, dansant avec frénésie. Mais cette partie de ton existence, tu
l’avais enfouie.
Quand
la soirée s’achevait, tu préparais le
tableau blanc, pour la journée suivante, grimpée sur ton escabeau.
Puis, quand le château était endormi, tu faisais le tour pour vérifier
que tout était éteint: les micros, les ordinateurs, les lumières.
C’est aussi toi qui installais les gens pour la photo de groupe,
rassemblais les commandes de photos, passais de table en table pour
noter les noms de chacun. Puis, tu les distribuais lorsqu’elles
étaient développées.
Combien de fois, nous avons partagé le moment sacré de la cigarette!
Combien de fois, je t’ai parlé. Tu écoutais et te taisais mais je
savais parfaitement que tu enregistrais tout.
Toujours cette vie par délégation. Pourtant, tu avais eu une vie,
certaines indiscrétions circulaient. Tu n’avais pas toujours été La
Souris Bleue de l’ombre. Tu avais aimé souvent, été aimée avec
passion mais c’était si loin. Tu te mettais au service de. Pour
exister. Meilleur moyen de t’oublier.
Catherine, tu paraissais si paisible, si sage, tu t’étais, en
fait, au fil des années, anesthésiée. Tu paraissais
imperturbable, peut-être qu’au fond de toi, tu riais mais
nul n’en saurait rien.
Les dernières années, ton sourire est devenu plus triste, ton regard
plus lointain, ta démarche plus hésitante. Même si tu détestais
utiliser une canne, tu t’y résignais. De plus en plus, je te sentais
t’enfermer, renoncer à la vie. Tu déléguais par obligation, tu
t’éteignais doucement. Ta perte est irrémédiable, tu vas laisser un
vide énorme. Plus
jamais tu ne nous réchaufferas de
son sourire, plus personne ne pourra recevoir tes baisers même si
parfois, ils nous semblaient trop.
Catherine, La Petite Souris Bleue, tu laisses un vide définitif et
irremplaçable. Avec ton absence, une des mémoires des lieux disparaît.
Nous ne t’oublierons pas. De là où tu es, j’espère que tu trouveras
enfin la paix.
Pierrette
Epsztein
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Vous
êtes, Catherine de Gandillac, dans mon souvenir, comme une
présence maternelle, attentive à tous, quelque part consolatrice de
cette condition humaine que ne cesse, au fond, d'interroger sous toutes
ses formes, chaque colloque de Cerisy. Je ne veux pas oublier cette
image de vous, presque mystérieuse.
C'est en 2012, un matin. La veille il y a eu une soirée de chansons
accompagnées au piano, tirées de mon livre Les années, et qui ont été
reprises joyeusement par l'assistance. Au bas de l'escalier, avant le
petit-déjeuner, vous êtes là, vous me prenez la main, ne la lâchez plus
et vous entonnez Les amants d'un jour. Nous chantons toutes les deux à
pleine voix, les mains unies, les couplets, le refrain et ça m'a fait
mal et ça m'a fait mal. Et je vous ai bien aimée.
Annie
Ernaux
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C'est
avec tristesse que je viens de prendre connaissance de votre
courriel annonçant le décès de Catherine de Gandillac. Je me souviens
bien d'elle, rencontrée lors de mon séjour à Cerisy en
2007, et je garde le souvenir d'une personne très attachante, car
sensible et chaleureuse. Je n'ai l'ai malheureusement que trop peu et
brièvement connue, mais elle fait partie de ces gens discrets qui ont
l'art de laisser une trace à la fois douce et prégnante dans la
mémoire. Il y avait une candeur d'enfance dans son sourire. Et,
m'avait-il semblé, une fragilité qui affleurait.
Vous écrivez dans votre courriel qu'avec la disparition de Catherine
"Cerisy perd une part de sa force" ; j'ai envie d'ajouter : et un peu
de sa grâce. Mais je ne doute pas que Cerisy demeurera un lieu
d'accueil ouvert et amical. Ce qui a été semé de longue date ne va pas
s'effacer J'imagine combien cette disparition doit vous affecter, vous
et tous
ses proches, et je vois dis toute ma sympathie, avec mes bien amicales
pensées.
Sylvie
Germain
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Cerisy
qui nous est si cher est intimement lié à Catherine. Pas un
souvenir de ces très nombreux séjours qui ne soit pour mon épouse et
moi-même animé par Catherine.
Chaque fois à l’arrivée, après le long voyage, le premier signe de
Cerisy, c’était l’accueil affectueux et souriant de Catherine qui avait
ce don extraordinaire de vous dire, c’est toi, c’est vous, quelle joie
de vous savoir là. Elle était exactement comme vous la décrivez si
justement, si tendrement, chère Edith, vous êtes l’esprit,
l’intelligence de ce lieu comme il n’y en a pas d’autre, Catherine en
était l’incarnation.
Nous sommes Lucienne et moi infiniment tristes, Catherine soudain était
là et vous mettait les bras autour du cou, elle était cette tendresse,
ce magnifique désir d’humanité qui donnerait raison de vivre au plus
déprimé. C’est vous désormais chère Edith qui êtes encore plus qu’avant
la permanence de ce lieu et Catherine nous accompagne.
Georges-Arthur
(et Lucienne) Goldschmidt
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Qui
de nous n’a jamais reçu ton sourire, tes bisous, tout en douceur,
discrétion, présence,
Tôt le matin, tard le soir, un mot, un geste appuyé pour nous dire,
tout va bien je suis là, je veille.
Avec toi le château et ses hôtes s’éveillent,
Puis, après une journée d’écoute, s’endort.
Choisir le moment pour la confidence, secret gardé des chagrins cachés
enfouis dans ta mémoire,
Toi qui, ombre et lumière, tout à la fois, a su éclairer de ton être
bienveillant, tant de journées sombres, voilà tu pars vers un autre
devenir, nous laissant l’air idiot, vide de toi.
Un dernier bisou dans ton dernier souffle, posé sur ta joue, que nos
larmes mouillent...
Françoise
Groult
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Catherine,
la "petite" Catherine, mais au cœur si grand. Toujours
prête à recueillir les confidences, attentive aux besoins de chacun. Et
ses baisers, du matin au petit déjeuner jusqu’au soir bien après le
dîner, étaient les témoignages de son affection, de son amitié, mais
aussi, peut-être, de sa fragilité. On avait envie de lui donner à notre
tour les preuves de notre attachement et, au fil des années, de notre
amitié. Ce qu’elle aimait par-dessus tout, me semblait-il, c’était voir
vivre Cerisy, faire vivre Cerisy; c’était contribuer à y créer une
ambiance telle que l’on se sentait d’emblée en famille. Elle pour qui
Cerisy était une famille, une histoire, un passé et un futur.
Il m’est
difficile d’imaginer le petit calva dans le grenier le soir de
l’arrivée sans Catherine, douloureux malgré toute l’attention de
Philippe, Michaël et Jean-Christophe, d’entrer au secrétariat sans y
voir Catherine, et il manquera son visage souriant sur les photos de
famille qu’elle aidait à organiser sur la terrasse Nord.
Josée
Landrieu
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Catherine de Gandillac — Un
sourire, une anecdote, une image
Du premier au dernier jour de ma présence à Cerisy, du 12 au 19 juillet
2016, à l'occasion du colloque "La surprise de ce qui est", c'est à
un sourire de bonté très grande, immédiatement perceptible, qu'il
m'aura été donné de connaître Catherine de Gandillac. Un regard très
clair, une manière d'être rêveuse, que je n'ai vus qu'à elle.
Catherine appartenait de toutes ses fibres à un groupe profondément
uni, au sein duquel se perpétue une tradition familiale des plus
remarquables : l'engagement qui avait été celui du philosophe Maurice
de Gandillac, son père, et de tous les siens, à l'endroit d'Anne
Heurgon-Desjardins et de Cerisy, où ils surent conserver activement
ensemble, et développer jusqu'à notre présent le plus vivant les
impulsions originelles des justement célèbres Décades de Pontigny.
Si grands étaient son désintéressement, sa faculté d'amitié, son goût
de donner qu'une lumière baignait chacun de ses gestes. Une douceur,
qu'animait la vivacité de fréquents et francs éclats de rire. Son
attention à autrui était aussi bien la modalité unique d'une présence
supérieure à soi.
Une anecdote, que je ne puis oublier. Il est d'usage, comme chacun le
sait, que chaque colloque de Cerisy donne lieu à quelques photos de
groupe, où sont rassemblés les intervenants, les invités, les auteurs,
le public. Un photographe est commandité pour cela par l'équipe
organisatrice. Sur la photographie officielle, Catherine s'est
agenouillée au premier plan, aux pieds de Matthieu Gosztola, l'un des
directeurs du colloque avec Michael Bishop. Elle regarde l'objectif
avec confiance. Elle est présente encore, non moins heureuse, dans la
photo faite avec le public. Mais il s'est trouvé que, ce jour-là, une
fois les photos de groupe faites, le photographe ait voulu quelques
clichés supplémentaires. Nous voyant un instant près l'un de l'autre,
au sortir de la prise de vue de cette seconde image, il manifesta le
souhait de nous prendre côte à côte, tous les deux. Catherine fut
tellement heureuse de cette attention que, sur ce troisième cliché, sa
joie éclate. On ne voit que la lumière de son regard, sur lequel le
photographe, qui l'a perçu, a fait la mise au point. Elle est saisie là
au plus près d'elle-même, radieuse.
Dois-je dire que, revoyant aujourd'hui ces images, de tous les
souvenirs de ce colloque pourtant si exceptionnellement amical, cette
prise imprévue est celle qui me semble en avoir saisi le mieux l'amitié
profonde, la générosité, la joie. Puissions-nous, chers Amis de Cerisy,
dédier cette image au souvenir de la pure bonté de Catherine de
Gandillac.
Jean-Paul
Michel
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Pour Catherine de Gandillac
« Si c’était trois
fois rien
Trois
fois rien entre nous
Evidemment
ça ne fait pas
beaucoup
Ce
sont ces petits riens
que j’ai mis bout à bout
Ces
petits riens qui me
venaient de vous »
Lors d’une chaleureuse soirée cerisyenne, j’ai chanté ce texte de Serge
Gainsbourg. Le lendemain matin, Catherine, en aparté, son bras passé
autour de mes épaules, m’a dit à quel point elle avait été émue par
cette chanson. Ces petits riens qui nous venaient d’elle, c’était, au
fil des séjours, sa silhouette bleue qui marquait les jours, de
l’arrivée, où, reconnu comme si on revenait dans sa famille, elle nous
orientait vers la chambre qui serait nôtre, aux moments de
convivialité, repas, cafés sur la terrasse où elle saluait chacun,
faisant de tout visiteur, d’abord anonyme, un invité. C’était aussi sa
façon quotidienne de vous prendre aux épaules pour prodiguer son baiser
bonjour du matin, sa mémoire de votre nom, de votre place. À d’autres
moments, pourtant, on pouvait la surprendre, solitaire sur le petit
pont de pierre, les yeux perdus au-delà des prairies, une cigarette
dans sa main délicate, partie avec sa fumée vers des pensées qui
n’étaient qu’à elle. Mais il suffisait d’un pas, d’un mot, pour qu’elle
vous dédie à nouveau son regard bleu et son sourire. Au long des
années, je ne l’ai connue que par ces petits riens qu’elle prodiguait
si généreusement à chacun. Mais peut-être est-ce l’essentiel qu’il y a
à connaître d’une personne : sa capacité de bienveillance, d’affection,
son ouverture aux autres, venus de lieux si divers, mais qui, dès lors
qu’ils avaient franchi le seuil, devenaient les hôtes privilégiés du
château par l’accueil de Catherine. Des petits riens, des petits liens,
tellement de chaleur.
Maryse
Petit
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Chère
Edith,
Je suis vraiment très peiné d’apprendre la disparition de Catherine de
Gandillac.
Cerisy c’est bien sûr un lieu extraordinaire, c’est évidemment un
incubateur d’idées portées par des gens brillants et profonds.
Mais ça a été d’abord pour moi un endroit où l’on rencontrait des
"belles personnes".
Catherine, dont on voyait du premier coup d’œil qu’elle faisait partie
de la mémoire du lieu, était de celles-là; en était même l’incarnation.
Affectueuse et attentive. Accueillante et diligente.
Pour moi, sa présence imprègne à jamais ces murs.
Je t’adresse, je vous adresse à tous mes plus sincères pensées.
Vincent
Piveteau
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Chers
amis, c’est une bien triste nouvelle.
Brutale, aussi : j’avais vu Catherine de Gandillac l’été dernier à
Cerisy (lors du colloque sur « Le kitsch »).
Nous avions un peu papoté, entre autres de la maison de l’Yonne où elle
vivait désormais (j’ai vécu par là, autrefois).
Je l’avais trouvée amaigrie, un peu fatiguée ; mais attentive et vive,
les yeux comme toujours pétillants de gaieté affectueuse.
Je n’oublierai pas sa gentillesse, ses mouvements tendres, son
enthousiasme, ses sourires éberlués ou moqueurs derrière (autre époque)
quelques cigarettes. Ni son rôle pratique, bien sûr, ses précisions
programmatives, ses rappels amicaux au règlement.
Et sa présence, en général : un passage à la fois omniprésent, discret
et flottant, comme angélique, d’une salle à une autre ; avec
apparitions soudaines dans des embrasures, éclipses par les coulisses,
évanouissements derrière les tapisseries, surgissements hilares au coin
d’une haie.
Je l’aimais beaucoup.
Mais qui ne l’aimait, de ceux qui furent à Cerisy à un moment ou à un
autres ?
Aller à Cerisy sans l’idée qu’on y verra Catherine sera étrange.
Beaucoup n’éviteront pas une sorte d’amertume.
J’en serai.
Mais en ce jour où j’apprends sa disparition me domine plutôt,
paradoxalement, une tendresse joyeuse : c’est la couleur du souvenir
que j’ai de Catherine de Gandillac.
Amitiés à vous tous.
Christian
Prigent
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C’est
à Cerisy que Derrida a prononcé son incroyable conférence « l’animal
que donc je suis ». Il y témoigne de sa honte à paraître nu devant un
chat. Et il déploie ensuite toutes les implications philosophiques de
ce simple énoncé : « l’animal nous regarde ».
Catherine, à Cerisy, nous regardait. Nous les parleurs, nous qui
cherchions à penser ensemble, nous qui disions parfois n’importe quoi,
à la recherche pourtant d’une idée juste, nous qui parlions toujours
trop, trouvions dans le regard de Catherine cette interrogation muette
: pourquoi ?
Catherine était cette altérité absolue et silencieuse à laquelle nous
sentions que nous devions répondre. Pourquoi ? Parce que pour paraître
devant elle, nous devions abandonner l’intellectualité qui nous
sert d’armure, et qui nous donne parfois des armes. Paraître devant
elle faisait revenir l’émotion, le temps des étreintes qui est aussi
celui des larmes.
Tiphaine
Samoyault
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Bien
chère Edith,
Chère famille Peyrou,
Chère équipe de Cerisy,
Chers toutes et tous, les amis de Cerisy qui avez connu Catherine,
J’aimais l’appeler « ma petite Catherine ». Alors, elle riait et je
voyais pétiller dans ses yeux cette malice silencieuse et tellement
vivante. J’étais aussi Catherine et nous partagions ce prénom... comme
nous le partagions avec la regrettée Catherine Peyrou. Cette façon de
l’appeler avec ce possessif « ma petite Catherine», comme un oxymore «
petite Catherine » et juste pour dire combien elle m’était
précieuse et nécessaire ! Elle était à Cerisy, une elfe bleue, une
enfant aimante et généreuse. Rien, jamais, ne remplacera son sourire et
son rire… qui finissait parfois, comme un pied de nez à la vie, en une
quinte de toux de fumeuse.
Oui, c’est elle « ma petite Catherine » au rire malicieux que le
tragique de la vie a cruellement rattrapée.
La petite Catherine de Cerisy s’en est allée ! Je suis triste...
terriblement triste.
Et pourtant, je sais la chance que j’ai eu de la connaître et de la
retrouver chaque année. Je sais aussi le privilège comme une parenthèse
que nous avons eu de la voir en août de cette année 2017. Oui, nous
nous retrouvions chaque année et nous étions tellement heureuses… Cette
année, nous savions que la chance était assignée au rendez-vous. Nous
devions profiter de ce temps comme s’il était le dernier. Elle s’était
beaucoup souciée de la santé d’Emmanuel et elle était d’une telle
attention pour lui... comme pour toutes et tous.
Oui, j’avoue, nous étions très souvent assis au déjeuner à ses côtés.
Elle nous réservait les 2 places de chaque côté : signe ostensible du
privilège de l’amitié.
À Cerisy, comme je l’ai souvent dit et écrit, j’ai trouvé un lieu
magnifique et une terre-mère d’accueil comme jamais je n’aurais pu en
rêver. Certes et incontestablement, Cerisy est un haut lieu de la
pensée... mais c’est surtout un lieu de rencontre et de partage
instauré maintenant depuis 3 générations !
Un défi familial qui perdure et qui chaque année recommence et
renouvelle le défi des rencontres, des amitiés, des échanges.
Parmi et au milieu des penseurs, des intervenants, des intellectuels et
colloqueurs de tous âges, il y avait « la petite Catherine » pour
prendre soin de chacun et distribuer sans compter les bisous-tendresse
qui témoignaient que nous étions ailleurs ; à Cerisy !
C’est ici que d’année en année, j’ai vécu un rendez-vous attendu avec «
ma petite Catherine ».
Je suis infiniment reconnaissante à la vie de m’avoir permis de la
connaître et de la retrouver chaque année et notamment cet été 2017.
Bien chère Edith, chère Famille, bien chère équipe de Cerisy, recevez
toutes nos condoléances les plus sincères à Emmanuel et moi. Nous
partageons votre tristesse et nous associons à votre peine.
Catherine
(et Emmanuel) Schmutz
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Pour Catherine de Gandillac
Je me souviens de Catherine de Gandillac toujours sagement assise à
proximité de la porte donnant vers le secrétariat. Muette, elle
écoutait tout et semblait ne jamais s'ennuyer. Ce n'est que par devoir
qu'elle quittait parfois la salle pour accomplir des tâches
logistiques. Je me souviens qu'elle m'a fait un jour la morale, parce
que je pratiquais le colloque buissonnier. Cette incivilité lui faisait
de la peine. Pourtant, je crains bien de rester toujours aussi
indiscipliné. À sa différence, je m'ennuie trop vite, même au meilleur
colloque.
Je me souviens lui avoir fait de la peine à une autre occasion. C'était
mon premier colloque à Cerisy, en 1998. Il était consacré à Auguste
Comte. Toujours aussi peu capable, à la différence de Catherine, de
rester sagement en place à écouter les orateurs, je les avais dessinés
pendant les séances. Je dois avouer en toute immodestie que mon crayon
ne m'avait miraculeusement pas trop trahi ces jours là et que mes
dessins n'étaient pas mauvais. Je les lui avais montrés et ils lui
avaient plu. Elle aurait aimé que j'en reproduise sur le livre d'Or.
J'avais décliné son invitation et elle y avait vu de la mauvaise
volonté. C'est simplement que j'en étais incapable. J'ai tenté de le
lui dire, mais elle ne m'a pas cru.
Je me souviens de Maurice de Gandillac qui était présent à ce colloque.
Les archives de Cerisy conservent une photographie où l'on me voit
parler avec lui avant le début d'une session d'exposés dans le petit
salon à l'étage. Il manque la "bande-son". Je lui disais : "c'est un
honneur pour moi d'être assis à côté de vous", à quoi il me répondait :
"c'est plutôt moi qui devrait m'excuser d'être encore là !".
Il a pourtant fini par partir, centenaire. Et maintenant Catherine
aussi.
François
Vatin
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Catherine de Gandillac
La première chose qui me revient quand je pense à Catherine telle
qu’elle était quand je l’ai rencontrée, c’est à quel point elle était
jolie. Difficile de deviner son âge, avec ce visage rond que son
sourire illuminait totalement. On imaginait aisément la gamine
pétillante qu’elle avait dû être, la joie qu’elle avait donnée à ses
parents. Elle était rieuse et passionnée, et parlait volontiers de ses
découvertes marquantes, comme les livres de la psychologue Alice
Miller. La routine ne lui pesait pas, ce qui lui donnait la faculté de
remplir ses attributions à Cerisy avec une fraîcheur qui étonnait
souvent les nouveaux venus. Sa présence au secrétariat ôtait à ce lieu
de passage ce qu’il aurait pu avoir d’anonyme et en faisait plutôt un
salon où les gens avaient tendance à s’attarder. La vue d’un bébé ou
d’un animal la plongeait dans un émerveillement touchant. Elle était
démonstrative, tactile. Elle aimait écouter et photographier les gens.
Beaucoup quittaient le château avec le sentiment d’avoir vécu un « coup
de foudre d’amitié », comme me l’a écrit un jour Clémence O’Connor.
La décennie qui a suivi la mort de son père, Maurice de Gandillac, a
été cruelle pour celle qu’on appelait « la petite Catherine », pour la
distinguer de Catherine Peyrou, mais aussi parce que sa douceur
semblait réclamer protection. Rongée par une dépression aux causes
anciennes et multiples, elle semblait repousser l’aide qu’elle
demandait. Rétrospectivement, il me parait miraculeux qu’elle soit
parvenue à continuer à assurer l’accueil à Cerisy jusqu’au milieu de la
saison 2016. Bien sûr c’est dans cette fonction héritée de sa mère
qu’elle puisait son énergie, mais il lui a fallu de plus en plus de
courage pour faire face au monde dans l’immense détresse qui était la
sienne.
Pascale
Voilley
Je
viens de prendre connaissance de votre message concernant la triste
disparition de Catherine. Vous priant de trouver dans ce modeste retour
toute l’affection et tout le soutien possible, pour affronter ce moment
de deuil, d’autant que je partage votre chagrin.
J’ai moi-même été accueilli plus d’une fois par Catherine, qui
attendait souvent les invités du château devant la porte, sur le petit
pont, au milieu des pierres qui veillent. Je fumais alors une cigarette
avec elle, en discutant de tout et de rien — plus généralement des
données météorologiques qu’elle semblait maîtriser parfaitement, dans
une sorte de sorcellerie incompréhensible pour qui ne connait pas le
climat normand.
J’ai toujours été touché par sa grande gentillesse et ses beaux yeux.
Courage, je suis certain qu’elle sera toujours présente dans l’esprit
d’accueil qui orne le beau refuge de Cerisy... Amitiés.
Gilles
Zamo
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S'agissant des inscriptions aux colloques
2018, elles seront ouvertes à
partir du 15 mars prochain.
Vous pouvez retrouver, au fur et à mesure de la mise à notre
disposition des informations de la part des directeurs,
pour chaque colloque, une présentation
détaillée (argument, communications prévues, bibliographie,
résumé et présentation des intervenants).
En savoir plus
Vous pouvez aussi télécharger le programme
2018 abrégé (au format PDF) en
cliquant sur l'image
ci-contre.
Rappel: L'Association des
Amis de Pontigny-Cerisy est un organisme agréé pour la
Formation continue, enregistré sous le numéro: 25 50 00326 60. |
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La
narrativité
Racines, enjeux et
ouvertures
Direction: Chantal Clouard,
Bernard Golse, Alain Vanier
Éditeur: Éditions
In Press — 2017
Collection:
Ouvertures psy
ISBN:
978-2-84835-441-5
La narrativité est
aujourd’hui un concept en plein essor notamment dans le champ de la
psychopathologie. Ses racines épistémologiques sont abondantes:
philosophiques, avec Ricœur et la proposition selon laquelle l’identité
de l’être humain serait fondamentalement une "identité narrative";
littéraires et linguistiques où se profile, par l’énonciation du récit
et sa stylistique, une vision du monde que l’individu se fait de
lui-même et de son environnement ; psychanalytiques, renvoyant à la
narration onirique et aux processus de liaison; développementales avec
les processus de subjectivation. Cet ouvrage envisage les nombreux
domaines qui peuvent être concernés par le concept de narrativité
(littérature, cinéma, arts plastiques et musique, mais aussi
mathématiques et physiques) et ouvre des perspectives nouvelles dans le
domaine de la psychopathologie et de la psychanalyse.
En savoir plus
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R
É
C
E
N
T
E
S
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Bébé
sapiens
Du développement
épigénétique aux mutations dans la fabrique des bébés
Direction: Drina
Candilis-Huisman, Michel Dugnat
Éditeur: Éditions
érès — 2017
Collection:
Questions d'enfances
ISBN:
978-2-74925-611-5
Une multiplicité de
points de vue rassemblés pour faire comprendre l’importance de l’enjeu
de la bientraitance du bébé — promesse des temps à venir — et de ses
parents. Issu d’un colloque de Cerisy, cet ouvrage aborde la question
du désir d’enfant, de la grossesse, de la naissance et du post-partum
sous des angles variés. Disciplines universitaires (histoire,
sociologie, ethnologie...), spécialités médicales, (gynécologie
obstétrique, médecine néo-natale, psychiatrie...), et professions du
soin s’entrecroisent pour esquisser un panorama de l’actualité du "bébé
sapiens", dans l’objectif de mieux s’en occuper et de lui
construire une place de choix dans notre société en transformation.
En savoir plus |
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Roland
Barthes : continuités
Direction: Jean-Pierre
Bertrand
Éditeur: Christian
Bourgois éditeur — 2017
Collection:
"Titres" — Titre 197
ISBN:
978-2-267-03048-8
Y aurait-il deux Roland
Barthes, comme nombre de travaux semblent le donner à penser? Le
Roland Barthes des années "théories", sémioticien et critique des
idéologies, et le Roland Barthes "hédoniste", écrivain du Plaisir
du texte et de La Vita Nova? À l'encontre de cette tendance, le
propos du colloque de Cerisy et des articles réunis ici a été de
considérer l'œuvre comme un ensemble cohérent, parcouru, certes, par
des inflexions et des revirements, mais remarquable surtout par sa
continuité et ses fidélités.
Le présent volume se distingue des actes du colloque de Cerisy publiés
en 10/18 en 1978 par Antoine Compagnon (réédités chez Christian
Bourgois éditeur en 2003) en ceci que, trente-sept ans après la mort de
Roland Barthes, nous disposons désormais de l'ensemble de son œuvre et
d'une série impressionnante d'inédits, dont La
Préparation du
Roman.
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La
France en albums (XIXe - XXIe
siècles)
Direction: Philippe
Antoine, Danièle Méaux, Jean-Pierre Montier
Éditeur: Hermann
Éditeurs — 2017
Collection:
Colloque de Cerisy
ISBN:
978-2-7056-9443-2
Le présent ouvrage est
issu d’un colloque qui s’est déroulé en 2016 à Cerisy. Les études qui
sont ici rassemblées examinent
les modalités selon lesquelles le livre – incluant des mots et des
images en un univers clos – s’offre comme le réceptacle privilégié d’un
archivage du patrimoine monumental ou paysager. Les représentations des
sites s’articulent à l’évolution des pratiques
humaines de l’espace. Du XIXe siècle à nos jours, des
continuités, des seuils ou des évolutions peuvent être dégagés. La
manière dont les albums conjuguent une portée esthétique à des enjeux
géopolitiques est particulièrement étudiée, comme la façon dont se
combinent la suggestion d’une identité et ses retombées en matière de
préservation, d’aménagement ou encore de valorisation économique des
lieux.
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Le
musée, demain
Direction: Emmanuelle
Amsellem, Isabelle Limousin
Éditeur: Éditions
L'Harmattan — 2017
Collection:
Patrimoines et sociétés
ISBN:
978-2-343-12951-8
Quel est le devenir du
lointain héritier de l’antique mouseion d’Alexandrie? Pour penser
l’avenir du musée, des professionnels et des experts se sont réunis
à Cerisy en 2014 lors du colloque international, Le
musée, demain.
Les enjeux auxquels l’institution muséale fait et fera face dans les
décennies qui viennent, ont été étudiés et débattus par une vingtaine
d’intervenants, français et
étrangers, qui ont présenté leurs réflexions aujourd’hui rassemblées en
actes. Figure en outre, parmi les interventions portant sur
l’imaginaire du musée, une nouvelle inédite de Gérard Klein, auteur et
éditeur majeur de science-fiction, qui imagine dans ce texte écrit pour
le colloque l’art des cinquante prochaines années. Cet ouvrage
constitue une pierre angulaire pour un chantier
fondamental, celui d’une refondation institutionnelle. Les approches
territoriales, nationales et internationales autant
qu’interdisciplinaires y sont mêlées afin de contribuer à dessiner dans
l’esprit ouvert, constructif et prospectif qui caractérise la qualité
des échanges entretenus à Cerisy, les contours du musée que nous
voulons bâtir ensemble pour demain.
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S'orienter
dans un monde en mouvement
Direction: Francis Danvers
Éditeur: L'Harmattan
— 2018
Collection:
Éducations et sociétés
ISBN:
978-2-343-13744-5
L’orientation, au sens
fort du terme, est un processus
dynamique qui concerne tous les âges de la vie et englobe toutes les
sphères de l’existence. Jamais le sens des possibles n’a été en
apparence aussi ouvert et le
domaine des interactions sociales aussi multiple, en ce siècle de
mobilité et d’apprentissage tout au long de la vie. Pourtant, le
sentiment de désorientation domine, des inégalités d’accès persistent
et les systèmes d’information de plus en plus performants à l’ère
numérique ne sont pas nécessairement à la hauteur des attentes des
publics auxquels ils s’adressent. Un colloque de Cerisy a réuni des
chercheurs,
des praticiens et de "grands témoins" pour croiser leurs regards autour de cette question vive, dans une perspective
transdisciplinaire et holistique. Placée sous le signe de la
francophonie avec un pays invité, Haïti, cette rencontre avait tout
son sens en 2015, "Année internationale de la lumière (Orient) et des techniques s’y rapportant" sous
l’égide de l’Unesco, dont l’un des grands défis contemporains est
l’éducation.
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M
M
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NB: Vous pouvez accéder à l'ensemble
des publications du CCIC ainsi qu'à une liste plus complète des
prochaines parutions à la rubrique "Publications" de notre site
internet.
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2017 - Centre Culturel International de Cerisy
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