Programme 2018 : un des colloques

Programme complet


L'ARCHITECTURE EN NORMANDIE À L'ÂGE CLASSIQUE


DU MERCREDI 3 OCTOBRE (19 H) AU DIMANCHE 7 OCTOBRE (14 H) 2018

[ colloque de 4 jours ]



DIRECTION :

Étienne FAISANT


ARGUMENT :

À la suite des deux colloques tenus à Cerisy : L'architecture normande au Moyen Âge (1994) et L'architecture de la Renaissance en Normandie (1998), cette nouvelle rencontre poursuivra l'examen et la valorisation du patrimoine normand en s'intéressant aux XVIIe et XVIIIe siècles. Si elle demeure peu étudiée, nombre d'importants monuments de Normandie attendant encore leur première monographie, cette période ne fut en effet pas un moment moins intense : d'innombrables châteaux et de grands bâtiments monastiques, entre autres, témoignent toujours de l'activité qui régna alors dans la province. Celle-ci abrite ainsi des monuments majeurs, comme le château de Balleroy dû à François Mansart, celui de Bénouville conçu par Claude-Nicolas Ledoux, ou les bâtiments conventuels des abbayes de Rouen et de Caen.

Ce colloque n'entend néanmoins pas se cantonner à l'examen d'œuvres exceptionnelles ou très célèbres, mais souhaite proposer des approches variées : études de carrières, de grandes opérations urbaines et rurales, de types architecturaux… en considérant aussi bien l'architecture privée et religieuse que l'architecture publique, les fortifications et les jardins. Il s'agira ce faisant d'explorer plus largement les dynamiques et les tendances qui marquèrent la province, en s'interrogeant notamment sur le rapport à Paris.


CALENDRIER DÉFINITIF :

Mercredi 3 octobre
Après-midi
ACCUEIL DES PARTICIPANTS

Soirée
Présentation du Centre, du colloque et des participants


Jeudi 4 octobre
Matin
Étienne FAISANT : Introduction
Alain HUGON : La Normandie et la monarchie française : regards croisés sur les relations de la Province avec l'Ile de France (XVIIe-XVIIIe s.)
Alexis DOUCHIN : Le regard des érudits sur l'architecture de leur temps dans la Normandie des XVIIe et XVIIIe siècles

Après-midi
Visite révisée du château de Cerisy, par Étienne FAISANT

ARCHIVES CONTEMPORAINES
Gilles DÉSIRÉ DIT GOSSET : L'architecture des XVIIe et XVIIIe siècles en Normandie vue par l'administration des Monuments historiques

VILLES ET URBANISMES
Julien DESHAYES : Construction d'hôtels particuliers et mutations urbaines dans le Valognes des XVIIe et XVIIIe siècles
Claire ÉTIENNE-STEINER : Le Havre, ville royale
Viviane MANASE : La reconstruction de Dieppe après 1694 : entre idéal urbain et réalités


Vendredi 5 octobre
"HORS LES MURS" — À CAEN
Matin
SÉANCE PUBLIQUE À L'HÔTEL DE VILLE DE CAEN (SALLE DES MARIAGES)
CAEN AU XVIIIe SIÈCLE
Étienne FAISANT : L'œuvre architecturale des Intendants à Caen
Alexandre GADY : À l'ombre de Saint-Étienne : les bâtiments monastiques de l'abbaye aux Hommes de Caen

Visite du rez-de-chaussée de l'Hôtel de ville (sacristie, escalier des mâtines, cloître, grand escalier, pavillon d'entrée)

Après-midi
Visite en ville : Ancien couvent de la Visitation (actuel quartier Lorge, désormais Fonds régional d'art contemporain), Place Fontette, Place Saint-Sauveur, Place de la République, Hôtel de Blangy (aujourd'hui Centre communal d'action sociale) et Bâtiments monastiques de l'abbaye aux Dames (siège de la Région)


Samedi 6 octobre
GRANDES DEMEURES, ARCHITECTURE RELIGIEUSE ET JARDINS
Matin
Claude MIGNOT : Balleroy et les échos normands d'un château de François Mansart [enregistrement audio en ligne sur Canal U, chaîne La forge numérique | MRSH de l'université de Caen Normandie et sur le site Radio France, rubrique France Culture]
Vincent SIMONET : Des thèmes et des variations. Les façades de quelques châteaux haut-normands du XVIIe siècle
Erwan PATTE : Éléments sur la construction des châteaux de la seconde moitié du XVIIIe siècle à partir de quelques études de cas en Normandie

Après-midi
Christine GOUZI : De Versailles à Mondaye : les modèles du décor de l'abbaye de Mondaye à la fin du XVIIe siècle et au début du XVIIIe siècle
Yves LESCROART : Les hôtels particuliers de Rouen : entre diffusion des modèles parisiens et créations originales
Étienne FAISANT : Parterres, allées et perspectives : aspects des jardins dans la Normandie du XVIIe siècle
Jeanne POTTIER : L'influence des Lumières sur les jardins normands du XVIIIe siècle au travers des cas de Thury-Harcourt et de Canon
Emmanuel LUIS : Construire dans le monde rural en Normandie : édifier, restaurer, décorer les églises aux XVIIe et XVIIIe siècles


Dimanche 7 octobre
Matin
TRAVAUX EN NORMANDIE ET CARRIÈRES D'ARCHITECTES
Vincent DROGUET : Antoine-Mathieu Le Carpentier et la Normandie
Sophie POIRIER-HAUDEBERT : Jacques Basché, ingénieur-géographe des Ponts-et-Chaussées et architecte en Normandie
Nicolas FAUCHERRE : Vauban et la Normandie
Étienne FAISANT : Conclusions

Après-midi
DÉPARTS


RÉSUMÉS & BIO-BIBLIOGRAPHIES :

Étienne FAISANT : L'œuvre architecturale des intendants à Caen
Commissaires départis pour l'exécution des ordres du roi dans les généralités, les intendants de justice, police et finances ont régulièrement joué un rôle éminent dans l'aménagement des villes françaises au XVIIIe siècle. À Caen, ils s'employèrent ainsi à faciliter les circulations et desserrer le tissu urbain, en faisant supprimer les points d'étranglement et abattre les murailles, comme en témoigne encore la place Saint-Sauveur. Ils tinrent également un rôle essentiel dans la construction, aux entrées de la ville, de grands bâtiments qui ne furent pas uniquement conçus pour répondre à une fonction utilitaire — casernes au sud, palais des juridictions à l'ouest — mais reçurent également un aspect particulièrement monumental. Ils se dotèrent enfin d'un hôtel, rue des Carmes. En examinant ces diverses réalisations, cette communication s'attachera à préciser le rôle exact des intendants et les relations que ceux-ci entretinrent avec les échevins et les autres autorités de la ville. Elle tentera également de distinguer ce qui releva du cadre de leurs missions de ce qui résulta de leurs goûts propres. La comparaison entre leurs différentes œuvres pourra en effet permettre de mettre en évidence des personnalités fort entreprenantes, au premier rang desquelles s'impose le baron de Fontette.

Docteur en histoire de l'art, Étienne Faisant a consacré sa thèse à l'Architecture de Caen du règne de Charles VIII au début du règne de Louis XIII. Secrétaire-adjoint de la Société des antiquaires de Normandie, il consacre une large part de ses travaux au patrimoine normand.
Publications
"Les Grandes Écoles, siège de l'université de Caen (1432-1789)", dans Éduquer et instruire en Normandie, Actes du congrès tenu à Saint-Lô du 14 au 17 octobre 2015, Louviers, FSHAN, 2015, p. 371-382.
"Une place Royale avant les places royales : l'exemple de Caen", dans Alexandre Gady (dir.), Jules Hardouin-Mansart, Paris, Le Passage, 2017, p. 205-213.
"Un ingénieur des Ponts révolutionnaire ? Les projets d'Armand-Bernardin Lefebvre pour la ville de Caen", dans Hélène Rousteau-Chambon et Yann Lignereux (dir.), Nantes révolutionnaire, ruptures et continuités (1770-1830), Actes du colloque tenu à Nantes du 19 au 21 novembre 2015, à paraître.


Julien DESHAYES : Construction d'hôtels particuliers et mutations urbaines dans le Valognes des XVIIe et XVIIIe siècles
Considérée par Toustain de Billy comme "la cour du Cotentin", la ville "la plus polie, la plus spirituelle de la Basse-Normandie", Valognes se caractérise à l'époque moderne par une impressionnante concentration de demeures nobles urbaines. Le phénomène avait déjà pris à la fin du règne de Louis XIV une si grande ampleur que les officiers municipaux se plaignaient auprès de l'Intendant que le bourg soit "composé en la meilleur et la plus grande partie de noblesse originaire du lieu et autres qui s'y sont tenus", qu'il "en vient encore tous les jours de la campagne pour y demeurer". Paradoxalement, cet afflux de nobles exemptés devait en effet, en grevant ses finances, freiner la ville dans la conduite du grand projet de place royale dont elle caressait l'ambition. C'est au final par d'autres procédés, moins programmatiques et davantage opportunistes, que Valognes parvint au cours des XVIIe et XVIIIe siècles à effectuer une lente mais profonde mutation urbaine.

Julien Deshayes est historien de l'art de formation, directeur du Pays d'art et d'histoire du Clos du Cotentin, chercheur associé du Craham UMR 6273, Université de Caen Normandie.
Publications
"Identification des matériaux et étude du bâti, l'exemple du Clos du Cotentin", In Situ, n°6, Février 2006.
"L’hôtel-Dieu de Valognes", dans Hôtels-Dieu et pèlerins sur les chemins du Mont-Saint-Michel, Actes des 3e rencontres historiques d'Ardevon, 8 mai 2006, Association Les Chemins du Mont-Saint-Michel, Vire, 2008, p. 109-124.
"Valognes, une ville et ses hôtels particuliers", VMF, Vol. 232, Mai 2010, p.42-47.
"Les Legendre, une dynastie d'architectes valognais au siècle des Lumières", Val'Auna, revue historique sur Valognes et ses alentours, Vol. 22, Premier semestre 2013, p. 2-9.
"Les Veuves et la construction d'hôtels particuliers à Valognes sous l'Ancien Régime", dans Les Femmes en Normandie, Actes du congrès de la Fédération des sociétés historiques et archéologiques de Normandie tenu à Bellême en octobre 2013, Rouen, 2014, p. 111-118.

Vincent DROGUET : Antoine-Mathieu Le Carpentier et la Normandie
La carrière d'Antoine-Mathieu Le Carpentier (Rouen, 1709 - Paris, 1773) s'est presque entièrement déroulée à Paris. Employé par Jacques V. Gabriel sur le chantier de reconstruction du bâtiment de la Chambre des Comptes dans les années 1738-1740, il travaillera pendant trente-cinq ans, à la suite de cette première expérience, dans la capitale et terminera son parcours comme membre de l'Académie d'architecture et architecte du prince de Condé au Palais-Bourbon. S'il sut séduire une clientèle de gens de finances proches du pouvoir, pour laquelle il édifia ou remania des hôtels dans le contexte parisien, Le Carpentier maintint également, pendant une grande partie de sa vie professionnelle, des liens étroits et parfois tendus avec sa province natale, la Normandie. À travers certaines de ses commandes normandes — dont la plus prestigieuse aurait dû être celle du nouvel Hôtel de ville de Rouen — on peut percevoir le réseau d'amitiés et d'appuis qu'il avait su entretenir et conserver dans sa ville d'origine. Mais c'est aussi tout un entourage professionnel ou social qui se révèle, à y bien regarder, déterminé par les origines de l'architecte et par son attachement pour ses "compatriotes". Alors que Le Carpentier déclare fièrement avoir été "l'architecte de sa propre fortune", manifestant ainsi sa volonté de s'affirmer comme un self made man arrivé au sommet de son état par son seul talent, il n'est sans doute pas inutile de tenter d'apprécier, chez ce parisien d'adoption, l'étendue et l'importance des réseaux de solidarité et d'influence liés à son origine normande, dans le contexte d'une France de Louis XV où le rapport entre le pouvoir central et les provinces se révèle de plus en plus problématique, voire ouvertement conflictuel.

Vincent Droguet, conservateur général du patrimoine, est directeur du patrimoine et des collections du château de Fontainebleau.
Publication
Vincent Droguet, "Antoine-Mathieu Le Carpentier, un architecte en sympathie avec les sculpteurs", dans Guilhem Scherf (dir.), Augustin Pajou et ses contemporains, Paris, 1999, p. 191-222.

Claire ÉTIENNE-STEINER : Le Havre, ville royale
Sous l'égide de ses gouverneurs, Le Havre est dominé au XVIIe siècle par le Militaire et la Marine : le cardinal de Richelieu commande en 1628 une citadelle, le quartier Militaire, tandis que Colbert réquisitionne en 1663 le Bassin du Roi pour créer l'arsenal de la Marine. La porte Richelieu et son pendant, la tour François Ier, sont alors les seuls édifices monumentaux de la ville. La Municipalité ne se lance en effet dans aucune grande entreprise architecturale et, si elle érige en 1684 une statue de Louis XIV sur la place d'Armes, elle ne lui donne aucun cadre ordonnancé. Au XVIIIe siècle, en revanche, le développement des échanges favorise la construction d'établissements classiques voués au Commerce, au détriment de la Marine, tandis que les négociants se font construire des hôtels adaptés à l'usage de "maisons de commerce", ainsi que des "maisons de plaisance" sur la Côte d'Ingouville. À la suite des ingénieurs sollicités par les gouverneurs, Bruand ou Gabriel, des architectes parisiens dont Pâris et Moreau-Desproux travaillent au Havre et l'hôtel du gouverneur, construit en 1752, se réfère au modèle des hôtels de la capitale. Due à des artisans locaux, la majorité de la construction présente toutefois un caractère plus modeste. La Municipalité prend donc le parti de la dissimuler derrière des décors lors des visites de Louis XV puis de Louis XVI venu constater l'avancement des travaux du port. La décision d'agrandir Le Havre en 1786 scelle la victoire du Commerce : la Neuve ville est construite d'après le plan néoclassique de l'ingénieur Lamandé sur le quartier Miliaire et autour du nouveau bassin du Commerce. Mais Louis XVI refuse le projet de place royale et les troubles de la Révolution et de l'Empire reportent l'exécution du plan Lamandé, achevé seulement en 1840.

Docteur en histoire de l'art, conservateur général honoraire du patrimoine, Claire Étienne-Steiner a contribué de 1971 à 2015 à l'inventaire du patrimoine de Normandie, aux services de l'Inventaire général du Patrimoine culturel de Haute et Basse-Normandie. Elle a participé au colloque de Cerisy : L'architecture de la Renaissance en Normandie, organisé en 1998 par Bernard Beck et Isabelle Letteron ("Le Havre, ville neuve de la Renaissance ?") et en a co-dirigé la publication en 2004 (Presses universitaires de Caen). De 1991 à 2005, elle a réalisé l'inventaire du Patrimoine de l'agglomération du Havre et participé au comité scientifique pour l'inscription du centre reconstruit du Havre au patrimoine mondial de l'humanité qui a été obtenue en 2005.
Publications dans le cadre des collections de l'Inventaire général
Itinéraires du Patrimoine sur Harfleur (la ville et l'église), Sainte-Adresse et le Nice havrais, le port et le centre reconstruit du Havre, édités par Connaissance du Patrimoine de Haute-Normandie (CPHN), 1992-1995.
Indicateurs du Patrimoine : Le Havre, ville, port et agglomération, CPHN, 1999.
Images du Patrimoine : Le Havre, Auguste Perret et la Reconstruction, CPHN, 1999.
Cahiers du Patrimoine : Le Havre, un port des villes neuves, édité par MONUM', 2005.
Collection "Patrimoine et territoires : Sainte-Adresse et le Nice havrais" (avec Christine d’Aboville), édité par la Région Haute-Normandie, 2010.
Collection "Cahiers du Patrimoine : Le Havre 1517-2017, la demeure urbaine", édité par Lieux Dits, 2017.
Ouvrages diffusés par les éditions Lieux Dits.

Nicolas FAUCHERRE : Vauban et la Normandie
Province frontière hautement stratégique car faisant directement face à l'Angleterre, la Normandie est l'objet à la fin du règne de Louis XIV d'attaques incessantes des flottes anglo-hollandaises : Cherbourg en 1692, La Hougue en 1692 et 1694, Le Havre en 1694. En 1689, il projette un grand port de guerre dans la rade de la Hougue aux dépens de Cherbourg. Une série de redoutes sont alors construites sur la côte orientale du Cotentin dite "côte de la Hougue". Jusqu'en 1694 et la construction des deux tours de la Hougue, la défense du littoral bas-normand repose essentiellement sur des fortifications passagères de campagne : retranchements et palissades, redoutes et batteries côtières. En 1686, 1694 et 1699, Vauban se rend sur place pour projeter la défense des ports de Dieppe, Honfleur, Carentan, La Hougue, Cherbourg, Granville et même du Mont Saint-Michel. Benjamin de Combes, ingénieur et marin, est nommé directeur des fortifications de Normandie en 1693 ; il met en place tout au long des côtes un réseau de corps de garde en dur (pierre) ou en bois.

Nicolas Faucherre est professeur d'archéologie et d'histoire de l'art du Moyen Âge à l'université d'Aix-Marseille. Membre du laboratoire d'archéologie médiévale et moderne en Méditerranée (UMR 7298 du CNRS). Après un doctorat sous la direction de Léon Pressouyre sur les premières citadelles royales françaises dans la transition à l'artillerie à poudre, il s'est spécialisé dans la fortification médiévale et classique, tant en France qu'en Méditerranée orientale, où il a dirigé plusieurs missions archéologiques sur des forteresses du Proche-Orient (Ani, Apamée de l'Oronte, Saône, Beaufort, Césarée), puis désormais en Inde et en Iran. Il assure également des missions d'expertise internationale pour ICOMOS et l'UNESCO.

Christine GOUZI : De Versailles à Mondaye : les modèles du décor de l'abbaye de Mondaye à la fin du XVIIe siècle et au début du XVIIIe siècle
Au XVIIe siècle comme au XVIIIe siècle, le grand décor conventuel normand emprunte souvent aux modèles parisiens religieux ou profanes. La proximité de Paris avec la Normandie, la circulation des peintres et des architectes expliquent en partie cet état de fait. L'abbaye de Mondaye n'échappe pas à cette règle, mais se présente comme un exemple particulier, notamment à cause de la présence d'un des membres de la famille Restout dans le monastère : l'architecte et décorateur Eustache Restout (1655-1743), beau-frère du peintre du roi Jean Jouvenet (1644-1717), établi à Paris dès 1661. Le décor de Mondaye est ainsi tributaire des grands exemples parisiens et versaillais, mais ces derniers sont toujours réinterprétés pour servir les normes de l'architecture prémontrée de la fin du XVIIe siècle.

Bibliographie
L'Architecture des Prémontrés : mélanges offerts au R.P. François Petit, Actes du Xe colloque du Centre d'études et de recherches prémontrées, 1984, Mondaye, Calvados, Amiens, CERP, 1985.
Jean Pelcoq, L'Abbaye de Mondaye, Caen, Imprimerie Colas, 1938 (2e édition).
Christine Gouzi, Jean Restout (1692-1768), peintre d'histoire à Paris, Paris, Arthena, 2000, 512 p.
Dominique-Marie Dauzet, Martine Plouvier (dir.), Actes du colloque international L'ordre de Prémontré au XVIIIe siècle, Centre d'Études et de Recherches prémontrées (CERP) [Caen et Mondaye, 20-22 septembre 2001], Berne, Peter Lang, 2011.
Christine Gouzi, "Une firme artistique dans la France de l'Ancien Régime : l'atelier d'Eustache Restout à l'abbaye de Mondaye", Actes du colloque international L'ordre de Prémontré au XVIIIe siècle, Centre d'Études et de Recherches prémontrées (CERP) [Caen et Mondaye, 20-22 septembre 2001], Berne, Peter Lang, 2011, p. 225-244.

Alain HUGON : La Normandie et la monarchie française : regards croisés sur les relations de la Province avec l'Ile de France (XVIIe-XVIIIe s.)
Les deux derniers siècles de l'Ancien Régime introduisent des changements dans les relations qu'entretiennent les autorités monarchiques et la province de Normandie. Avec l'achèvement du découpage des généralités, l'introduction et la structuration des intendances et des subdélégations, et les derniers soulèvements d'ampleur au milieu du XVIIe siècle, la réorganisation des structures administratives tout au long des 150 années qui suivent accompagne de profonds bouleversements économiques, sociaux et culturels dans la province. Ils ne sont pas sans conséquence sur l'histoire sociale et architecturale du bâti, de quelque nature qu'ils soient. Par cette communication, il s'agit de pointer la diversité et la nature des relations entre la Normandie et le centre du pouvoir politique.

Alain Hugon est professeur d'histoire moderne à l'université de Caen Normandie.
Publications
Naples insurgée. 1647-1648. De l'événement à la mémoire, PUR, Rennes, 2011, 408p. [trad. espagnole : La insurrección de Nápoles 1647-1648. La construcción del acontecimiento, Prensas de la Universidad de Zaragoza, Saragosse, 2014].
Philippe IV – Le siècle de Vélasquez, Payot, Paris, 2014, 500p. [trad. espagnole : Felipe IV y la España de su tiempo. El siglo de Velázquez, Barcelone, Crítica, 2015, 438p].
Éditions en collaboration avec
G. DÉSIRÉ DIT GOSSET, B. GARNIER, L. MAZIANE, L. RIDEL, Des galères méditerranéennes aux rivages normands. Recueil d'études en hommage à André Zysberg, Cahiers des Annales de Normandie, n°36, Caen, 2011, 568p.
A. BOLTANSKI (dir.), Les Noblesses normandes (XVIe-XIXe siècle), Colloque de Cerisy, PUR, Rennes, 2011.
S. HAFFEMAYER, Y. SORDET, C. VELLET (dir.), Images et révoltes dans le livre et l'estampe (XIV-XVIIIe), Catalogue de l'exposition Images et révoltes dans le livre et l'estampe XIVe-XVIIIe s., Bibliothèque Mazarine, 14 décembre 2016 - 17 mars 2017, Paris, Éditions des Cendres-Mazarine, 2016.

Yves LESCROART : Les hôtels particuliers de Rouen : entre diffusion des modèles parisiens et créations originales
Parlementaires et négociants ont édifié dans la ville de Rouen à l'époque classique de nombreux hôtels, dont une partie importante a été épargnée par les destructions de la Seconde Guerre mondiale. Dans le prolongement des recherches menées notamment par les chercheurs rouennais sous la direction d'Olivier Chaline sur l'histoire de cet habitat dans la topographie urbaine de Rouen, il convient d'approfondir ce qui appartient aux traditions architecturales locales et aux apports des modèles parisiens déclinés sous des formes renouvelées.

Yves Lescroart a été Conservateur des Monuments historiques de Normandie de 1976 à 2001, puis Inspecteur général des Monuments historiques en Alsace, Franche-Comté, Nord-Pas-de-Calais, puis Centre, Basse-Normandie et Champagne-Ardenne de 2001 à 2010. Il consacre une large part de ses travaux personnels au patrimoine normand.
Publications
"L'Hôtel du Haut-Doyenné à Lisieux", Monographie collective, 1985.
"Le château de Bénouville", Monographie collective, 1986.
"Le manoir en Pays d'Auge, évolution architecturale des logis de bois du XVe au XVIIIe siècle", Société royale des Antiquaires de Londres, 2002.
"La Place Stanislas et l'Hôtel de Ville de Nancy", Revue Monumental, 2005.

Viviane MANASE : La reconstruction de Dieppe après 1694 : entre idéal urbain et réalités
En 1694, la ville de Dieppe est presque entièrement détruite suite au bombardement perpétré par la flotte anglo-hollandaise (guerre de la Ligue d'Augsbourg). À l'initiative de Vauban, l'architecte Antoine De Ventabren reconstruit la cité, imposant aux habitants l'un des premiers règlements d'urbanisme français, avec de strictes servitudes constructives et décoratives. À une période où émerge un nouveau concept de ville, la reconstruction de Dieppe offre l'opportunité de tester certains principes d'urbanisme et d'organisation de l'habitat. Si la ville est pratiquement achevée vers 1720, l'exigence de façades uniformes avec entresol n'est plus de mise à partir de 1752, au profit d'un étage carré habitable, beaucoup plus en adéquation avec les réels besoins de la population. L'utopie de la ville idéale voulue par Vauban, avec ses rues identiques bordées par des façades rythmées par des séries d'arcades régulières, a dû céder le pas devant l'usage et les réalités quotidiennes des habitants.

Viviane Manase est Conservateur du Patrimoine — Inventaire du Patrimoine culturel - Région Normandie.
Publication
La reconstruction de Dieppe après la "grande bombarderie" de 1694, dans Actes du 3e Congrès Francophone d’Histoire de la Construction, Nantes, 21, 22 et 23 juin 2017, Paris, Picard (à paraître).

Claude MIGNOT : Balleroy et les échos normands d'un château de François Mansart
Le château de Balleroy bâti au sud-ouest de Bayeux sur les dessins de François Mansart entre 1631 et 1637 présente une composition pyramidante impressionnante, qui perfectionne le dessin proposé trois ans plus tôt pour le château du Plessis-Belleville près de Paris. Mansart en développe encore l'orchestration paysagère dans les années 1650. Cette réussite soutenue par le renom de Mansart a-t-elle eu des échos dans la province, ou les similitudes que l'on croit observer sont-elles seulement des analogies superficielles ? Tel sera l'objet de cette communication.

Claude Mignot a consacré de nombreuses études à l'architecture française au siècle de Louis XIII, notamment à Mansart.
Publications
François Mansart, le génie de l'architecture (dir avec Jean-Pierre Babelon), Gallimard, 1998.
François Mansart, un architecte artiste au temps de Louis XIII et de Louis XIV (avec Étienne Faisant et Joëlle Barreau), Le Passage, 2016.

Sophie POIRIER-HAUDEBERT : Jacques Basché, ingénieur-géographe des Ponts-et-Chaussées et architecte en Normandie
Originaire des environs de Chartres puis formé à l'école des Ponts-et-Chaussées, Jacques Basché (1728-1786) est envoyé en 1755 comme ingénieur géographe dans la généralité de Caen. Pourtant, en Normandie, il va surtout mener une carrière d'architecte qu'il terminera sous le titre d'architecte de Monsieur. Travaux de restauration, aménagements extérieurs ou constructions de châteaux, plusieurs chantiers de la seconde moitié du XVIIIe siècle portent sa signature. Le palais épiscopal de Coutances et le château de Boucéel à Vergoncey témoignent de l'influence, sur les premières réalisations de cet architecte, du modèle des maisons de plaisance diffusé par Jacques-François Blondel.

Bibliographie
"Jacques Basché, "géographe" des Ponts-et-Chaussés et architecte en Normandie", La revue de l'Avranchin et du Pays de Granville, n°386, mars 2001.
"Les maisons de plaisance dans la Manche aux siècles des Lumières 1710-1760", Revue de la Manche, Fasc. 173, janvier 2002.
"Les façades des châteaux du XVIIIe siècle dans le département de la Manche. La façade, un instrument de valorisation sociale", dans Construire, reconstruction, aménager en château en Normandie, Annales de Normandie, 2004.

Jeanne POTTIER : L'influence des Lumières sur les jardins normands du XVIIIe siècle au travers des cas de Thury-Harcourt et de Canon
Cette communication s'attachera à présenter deux exemples insignes des jardins pittoresques réalisés en Normandie au XVIIIe siècle, ceux aménagés autour des châteaux de Thury-Harcourt et de Canon (Calvados). Ces deux réalisations ont en effet l'intérêt d'être documentées, pour la première, par un traité sur l'art des jardins rédigé par le duc François-Henri d'Harcourt (1726-1802) et, pour la seconde, par d'abondantes sources encore conservées au château. Ces archives attestent que, tout comme le duc d'Harcourt, Jean-Baptiste Jacques Elie de Beaumont (1732-1786), seigneur de Canon, dirigea les moindres détails de l'élaboration de son jardin, depuis Paris, grâce à la correspondance qu'il entretenait avec ses mandataires locaux. Les deux domaines étaient aussi liés par un approvisionnement de plantes exotiques que les pépinières d'Harcourt envoyaient alors à Canon. Les deux châtelains normands, ayant de nombreuses similitudes par leurs activités et leurs goûts, adoptèrent la mode des jardins irréguliers, qui commençait alors à se répandre en France. En réaction au style classique du Grand Siècle, ces deux parcs sont les réceptacles des réflexions du XVIIIe, alors siècle des Lumières et de la sensibilité rousseauiste.

Jeanne Pottier est titulaire d'un Master 1 en Histoire, obtenu à l'université de Caen Normandie avec un mémoire sur les jardins des châteaux de Canon et de Thury-Harcourt préparé sous la direction de M. le professeur Alain Hugon.


SOUTIENS :

• Office universitaire d'études normandes (OUEN) | Université de Caen Normandie
• Direction régionale des Affaires culturelles Normandie (DRAC)
• Région Normandie
• Ville de Caen