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DU SAMEDI 2 AOÛT (19 H) AU MARDI 12 AOÛT (14 H) 2008



FEMMES, CRÉATION, POLITIQUE


DIRECTION : Brigitte CHALLANDE, Martine DELVAUX

ARGUMENT :

Ce colloque a pour objectif d’explorer le lien entre la création des femmes et le politique. On le sait: la création a été, depuis les premiers balbutiements du féminisme, un moyen d’en exprimer les enjeux, et d’en explorer les effets possibles. Depuis la seconde moitié du XXème siècle, certaines femmes ont incarné ce rapport tout comme certains événements politiques et culturels importants ont eu un impact sur la façon dont il a été ou non rendu visible.

L'on posera donc les questions suivantes:
- comment s’articulent les rapports entre les femmes-créatrices et le politique? De quelle façon la création des femmes est-elle un lieu du politique, un enjeu politique, ou encore un ailleurs par rapport au politique?
- quelles sont les formes et les contenus que la création au féminin explore comme lieux possibles du politique?
- la création artistique au féminin peut-elle être, aujourd’hui, le lieu d’un type de mobilisation politique, ou le lieu d’une chose autre que la mobilisation politique?

CALENDRIER DÉFINITIF :

Samedi 2 août
Après-midi:
ACCUEIL DES PARTICIPANTS

Soirée:
Présentation du Centre, du colloque et des participants


Dimanche 3 août
Matin:
Ouverture, par Brigitte CHALLANDE & Martine DELVAUX
Catherine GONNARD: L'union des femmes peintres et sculpteurs
Elisabeth LEBOVICI: Tatiana Trouvé, Elisabeth Ballet, Monica Bonvicini en "sculpteurs"

Après-midi:
Thierry JANDROK: Ecriture féminine de l'imaginaire et écriture du corps dans la littérature de SF et la Fantasy
Maria Dolores VIVERO GARCIA: Anne Garréta ou les (en)jeux de l'écriture

Soirée:
Philippe TANCELIN: Créer-résister en compagnie de Geneviève Clancy


Lundi 4 août
Matin:
Lynne HUFFER: Devenir Despentes
Marie-Jo BONNET: La reconnaissance des femmes artistes

Après-midi:
Vernissage de l'exposition "Paroles de Femmes" de Jean-Pierre GUÉNO

Jean-Pierre GUÉNO: Féminin paradiso
Sandra BONFIGLIOLI: Le temps dans la pratique politique des femmes

Soirée:
Les femmes dirigeantes en entreprises, table ronde animée par Louise BOISSONNAT, avec notamment Dominique BLANCHECOTTE (La Poste) et Maria HARTI (SNCF)


Mardi 5 août
Matin:
Françoise WILDER: Ce que les femmes ont fait à la psychanalyse
Blandine PONET: Le "e" muet: la tentation de l'écriture

Après-midi:
Frieda EKOTTO: L'histoire clandestine des femmes ou le crime prémédité
Nicole BARRIÈRE: L'autre et le même dans les correspondances de poètes

Soirée:
Projection du film "Une Passeuse" de Claire RUPPLI, autour et avec la participation de Jackie BUET, fondatrice du festival du film de femmes de Créteil, suivie d'un débat


Mercredi 6 août
Matin:
Manon MOREAU: Le fil d'Hagar
Catherine MAVRIKAKIS: Saintes et sataniques colères: la rage des femmes dans l'art et la cité

Après-midi:
Les écrivaines québécoises et françaises: échange de pratiques, table ronde animée par Nicole BARRIÈRE, Martine DELVAUX & Dominique ROBERT avec Claudine BERTRAND, Frieda EKOTTO, Catherine MAVRIKAKIS, Manon MOREAUBlandine PONET, Michèle RAMOND, Thanh-Vân TON-THAT et Françoise WILDER
Lecture d'œuvres

Soirée:
Lecture par Claire RUPPLI et Aglaia ROMANOVSKAÏA de Correspondances de femmes, choisie par Jacinthe DUPUIS et Jonathan HOPE


Jeudi 7 août
Matin:
Frédérik DETUE: Noter le futur: témoignage et politique suivant Svetlana Alexievitch
Aglaia ROMANOVSKAÏA: Le théâtre documentaire en Russie — mouvement vers l'Individu
Avec présentation de deux pièces sur les femmes détenues: "LES POMMES DE LA TERRE" et "EN AVANT LA FLEUR AU FUSIL"

Après-midi:

Michèle RAMOND: La grande fille

Soirée:
Concert de cristal, par Catherine BRISSET


Vendredi 8 août
REPOS


Samedi 9 août
Matin:
Frédérique DEVAUX: Femmes: au cœur ou en marge du cinéma expérimental...

Après-midi:
Dominique ROBERT: Défaire son trou

Lecture de la pièce "La meilleure fin" de Catherine ESPINASSE par Edith HEURGON, Marie-France IONESCO, Claire RUPPLI et Aglaia ROMANOVSKAÏA

Soirée:
Claire SIMON: Projection du film "Les bureaux de Dieu", suivie d'un débat


Dimanche 10 août
Matin:
Gérard MAYEN: Des seins féminins, comme enjeu chorégraphique

Après-midi:
Catherine ESPINASSE: Place et représentations du féminin dans la danse et en particulier dans le flamenco
Hélène MARQUIÉ: Engagements chorégraphiques: danse, féminisme et politique

Soirée
Lecture de "Lettres d'une religieuse portugaise", par Claire RUPPLI


Lundi 11 août
Matin:
Thérèse SAINT-GELAIS: Le politique et l'hypersexualisation dans la production de femmes artistes

Après-midi:
Fabienne DUMONT: Prendre conscience de sa capacité d'agir par le travail symbolique en art: l'exemple des créatrices des années 1970 en France
Isabelle SORARU: Déconstruire le présent: langue(s) et pouvoir dans l'œuvre d'Elfriede Jelinek


Mardi 12 août
Matin:
Bilan
Clôture du colloque


Après-midi:
DÉPART DES PARTICIPANTS

RÉSUMÉS :

Nicole BARRIÈRE: L'autre et le même dans les correspondances de poètes
Les correspondances entre poètes sont le lieu de leur vraie rencontre, rencontres de territoires intérieurs, le lieu privilégié, unique en intensité et confiance, l'approfondissement mutuel et commun de la mémoire, des souffrances et des joies; dans les silences des drames individuels ou de l'humain, dans l'exigence des voies stellaires de l'âme. Il convient de se demander si l'autre n'est pas une partie du même dans ces lettres de femmes et d'hommes qui nous convient dans leur hauteur à découvrir l'essence de leur art et de leur vie.

Marie-Jo BONNET: La reconnaissance des femmes artistes
La difficulté de base pour reconnaître les femmes artistes est le doute posé par la culture judéo-chrétienne sur la capacité créatrice des femmes. Nous sommes toujours immergés dans un monde politico-symbolique qui a dissocié la procréation de la création pour justifier la division sexuelle des rôles dans la société. Aux hommes, la création (religieuse, artistique, politique) aux femmes la procréation de l’espèce. La vie artistique s’est structurée à partir d’une double conception du don artistique; le don qui se transmet par les gènes, il vient du père et s’exerce dans le carcan de l’atelier familial, base du système des corporations. La filiation féminine est complètement occultée. Le don qui vient de Dieu "sans égard à la différence des sexes". C’est la monarchie de droit divin qui admet les femmes à l’Académie royale, tout en limitant leur nombre. Le romantisme a mis en place une nouvelle conception de la muse inspiratrice qui entérine l’opposition masculin-féminin et relègue les femmes créatrices dans l’imitation du masculin. Différentes stratégies ont été développées au XXème siècle pour surmonter ce doute: les politiques d’égalité de formation, les recherches sur la contribution des femmes à l’histoire de l’art,  la dénonciation de la discrimination sexuelle. Malgré tout, le doute subsiste. Il faut donc penser la reconnaissance des femmes en termes d’étayage symbolique, qui dépasse le principe d’autorité pour ancrer l’art des femmes dans une "fonction transcendante", "sacrée", ou pour reprendre le concept de Longin, "sublime", c’est-à-dire de ce qui se tient au-dessus de la frontière. Nous analyserons les conditions d’une identité possible de la femme artiste à travers la notion de "reconnaissance réciproque" inspirée des travaux du philosophe Paul Ricœur.

Références Bibliographiques :

Livres
Les femmes artistes dans les avant-gardes, Ed. Odile Jacob, 2008.
Les femmes dans l’art, Ed. de La Martinière, 2004.
Les Deux amies, essai sur le couple de femmes dans l’art, Ed. Blanche, 2000.

Articles
"La Gallo-Romaine aux pinceaux", L’Histoire, n°329, mars 2008.
"Camille Claudel, “suicidée de la société“? Persée et la Méduse ou les conséquences dramatiques du clivage femme - artiste", Actes du colloque de Cerisy: Regards croisés sur Camille Claudel, juillet 2006, Ed. L’Harmattan, 2008.
"Art, utopies et féminismes sous le règne des avant-gardes", Colloque: Utopies féministes et expérimentations sociales urbaines, Tours, 8-9 mars 2006 (en ligne sur le site sisyphe).
"La séduction chez Anne Garréta où la négation des différences", Cahiers de l’imaginaire, Montpellier, 2005.
"Ars femina, entretien avec Isabelle Gaulon", et "Claude Cahun, C.C. et M.M.", Arearevue)s(, n°10, été 2005.
"Charlotte Calmis, Mémoire présente d’un langage futur", Actes du Colloque: Les écrits d’artistes depuis 1940, Ed. IMEC, 2004.
"Autoportrait de Berthe Morisot", Clio, « Femmes et Images », n°19, printemps 2004.
"De l’ombre aux Lumières - La révolution identitaire des femmes peintres du XVIIIe siècle", Les Femmes dans la Révolution française, éd. Autrement, 2003.
"De la libération des femmes à l’institutionnalisation d’un féminisme bon chic bon genre" et "Voir au-delà de la loi phallique", Actes du colloque: Sexe et Genres, Presses Universitaires du Mirail, Toulouse, 2003.
"Femmes peintres à leur travail : un art du manifeste (XVIII-XIXe siècle)?", Revue d’Histoire Moderne et Contemporaine, n°3, juillet-août 2002.


Frédérik DETUE: Noter le futur: témoignage et politique suivant Svetlana Alexievitch
La bonne réception internationale de La Supplication, de Svetlana Alexievitch, est trompeuse. Dans ce "roman documentaire", l’auteur mène une enquête sur une catastrophe, l’explosion d’un réacteur nucléaire à Tchernobyl, et sur le monde issu de cette catastrophe ; or, à l’échelle internationale tout entière, on ne veut rien savoir de ce "monde de Tchernobyl" ; on ne veut pas entendre que nous sommes en présence d’"une réalité totalement nouvelle", d’"une catastrophe qui se déploie dans le présent pour construire et déterminer l'avenir". Nous considérerons la démarche littéraire de Svetlana Alexievitch de façon à en saisir la portée politique. En énonçant qu’il témoignait pour ceux qui avaient été engloutis à Auschwitz, Primo Levi formulait de façon exemplaire qu’il n’est pas possible de penser la construction du genre testimonial indépendamment de la destruction du genre humain entreprise dans les camps ; en témoignant pour celles et ceux qui souffrent et se meurent dans le monde de Tchernobyl, Svetlana Alexievitch nous rappelle que, désormais, "nous appartenons à un genre qui, en tant que tel, est mortel", et nous place face à nos responsabilités: soit, à l’écoute du peuple de Tchernobyl, nous développons une pensée et une action à hauteur de la catastrophe, soit nous continuons inexorablement d’avancer, dans une "société du risque", vers notre suicide collectif.

Références Bibliographiques :

Alexievitch, Svetlana. La Supplication: Tchernobyl, chronique du monde après l’apocalypse: Document. Trad. du russe par Galia Ackerman et Pierre Lorrain [Paris: Editions Jean-Claude Lattès, 1998]. Paris: Editions J’ai lu, 2006. 253 p.
Ackerman Galia, Grandazzi, Guillaume, Lemarchand, Frédérick (dir.). Les Silences de Tchernobyl: L'avenir contaminé. Paris: Éditions Autrement, 2006 [2004]. 306 p. Coll. Frontières.
Grandazzi, Guillaume. "Tchernobyl, 20 ans après: l’avenir d’une catastrophe". Cahiers de la Chaire de responsabilité sociale et de développement durable (ESG, UQAM), n°2, avril 2006. Format PDF, p.1-21. Disponible sur: http://www.crsdd.uqam.ca/pdf/pdfCahiersRecherche/2006/02-2006.pdf.
Anders, Günther. Le Temps de la fin [Trad. de l’allemand.] Paris: Editions de L’Herne, 2007. 118 p. Coll. Carnets de L’Herne.


Frédérique DEVAUX: Femmes: au cœur ou en marge du cinéma expérimental...
Dans la lignée de Germaine Dulac en France dans les années 20, Maya Deren, en pleine seconde guerre mondiale à New-York, propose un statut et une identité au  cinéma expérimental. A partir de cette expérience pionnière, nous tentons de cerner l’identité des réalisatrices de ce cinéma de recherche en tenant compte des exclusions — volontaires ou non — qui seraient parties prenantes de sa définition. Nous parlerons plus particulièrement des travaux de Germaine Dulac, Maya Deren,Valie Export, Barbara Hammer, Barbara Meter, Laurence Rebouillon. Ce que nous dénommons la double exclusion ou double marge (s’inscrire dans une pratique en marge politiquement, esthétiquement, économiquement, en ayant une identité sociale, sexuelle,  hors normes) s’est-elle muée en triple exclusion pour les femmes, ou a-t-elle au contraire aguerri leur expression? L’évolution du cinéma expérimental montre que l’on compte aujourd’hui dans ce champ autant de réalisatrices que de réalisateurs. Qu’a-t-il fallu sacrifier, qu’avons nous enrichi, pour en arriver là?

Fabienne DUMONT: Prendre conscience de sa capacité d'agir par le travail symbolique en art: l'exemple des créatrices des années 1970 en France
Les années 1970 sont une période de visibilité politique forte pour les femmes — avec l’éclosion de la seconde vague féministe. Si une rencontre fructueuse entre plasticiennes et politique devait avoir lieu, c’est bien à ce moment-là. De fait, il y eut un mouvement féministe en arts plastiques dont les théories sous-tendant les groupes de plasticiennes reflètent des courants de pensée politique différents. Les champs nouveaux qu’elles ont alors investi sont triple: l’insertion de techniques et habitus culturels issus de l’héritage féminin dans des œuvres contemporaines (notamment les travaux de fils), l’investissement de médias nouveaux avec un contenu plus critique (vidéos, performances) et la création à visée militante précise (les affiches du mouvement). Les artistes se situent entre deux pôles: inscrire leur expérience dans les œuvres et critiquer ouvertement les rôles et représentations imposés par la société. La création est ainsi un enjeu politique (dans le sens où toute représentation influence sur la manière de penser son rapport au monde) et le lieu d’une prise de pouvoir symbolique par les femmes (qui permet de penser autrement l’organisation de la société). L’expression plastique ne se contente pas là d’exprimer les enjeux des mots d’ordre féministes, mais propose d’autres manières de réfléchir ou de lutter et d’autres lieux d’inscription de la mémoire.

Frieda EKOTTO: L'histoire clandestine des femmes ou le crime prémédité
Je ne regrette point la mort de mon frère, est la première phrase du roman de Tsitsi Dangarembga, Nervous Conditions. Je la lis à haute voix en imitant des accents différents. Des jours durant, je relis la même phrase plusieurs fois. Finalement, je décide de comprendre les raisons pour lesquelles le personnage principal de ce livre dit à haute voix ce qu’on dit tout bas, ce que le silence étouffe? Son histoire est l’histoire des milliers de jeunes filles dans le monde. Le frère représente tout pour la famille. C’est lui qui, porte le nom du père, c’est lui qui, ressemble au père, c’est lui parle à la place du père, c’est lui assure la survie du clan quand le père est absent, c’est lui que l’on désire et c’est lui qui désire sa mère à la place du père. En lisant ce récit, les bribes de souvenirs remontent à la surface, éclatent dans des mots qui rompent avec le silence, qui refusent de tuer un tel événement par un silence qui explose les veines.
Histoire cachée raconte une enfance, celle de mon enfance dont la mémoire jaillit des ténèbres. Chut ! ne parle pas, une fille doit écouter. Une fille bavarde ne trouve pas de mari dit-on.

Catherine ESPINASSE: Place et représentations du féminin dans la danse et en particulier dans le flamenco
La danse est un art vivant, traditionnellement associé à une pratique féminine. Cependant, au-delà de la prégnance de cette représentation sociale, il semble intéressant de s’interroger sur la place que les femmes ont aujourd’hui, en tant non seulement qu’interprètes ou enseignantes, mais aussi en tant que chorégraphes, créatrices, dans les différents styles de danse, et en particulier dans le flamenco... Cette intervention permettra de mettre en exergue la diversité des figures du féminin que véhiculent les spectacles chorégraphiques et de s’interroger sur la question du genre, en fonction des styles de danse, et en particulier au travers du flamenco, cet art de la rage et de la grâce qui allie le masculin et le féminin, dans la rencontre entre la musique et la danse, le rythme et le chant, qui produit et repose sur le "duende" que Frédérico Garcia Lorca définit comme "un pouvoir et non un agir", un "lutter plutôt que penser"...

Lynne HUFFER: Devenir Despentes
Une lecture de la création artistique de Virginie Despentes (romans, films) à la lumière de son manifeste féministe, King Kong Théorie (2006). Je mettrai Despentes dans un contexte socio-historique par rapport aux mouvements féministes français et américains.

Thierry JANDROK: Ecriture féminine de l'imaginaire et écriture du corps dans la littérature de SF et la Fantasy
Dans le cadre de cette intervention nous explorerons, à travers l'œuvre de femmes écrivains, le rapport hyperréaliste, surréaliste et parfois déréaliste du sujet à son corps. Comment ces auteures explorent-elles le corps de leurs personnages? Qu'en disent-elles? Comment le mettent-elles en scène? Par ailleurs, serait-il possible de penser leur écriture du corps comme "féminine" ou même féministe? ou devrions-nous plus simplement nous détacher de la question de la sexuation pour n'interroger que l'auteure, traversée qu'elle est par le langage et les tropes du genre littéraire qu'elle utilise?

Références Bibliographiques :

Hobb (Robin), Assassin's Apprentice ; Royal Assassin ; Assassin's Quest ; Fool's Errand ; Golden Fool ; Fool's fate ; Shaman's Crossing ; Forest Mage ; Renagade's Magic.
Jandrok (Thierry), "Le Deuil c’est de l’Amour avec un « Aime » comme Moi", dans Etudes sur la Mort, 127, "Le Deuil après le Suicide", L’Esprit du Temps, Octobre 2005, pp.173-181, 188 p.
Jandrok (Thierry), "La Création au Bout de l’Eprouvette: Essai Dystopique de Psychanalyse Appliquée", dans Entre’Actes: Regards Croisés en Sciences Humaines, Réalités et Représentations: Les Pistes de la Recherche, pp. 171-180, Strasbourg, 2005, 320 p.
Jandrok (Thierry), "La réalité Virtuelle est-elle une Machine désirante?", dans Colloque de Cerisy: Science-fiction et Imaginaires Contemporains, pp.67-85, Présentés par Francis Berthelot et Philippe Clermont, Bragelonne, Collection Essais, Paris, 2007, 467 p.
Jandrok (Thierry), "Des anneaux du désir au désir de l'Anneau: les avatars de la relation d'objet", dans /Actes du colloque du CRELID: Fantasy: Le merveilleux Médiéval Aujourd'hui, Sous la dirtection de Anne Besson et Myriam White-Le Goff, pp. 59-71, Bragelone, Collection Essais, Paris, 2007, 257 p.
Lacan (Jacques), Ecrits, Le Champ Freudien, Seuil, Paris, 1966, 924 p.
Lacan (Jacques), Autre écrits, Le Champ Freudien, Seuil, Paris, 2001, 617 p.
Lacan (Jacques), Le Séminaire, Livre XX, Encore, 1972-1973, Le Champ Freudien, Seuil, Paris, 1975, 137 p.
Lacan (Jacques), Le Séminaire, Livre XXII, R.S.I., 1974-1975, inédit.
Lacan (Jacques), Le Séminaire, Livre XXIII, Le Synthôme, 1975-1976, Seuil, Paris, 2005, 245 p.
Le Guin (Ursula), La main gauche de la nuit, Robert Laffont.
Le Guin (Ursula), Le nom du monde est forêt, Robert Laffont.
Robson (Justina), Natural History, Spectra Books Cadigan Pat: Tea from an empty cup...


Hélène MARQUIÉ: Engagements chorégraphiques: danse, féminisme et politique
"Comme mon art lui-même était vain, s'il ne pouvait rien contre tout cela", Isadora Duncan, 1905
Dans le domaine chorégraphique, faire acte de création pour une femme, c'est-à-dire maîtriser le corps, ses représentations, la mise en scène des rapports sociaux de sexe, l'espace scénique public, la production, imposer une esthétique nouvelle ... fut d'emblée aussi un acte politique. A la fin du XIXème et au début du XXème siècle, l'apparition de la danse moderne, portée presque exclusivement par des femmes qui s'imposent alors comme créatrices et théoriciennes, correspond à l'accession de la danse au statut d'art autonome, et à son implication dans la vie sociale. J'exposerai tout d'abord les liens que les premières générations (de Loïe Fuller et Isadora Duncan à Martha Graham et Katherine Dunham) ont entretenu, explicitement ou implicitement, avec le féminisme et avec d'autres mouvements politiques. Puis j'examinerai la façon dont l'histoire de la danse a retenu, occulté ou réécrit ces engagements, dans le contexte culturel spécifiquement français. Enfin, je m'interrogerai sur la production chorégraphique actuelle, en France, autour des questions de genre et sexualité, pour rechercher la place des questionnements féministes et la façon dont les rapports sociaux de sexe sont abordés dans les représentations actuelles et les discours qui les soutiennent.

Catherine MAVRIKAKIS: Saintes et sataniques colères: la rage des femmes dans l'art et la cité
J’aimerais penser la place de la rage et de la colère, du pathos féminin dans la "polis". Si l’on peut avancer que les affects violents sont exclus de la cité et discréditent toute participation civile de l’individu, l’artiste a, dans les limites de la représentation et dans une certaine mesure, le droit de faire œuvre de violence et de faire entendre des voix enragées. L’artiste peut faire même signe à la vengeance, totalement bannie de nos conceptions du "vivre ensemble" au profit de la justice exercée par l’Etat. A l’heure actuelle, où l’on voudrait circonscrire les textes de femmes à l’expression d’un moi plaintif, revendicateur et souvent amer, il me semble important de réhabiliter la force de la fureur féminine dans la cité et dans l’art, ce que font les artistes femmes, bien qu’on le leur reproche ou que l’on le leur dénie. Certains écrits de femmes politiquement bannies ou assassinées revendiquent cette colère. Je pense ici immédiatement aux textes Douloureuse Russie: Journal d'une femme en colère de Anna Politkovskaia assassinée à Moscou en 2006, à Une jeune femme en colère: Chroniques de Taslima Nasreen menacée de mort et exilée du Bengladesh, ou encore à Audre Lorde, militante noire féministe et à son texte The Uses of Anger: Women Responding to Racism.
Prenant appui sur la mythologie grecque qui condamne les femmes faisant preuve de violence, capables de crimes (Clytemnestre, Médée), et qui voit dans la figure des Erinyes vengeresses l’obstacle au bon fonctionnement de la cité (cf. Les Euménides d’Eschyle), j’essaierai de montrer comment le récit civique occidental s’est  construit sur la domestication de la fureur féminine et de l’excès émotif (cf. Loraux, Les Mères en deuil et, plus largement, toute l’œuvre de Loraux). Mais je tenterai surtout de trouver, à travers des œuvres actuelles de femmes où la colère s’exprime de façon manifeste et même cruelle, comment il est nécessaire dans notre contemporanéité de repenser la place de la colère dans la cité. Je travaillerai principalement avec quelques textes de l’autrichienne Elfriede Jelinek, de la québécoise Josée Yvon, de la française Chloé De Laume ou encore de l’américaine Kathy Acker pour penser la furie féminine, parfois meutrière, et sa place dans une politique de l’art. Je poserai aussi quelques hypothèses qui me permettront de comprendre le rôle de la colère dans l’acte de création féministe (littérature, art visuels, musique) et je me permettrai ainsi quelques réflexions sur ma propre pratique d’écriture.

Manon MOREAU: Le fil d'Hagar
Poursuivant une réflexion sur la haine identitaire et sur l’exclusion génératrice de honte, je propose une communication sur la figure de l’esclave. Les anecdotes, l’illustration de la cruauté, la contestation de la barbarie ne seront pas tant l’objet de mon propos, que le seront l’amnésie de la société, et la légitimation du phénomène, sa justification. Ni plaidoyer, ni prêche, le travail que je poursuis depuis quelques années se construit en relation étroite avec l’altérité, comme en attestera mon adresse sur l’intimité et sur le féminin, où guerres des peuples et violences faites au quotidien s’enchâssent, où le privé et le public s’emboîtent. Je parlerai un peu de ma propre écriture, de ma poélitique, pour reprendre le terme de Madeleine Gagnon, où mutisme et parole, dans un malentendu perpétuel, disent les conséquences d’une alphabétisation tardive et de la pauvreté. Témoigner, avec peu de mots, agir, désobéir. Le corpus que j’étudierai n’est pas complet, mais je pense pour l’instant aux écrivaines palestiniennes Liana Badr et Sahar Khalifa, ainsi qu’à Marguerite Duras, Anne Hébert et Marie-Claire Blais.

Références Bibliographiques :

Badr, Liana, Une boussole pour un soleil, Genève, Métropolis, 1992.
Badr, Liana, Étoiles sur Jéricho, Paris, L’esprit des péninsules, 2001.
Blais, Marie-Claire, Une saison dans la vie d’Emmanuel, Montréal, Boréal, 1991, 164 p.
Blais, Marie-Claire, Soifs, Montréal,  Boréal, 1995, 313 p.
Blais, Marie-Claire, Dans la foudre et la lumière, Montréal, Boréal, 2001, 250 p.
Blais, Marie-Claire, Augustino et le chœur de la destruction, Montréal, Boréal, 2005, 301p.
Delvaux, Martine et Catherine Mavrikakis, Ventriloquies, Montréal, Leméac, « Ici, l’ailleurs », 2003,189 p.
Delvaux, Martine, Histoires de fantômes, Montréal, Les Presses de l’Université de Montréal, 2005, 227 p.
Derrida, Jacques, Genèse, généalogie, genres et le génie, Paris, Galilée, 2003, 102 p.
Duras, Marguerite, Un barrage contre le Pacifique, Paris, Gallimard, «Folio plus», 1997, 389 p.
Duras, Marguerite, L’Amant, Paris, Éditions de Minuit, 1984, 141 p.
Duras, Marguerite, Hiroshima mon amour, Paris, Gallimard, 1960, 140 p.
Duras, Marguerite, Écrire, Paris, Gallimard, « Folio », 1993, 124 p.
Duras, Marguerite, La vie matérielle, Paris, Gallimard, « Folio », 1987, 180 p.
Ernaux, Annie, La place, Paris, Gallimard, 1983, 113 p.
Ernaux, Annie, La honte, Paris, Gallimard, 1997, 132 p.
Ernaux, Annie, L’écriture comme un couteau, Paris, Stock, 2003, 156 p.
Gagnon, Madeleine, Poélitique, Les herbes rouges, n°26, 1975.
Gagnon, Madeleine, Le deuil du soleil, Montréal, VLB éditeur, 1998, 179 p.
Gagnon, Madeleine, Les femmes et la guerre, Montréal, VLB éditeur, 2000, 306 p.
Hébert, Anne, Le torrent, Montréal, BQ, « Littérature », 1989, 174 p.
Hébert, Anne, Les fous de Bassan, Paris, Éditions du Seuil, « Point », 1998, 248 p.
Khalifa, Sahar, Chronique du figuier barbare, Paris, Gallimard, 1978.
Khalifa, Sahar, La foi des tournesols, Paris, Gallimard, 1988.
Khalifa, Sahar, L’impasse de Bab Essaha, Paris, Flammarion, 1997.
Labrèche, Marie-Sissi, La lune dans mon HLM, Montréal, Boréal, 2006, 250 p.
Laâbi, Abdellatif, La poésie palestinienne contemporaine, Rhônes-Alpes, Maison de la poésie Rhônes-Alpes, « Le temps des cerises », 2002, 235 p.
Moreau, Manon, Faim, Laval, Trois, « Topaze », 2000, 101 p.
Roy, Gabrielle, Bonheur d’occasion, Montréal, Boréal, 1993, 413 p.
Roy, Gabrielle, La détresse et l’enchantement, Montréal, Boréal, 1984.
Roy, Gabrielle, Le temps qui m’a manqué, Montréal, Boréal, 1997.
Sophocle, Théâtre complet, Paris, Le livre de poche, « Classiques modernes », 1999, 1998 p.
Smart, Patricia, Écrire dans la maison du père, Montréal, Éditions Québec/Amérique, 1988, 337 p.
Smart, Patricia, Les femmes de refus global, Montréal, Boréal, 1998, 334 p.
Tremblay, Michel, Damnée Manon, sacrée Sandra, Montréal, Leméac, 1977.


Blandine PONET: Le "e" muet: la tentation de l'écriture
La création, tout autant que le politique et ce que je pourrais appeler de manière très incertaine l'"être-femme", me semblent extérieurs, séparés de moi-même et pour tout dire, échappant totalement à une mise en mots.
De l'acte créatif en lui-même, on ne sait rien.
Créer est un acte plein de lui-même qui ne sait rien de lui-même. En cela, il est total.
Peut-être que la création se reconnaît à ceci: on n'en sait rien, elle nous traverse.
L'acte de créer contient toujours une violence parce qu'il ouvre son espace propre. Il est ainsi inscription dans le politique.
La société a horreur de l'acte (d'une certaine manière, par définition, il est ce qui lui échappe).
Où sont femme et homme là-dedans? Ce sont des actes créatifs qui rejoignent et répondent de l'inconnu d'être-femme.
Cette extériorité (de l'acte, du politique, de la femme) me semble échapper à l'auto-fiction, justement (l'auto-fiction serait construite pour la masquer ou la réduire).
L'identité de genre n'est pas plus saisissable dans ces actes qu'autrement, mais au moins ces actes sont-ils des points d'appui pour survivre à l'étrangeté où nous sommes et qui nous rejette dans l'exil de nous-même.
La question que je me poserais n'est pas la question du visible, mais celle-ci: ces actes sont-ils irréductibles? ont-ils une autonomie propre comme celle que peut avoir une œuvre (ce qui ne l'empêche pas pour autant d'être récupérée, interprétée)?

Dominique ROBERT: Défaire son trou
Ma conférence a pour titre « Défaire son trou ». Elle se veut une réflexion autour de la symbolique du trou dans quelques œuvres « à trou »: l’allégorie de la caverne chez Platon ; L’origine du monde de Gustave Courbet ; Le trou de Jacques Becker ; La femme des sables, d’Abé Kôbô. Inspirée à la fois de Theodor Adorno (la dialectique négative, les modèles) et de Gilles Deleuze (la territorialisation, les personnages conceptuels), cette enquête sur le trou permet d’élaborer, au fil de l’écriture, une théorie de la création qui questionne le rôle du créateur dans la cité tel que l’a défini Platon dans La république. À la lumière des constats établis à l’examen de chaque œuvre, le créateur retrouve peu à peu son « droit de cité ». La réintégration du créateur à la cité résulte d’une critique de la « peur du trou » — de la Nature, de la sexualité, de la femme — qui sous-tend le rapport à la création, dans une idéologie dominante masculine qui évacue le débat politique sur la différence sexuelle, et ce, au détriment de la cité. Une attention particulière est accordée au roman du Japonais Abé. En effet, La femme des sables constitue un modèle de mise en fiction de ce qui résiste de féminin, au moyen de la figure du trou, tant dans le corps privé que dans le politique. La chute dans le trou, si elle est d’abord perçue par le protagoniste principal comme une régression de son humanité vers une animalité — c’est-à-dire comme manque — lui apparaît peu à peu comme l’occasion d’une réconciliation tant avec son corps que le politique — c’est-à-dire comme ouverture sur l’autre. Seulement dans une assomption semblable du manque en ouverture me paraît plausible une écologie du réel, et résolubles les forces réactionnaires qui sommeillent en tous.

Aglaia ROMANOVSKAÏA: Le théâtre documentaire en Russie — mouvement vers l'Individu
Avec présentation de deux pièces sur les femmes détenues: "LES POMMES DE LA TERRE
" et "EN AVANT LA FLEUR AU FUSIL"
L'intervention contient un exposé sur un mouvement important du théâtre contemporain en Russie d'aujourd'hui: le théâtre documentaire (teatr.doc) qui, depuis 2002, possède un lieu de création en plein centre de Moscou (http://www.teatrdoc.ru/) et une présentation interactive de deux pièces LES POMMES DE LA TERRE et EN AVANT LA FLEUR AU FUSIL. Les deux pièces ont pour personnages principales des femmes qui sont, ou qui ont été, détenues dans une colonie de détention. Nous allons exposer les origines, l'idée et l'impact de ce mouvement sur la conscience des artistes (acteurs, écrivains, metteurs en scène) et le public russe. Ensuite nous allons faire un travail sur le texte des deux pièces avec les personnes présentes. Ecouter, faire entendre, discuter et plonger dans un vif du sujet du théâtre de la Russie actuelle. Et nos porte paroles sont les femmes.

Thérèse SAINT-GELAIS: Le politique et l'hypersexualisation dans la production de femmes artistes
Depuis les moments forts du féminisme, où l’on a insisté sur une représentation affirmée et explicite d’un sujet féminin en contrôle de son corps et de sa sexualité, de nombreuses productions ont repensé cette représentation en faisant valoir de nouveaux enjeux politiques. Apparemment liées aux problématiques côtoyant l’hypersexualisation, des œuvres actuelles, telles celles de Ghada Amer, de Tracey Emin ou de Maria Marshall, proposent des regards critiques autres qui ne vont pas sans fragiliser les attentes concertées d’une mobilisation politique convenue. De ces propositions, nous tenterons une lecture qui dégagera les liens implicites — ou distanciés — entre le politique et la mise en visibilité d’une image sexuelle.

Isabelle SORARU: Déconstruire le présent: langue(s) et pouvoir dans l'œuvre d'Elfriede Jelinek
On pourrait lire l’ensemble de l’œuvre d’Elfriede Jelinek sous le triple signe du féminisme, de la politique, et d’une recherche esthétique permanente. Œuvre controversée et volontairement inconfortable pour le lecteur qui s’y affronte, elle semble marquée profondément par une forme d'"art de la guerre" littéraire qui démonte à la fois les systèmes discursifs, les systèmes sociaux à travers les rapports entre les sexes, et les systèmes de lecture historique au niveau du passé autrichien. En ce sens, son travail paraît parfois proche du Roland Barthes des Mythologies, qui visait à un travail de "sémioclastie" et de déconstruction des signes et à la mise en question de la doxa, perspective dans laquelle elle relit d’ailleurs les contes et les mythes contemporains comme celui de Jackie Kennedy dans Drames de princesses. Nous souhaiterions aborder principalement l’œuvre de Jelinek sous l’angle de la question esthétique: d’abord parce que l’auteur elle-même le revendique, mais aussi car les enjeux féministes ou politiques sont intimement liés au rapport que Jelinek entretient avec sa propre langue. Ainsi, en considérant l’ensemble de l’œuvre d’Elfriede Jelinek, nous essayerons de montrer à quel point cette œuvre, dans son travail permanent sur la forme et sur la langue, peut être définie comme iconoclaste, voire "logoclaste", s’ancrant dans le présent le plus contemporain, dans les discours et les images qu’il véhicule, y compris dans la culture la plus populaire. D’autre part, en mettant en scène un retour du refoulé sous la forme d’une scène historique, qui ne cesse de hanter et de revenir (le spectre du fascisme en Autriche), Jelinek met à nu, en passant par une écriture du "trop", de l’excès, du montage ou du déchet, les mécanismes idéologiques sous-jacents aux rapports sociaux, aux rapports entre les sexes, et au langage, tout en conférant au passé toute sa profondeur historique.

Philippe TANCELIN: Créer-résister en compagnie de Geneviève Clancy
Geneviève Clancy, poète-philosophe engagée pendant un demi siècle dans la lutte des opprimés pour leurs droits et leur dignité (sans papiers, gens du quart-monde, peuples occupés) n'a cessé de rappeler l'inséparabilité de sa création poétique, de sa réflexion philosophique avec ses engagements politiques. Pour avoir cheminé avec Geneviève Clancy pendant trente sept ans tant au plan de la création qu'à celui de la résistance contre toutes les formes d'exploitation dont elle fit son combat, nous entendons témoigner de ce parcours à la fois par l'évocation des grandes périodes et fronts de son engagement, mais également par la citation de son œuvre poétique et philosophique. A cet égard le concept de témoin revêt une importance emblématique dans la démarche intellectuelle politique et de création de Geneviève Clancy.

Références Bibliographiques :

Esthétique de l'ombre, G. Clancy / P. Tancelin, Ed. L'Harmattan, 1997.
Ecrire ELLE, P. Tancelin, Ed. L'Harmattan, 1998.
Ces horizons qui nous précèdent, P. Tancelin, Ed. L'Harmattan, 2003.
Quand le chemin se remet à battre, P. Tancelin, Ed. L'Harmattan, 2005.


Maria Dolores VIVERO GARCIA: Anne Garréta ou les (en)jeux de l'écriture
Depuis son premier roman Sphinx, où le questionnement autour du genre nous confronte aux conventions culturelles et sociales, l'œuvre d'Anne Garreta allie les jeux de la création littéraire à la contestation de l'ordre dominant. Nous voudrions analyser ces jeux scripturaux et mettre en évidence les enjeux de cette écriture qui vise à engendrer la réflexion tout d'abord sur elle-même et sur les limites entre fiction et réalité. Car le jeu formel de la création et les réseaux intertextuels opacifient une prose qui, tout en construisant une fiction, en dénonce l'artifice et met à nu le tissu textuel. Or cette réflexion critique concerne aussi le monde et les valeurs dominantes. Nous soulignerons en particulier comment Pour en finir avec le genre humain dénonce par un rire corrosif et décapant l'ordre social et politique post-moderne.

Françoise WILDER: Ce que les femmes ont fait à la psychanalyse
Qu’est-ce que les femmes ont à faire avec une pratique qu’elles n’ont pas inventée, avec une négociation de l’inconscient qui ne concerne pas leur position subjective mais qui, par contre, les concerne en tant qu’elles en sont la matière, l’étoffe qui tisse le désir entre hommes?

Table Ronde : Les femmes dirigeantes en entreprises, animée par Louise BOISSONNAT
Un peu à l'écart de la politique, enjeu dans la cité, l'entreprise est aussi lieu de pouvoir, lieu politique.
En partant de l'expérience, des interrogations personnelles sur le sujet, je propose ces pistes en ouverture d'une "table ronde": quelles seraient, sur ces aspects, les spécificités à être femme et cadre dirigeant? quelle est l'influence de l'histoire collective des femmes, de ses luttes et conquêtes qui, intégrées dans l'inconscient, insuffleraient une spécificité du genre? quand les femmes et hommes se trouvent au même niveau de l'échelle du pouvoir, de la hiérarchie, le ressenti de la parité est-il masqué par l'acceptation de règles du jeu "masculines"? Ou n'est-ce pas plutôt le lieu, le contexte, la construction de la personne, qui définissent ce politique? y a-t-il vraiment un impact du genre dans la recherche du pouvoir, sa défense, son exercice, les tactiques mises en œuvre en entreprise?

Table Ronde : Les écrivaines québécoises et françaises: échange de pratiques, table ronde animée par Nicole BARRIÈRE, Martine DELVAUX & Dominique ROBERT
Écrivaines québécoises et françaises seront appelées à échanger sur leurs pratiques créatrices afin de réfléchir sur la relation entre le féminin, la création et le politique. Des interventions individuelles de 5 minutes (durant lesquelles les écrivaines exposeront leur point de vue sur cette relation) seront suivies d’une discussion libre. Il pourra être question de dimensions esthétiques, d’expériences concrètes (travail d’édition, revues, pratique clinique…), de réflexions critiques sur la littérature des femmes en France et au Québec. Dans cette perspective, le rapport au pays et entre les deux pays concernés pourra être abordé: quelle est la part du pays dans la création des femmes, et dans le rapport création-politique? Y a-t-il des rapports d’influence entre la France et le Québec? Peut-on parler de filiation?

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Sobottke, Mathilde et Jourdan Magali, Qui a peur d'Elfriede Jelinek, Paris, Danger Public, « Vies rebelles », 2006, 125p.
Varikas, Eleni, Penser le sexe et le genre, Paris, Presses Universitaires de France, « Questions d’éthique », 2006, 134p.


Avec le soutien de la Fondation de la Poste et du Conseil régional de Basse-Normandie
(dans le cadre de la participation bas-normande aux manifestations du 400ème anniversaire du Québec)





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