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QUE NOUS DISENT LES
BEST-SELLERS ?
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Mise à jour
23/04/2018

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DU LUNDI 23 JUILLET (14 H)
AU LUNDI 30 JUILLET
(14 H) 2018
( colloque de
7 jours )
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DIRECTION :
Olivier BESSARD-BANQUY, Sylvie DUCAS, Alexandre GEFEN
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ARGUMENT :
Rien n’est plus mystérieux qu’un best-seller.
Car si certains semblent fabriqués à partir de recettes qui ne peuvent
mener qu’au succès, combien d’autres livres issus du même moule passent
complètement inaperçus tandis que des ouvrages parfois difficiles
reçoivent un succès inattendu? Quel point commun peut-on trouver au Capital de Marx, aux romans de
Dickens ou aux aventures d'Harry Potter en passant par Le Petit Prince de Saint-Exupéry, Belle du seigneur d'Albert Cohen,
sans oublier les œuvres de Pigault-Lebrun ou de Maurice Dekobra? Y
a-t-il des raisons objectives permettant de comprendre que ces livres
aient rencontré le succès? Et comment passer du livre qui anime une
librairie à celui qui y met le feu? Y a-t-il un élément, un secret, une
technique qui permet de transformer tout volume en n°1 des ventes?
Quelle part revient à l’auteur dans cette réussite? Et à l’éditeur? Et
aux lecteurs? Et au-delà d’une simple recension des livres qui se sont
très bien vendus depuis le XIXe siècle, que nous disent les best-sellers? Est-ce une catégorie
historique dont on peut relater l’invention? Nous racontent-ils une
histoire d’un horizon de réception, celui du "grand public", voire une
histoire de la lecture?
Le présent colloque vise à offrir un grand moment d’échange et de débat
entre des spécialistes des différents aspects de la question et un
large public composé d'auteurs, de professionnels du livre,
d'enseignants, mais aussi d'auditeurs intéressés par les problèmes
posés.
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CALENDRIER
PROVISOIRE :
Lundi 23
juillet
Après-midi:
En
avant-première:
Séance publique à la Médiathèque de Saint-Lô (vers 16 heures)
Accueil de Pascale NAVET,
directrice de la Médiathèque
Rencontre-débat avec Michel BUSSI,
auteur de best-sellers aux
Presses de la cité
ACCUEIL DES
PARTICIPANTS À CERISY
Soirée:
Présentation du Centre, des colloques et des participants
Mardi 24
juillet
Matin:
Pourquoi
prendre les best-sellers au sérieux? (modérateur: Alexandre
GEFEN)
Olivier
BESSARD-BANQUY & Sylvie DUCAS: Brève histoire des best-sellers,
questions et enjeux liés aux best-sellers
David
MARTENS: Que dire des lectures dans l’entre-deux-guerres?
Après-midi:
Lectures
pour tous (modérateur: Pascal
DURAND)
Anthony
GLINOER: Les collections de classiques à
bas prix [vidéoconférence]
Alix MERAT:
Un best-seller à la
bibliothèque ! Modalités pratiques et enjeux d'un rayon "Best-sellers"
Mercredi 25
juillet
Matin:
Poétique
du best-seller (modératrice: Marie-Eve THÉRENTY)
Christelle
REGGIANI: Y a-t-il une poétique
du best-seller?
Matthieu
LETOURNEUX: Best-sellers
et sérialité littéraire (XIXe-XXIe siècles)
Après-midi:
Auteur
à succès, succès de l'auteur (modérateur: Anthony
GLINOER)
Martin
WINCKLER: Comment survivre à un best-seller? [vidéoconférence]
Sylvie DUCAS:
Le prix Wepler, un anti-prix marchand dans une économie du prestige
Jeudi 26
juillet
Matin:
Économie
et recettes du succès (modérateur: à
préciser)
Pascal
DURAND: Le best-seller
hors littérature
Bertrand
LEGENDRE: Économie du best-seller
[texte lu]
Après-midi:
DÉTENTE
Soirée:
Projection du film Michel Bussi et
le roman populaire, en présence du réalisateur Christian CLÈRES, suivie d'un débat
Vendredi 27
juillet
Matin:
Mondialisation
du best-seller (modérateur: Michel
MURAT)
Marie-Eve
THÉRENTY: Typologie des best-sellers
à la française et à l’anglo-saxonne
Ofra LÉVY:
Étudier les motifs générateurs de best-sellerisation en littérature Young Adult
Après-midi:
Que
faire de tous ces best-sellers en librairie et bibliothèque?
(modérateurs: Olivier
BESSARD-BANQUY & Sylvie DUCAS)
Table ronde
avec des professionnels du livre de l’édition, de la librairie, de la
bibliothèque, avec la participation de Arnaud COIGNET [librairie Ryst,
Cherbourg], de Marie-Rose GUARNIERI [libraire des
Abbesses et fondatrice du prix Wepler], de Pascale NAVET [directrice de la
Médiathèque de Saint-Lô] et de David
VINCENT [ancien
libraire, responsable littéraire chez Mollat]
Samedi 28
juillet
Matin:
Le sexe comme incubateur de succès?
(modératrice: Sylvie DUCAS)
Régine
ATZENHOFFER: La littérature féminine trash et érotique du
XXIe siècle: des best-sellers
"baromètres" des normes et idéaux contemporains?
Magali BIGEY
& Stéphane LAURENT: 50
Nuances de Grey: un succès populaire, un marketing millimétré
Après-midi:
Que nous disent les best-sellers, de la
littérature aux sciences humaines
(modératrice: Oriane
DESEILLIGNY)
Charline
PLUVINET: Spécularité des romans best-sellers: que nous disent les best-sellers de la littérature?
Guillaume
LOUET: Quels sont les grands best-sellers
de la polémique de
Renan à Houellebecq? L’attaque de la doxa fait-elle vendre?
Eric THIEBAUD: Les best-sellers en
sciences humaines
Soirée:
Débat,
avec Marc LEVY
[vidéoconférence]
Dimanche 29
juillet
Matin:
Algorithmes
et feel-good books (modérateur: Olivier
BESSARD-BANQUY)
Michel MURAT: Utile dulci: le best-seller comme aide à la
résilience
Alexandre
GEFEN: The Best Seller code and so on
Après-midi:
Best-sellers
2.0
(modérateur: Alexandre
GEFEN)
Christine
GUÉRINET: Du Web 2.0 aux best-sellers
Oriane
DESEILLIGNY: Des secrets de fabrication de best-sellers en contexte numérique?
Étude des conseils donnés aux auteurs et des pratiques éditoriales sur
les plateformes numériques
Lundi 30
juillet
Matin:
Synthèse et débat collectif
Après-midi:
DÉPARTS
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RÉSUMÉS &
BIO-BIBLIOGRAPHIES :
Régine
ATZENHOFFER: La littérature féminine trash et érotique du XXIe siècle:
des best-sellers "baromètres"
des normes et idéaux contemporains?
Le roman "post-féministe" construit de nouvelles subjectivités à partir
de la mise en pratique d’une écriture du moi, de l’intime et de la
marginalité. À l’aube du XXIe siècle, la littérature féminine
transgressive, "trash", populaire et érotique, distribuée longtemps
sous le manteau, s'est démocratisée et évolue à l'avenant, en évidence
sur les étalages et dans les vitrines. Des œuvres post-féministes et
"post-libération sexuelle" renvoient au lectorat des énoncés intimistes
et trash qui transgressent des tabous auparavant circonscrits à
l’espace privé. On peut considérer le roman "post-féministe" comme
l’expression d’une certaine vision du monde et des rapports entre les
sexes. Moyen d’appréhension des imaginaires genrés et sexuels, matériau
investi dans des actes militants, le corps est y devenu "un langage de
l’émancipation" (Geneviève Fraisse, Les
excès du genre,
Paris, Lignes, 2014), partie prenante du
fantasme et de l’image, au cœur des débats sur "sexe et genre", "une
matière qui parle", "un langage de l’émancipation" (Fraisse, 2014).
Cette communication s’intéressera notamment au(x) corps décomplexé(s),
polémique(s) et subversif(s) représenté(s) dans un contexte
post-féministe. Pierre Bourdieu affirmait que "le corps est dans le
monde social mais le monde social est dans le corps"; aussi s’agit-il
d’interroger cette posture de transgression dans un réseau plus large
de mutations sociologiques et socio-économiques, réseau où la
libération et la démocratisation de la pornographie et la
généralisation des représentations du corps et de la sexualité se
banalisent, voire encouragent la monstration de l’intimité et de la
nudité, où certaines revendications post-féministes et "post-libération
sexuelle" semblent se complaire dans une relation hégémonique à
l’érotisme et à l’(hyper)sexualité, en parfaite synergie avec les
paysages néolibéraux contemporains (Adriaens, "Post feminism in popular
culture", 2009).
Maitre
de conférences au
département Techniques de Commercialisation de l’IUT Robert Schuman à
l’Université de Strasbourg, Régine Atzenhoffer lie son
activité professionnelle, dans le cadre de l’enseignement de l’allemand
commercial, à ses recherches consacrées à des écrits ayant
connu un succès éditorial.
Publication:
"Écrire l'amour kitsch:
Approches narratologiques de l'œuvre de H. Courths-Mahler (1867-1950)",
Éditions Peter Lang, 2004.
Olivier BESSARD-BANQUY
Après avoir travaillé en tant
qu'éditeur, il est
aujourd’hui professeur des universités spécialiste des lettres et de
l'édition contemporaines à l’Université Bordeaux Montaigne au sein du
Pôle des
métiers du livre. Proche de Pierre Jourde, son travail de recherche
porte pour
l’essentiel sur les tropismes grand public de l’édition littéraire, le
développement du marketing dans les lettres, l’effondrement de la
lecture savante, l’essor d’une industrie du divertissement au détriment
des œuvres de l’esprit, le remplacement de la création par le
traficotage des textes.
Publications:
L'Édition
française depuis 1945, Cercle de la librairie, 1998.
Le Roman
ludique, Presses Universitaires du Septentrion, 2003.
L'Édition
littéraire aujourd'hui, Presses Universitaires de Bordeaux, 2006.
La
Typographie du livre français (avec Christophe
Kechroud-Gibassier), PU de Bordeaux, 2008.
La Vie du
livre contemporain, Du Lérot éditeur, 2009.
Sexe et
littérature aujourd’hui, La Musardine, 2010.
L’Industrie
des lettres, Pocket, 2012.
Le Livre
érotique, Presses Universitaires de Bordeaux, 2010.
Gallimard
1911-2011, Un siècle d'édition, Gallimard-BNF, 2011.
Les Mutations
de la lecture, Presses Universitaires de Bordeaux, 2012.
Le Goût des
livres, Mercure de France, 2016.
Magali BIGEY
& Stéphane LAURENT: 50 Nuances de Grey: un succès populaire, un marketing
millimétré
À
travers une étude de réception de plus de 4 ans, nous
analyserons les ressorts de la trilogie 50 Nuances de Grey, notamment
comment elle a été lue et appréhendée à la croisée des sciences du
langage, de la
sociologie des pratiques et du traitement statistique de données. Nous
avons tenté de comprendre, pendant ces quatre années, l’engouement qui
a fait de cette série un best-seller. Pour
expliquer son succès fulgurant et surtout extrêmement visible, nous
avons analysé le pourquoi de cet enthousiasme par le biais d’un
questionnaire qui a récolté plus de 1500 réponses. Nous concentrerons
une partie de cet exposé sur la prescription et la médiation de ce
roman et montrerons à quel point le lectorat n’est pas forcément
dupe de son acte de lecture; s’il se laisse volontiers aller à
rêver, il est généralement tout à fait conscient des limites du
phénomène d’identification.
Magali Bigey est maître de conférences
en Information-Communication, membre de l’équipe "Conception, Création,
Médiations" du laboratoire ELLIADD, Université de Franche-Comté, et
membre du comité scientifique du Groupe de Recherche et d’Études sur
les Fans (GREF). Après une thèse sur l’évolution du roman sentimental
sériel dans la seconde moitié du XXe siècle, elle s’intéresse
aujourd’hui principalement aux pratiques de réception et de création
liées à la littérature populaire.
Bibliographie:
Bigey Magali, 2017,"Auteures et fanfiction: ce qu’elles en disent, ce
qu’elle dit d’elles. Entre ethos et logos", in Fans et genre: la rencontre, sous
la direction de Mélanie Bourdaa et Arnaud Alessandrin, Éd. Téraèdre,
pp. 99-110.
Bigey Magali, 2017, "Réflexions sur l’amour et analyse de réception :
La rencontre amoureuse dans les romans sériels et au prisme du
lectorat", in L’amour. Création et
société, sous la direction de Marta Alvarez, Ida Hekmat, Sabine
Lauret, Éd. Michel Houdart, pp. 64-80.
Bigey Magali, 2014/2, "50 nuances de
Grey: du phénomène à sa réception", Hermès, La Revue, n°69, p. 88-90.
Stéphane Laurent est chercheur associé
dans le pôle Conception, Création,
Médiations du laboratoire ELLIADD, université de Franche-Comté,
et enseignant en Eco-Gestion spécialisé en Marketing. Depuis plusieurs
années, il travaille sur la réception des publics, musiciens mais aussi
et surtout public lecteur.
Oriane
DESEILLIGNY: Des secrets de fabrication de best-sellers en contexte numérique?
Étude des conseils donnés aux auteurs et des pratiques éditoriales sur
les plateformes numériques
Cette communication étudiera les pratiques d’auteurs sur certaines
plateformes à travers les techniques éditoriales, scripturales et
communicationnelles qu’ils mettent en œuvre pour rassembler le plus de
lecteurs autour de leur texte. L’étude du discours de ces plateformes
d’auto-édition met en exergue l’idée que non seulement l’auteur
numérique peut se réinventer hors du livre dans une économie numérique
spécifique, mais qu’en outre, pour peu qu’il applique des méthodes de
marketing éditorial et de promotion de sa propre figure auctoriale sur
les réseaux sociaux, la reconnaissance par les lecteurs et par les
métriques classiques du web constitue un horizon accessible. Certaines
plateformes s’emploient aussi à donner des conseils poétiques et
narratifs pour séduire les lecteurs, reproduisant la tension entre
standardisation et singularisation (Letourneux, 2017). Dans quelle
mesure ces approches déplacent-t-elles l’imaginaire associé au best-seller et au succès de
librairie? Ces pratiques éditoriales constituent-elles des moyens pour
les acteurs de ces plateformes de produire cette "littérature as usual" que dénonce Sophie Divry
(Divry, 2017), cette "littérature de répétition" qui est censée se
conformer aux attentes d’un lectorat ciblé et donc constituer une
garantie vers le succès éditorial?
Oriane Deseilligny est maître de
conférences en sciences de l’information et de la communication à
l’Université Paris 13. Elle est chercheure au sein du GRIPIC
(université Paris Sorbonne), où elle étudie les métamorphoses des
pratiques d’écriture ordinaires et littéraires en contexte numérique.
Elle a co-dirigé en 2013 avec Sylvie Ducas la publication d’un ouvrage
consacré aux recompositions de la figure de l’auteur et de l’écrivain
sur Internet: L'auteur en réseau,
les réseaux de l'auteur, Presses universitaires de Paris Ouest.,
coll. "Orbis Litterarum", 2013.
Dernières
publications:
Deseilligny O., "Reformuler les processus éditoriaux, déplacer
l’imaginaire du best seller? Formes, conditions et mythologies du
succès en contexte numérique", in Fixxion
15, "Le Best-seller", décembre 2017, pp. 118-129 (en ligne).
Deseilligny O., "Écrire pour quels lecteurs: capter l'attention des
humains ou de Google?", in Design et
innovation dans la chaîne du livre. Écrire, éditer, lire à l'ère
numérique, Stéphane Vial et Marie-Julie Catoir (dir.), PUF,
2017, p. 49-59.
Deseilligny O., Couleau C., Hellegouarc’h P, "Présentation. Que devient
l’ethos en régime numérique?", Itinéraires
LTC, 2015-3, 2016 (en ligne).
Sylvie
DUCAS
Maître
de conférences en Littérature et
sciences de l’information et de la communication à l’Université Paris
Nanterre depuis juin 2016, les centres d’intérêt de Sylvie Ducas sont
multiples: le processus de consécration littéraire aux XXe - XXIe
siècles, les prix littéraires au cœur des industries du livre et de la
culture; le statut (réel et symbolique), les représentations, les
imaginaires
et postures de l’auteur aux XXe-XXIe siècles; la filiation, identité
et postures auctoriales dans la littérature et
les fictions contemporaines; du texte au livre: les enjeux, les
acteurs et les représentations; la chaîne du livre et les métiers du
livre; la prescription littéraire et culturelle.
Pascal
DURAND: Le best-seller hors littérature
Dans nos représentations ordinaires, le best-seller concerne
essentiellement le genre romanesque, dans l’oubli que la poésie,
par exemple, a connu pour sa part, du XIXe siècle à nos jours, des
phénomènes de vente et de succès massifs (des Méditations poétiques de Lamartine
à Paroles de Jacques
Prévert). On néglige tout aussi volontiers le fait que ce type de
phénomènes touche des genres éditoriaux extérieurs à la littérature
(élargie même au-delà de l’essai lettré ou de la bande dessinée).
Pascal Durand, professeur ordinaire à
la Faculté de Philosophie et Lettres de l’Université de Liège, dirige
le Centre d’Étude du Livre Contemporain (CELIC).
Spécialiste de Mallarmé, il est l’auteur d’une quinzaine d'ouvrages
relatifs à la modernité poétique, à l’histoire de l’édition ainsi
qu’aux figures contemporaines de l’orthodoxie politico-médiatique.
Publications:
Naissance de
l’Éditeur. L’édition à l’âge romantique, Les Impressions
Nouvelles, 2005 (avec A. Glinoer).
La Censure
invisible, Actes Sud, 2006.
Mallarmé. Du
sens des formes au sens des formalités, Seuil, 2008.
Histoire de
l’édition en Belgique (xve-xxie siècle), Les Impressions
Nouvelles, 2018 (avec T. Habrand).
Alexandre
GEFEN
Après avoir été maître de
conférences à l'Université Bordeaux Montaigne en littérature française
du XXe siècle, de 2006 à 2012, il estdirecteur de
recherche au sein de l’Unité mixte de recherche THALIM (Théorie et
histoire des arts et des littératures de la modernité) de l'Université
Paris 3 Sorbonne Nouvelle. Son habilitation à diriger des recherches
(HDR), avait pour thème "Le recours à la fiction", avec un livre inédit
intitulé Réparer le monde, la
littérature française face au XXIe siècle, qui fait état d'une
littérature française contemporaine qui serait une médecine
de l'âme, qui, par l'écriture et la lecture permettrait de soigner,
d'aider ou de "faire du bien", en donnant à chacun la
possibilité d'inventer sa propre forme de vie.
Fondateur en 1999 du site Internet Fabula, consacré à la recherche en littérature, et
la plateforme d'édition numérique CEPM à l'Université Paris
Sorbonne-Paris IV, il s'est intéressé très tôt aux
humanités numériques Il est membre de nombreux comités de lecture.
Anthony
GLINOER: Lectures pour tous. Les collections de classiques à bas prix
Cette
communication portera sur le phénomène des
collections de classiques de la pensée et de la littérature
occidentales vendus à bas prix depuis le début du XIXe siècle. Ces
ensembles éditoriaux, dont le succès en librairie (ou par souscription)
est indéniable, croisent le phénomène des best-sellers et
posent toutes sortes de questions: quel est leur public cible? Quelle
est la part de l’entreprise "civilisatrice" ou pédagogique, et de
l’entreprise commerciale? Où se situe l’intervention de l’éditeur ou du
directeur de la collection? Et quels discours d’escorte ajoutent-ils
aux textes édités? Quelle identité visuelle (format, papier, reliure)?
Qu’est-ce qu’on considère, synchroniquement et diachroniquement,
comme un classique? Ayant recensé plus de deux cents de ces
collections, l'on posera les jalons d’une recherche qui touche
autant à la question du succès qu’à celle de la consécration des
œuvres publiées.
Les travaux d'Anthony Glinoer,
titulaire de
la Chaire de recherche du Canada sur l’histoire de l’édition et la
sociologie du littéraire et professeur à l’Université de Sherbrooke,
ont porté principalement sur l’histoire de l’édition, sur
l’étude des représentations dans la littérature de la vie littéraire,
sur les groupes d’écrivains et d’artistes et sur les théories
sociologiques de la littérature.
Christine
GUÉRINET: Du Web 2.0 aux best-sellers
Certains livres proposés aux young adult sont devenus des best-sellers, soit parce qu’ils ont
déjà connu leur heure de gloire sur Internet, soit parce que l’auteur
de l'ouvrage bénéficie déjà d’une notoriété sur la Toile. Ces
phénomènes littéraires, s’ils ne remettent pas en cause la notion
traditionnelle de best-sellers,
au sens quantitatif, sont malgré tout source d’interrogations, tant en
ce qui concerne leurs productions que leurs réceptions. La vente de ces
livres témoigne-t-elle d’une reconnaissance d’un texte ou d’une
appartenance à une communauté ? C’est à travers l’analyse d’ouvrages
issus de la plateforme d’écriture et de lecture en ligne, Wattpad, et
de ceux produits par des youtubeurs
et youtubeuses que l'on
tentera de mettre en évidence l’évolution de la notion de best-seller.
Professeur-documentaliste dans
l’Académie d’Amiens en collège, Christine Guérinet développe de
multiples
actions en faveur de la lecture. Elle a suivi un master de
littérature d’enfance et de
jeunesse à l’Université d’Artois. Son mémoire, sous la direction
d’Isabelle Casta, portait sur la romance vampirique. Elle entreprend
une thèse à l’Université de Limoges sous la direction de Jacques
Migozzi et Natacha Levet. Son travail aura trait au roman sentimental young adult. Elle est intervenue
lors de deux colloques:
l’un sur le roman historique jeunesse avec une présentation d’une
analyse d’un roman de fantasy
historique; l’autre sur la culture populaire avec une communication
sur la New Romance. Elle a
publié un article pour sur les robinsonnades urbaines dans la revue Les Cahiers Robinson (Presses de
l’Université d’Artois). Dans le cadre de son activité
professionnelle, elle rédige nombre d’articles pour SavoirsCDI et pour Le petit journal des profs.
Bertrand
LEGENDRE
Depuis 2007, professeur à
l’Université Paris XIII, en sciences de la
communication, et responsable du Master "Politiques éditoriales". Par
ailleurs depuis sa création en 2011, il dirige le
laboratoire d’execellence ICCA (Industries Culturelles et Création
Artistique). Depuis 2009,
il est professeur associé à l’Université de Sherbrooke (Canada). Ses
travaux actuels s'organisent autour de trois thèmes: l'autoproduction,
les plateformes numériques, les conditions de création des entreprises
d'édition en Europe.
Il a publié en autre, avec Corinne Abensour, Les petits éditeurs. Situations et
perspectives et Les nouveaux
éditeurs, 1988-2005 à La Documentation française (Paris 2007),
et Entrer en littérature. Premiers
romans et primo romanciers dans les limbes aux Éditions Arkhé,
(Paris, 2012).
Matthieu
LETOURNEUX
Professeur des Universités à
l’Université Paris Nanterre, il est spécialiste des
cultures sérielles et médiatiques des XIXe et XXe siècle (littérature
populaire et de masse, presse, cultures de jeunesse), et des relations
entre culture matérielle et médiatique. Il dirige la revue Belphégor,
spécialisée dans les cultures médiatiques et la littérature populaire.
Secrétaire de l’association des chercheurs en Littérature Populaire et
Culture Médiatique (LPCM), il a présidé l’Association des chercheurs
sur les livres et objets culturels de l’enfance (AFRELOCE) qui réunit
des chercheurs appartenant à de nombreuses disciplines, et travaillant
sur les objets culturels de l’enfance: livres et littérature pour
enfants; produits des industries culturelles (imagerie, presse, jouets,
jeux de société, jeux vidéo, multimédia, dessins animés); objets
élaborés par les sociétés traditionnelles (contes, comptines, chansons,
jouets et jeux). Membre du projet européen "EPOP" ("Popular
Roots of European Culture", 2008-2010), il a contribué à de nombreux
programme de recherche financés par l'ANR:
"Histoire de la traduction" (2008-2011), "Mame" (2008-2011), "Médias
19" (2010-2014), "Anticipation" (2014-2017). Depuis cette année, il
participe au projet "Légipop".
Ofra LÉVY:
Étudier les motifs générateurs de best-sellerisation en littérature Young
Adult
Depuis la fin du XXe siècle, le
phénomène de la littérature de l'imaginaire pour jeunes-adultes fait
beaucoup parler de lui. Et pour cause: transcendant les frontières de
ses précurseurs — les pays anglo-saxons — il s'est propagé en France et
représente un véritable segment de marché. Il est certes difficile à
distinguer par ses genres multiformes aux frontières poreuses et par le
public auquel il est dédié – qui est difficilement identifiable — mais
il représente un phénomène bien réel, plaçant cette littérature comme
une des plus populaires de l'édition française. Cette intervention aura
pour objectif de présenter dans les grandes
lignes la best-sellarisation d'une littérature relativement récente.
Puis nous tenterons de distinguer les sagas les plus populaires en
France en se reposant sur une méthodologie et des angles d'approche qui
augurent raisonnablement de résultats tangibles.
Guillaume
LOUET: Quels sont les grands best-sellers
de la polémique de Renan à
Houellebecq? L’attaque de la doxa fait-elle vendre?
Dans quelle mesure les réactions du
public qui constitue peu ou prou la cible de la polémique sont-elles
décisives dans le succès? D’ailleurs, ces réactions ou ripostes
sont-elles intégrées à une stratégie éditoriale? Peuvent-elles être
anticipées? Autrement dit, la riposte profite-t-elle nécessairement au
livre de polémique? Ou bien peut-elle avoir raison de lui, l’étouffer
et l’empêcher de bien se vendre? Enfin, les livres de polémique
peuvent-ils accéder au statut de classiques comme les autres? Car à
supposer qu’ils aient rencontré le succès en leur temps, celui-ci
joue-t-il ensuite en leur faveur ou en leur défaveur? Ces best-sellers de la polémique ne
sont-ils pas condamnés à passer en même temps que le contexte qui les
a, en quelque sorte, suscités? Ou du moins à perdre de leur saveur,
étant amenés à devenir souvent des documents?
Après avoir été chercheur associé à
l’Institut Mémoires de l’édition contemporaine, et travaillé entre
autres sur le fonds de Jack-Alain Léger, auteur de best-sellers et polémiste,
Guillaume Louet devient éditeur au sein de la collection de la
Bibliothèque de la Pléiade. Prix Fénéon pour l’édition en cinq tomes
des Écrits critiques. 1941-2011
de Jean José Marchand (coédition Claire Paulhan, Éditions du Félin,
2012), il participe notamment à la nouvelle édition des Œuvres romanesques complètes de
Georges Bernanos dans la Pléiade en 2015. Il a donné en outre des
contributions à La Revue des revues
ou encore à La Nouvelle Revue
française. Ses recherches portent sur la littérature du XXe
siècle.
David
MARTENS: Que dire des lectures dans l’entre-deux-guerres?
L’entre-deux-guerres est une période
charnière dans l’histoire du Best-seller
en France. Véritable âge d’or de l’édition littéraire française, ces
deux décennies voient de nombreux auteurs toucher un public sans
précédent, notamment grâce à l’entremise de la publicité. Au sein des
oubliés de cette période florissante, qui a notamment vu l’émergence
d’un éditeur tel que Grasset, aux pratiques marchandes inaccoutumées
et parfois considérées comme choquantes, Maurice Dekobra figure parmi
l’un des principaux auteurs à succès. Il s’agira de s’interroger sur la
manière dont est présenté cet écrivain dans les publicités destinées à
assurer la promotion de ses œuvres, publiées par La Baudinière. Quel
est le discours tenu sur son œuvre? Quelle est la part de son image en
tant qu’auteur à succès? Quelle place est donnée aux images, notamment
celles de l’écrivain?
David Martens
enseigne la
littérature française et francophone moderne et contemporaine à
l’Université catholique néerlandophone de Louvain. Membre du groupe de
recherche MDRN, il s’intéresse à la
construction de l’image des écrivains et tout particulièrement à la
question de la pseudonymie. Il est l’auteur de plusieurs articles et
quelques livres à ce sujet.
Il
assure actuellement la direction d’un projet de recherche du Fonds de
la recherche scientifique (FWO), intitulé "La Fabrique du patrimoine
littéraire" et dédiée à l’étude de collections de monographies de poche
illustrées et consacrées aux écrivains. Il est également l’un des
directeurs du site d’expositions en ligne "Littératures modes d’emploi"
(www.litteraturesmodesdemploi.org)
et rédacteur en chef de la revue Interférences
littéraires.
Michel
MURAT: Utile
dulci: le best-seller comme aide à la résilience
Si nous admettons l’idée que le best-seller
c’est ce que les gens lisent, nous devons nous demander ce qu’ils y
trouvent. Les réponses convergent autour de trois formules: la
résilience, le développement personnel, la projection empathique. La
résilience, comme dominante éthique et comme matrice narrative, celle
de l’échec (du deuil, du handicap) devenant source du succès; le
développement personnel, comme finalité de la lecture et gage de
l’utilité du divertissement; la projection empathique comme vecteur
communicationnel, via l’investissement des personnages. À cela s’ajoute
une dimension fantastique, faisant irruption ou se glissant dans le
quotidien car ces histoires conservent le tragique de la vie, mais le
compensent ou le réparent: c’est le pouvoir de la fiction. Une telle
proposition ouvre la discussion avec le livre d’Alexandre Gefen, Réparer le monde, qui définit cette
aide à la résilience comme "l’ambition de la littérature d’aujourd’hui".
Michel Murat est professeur de
littérature française à l’Université Paris-Sorbonne, où il a dirigé
l’UFR de Littérature française et comparée, et créé l’équipe de
recherche vingtiémiste, ainsi qu'à l’École normale supérieure, dont il
a
dirigé le département "Littérature et langages". Ses travaux ont porté
sur Julien Gracq, sur l’histoire des formes poétiques, sur le
surréalisme, plus récemment sur l’histoire littéraire et le romanesque
des lettres.
Publications:
"Le Rivage
des
Syrtes" de Julien Gracq. Étude de style, José Corti,
1983.
L'Enchanteur réticent. Essai sur Julien
Gracq, (Belfond, 1991), José Corti, 2004.
Robert
Desnos. Les grands jours du poète, José Corti, 1988.
L'Art de
Rimbaud, José Corti, 2002 (rééd. augmentée, José Corti, 2013).
Le "Coup de dés" de Mallarmé. Un
recommencement de la poésie, Belin,
2005.
Le Vers libre,
Champion, 2008.
Le
Surréalisme,
Le Livre de Poche, 2013.
La
Langue des
dieux modernes, Classiques Garnier, 2013.
Le Romanesque
des lettres, José Corti, 2018.
Le
best-seller, FIXXION, n°15, décembre 2017, numéro dirigé par
Michel Murat, Marie-Eve Thérenty et Adeline Wrona (en ligne).
Charline
PLUVINET: Spécularité des romans best-sellers: que nous disent les best-sellers de la littérature?
Un succès littéraire massif tend souvent à être considéré comme un
signe négatif quant à sa qualité littéraire et crée une suspicion sur
l’œuvre. À l’inverse une œuvre exigeante et recherchée semble se
reconnaître au fait qu’elle ne touche qu’un public restreint, payant le
prix de sa nouveauté et de sa réussite par la méconnaissance de son
époque. Or cette vision par trop binaire, liée à un idéalisme
littéraire, peut être mise à l’épreuve en étudiant des romans de grande
diffusion qui se distinguent par une dimension spéculaire, telle la
représentation de l’écrivain et de la création littéraire dans la
fiction romanesque, souvent distinguée comme un critère de littérarité
pour le roman du XXe siècle et contemporain. En effet, la
fictionnalisation de l’auteur et de la littérature engage une réflexion
sur la littérature, ses pouvoirs et ses fins, que l’on ne s’attend pas
nécessairement à trouver dans des œuvres devenues best-sellers: cette dynamique
romanesque semblerait moins susceptible d’intéresser un public large.
Or, lorsque l’on regarde les meilleures ventes de livres français des
dix dernières années, il apparaît d’une part que plusieurs romans qui
mettent en scène des écrivains se retrouvent dans les 30 livres de
l’année (La carte et le territoire
de Michel Houellebecq en 2010, La
vérité sur l’affaire Harry Quebert de Joël Dicker en 2012, mais
aussi L’Ombre du vent de
Carlos Ruiz Zafon en 2006 ainsi que le reste de la trilogie). D’autre
part, des romanciers dont les livres se vendent régulièrement à plus de
200 000 exemplaires (ainsi habitués au succès) ont aussi composé des
fictions où un romancier est le protagoniste principal et qui mettent
en scène l’écriture d’un livre: La
Fille de papier de Guillaume Musso (2010) et Elle & Lui de Marc Lévy (2015).
Que peuvent nous dire de la littérature ces best-sellers particuliers?
Ces romans sont-ils des best-sellers malgré leur dimension spéculaire
ou aussi grâce à elle, exploitant peut-être un certain effet de mode?
Charline Pluvinet est maîtresse de
conférences en littérature comparée à l’Université Rennes 2 et membre
du Groupe Phi au sein du CELLAM. Ses travaux portent sur les
représentations de l’auteur dans la fiction romanesque contemporaine,
la mise en scène de soi, les postures auctoriales ainsi que la mise en
jeu de l’autorité de l’auteur.
Publications:
Fictions
en quête d’auteur, PUR, 2012.
Pour un récit
transnational. La fiction au défi de l’histoire immédiate (co-dirigé
avec Yolaine Parisot), PUR,
2015.
Christelle
REGGIANI: Y a-t-il une poétique du
best-seller?
Si l’association du terme de poétique à
celui de best-seller semble à
première vue relever du paradoxe, le
retour à l’acception étymologique — en l’occurrence grecque — de la
première de ces deux catégories dissout toutefois la contradiction:
l’idée d’une fabrique du best-seller répond, de fait, à la définition
toute commerciale de celui-ci par l’élaboration de règles, voire de
recettes, censées présider à sa composition pour en garantir la
diffusion. C’est cette hypothèse, volontiers avancée par la critique,
que l’on se
propose de mettre à l’épreuve d’un vaste corpus français et étranger —
cependant restreint, pour des raisons méthodologiques, au champ de la
fiction.
Christelle Reggiani est
professeure de stylistique française à l’Université Paris-Sorbonne.
Publications:
Rhétoriques
de la contrainte. Georges Perec, l’Oulipo, Saint-Pierre-du-Mont,
Éditions InterUniversitaires, 1999.
Éloquence du
roman. Rhétorique, littérature et politique aux XIXe et XXe siècles,
Genève, Droz, 2008.
L’Éternel et
l’Éphémère. Temporalités dans l’œuvre de Georges Perec,
Amsterdam-New York, Rodopi, 2010.
Poétiques
oulipiennes. La contrainte, le style, l’histoire, Genève, Droz,
2014.
Relire Perec (dir.), colloque
de Cerisy, Presses Universitaires des Rennes, 2017.
Elle a également dirigé l’édition des Œuvres
de Georges Perec dans la "Bibliothèque de la Pléiade" des
éditions Gallimard (2017).
Marie-Eve
THÉRENTY
Professeur
de littérature française à l’Université de Montpellier III, elle dirige
le centre de recherche RIRRA 21 (représenter, inventer la littérature,
du romantisme à l’aube du XXIe siècle). Elle est co-responsable du
projet franco-québécois "Medias19" consacré à
l'étude de la culture médiatique au 19e siècle et en tout premier lieu
au journalisme,. Ses thèmes des recherches sont la presse, l’édition et
littérature,
l’imaginaire des sociétés médiatiques, la théorie de l’histoire
littéraire; la prose du XIXe siècle, les romans urbains et les
questions de gender. Si ces recherches portent généralement sur le XIXe
siècle, elle s’intéresse depuis quelques années aussi au XXe siècle et
à la littérature contemporaine dans le cadre d’une poétique des
supports.
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Avec le soutien
de l'Université de Paris Nanterre,
de l'Université Sorbonne Nouvelle - Paris 3
et de la Fondation d'entreprise La Poste

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