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DIRECTION : Laurent JEANPIERRE, Laurent MARTIN

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ARGUMENT :

On entend souvent dire qu’un changement de climat intellectuel, idéologique et politique, s’est produit en France entre la fin des années 1960 et le milieu des années 1980. Parmi les symptômes de ce changement sont invoqués pêle-mêle le déclin progressif des références structuraliste, psychanalytique et marxiste dans les sciences humaines, l’avènement du discours politique antitotalitaire et de la philosophie des droits de l’homme mais aussi la fortune nouvelle de la philosophie morale, le « retour du sujet », le développement de nouveaux paradigmes individualistes ou systémiques dans les sciences sociales, le relativisme culturel du postmodernisme, l’affirmation progressive des sciences cognitives, le poids nouveau des hypothèses de la science économique néo-classique. Au plan des fondements anthropologiques des savoirs sur l’homme, la volonté consciente ou l’intentionnalité de l’individu et de l’acteur aurait remplacé l’inconscient — du texte ou du désir — comme hypothèse dominante de la pensée française et le structuralisme cédé la place au constructivisme comme cadre global dominant d’interprétation du réel dans les sciences humaines. Parallèlement, en l’espace d’une longue décennie, les anciens équilibres du monde intellectuel auraient basculé, un grand retournement des intellectuels aurait eu lieu reléguant peu à peu dans l’oubli les discours critiques ou « engagés » issus de l’après-guerre français ainsi que leur réactivation pendant et surtout après 1968. Les années 1980 représenteraient ainsi une rupture franche dans l’histoire des intellectuels français — pour certains, elles signaleraient la fin même de cette figure historique — tout comme dans l’histoire des savoirs, de leurs partages et de leurs fondements épistémologiques.

Si l’on exclut les procès d’intentions et les généralisations hâtives, témoins et chercheurs sont pourtant bien en peine d’affirmer si la somme des tendances intellectuelles remarquables après 1968 et avant les procès de la « pensée 68 », au milieu des années 1980, dessine un tableau uniforme et témoigne d’une rupture aussi bien dans la vie des idées qu’au sujet de la fonction sociale des intellectuels. Les colloques de Cerisy de la période représentent à cet égard un formidable lieu d’observation afin de mettre à l’épreuve les hypothèses sur l’atmosphère savante et politique de l’« entre deux Mai ».

Il revient à ces journées d’études d’examiner l’image que les colloques de Cerisy donnent de cette période de l’histoire intellectuelle française et la contribution qu’ils lui ont apportée. C’est pourquoi elles réuniront quelques chercheurs spécialisés dans l’histoire sociale et culturelle de secteurs spécifiques de la vie intellectuelle: sciences, philosophie, théorie littéraire et sciences humaines, pensée politique, psychanalyse. Organisées thématiquement afin d’éviter les trop rapides caractérisations du Zeitgeist des années 1970 ou 1980, leurs analyses seront confrontées aux témoignages de plusieurs acteurs importants de la vie de Cerisy pendant la période étudiée. Il s’agira ainsi d’enrichir l’histoire d’une institution culturelle unique en son genre et à travers elle, de penser, au seuil du quarantenaire des événements de Mai 1968, l’après-68 au prisme de Cerisy.

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CALENDRIER PROVISOIRE :

Mercredi 12 décembre
Matin:
Modérateur: Jean-François SIRINELLI (Centre d’histoire de Sciences Po, IEP Paris)
9h30-10h
François CHAUBET (Université de Tours): Des colloques qui n’ont pas eu lieu: Cerisy en négatif

10h-10h30
Laurent MARTIN (Centre d’histoire de Sciences-Po, FNSP): Entre nostalgie et avant-gardes: les colloques littéraires à Cerisy

10h30-11h
Discussion

11h15-12h
Table Ronde (Françoise GAILLARD / Antoine FAIVRE sous réserve)

Après-midi:
Modérateur: Pascal ORY (Université Paris I)
14h-14h30
François CUSSET (Columbia University in Paris): Cerisy face à deux décennies de théories politiques

14h30-15h
Maïa FANSTEN (Université Paris V): Cerisy et les débats de la psychanalyse française

15h-15h30
Discussion

15h45-16h15
Jean-François BERT (IMEC): Homme, individu, acteur: la question du sujet à Cerisy

16h15-16h45
Laurent JEANPIERRE (IEP Strasbourg, Université Robert Schuman): Quelles sciences humaines et sociales?

16h45-17h15
Table Ronde (Jean-Pierre DUPUY / Marie-Louis MALLET / Albert MEMMI sous réserve)


Jeudi 13 décembre
Matin:
Modérateur: Rémy RIEFFEL (IFP Paris II)
9h30-10h00
Mathieu TRICLOT (UTBM Belfort), avec Dominique PESTRE (EHESS, sous réserve): Débats épistémologiques et discussions scientifiques

10h-10h30
Philippe DURANCE (CNAM, Paris): Organisation, décision: les réseaux de pensée prospective à Cerisy

10h30-11h
Discussion

11h15-12h
Table Ronde (Edith HEURGON / Armand HATCHUEL)

Fin de la journée d’étude

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