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GOETHE : L'ACTUALITÉ
D'UN INACTUEL
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Mise à jour
03/04/2018

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DU LUNDI 20 AOÛT (19 H)
AU LUNDI 27 AOÛT
(14 H) 2018
( colloque de
7 jours )
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DIRECTION :
Christoph KÖNIG, Denis THOUARD, Heinz WISMANN
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ARGUMENT :
Le nom de Goethe est célèbre et on mesure son importance, mais sans le
lire vraiment. L’œuvre se présente au lecteur comme un cosmos
inaccessible. L’observateur perspicace de son temps fut aussi
résolument étranger à son époque et fut constamment perçu comme
parfaitement inactuel. Il faut d’abord pénétrer, au moyen d’une lecture
insistante, dans le monde de ses œuvres et dans leur idiosyncrasie pour
découvrir leur actualité. De grands lecteurs tels que Nietzsche, Freud,
Gide, Benjamin et Kafka se sont nourris, en actualisant son œuvre, de
l’inactualité systématique de Goethe. C’est à cette figure de
créativité que sera consacré le présent colloque. L’œuvre de l’âge mûr
— le Divan occidental-oriental,
les Années de voyage de Wilhelm
Meister et le Faust. Deuxième
partie — occupera une place centrale: Goethe retourne cette
créativité contre ses propres œuvres et leur confère une dimension
fortement réflexive. Comment Goethe a-t-il pu échapper à son propre
classicisme? Comment, ayant édifié sa propre statue, Goethe parvient-il
à y échapper, à se réinventer autrement dans son œuvre tardive,
devenant peut-être un "second auteur" à l’ombre du premier? Les
discussions interrogeront la figure de ce Goethe méconnu, encore
sous-estimé et pourtant plus porteur d’avenir que l’icône du
classicisme weimarien.
Les intervenants ayant particulièrement étudié ces aspects négligés de
l’œuvre, seront attachés à faire apparaître les résonances actuelles de
celle-ci, dans ses aspects scientifiques, sa distance instruite avec la
philosophie, mais aussi dans son ouverture aux littératures du monde,
dont il fut le pionnier, et dans la réinvention de la figure de
l’auteur.
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CALENDRIER
PROVISOIRE :
Lundi 20 août
Après-midi:
ACCUEIL DES
PARTICIPANTS
Soirée:
Présentation du Centre, des colloques et des participants
Mardi 21 août
Le
deuxième auteur
Matin:
Andreas
KABLITZ: La religion de Faust
Christoph
KÖNIG: Le statut d’auteur second comme procédé poétique dans
la Nuit de Walpurgis classique
Après-midi:
Atelier de
lecture,
avec Edith
Anna KUNZ: Carnaval - une fois de plus (Faust II, acte I [surtout
"Kaiserliche Pfalz. Saal des Thrones" et "Mummenschanz"])
Ernst
OSTERKAMP: Préludes. La poésie tardive de Goethe et le monde
imagé de Faust
Mercredi 22
août
Science,
philologie, histoire, philosophie
Matin:
Joel
LANDE: Goethe, les couleurs et l'antiquité
Eli
FRIEDLANDER: Goethe et Benjamin: de la Nature à l’Histoire
Après-midi:
Mildred
GALLAND-SZYMKOWIAK: Symbole et nature
Atelier de lecture,
avec Michael FORSTER
Soirée:
Élégies
croisées. Lectures d'extraits de Bessette et de Goethe, suivies
d'une discussion (avec le colloque en parallèle "Hélène
Bessette: l'attentat poétique")
Jeudi 23 août
La
forme moderne des œuvres
Matin:
Bernhard
FISCHER: Un roman tiré des archives (Les Années de voyage de Wilhelm Meister)
Anne LAGNY:
Le théâtre dans l’œuvre tardive
Kirk WETTERS:
"Voici venu le temps de l‘unilatéralité". Spécialisation,
différenciation et métier dans Les
Années
de voyage de Wilhelm Meister
Après-midi:
DÉTENTE
Vendredi 24
août
Prises
de position et autoréflexion
Matin:
Beatrice
GRUENDLER: La poésie arabe comme tradition du Divan occidental-oriental
Denis THOUARD: Du vieillissement
Après-midi:
Werner
WÖGERBAUER: Les Élégies
romaines. Sur l’autoréflexion dans les poèmes
Atelier de lecture,
avec Anne
BAILLOT: Faire œuvre? Lectures de lettres entre Goethe et
ses correspondants éditoriaux
Samedi 25 août
Critique
historique des interprétations
Matin:
Michael WOLL:
Potentiel pour la poésie du XXe siècle
Alexandra
RICHTER: La métamorphose comme paradigme philosophique:
Walter Benjamin, lecteur des écrits scientifiques de Goethe
Après-midi:
Roland KREBS:
La Réception de Goethe en France dans les années 1930 et aujourd'hui
Dimanche 26
août
La
langue de la traduction
Matin:
Michele
COMETA: Du nouveau sur Goethe et la littérature universelle
Michael
LACKNER: La langue de Goethe et des traductions allemandes des
textes chinois
Après-midi:
Heinz
WISMANN: Goethe et Diderot
Atelier de lecture,
avec François
THOMAS: Goethe, penseur de la traduction
Soirée:
Goethe en
musique, avec Julien SEGOL
(chant) et Kunal LAHIRY (piano)
Lundi 27 août
Conclusion
Matin:
Dialogue entre Adolf MUSCHG
et Christoph KÖNIG
Après-midi:
DÉPARTS
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RÉSUMÉS &
BIO-BIBLIOGRAPHIES :
Michele
COMETA: Du nouveau sur Goethe et la littérature universelle
Il faut relire les pages de Goethe sur la Weltliteratur (littérature
mondiale) pour poser correctement les coordonnées théoriques d’une
réflexion actuelle sur la littérature à l’époque de la globalisation
et, plus exactement, sur la "vocation migratoire" de la littérature.
Les notes éparses de Goethe affrontent le
problème aux commencements du phénomène de la globalisation. Ces
réflexions ont préparé la constitution
d’un canon transnational, mais aussi tous les types de "résistance"
rendus nécessaires pour affronter les différentes formes de
nationalisme allemand apparues entre le romantisme et le
national-socialisme. Goethe ne cache pas son intention de prendre en
compte avant tout sa propre "situation" culturelle et de la faire
interagir avec le contexte européen et extra-européen. Le caractère
inévitable de cette confrontation est pour lui d’autant plus clair
qu’il se dit convaincu "qu’une littérature universelle est en train de
se former", comme on peut lire dans Art
et Antiquité (Kunst und
Altertum), la revue du classicisme allemand, ce qui induit une
confrontation à l’autre qui n’a rien de "pacifique". Goethe a bien une
vision "agonale" du contact entre les littératures. Il ne se cache pas
l’âpreté et la conflictualité de cette confrontation dans laquelle,
entre autres, "la littérature allemande a beaucoup à perdre".
Michele
Cometa est professeur d'université en Littérature Comparée et Culture
Visuelle à l'Université de Palerme. Il a consacré beaucoup d'études à
la littérature et à la culture de l'époque de Goethe. Il
a en outre traduit en italien l’Urfaust
(1999).
Publications:
Il
romanzo dell’infinito. Miti, metafore e simboli dell’età di Goethe
(1990).
Il Romanzo
dell’Architettura. La Sicilia e il Grand Tour nell’età di Goethe
(1999).
Goethe e i Siciliani. Gli
incontri segreti del viaggio in Sicilia (1997).
L’età
classico-romantica (2009).
L’età di
Goethe (2009).
La scrittura delle immagini. Letteratura e
cultura visuale (2012).
Fantasmagorie.
Sulla cultura visuale dell’età di Goethe (2018).
Eli
FRIEDLANDER: Goethe et Benjamin: de la Nature à l’Histoire
Dans la théorie du Projet des Passages,
Benjamin écrit: "... ma conception de l'origine ... est une
transposition rigoureuse et décisive du concept Goethéen fondamental du
domaine de la nature à celui de l'histoire. L'origine — c'est, en
effet, le concept de phénomène primordial extrait du contexte païen de
la nature et introduit dans le contexte juif de l'histoire". Cette
conférence élabore cette transposition de concepts Goethéens, tels que
le phénomène primal, la polarité et l'intensification, ainsi que la
métamorphose, du domaine de la nature à celui de l’histoire. En
essayant d'évaluer l'appropriation par Benjamin de la conception de
la nature de Goethe pour l'histoire, nous devons considérer qu'une
forme ou une méthode d'investigation est indissociable du
caractère du domaine qu'elle ouvre. L'idée de Goethe
du primordial ou de l'original n'est pas accidentellement liée à la
présentation des formes de la nature vivante. Ainsi, dans la mesure où
Benjamin cherche à reprendre le concept de phénomène primordial de
Goethe pour l'investigation de l'histoire, cela impliquerait que
l'histoire renferme une dimension de nature primale, ou qu’elle est
un champ dans lequel la nature vivante se manifeste. Même si nous
établissons finalement, à la suite de Benjamin, une
distinction entre nature et histoire, il serait nécessaire de
faire ressortir la manière dont l'histoire authentique émerge de
l'existence collective naturelle, que Benjamin appelle aussi "vie pure
et simple".
Eli Friedlander est professeur de
philosophie à l'Université de Tel Aviv. Il enseigne l'Esthétique, Kant
et le Kantisme, Wittgenstein et la philosophie du langage.
Publications
récentes:
Walter
Benjamin: A Philosophical Portrait, Cambridge: Harvard
University Press, 2012.
Expressions
of Judgment: An Essay on Kant’s Aesthetics. Harvard
University Press, 2016.
"The Higher Intuitability of History", in Walter Benjamin’s Arcades Project,
Dibur, January 2017.
"Wittgenstein, Benjamin and Pure Realism", in Wittgenstein and Modernism, eds.
Karen Zumhagen-Yekple and Michael le Mahieu, Chicago University Press,
2017.
"Common Sense: Between Systematicity and Community", in Mathew Altman
(ed.), Palgrave Kant Handbook,
2017.
"Benjamin on Photography and Fantasy", in special issue of Critical Horizons, (ed.) Alison
Ross, October 2017.
Beatrice
GRUENDLER: La poésie arabe comme tradition du Divan
occidental-oriental
Dans cette contribution, on
présentera l’engagement de Goethe à propos de la littérature arabe à
partir de
surtout de son Westöstlicher
Divan en portant attention au traitement qu'il fait de la poésie
arabe
préislamique, de sa manière de traduction et d'adaptation de cette
poésie et
de son étude du monde littéraire arabe.
Beatrice Gruendler (PhD Harvard
University, 1995) has been Professor of Arabic at the Freie Universität
Berlin since 2014. She has also taught at Yale University (1996–2014)
and Dartmouth College (1995–96). She was awarded the Leibniz-Prize
2017, the most important distinction for researchers in Germany. Her
main areas of research are the development of the Arabic script,
classical Arabic poetry and its social context, the integration of
modern literary theory into the study of Near Eastern literatures, and
early Islamic book-culture (ninth century AD) viewed from the
perspective of media history, and the interaction of classical Arabic
literature with other premodern literatures.
Publications:
The
Development of the Arabic Scripts: From the Nabatean Era to the First
Islamic Century (1993, Arabic trans. 2004).
Medieval
Arabic Praise Poetry: Ibn al-Rūmī and the Patron’s Redemption,
(2003).
As editor and translator:
The Life and
Times of Abū Tammām (Akhbār Abī Tammām) by Abū Bakr Muhammad ibn Yaḥyā
al-Ṣūlī (2015).
As contributing co-editor:
Understanding
Near Eastern Literatures: A Spectrum of Interdisciplinary Approaches
(2000).
Writers and Rulers:
Perspectives
from Abbasid to Safavid Times (2004).
And, as contributing editor:
Classical
Arabic Humanities in Their Own Terms (2007).
Christoph
KÖNIG: Le statut d’auteur second comme procédé poétique dans la Nuit de Walpurgis
classique
Dans le second Faust, Goethe
se réfère à la fois à ses propres œuvres antérieures et à des
traditions mythologiques qu’il se réapproprie. Le statut d’auteur
second est la marque de sa production poétique. Dans la distance ainsi
créée, il renseigne sur le sens qui se constitue, sur un mode réflexif.
Il s’agit dans tous les cas de maîtriser une diversité étrangère.
Cependant, les procédés de reprise ne visent pas la construction
philosophique d’une totalité; ils créent à chaque fois un tout
philologique dans le matériau langagier. La Nuit de Walpurgis classique est en
ce sens pratique et critique: elle relève d’une tradition de critique
savante au sujet de laquelle Goethe prend position dans la première
partie du deuxième acte, consacrée à l’érudition. À partir de cet
arrière-plan, on se demandera dans quelle mesure le principe
philologique qui fait de lui un auteur second garantit sa liberté
poétique.
Christoph König est
professeur de littérature allemande à l’université d’Osnabrück. Il a
été fellow au Wissenschaftskolleg de Berlin en 2008-2009 ainsi qu’au
Forscherkolleg "Fate, Freedom and Prognostication" de l’Université
d’Erlangen en 2011/12. Il est membre du PEN.
Il est directeur de la revue Geschichte
der Germanistik (Wallstein Verlag Göttingen) et a édité de
nombreuses correspondances, collections de livres et recueils.
Publications:
Hofmannsthal.
Ein moderner Dichter unter den Philologen (2001, 2 ème édit.
2006).
Internationales
Germanistenlexikon 1800 – 1950 (2003, 3 vol., CD - ROM).
Engführungen.
Peter Szondi und die Literatur (2004, 2 ème édit. 2005).
Häme als
literarisches Verfahren. Günter Grass, Walter Jens und die Mühen des
Erinnerns (2008).
La philologie
au présent. Pour Jean Bollack (éd. en collaboration avec Denis
Thouard) (2009).
"O komm und
geh". Skeptische Lektüren der "Sonette an Orpheus" von Rilke
(2014).
L’intelligence
du texte. Rilke – Celan – Wittgenstein (2016).
Roland KREBS:
La réception de Goethe en France dans les années 1930 et aujourd'hui
On constate dans les années 1930 un regain d’intérêt pour Goethe. Les
traductions se multiplient, en
particulier dans la collection des classiques bilingues de
Fernand Aubie ainsi que les études. La première raison de cet
engouement est liée au centenaire de sa disparition en 1932, dont la
commémoration donna lieu au célèbre numéro de la NRF: Hommage à Goethe (André Gide,
Thomas Mann, Denis de Rougemont...). Mais le contexte historique joue
aussi un rôle dans cette renaissance. Après la période de rapprochement
franco-allemand succédant aux accords Stresemann-Briand, l’horizon
s’assombrit de nouveau vers 1930 (crise économique et montée du
national-socialisme). À une Allemagne perçue, surtout après 1933, comme
agressive et menaçante, on opposera donc l’image
d’"une bonne Allemagne" humaniste et cosmopolite. Quelle autre figure
des lettres allemandes pouvait mieux incarner ces valeurs et la notion
de littérature universelle que le
créateur de Faust? Qu’en
est-il de nos jours? Goethe peut-il toujours servir de référence? Sa
pensée et son écriture ont-elles trouvé une nouvelle actualité?
Roland Krebs est professeur de
littérature allemande classique et romantique à Paris-Sorbonne
(émérite).
Publications
sur Goethe:
Monographie: Johann Wolfgang Goethe,
Belin, 2010, coll. "Voix allemandes".
Les Affinités
Électives, présentation, notes, chronologie, bibliographie,
Paris, Garnier-Flammarion, 2009.
La vocation
théâtrale de Wilhelm Meister, édition critique, Classiques
Garnier, 2015.
Joel
LANDE: Goethe, les couleurs et l'antiquité
Le rapport de Goethe avec les théories classiques des couleurs comme
celles développées par Aristote et ses disciples est au centre de cette
communication. En effet, son Traité
des couleurs entretient une relation complexe aussi bien avec la
théorie de la perception développée par Aristote dans le livre II du De Anima
qu’avec les observations composant le traité De Coloribus attribué à Aristote
(Pseudo-Aristote). Goethe a en particulier une utilisation surprenante
de l’idée que les hommes perçoivent le monde, non comme un ensemble
de formes, mais, en premier lieu et surtout, comme un ensemble de
contrastes colorés. Cette contribution discute la question de sa
conception des sciences naturelles qui repose, dans les conditions
d’expérimentation moderne, sur la tentative de réconciliation de la
relation entre l’observation scientifique et l’expérience immédiate
qu’il appréciait particulièrement chez les Grecs. Zur Farbenlehre est une monumentale
histoire des sciences dans laquelle il essaye, d’une part, d’expliquer
le
clivage entre sciences et vécu qui s’est fait jour dans le monde
moderne et, d’autre part, de trouver des moyens de le dépasser.
Ernst
OSTERKAMP: Préludes. La poésie tardive de Goethe et le monde imagé de
Faust
L’exposé développera la thèse selon laquelle des ébauches d’éléments
centraux, de
la seconde partie de la tragédie de Faust,
sont poétiquement préparés dans la poésie tardive de Goethe, comme on
peut le voir notamment dans certains poèmes du Divan occidental-oriental et l’Élégie de Marienbad. On se
concentrera sur des exemples regardant particulièrement les IIIe et Ve
actes du Second Faust.
Ernst Osterkamp, studierte in Münster
Germanistik, Sozialwissenschaften und
Philosophie. Von 1992 Professor für Neuere deutsche
Literatur an der Humboldt-Universität zu Berlin. 1999/2000 Getty
scholar am Getty Research Institute, Los Angeles. 2003/04 Fellow der
Carl Friedrich von Siemens Stiftung, München. 2010 Aby
Warburg-Professur der Aby-Warburg-Stiftung, Hamburg. Ordentliches
Mitglied der Akademie der Wissenschaften und der Literatur, Mainz, der
Berlin-Brandenburgischen Akademie der Wissenschaften und der Deutschen
Akademie für Sprache und Dichtung. Seit Oktober 2017 Präsident der
Deutschen Akademie für Sprache und Dichtung.
Bibliographie:
Im
Buchstabenbilde. Studien zum Verfahren Goethescher Bildbeschreibungen.
Stuttgart: Metzler 1991. (442 S., 29 Abb.)
Wechselwirkungen.
Kunst und Wissenschaft in Berlin und Weimar im Zeichen Goethes.
Hg. von Ernst Osterkamp. Bern u.a.: Peter Lang 2002. 341 Seiten.
Einsamkeit.
Über ein Problem in Leben und Werk des späten Goethe.
Mainz/Stuttgart 2008 (=Akademie der Wissenschaften und der Literatur,
Mainz. Abhandlungen der Geistes- und sozialwissenschaftlichen Klasse.
JG 2008. Nr. 1).
Goethe et
l´art. Sous la direction d´Andreas Beyer et Ernst Osterkamp.
Paris: Éditions de la maison des sciences de l´homme 2014
(Passages/Passagen Band 48). 2 Bde., 421, 537 S.
"Goethe et la peinture française". In: Goethe et la France. Sous la
direction de Jacques Berchtold. Ausstellungskatalog Fondation Martin
Bodmer. Cologny (Genève) 2016, S. 172-177.
Alexandra
RICHTER: La métamorphose comme paradigme philosophique: Walter
Benjamin, lecteur des écrits scientifiques de Goethe
Dans le dernier chapitre de sa dissertation consacrée au Concept de critique esthétique dans le
romantisme allemand, chapitre qu’il qualifia de "postface
ésotérique destinée à ceux à qui j’aurais à la communiquer comme un
mien travail", Walter Benjamin affirme: "Aujourd’hui encore, cet état
de la philosophie allemande de l’art, tel qu’il se présente, autour de
1800, dans les théories de Goethe et des premiers romantiques, est
légitime". Cette contribution propose de placer les travaux de Benjamin
dans le contexte de "l'actualité" des écrits goethéens sur la
métamorphose dans les années 1920 (Vladimir Propp, Morphologie du conte, 1926; André
Jolle, Formes simples,
1923/1930; Ludwig Wittgenstein, Remarques
sur "Le rameau d´or" de Frazer, 1931; Oswald Spengler, Déclin de l´Occident. Esquisse d'une
morphologie de l'histoire universelle, 1918/1922) et de montrer
comme cette théorie "inactuelle" au moment de sa parution retrouve une
postérité plutôt inattendue, notamment parmi les philosophes.
Alexandra Richter, enseignant-chercheur
à l´Université de Rouen (http://eriac.univ-rouen.fr/author/alexandra-richter/),
est boursière de la fondation Humboldt avec un projet de
recherche sur les archives de Walter Benjamin (Akademie der
Künste) à Berlin.
Doctorat à Paris-IV en 2003: "La pensée en archipel. Goethe face à la
philosophie".
Publications:
Walter Benjamin, Le concept de
critique esthétique dans le romantisme allemand. Œuvres et inédits,
édition critique intégrale, tome 3, Texte traduit de l’allemand
par Philippe Lacoue-Labarthe et Anne-Marie Lang, Appareil critique
traduit de l’allemand par Alexandra Richter, Fayard, Paris, 2009.
Le coach de
Goethe. Conseil et médiation dans Les Affinités électives, coll.
"Actes académiques", Riveneuve, 2014.
"Goethes "Arbeit am Mythos": eine semiologische Lektüre des Festspiels
Pandora", in Pandora. Zur mythischen
Genealogie der Frau, p. 131-140, Heidelberg, 2012.
"Des roches et des nuages. Le Voyage
en Italie de Goethe", Actes du colloque Seuils & Traverses
4,
Faculté des Lettres, Ankara, 2004.
Denis THOUARD:
Du vieillissement
Goethe a pu — en raison de son succès précoce — regarder son œuvre se
faire, mais aussi contempler son œuvre faite. Que faire, quand l’œuvre
est faite? Comment résister au sort qui paraît vouer tout langage à
l’insignifiance? Comment continuer à dire quand on a déjà peut-être
tout dit? Cette première question engage une réflexion sur le langage.
La poésie
peut-elle échapper au dépérissement du langage, qui efface
inexorablement l’individualité? Une reprise, une refonte de ses propres
œuvres est-elle envisageable ? La série des reprises engagées le
laisserait penser: Second Faust,
Années de
voyage, voire le Divan.
Goethe fut confronté à sa propre monumentalisation, par lui-même
voulue: c’était le programme du classicisme de Weimar. Il chercha aussi
à y échapper. Par là se posait pour lui la question de la temporalité
des œuvres, de
leur caducité. Les œuvres de langage peuvent-elles se rajeunir grâce à
la poésie? Ou bien donnent-elles l’exemple même de la résignation? Les
œuvres d’art plastiques sont non moins périssables, sujettes au
temps. Le regard porté sur le Cenacolo
de Milan à partir d’une étude sur le livre de Giuseppe Bossi (Milan,
1810) sur cette fresque lui permet de formuler cette préoccupation et
de réfléchir à la question connexe de la restauration des œuvres (Abendmahl von Leonardo da Vinci zu Mailand,
WA I, 49, 1, 199-248 et Observations
on Leonardo da Vinci’s celebrated picture of the Last Supper by
Goethe, WA I, 49, 1, 249252). La méditation tardive de Goethe, sa
constitution d’un Spätstil,
sa résignation devant le
langage conventionnel en même temps que son souci d’échapper en
refaisant ou prolongeant ses œuvres, à l’image convenue qu’il risquait
de donner de lui-même, voilà ce qui constitue l’objet de l’exposé. Le
thème de la résignation y vient dire l’aboutissement d’une philosophie
du langage encore trop inaperçue.
Denis Thouard (CNRS), philosophe, a
consacré ses travaux au romantisme allemand et à la question de
l'herméneutique.
Parmi
ses dernières publications:
Le partage
des idées (2017).
Herméneutique
critique. Bollack, Szondi, Celan (2012).
L'interprétation.
Un dictionnaire philosophique (2015, avec Christian Berner).
Et toute
langue est étrangère. Le projet de Humboldt (2016).
Pourquoi ce
poète? Le Celan des philosophes (2016).
Kirk WETTERS:
"Voici venu le temps de l‘unilatéralité". Spécialisation,
différenciation et métier dans les Années de voyage de
Wilhelm Meister
Dans un essai de 2017, "Who cares about Society? Souci et réification
dans les Années de formation de
Wilhelm Meister de Goethe", j’ai considéré le rôle social des
symboles dans Wilhelm Meister.
Leur circulation symbolique advient d’abord dans le roman sous la forme
surtout d’échange de cadeaux, de dons, d’œuvres d’art et
d’héritages. Ces mouvements s’arrêtent dans certains cas et reçoivent
de
ce fait un caractère statique et réifié. Afin de faire paraître la
sémantique de la société dans ce contexte, je me suis appuyé sur la
lecture du roman par Georg Lukács et, notamment, sur sa fameuse théorie
de la réification, mettant ainsi en évidence le spectre des formes
sociales de la réification. Je voudrais poursuivre ce questionnement en
l’étendant au roman tardif que sont les Années de voyage de Wilhelm Meister ou les
résignés. Dans cette poursuite de l’histoire de la vie de
Wilhelm, les aspects négatifs de la réification sont encore davantage
mis en relief, surtout en rapport avec l’unilatéralité prévalant dans
une
société différenciée: dans l’éducation, la vie professionnelle, l’art
et la science. En ces domaines, la réification de l’homme est le
produit de la société; elle est internalisée par le sujet réifié sous
la forme du renoncement. En contrepoint, le memento vivere ("pense à vivre !")
des Années d’apprentissage se
mue en principe et activité du voyage. Renonçant à la sédentarité du
foyer bourgeois, le voyage signifie la possibilité d’une transformation
sociale au-delà de la conscience réifiée.
Michael WOLL:
Potentiel pour la poésie du XXe siècle
Une histoire de la réception poétique de la poésie de Goethe et du Divan occidental-oriental peut être
établie à partir de deux principes différents. D’un côté, on peut
simplement recueillir les références et allusions dans les œuvres des
époques suivantes; le résultat serait une représentation de la
popularité de Goethe au fil du temps. De l’autre côté, il y a la
possibilité de chercher le potentiel
des poèmes du Divan, auquel
les lecteurs-poètes de Goethe pouvaient succéder. Suivant cette
deuxième approche, cette communication montrera, à
partir de quelques exemples, comment des poètes comme Hugo von
Hofmannsthal ou Rainer Maria Rilke — dans la réflexion de leur langue,
dans leur pensée poétique, ou bien dans leur emploi des genres
littéraires — ont profité des options qui avaient été créées par la
poésie de Goethe. En ce sens-là, l’histoire de la réception fait partie
de l’interprétation: dans l’analyse des lectures postérieures, on peut
découvrir le potentiel créatif de la poésie lyrique du Divan.
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ATELIERS DE LECTURE
:
Anne BAILLOT:
Faire œuvre? Lectures de lettres entre Goethe et ses correspondants
éditoriaux
Après une toute première expérience de publication qui le laissa sans
contrôle sur son manuscrit d'ouvrage, Goethe a été sur ses gardes
vis-à-vis des éditeurs toute sa vie, passant le plus souvent par le
truchement de tiers, quand il n'exigeait pas que les éditeurs
souscrivent à une publication les yeux fermés sans avoir même vu le
manuscrit. À l'heure de construire l'œuvre de fin de vie, la question
de la
relation de confiance envers les éditeurs se pose de nouveau, mais de
manière différente de celle dont il usait lorsqu'il s'agissait de
placer un
ouvrage ou un autre. Cet atelier de lecture éclairera, notamment à
partir des correspondance avec Cotta avec
Zelter, le retour sur le faire-œuvre qui s'opère dans les dernières
années de Goethe et de la place qu'y
jouent les éditeurs. La réflexion portera également sur le rôle de la
correspondance dans la constitution à la fois de l'œuvre et de
l'identité d'écrivain.
Bibliographie:
Bernhard Fischer, Johann Friedrich Cotta, Verleger-Entrepreneur-Politiker,
Göttingen, 2014.
Anne Baillot s'est attelée au rôle pivot
de Goethe dans la réception des travaux de ses contemporains dès son
tout premier article de recherche. Elle a poursuivi une thèse sur le
romantisme où elle s'est penchée sur des aspects philologiques et
philosophiques, rencontrant encore bien souvent le maître de Weimar,
pour se tourner ensuite vers les réseaux intellectuels berlinois au
début du XIXe siècle, où là encore, Goethe a joué un rôle proéminent.
Dans son inédit d'habilitation, elle a esquissé une histoire
intellectuelle des relations entre éditeurs et écrivains en Allemagne,
où, une fois de plus, la figure du maître n'était autre que celle de
Goethe.
En savoir plus: http://3lam.univ-lemans.fr/fr/membres/enseignants-chercheurs/baillot-anne.html
Edith Anna
KUNZ: Carnaval - une fois de plus (Faust II, acte I [surtout "Kaiserliche Pfalz. Saal
des Thrones" et "Mummenschanz"])
Dans le premier acte de la deuxième partie de son "Faust", Goethe met
en œuvre, dans la scène "Mummenschanz" qu'il termine en 1828, un
fabuleux cortège de masques. Il s'y réfère à des textes antérieurs
portant sur le complexe thématique du carnaval et du défilé masqué. "Le
Carnaval romain" (1789), les défilés de masques pour la cour de Weimar
(1781-1818) et la deuxième partie de "Faust" s'avèrent être un réseau
productif dans le processus d'écriture de Goethe. Dans des
constellations toujours nouvelles qui se forment et se transforment,
Goethe représente le monde du carnaval qui le préoccupe durant presque
cinq décennies. Dans cette période, on peut constater — ainsi que dans
ses Écrits morphologiques et
en relation avec ceux-ci — une transformation profonde de l'esthétique
de ses textes.
Edith Anna Kunz, PD Dr. phil.,
privat-docent à l'Université de Saint-Gall, Vice-présidente de la
"Goethe-Gesellschaft Schweiz", est titulaire d'une thèse d'habilitation
sur la relation
entre poésie et écrits de sciences naturelles chez Goethe.
Co-édition
de plusieurs ouvrages collectifs sur Goethe:
Goethe und
die Bibel (avec J. Anderegg), Stuttgart 2005.
Figurationen
des Grotesken in Goethes Werken (avec D. Müller und M. Winkler),
Bielefeld 2012.
Goethe als
Literatur-Figur (avec A. Honold und H.-J. Schrader),
Göttingen 2016.
François
THOMAS: Goethe, penseur de la traduction
Goethe a traduit toute sa vie (notamment, entre autres, le Neveu de Rameau de Diderot et des
tragédies de Voltaire) et fut lui-même un auteur traduit. Les quelques
textes qu’il a consacrés à l’art de traduire et au fait d’être traduit
(dans ses Maximes et réflexions,
lors d’un hommage rendu à Wieland, dans les Notes au Divan occidental-oriental,
dans les textes sur la littérature universelle) ne proposent pas une
théorie développée et ne s’inscrivent pas non plus, comme chez Herder
ou Schleiermacher, au sein d’une philosophie du langage ou d’une
réflexion sur l’herméneutique. Mais, tout en s’accordant avec les vues
de l’époque, ils offrent une réflexion particulièrement intéressante
sur les différentes manières de se rapporter aux cultures étrangères et
de traduire les œuvres. Nous proposons de relire ces textes célèbres,
et de relire en parallèle la scène de Faust,
où Faust traduit la première phrase de l’Évangile de Jean.
François Thomas est Wissenchaftlicher Mitarbeiter au
département de philosophie de l’Université de Bonn. Sa thèse (Lille,
2015) portait sur la critique des traductions françaises par les
Romantiques allemands, et sur les enjeux philosophiques, éthiques et
politiques de ce débat. Il a rédigé la chapitre "Traduire la
philosophie" du volume de l’Histoire
des Traductions en langue française portant sur les XVIIe et
XVIIIe siècles (Verdier, 2014).
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Avec le soutien
de la Fondation Thyssen,
de l’Université d’Osnabruck,
de l’Association "l’art de lire"
et du Centre Georg Simmel
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