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DU SAMEDI 2 AOÛT (19 H) AU MARDI 12 AOÛT (14 H) 2003



TEXTIQUE : L'INTERSCRIT (NOUVEAUX PROBLÈMES)


DIRECTION : Jean RICARDOU

ARGUMENT :

La textique? Une discipline nouvelle visant à établir une théorie unifiée des structures de l’écrit, classique et moderne, dans ses diverses modes (schémique, grammique, iconique, symbolique).

Ses avantages? Pour la théorie: une coordination conceptuelle de mécanismes plus ou moins bien pensés jadis, et naguère (dont l'expressivité), une critique résolue de certaines notions trop admises (dont la polysémie), ainsi qu’une réévaluation concertée de phénomènes négligés, voire méconnus (dont les phénomènes liés aux places), et une classification réfléchie de toutes les erreurs possibles (dont les répétitions malheureuses et les omissions calamiteuses). Pour la pratique: sur la base de la cardinale notion de lieu, une analyse inédite, attentive, notamment, aux prétendues broutilles, ainsi que la possibilité de programmes et métaprogrammes d’écriture raisonnés permettant la correction à plusieurs. En général: une clarté et une rigueur neuves, dans l'ordre de l’écriture et des concepts, quant à l'invention et à l'enseignement.

Sa méthode?
Explorer par niveaux l'ensemble des structures loisibles, leurs problèmes et leurs effets, selon des matrices exhaustivesà stipulation croissante, réfutables à mesure, le cas échéant, par tout contre-exemple analysé comme tel.

Le thème? L'on approfondira spécialement, cette année, les problèmes liés à l'interscrit entendu, au plus modeste, et au plus fructueux peut-être, comme tout ensemble d'écrits distincts associés.

Le travail? Sur la base des contributions expédiées à l’avance, l’on discutera toutes questions à tous égards soulevées.

Les participants? Celles et ceux que le champ ainsi balisé et le travail du coup permis intéressent, et qui, sachant que le début du séminaire sera consacrée à un recyclage à partir des documents adéquats, désirent venir à titre de participants actifs ou d'auditeurs curieux ; mais aussi, divers texticiens, et plusieurs chercheurs qui, sans s’inféoder à la textique, souhaitent prendre ou reprendre contact en présentant aussi bien des objections que des travaux.

Les séances? En guise d’initiation ou de révision, un retour, pendant plusieurs séances, sur la méthode et les enjeux. Puis le traitement des questions annoncées. Et non moins, chaque jour, en vue d’unir, ainsi qu'il sied, la théorie et la pratique, un atelier d’écriture, élémentaire, prolongeant la série ouverte en 1984-86 au Collège International de Philosophie à Paris.

L'inscription? Il est souhaitable de l'accomplir au plus tôt, si possible avant le 15 mai, pour bénéficier du précoce envoi des écrits préparatoires.

CALENDRIER DÉFINITIF :

Samedi 2 août
Après-midi:
ACCUEIL DES PARTICIPANTS

Soirée:

Présentation du Centre, du colloque et des participants


Dimanche 3 août
Recyclage
Matin:
Gilles TRONCHET: Un aperçu de la textique

Après-midi:
Gilles TRONCHET: Un aperçu de la textique


Lundi 4 août
Matin:
Recyclage
Jean RICARDOU: Unification fondamentale

Après-midi:
Bases
Philippe JONCHERAY: Instruments (textiques et intertextiques)

Vers 18 heures:
Atelier d'écriture


Mardi 5 août
Contacts
Matin:
Jean RICARDOU: Outre la sémiotique (dans le cadre d'un débat avec Bernardo Schiavetta)

Après-midi:
Bernardo SCHIAVETTA: Objections (affûtées) à la textique

Vers 18 heures:
Atelier d'écriture


Mercredi 6 août
Bases
Matin:
Gilles TRONCHET: L'interscrit attitré? A propos des intitulés

Après-midi:
Gilles TRONCHET: L'interscrit attitré? A propos des intitulés

Vers 18 heures:
Atelier d'écriture


Jeudi 7 août
Bases
Matin:
Jean RICARDOU: Catégories interscriptives

Après-midi:
Dolorès VIVERO: Sur la répétition des idées dans l'écrit. La pièce rapiécée

Vers 18 heures:
Atelier d'écriture


Vendredi 8 août
Bases
Matin:
Myriam LABADIE: Ceci n'est pas un ready-made

Après-midi:
Myriam LABADIE: Ceci n'est pas un ready-made

Vers 18 heures:
Atelier d'écriture


Samedi 9 août
Bases
Matin:
Daniel BILOUS: Problèmes de la reprise

Après-midi:
Daniel BILOUS: Problèmes de la reprise

Vers 18 heures:
Atelier d'écriture


Dimanche 10 août
Bases
Matin:
Michel SIRVENT: Frontières de l'inter(intra)scrit

Après-midi:
Michel SIRVENT: Frontières de l'inter(intra)scrit

Vers 18 heures:
Atelier d'écriture

Soirée:
Audition de la pièce radiophonique "Communications" de Jean Ricardou


Lundi 11 août
Bases
Matin:
Jean-Claude RAILLON: Mise en page(s)

Après-midi:
Jean-Claude RAILLON: Mise en page(s)

Vers 18 heures:
Atelier d'écriture


Mardi 12 août
Matin:
Questions d'ensemble

Après-midi:
DÉPART DES PARTICIPANTS

RÉSUMÉS :

RECYCLAGE

Sitôt, d'une part, que la textique vise à établir une théorie unifiée des structures de l'écrit dans ses divers modes (schémique, grammique, iconique, symbolique), ce qui la voue à une exhaustivité contrôlée sur un domaine immense, et sitôt, d'autre part, que ses premiers efforts, comme tels, datent du milieu des années quatre-vingt, nul doute qu'à l'orée du prochain séminaire se posent deux problèmes.
Celui de la révision, qui concerne les participants habitués, voire chevronnés, car il est opportun, avant ces journées de réflexion intensive, de se remettre en tête, soigneusement, les grandes lignes du travail.
Celui du recyclage, qui concerne les participants nouveaux qu'une curiosité intellectuelle aura porté à venir pour la première fois, car il est nécessaire pour bien saisir la pensée textique, voire pour y concourir, d'être mis en possession, aussi soigneusement que possible, de la méthode et des enjeux.
Cette révision et ce recyclage se feront en deux phases à partir des fascicules remis à jour pour 2003: Un aperçu de la textique (56 p.), de Gilles Tronchet, et Unification fondamentale (42 p.), de Jean Ricardou.
La première phase relève de la lecture: les deux fascicules étant expédiés, avec d'autres écrits, dans le courant de juin, les participants auront tout le loisir qu'ils s'accorderont pour en prendre connaissance à leur guise.
La deuxième phase ressortit à la discussion: les deux premières journées du séminaire étant réservées à de libres échanges oraux sur ces deux fascicules, les participants auront tout le loisir permis par les séances pour solliciter les éclaircissements éventuellement nécessaires, voire pour énoncer, très librement, de premières objections (JR).

Jean RICARDOU: Unification fondamentale (évolution 2003)
Si la textique peut envisager, d'emblée, une exhaustion des structures de l'écrit quel soit-il, c'est qu'elle procède par niveaux, du plus général au très particulier, en offrant, pour chacun d'eux, une matrice de recensement sans reste. Ce sont deux choses distinctes qui deviennent lors possibles. La première, c'est, à tel niveau déterminé, de ne point laisser la moindre zone d'ombre. La deuxième, puisqu'il suffit de montrer qu'une occurrence concevable n'est pas incluse dans les matrices pour objecter, c'est de programmer, à chaque niveau, une éventuelle réfutation de ce que l'on avance.
Le fascicule Unification fondamentale présente les deux plus générales matrices d'exhaustion textique, avec leurs divers concepts associés: la matrice modale et la matrice structurale.
+++
La matrice modale est d'allure arborescente.
D'abord un tronc commun, les schèmes, entendus comme "les zones différentielles déterminées dans un champ par au moins une trace".
Puis une première ramification, avec, d'une part, les grammes, ou "schèmes capables de représenter en ce que diversement liables aux sons d'au moins une langue selon certaines suites déterminées, ils contribuent à permettre que s'ajoute, pour un récepteur donné, une autre idée à celles que l'on peut se faire d'eux-mêmes", et, d'autre part, les icônes ou "schèmes capables de représenter en ce que, sans devoir être liés aux sons d'une langue, ils comportent, pour un récepteur envisagé, au moins un caractère déterminant de tel objet, ou type d'objet, concret ou abstrait, réel ou fictif, vu sous quelque angle, et dont l'idée, ainsi, s'ajoute à celle que l'on peut se faire d'eux-mêmes".
Enfin, une deuxième ramification, avec les symboles ou "schèmes capables de représenter en ce qu'ils permettent que s'ajoute, pour un récepteur envisagé, par le relais d'au moins une spéciale convention, délibérée ou non, une autre idée à celles que l'on peut se faire d'eux-mêmes", et qui, selon la base sur laquelle ils s'appuient, forment trois types: les schémosymboles, les grammosymboles, les iconosymboles.
L'hypothèse de l'exhaustion des modes présume lors qu'un écrit, quel soit-il, ne comporte jamais d'autres modes que le schémoscrit, le grammoscrit, l'iconoscrit et, sous ses trois variétés, le symboloscrit.
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La matrice structurale (représentative) est d'allure tabulaire.
Elle porte un couple principal flanqué d'un couple associé.
Le couple principal est formé de l'orthoreprésentation, déclarée advenue "chaque fois que des schèmes permettent correctement que s'ajoute, pour un récepteur donné, une autre idée à celles que l'on peut se faire d'eux-mêmes, si celle-ci semble convenir à tel ou tel objet réel ou fictif, concret ou abstrait", et de l'orthométareprésentation, déclarée advenue "chaque fois que, de manière organique, transparaissent, au-delà du régime représentatif, les "moyens", matériels notamment, qu'en son ordinaire fonctionnement l'orthoreprésentation à la fois requiert et estompe".
Le couple associé est formé de la cacoreprésentation, déclarée advenue "chaque fois qu'un effet d'orthoreprésentationcacométareprésentation déclarée advenue "chaque fois qu'un effet d'orthométareprésentation se trouve engagé et entravé".
L'hypothèse de l'exhaustion structurale (représentative) présume lors que l'écrit représentatif ne se présente jamais sous d'autres structures que celles de l'écrit orthoreprésentatif (ou orthoscript), de l'écrit cacoreprésentatif (ou cacoscript), de l'écrit orthométareprésentatif (ou orthotexte), de l'écrit cacométareprésentatif (ou cacotexte).
C'est à une explicitation de ces catégories que procède le fascicule Unification fondamentale, et c'est à une élucidation de tous les écrits, quels soient-ils, et dans leurs moindres aspects, que, à partir des concepts plus pointus qu'impliquent ces deux matrices, la matrice modale et la matrice structurale, procède la textique.

Gilles TRONCHET: Un aperçu de la textique (version 2003)
Ce fascicule est réactualisé chaque année de manière à prendre en compte les acquis de la discipline et les remarques ou objections faites au cours du précédent séminaire.
Il a une double visée: d'abord, offrir un historique succinct, pour établir dans quelles conditions et selon quelles étapes la textique est apparue et s'est constituée en une discipline nouvelle ; ensuite, fournir un bref exposé des principaux outils conceptuels élaborés jusqu'à présent : comme la textique se propose d'établir une théorie unifiée de l'écrit, il importe avant tout de faire comprendre la conception extrêmement large qu'elle a de son objet et de montrer comme s'y trouvent distingués différents modes (schémique, grammique, iconique, symbolique) ; puis, en retenant un domaine plus restreint et sans doute familier au lecteur, l'écrit représentatif relevant du mode grammique (ce qui peut correspondre, en simplifiant, aux documents constitués de caractères alphabétiques), il s'agit de restituer les principales catégories qui permettent d'envisager de manière exhaustive les structures possibles d'un écrit grammique (la textique prétend y parvenir, en l'attente d'une éventuelle démonstration contraire, susceptible de relancer la recherche) ; enfin, il a semblé utile de proposer quelques-uns des outils analytiques servant à explorer dans leurs détails les agencements d'un écrit, sachant malgré tout qu'un simple aperçu ne saurait avoir d'autre visée que de dispenser une information initiale et qu'une approche théorique plus fouillée, débouchant sur une pratique effective de la textique, exigera bien d'autres efforts de pensée.



BASES

Sitôt que le présent séminaire, d'une part, opère une mise en place et à un approfondissement de certains problèmes textiques, et, d'autre part, dans un souci d'ouverture et de confrontation, accueille des travaux ou des objections venus de certaines autres sphères, il se doit d'offrir deux catégories de contributions: d'un côté, certaines contributions textiques, formant les bases des discussions ; et, de l'autre, certaines contributions venues d'ailleurs, autorisant que surviennent, ou reprennent, certains contacts (JR).

Daniel BILOUS: Problèmes de la reprise
Parmi les variétés de l’interscrit, il en est une que la tradition poéticienne envisage sous le concept général de l’imitation d’un écrit par un autre, la générique, sous le terme de pastiche, et le sens commun, sous les espèces d’une représentation de (ou au) second degré. Il s’agira de repenser dans l’ordre de la textique un secteur que l’on imagine vaste et très diversifié, en posant, dans une approche élémentaire, les problèmes de la construction du rapport entre l’écrit dérivé et l’écrit-modèle, autour d’une réplication des structures scriptuelles, dont la description fine, en l’espèce, semble particulièrement délicate, vu la multiplicité des paramètres mis en jeu.

Philippe JONCHERAY: Instruments (textiques et intertextiques)
L’écrit, défini en Textique comme étant un ensemble de traces, peut être abordé sous deux aspects: par l’écriture lorsqu’on se trouve en état de production, par la lecture lorsqu’on se met en position de réception.
La pratique de l’écriture exige que l’on réponde aux questions inhérentes à l’élaboration de l’écrit: comment s’y prendre pour organiser le discours en fonction des contraintes, par exemple du support, de l’objectif de production ou du lecteur supposé.
La pratique de la lecture, quant à elle, phénomène de décodage par excellence, donne accès aux structures générées à partir des effets produits.
La Textique considère que ces deux attitudes, loin d’être antagonistes, sont en réalité complémentaires. En se plaçant délibérément du côté du lecteur (le scripteur n’est-il pas son premier lecteur), elle tente de donner les moyens théoriques de mieux comprendre et réaliser l’acte d’écriture.
Et pour mener à bien et de façon rigoureuse son travail d’analyse, la Textique offre quatre instruments parfaitement définis: la circonscription, la loupe textique ou l’effet de loupe, l’Examen de Praticabilité Alternative (EPA), la récriture.
Ces divers instruments, assortis d’exemples, sont présentés en référence au document Intelligibilité structurale de l'écrit (2003).

Jean-Claude RAILLON: Mise en page(s)
Les albums de bandes dessinées offrent le plus souvent une double pagination : l’une indique l’ordre des pages dans la succession des feuillets ; l’autre indexe la succession des planches dans l’ordre du récit.  Le phénomène souligne que pages et planches sont des objets de statut  différent: les premières appartiennent au livre dont elles constituent le volume et les secondes participent d’un régime narratif. Les relations entre ces univers ne manquent certes pas ; même il en est de remarquables. On se propose de le montrer en examinant la planche numérotée 689 à la page 30 du dixième volume, intitulé "Le géant de la gaffe", des aventures de Gaston, par Franquin.

Jean RICARDOU: Catégories interscriptives
L'on persiste à nommer interscrit, au plus humble, tout ensemble d'écrits distincts quand ils se trouvent associés, et l'on se propose d'en répartir la cohue en catégories distinctes selon cinq problèmes: la condition, la conception, la convocation, la conjonction, la corrélation.
Par condition de l'interscrit, l'on entendra la situation qui permet d'envisager la possibilité même de l'interscrit. En effet, sauf à s'en remettre, ainsi que trop souvent, à un empirisme naïf, il sied de substituer, à ce que d'aucuns acceptent comme un "donné", ce qui pourrait bien mériter le nom de "construit".
Par conception de l'interscrit, l'on entendra l'opération qui permet la considération de divers écrits distincts. En effet celle-ci peut être aléatoire ou arbitraire (et ressortir lors au diktat) ou motivée (et relever lors du principe). Sous cet angle, l'on nommera pluralité tout ensemble d'écrits distincts considérés selon la conception, indépendamment de leurs positions respectives.
Par convocation de l'interscrit, l'on entendra l'opération qui permet la mobilisation de divers écrits distincts. Sous cet angle, l'on nommera recueil le commun lieu au sein duquel selon la convocation, et tout en restant eux-mêmes mobiles, se trouvent enclos certains écrits distincts.
Par conjonction de l'interscrit, l'on entendra l'opération qui permet la fixation de divers écrits distincts. Sous cet angle, l'on nommera corpus le commun lieu au sein duquel, selon la conjonction, se trouvent fixés certains écrits distincts.
Par corrélation de l'interscrit, l'on entendra l'opération qui permet, sur divers modes, l'inclusion de la copie d'un écrit dans un autre. Sous cet angle, on nommera assignat le commun lieu au sein duquel se trouvent fixés au moins deux écrits distincts, l'un comportant, notamment sous les espèces de la citation, une marque de l'autre.
C'est, pour l'écrit schémique (à savoir, par abus de simplification, l'écrit constitué de "figures" exemptes d'effets de représentation) et pour l'écrit grammique (à  savoir, par abus de simplification, l'écrit constitué de "lettres" et provoquant des effets  de représentation), que seront examinés ces problèmes.

Michel SIRVENT: Frontières de l'inter(intra)scrit
En textique, l'on appelle interscrit "tout ensemble formé par au moins deux écrits distincts dès lors qu'ils se trouvent associés".
Suivant cette hypothèse de travail, l'on s'efforcera d'éclaircir 3 sortes de problèmes:
1. Revenant sur la question du découplage entre les points de vue structurologique et structurodromique, il s'agira  d'examiner en toute généralité les pôles de la relation interscriptuelle.
2. Revenant sur la présente matrice d'exhaustion, qui vise à rendre compte de tous les cas possibles de redite d'un écrit implanté dans un autre (autrement dit, un rinscrit), l'on se limitera dans nos exemples (pris chez Roland Barthes et Jean Lahougue notamment) à la catégorie interscriptuelle dénommée "assignat". Cette catégorie recouvre divers modes de ce que l'on nomme, suivant une respécification en cours, citation, reprise, allusion.
3. Revenant sur les critères permettant de mieux saisir ces 3 communes variétés (citation, reprise, allusion), l'on tentera alors de cerner  les frontières du domaine de l'inter(intra)scrit.

Gilles TRONCHET: L'interscrit attitré? A propos des intitulés
Le titre assume un rôle particulier, du fait qu'il se rattache étroitement à un écrit donné, sans se confondre exactement avec celui-ci: voué à le désigner de diverses façons, placé juste à sa frontière, il entretient avec lui un rapport asymétrique. En effet, l'ensemble intitulé, notamment lorsqu'il s'agit de caractères alphabétiques à portée représentative, ce que la textique envisage sous la catégorie de grammoscrit, serait susceptible d'advenir sans son titre, alors que ce dernier, privé le plus souvent de toute autonomie représentative, est étroitement associé à tel ou tel écrit. Pour rendre compte de cette dépendance, la textique regroupe les intitulés dans la catégorie de l'inter(épi)scrit (le préfixe grec épi signifiant à la fois "près de" et "à propos de").
Cependant, il convient de réfléchir à la portée de ce statut interscriptuel, afin de vérifier s'il s'applique dans tous les cas, ou bien si le titre, selon un basculement structural, n'est pas susceptible d'être intégré dans la sphère de l'écrit lui-même, passant ainsi de l'interscrit dans l'intrascrit. Bref, c'est avec la question de l'appartenance éventuelle du titre à l'écrit, une interrogation sur les limites de ce dernier qui sera posée.
Cette approche doit conduire à préciser quelque peu les différents types de corrélations entre un écrit et son titre, à spécifier les principales fonctions de celui-ci, en évitant aussi soigneusement que possible de tomber dans les pièges que tend à l'observateur la prolifération des données empiriques.

Dolorès VIVERO: Sur la répétition des idées dans l'écrit. La pièce rapiécée
L'on tentera de procéder à la récriture d'un travail centré sur la répétition des idées dans l’écrit et sur les relations d'équivalence sémantique partielle auxquelles elles donnent lieu. L’on étudiera, en particulier, les conditions nécessaires pour que ces relations soient perceptibles en tant que telles, c’est-à-dire en tant qu’agencements responsables de l’effet de représentation suscité par l’écrit. Cette réflexion prendra pour exemple la célèbre description de "la pièce montée" dans Madame Bovary.



CONTACTS

Cette rubrique, destinée à recevoir celles et ceux qui, sans s'inféoder à la textique souhaitent prendre ou reprendre contact en présentant aussi bien des objections que des travaux, accueille, cette année, la suite d'un débat commencé pendant la session 2002 avec Bernardo Schiavetta.
L'an dernier, le co-directeur de la revue Formules avait présenté une communication en quatre parties intitulée "Objections à la textique". Ce sont les deux premières, seulement, qui avaient pu être discutées.  Il revient donc, cette année, avec une communication nouvelle, intitulée "Objections (affûtées) à la textique", présentant une version enrichie de la portion qui n'avait pu être débattue,  et, le cas échéant, des observations  sur une communication intercalée, intitulée "Outre la sémiotique", dans laquelle Jean Ricardou approfondit ses remarques faites pendant la session 2002 (JR).

Jean RICARDOU: Outre la sémiotique (dans le cadre d'un débat avec Bernardo Schiavetta)
Dans cette reprise, soigneusement enrichie, des remarques faites en séance l'année dernière, l'on examine, sous deux angles, celui de l'écrit et celui des concepts, les objections à la textique présentées lors par Bernardo Schiavetta.
Sous l'angle de l'écrit? Oui, car, en textique, l'on accorde un très haut prix à la précision conceptuelle (ce qui suppose des formulations particulièrement ajustées). La première partie de cette contribution se plaira donc à observer de fort près certains énoncés de l'interlocuteur et proposera, à plusieurs reprises, de nouvelles formulations avec lesquelles, sans rien céder pour autant sur le fond, les texticiens pourraient fournir leur accord. Ainsi, dans ce premier temps, la contribution présente une manière d'...atelier d'écriture, le pur débat intellectuel tendant à devenir, plus ou moins, "sous les espèces d'une négociation l'élaboration coopérative d'un traité, sinon forcément de paix, sinon forcément d'alliance, du moins de meilleure intellection commune".
Sous l'angle des concepts? Oui, car plusieurs divergences séparent la textique, telle qu'on croit pouvoir ici la soutenir et la "sémiotique", telle qu'elle est présentée par l'interlocuteur. Ainsi, l'on soulignera notamment la différence majeure qui sépare les deux "disciplines" quant à l'indice et à l'icône. Alors que la distinction entre l'indice et l'icône peut être interprétée comme secondaire en sémiotique, dans la mesure où l'indice (qui ressortit à l'inférence), et l'icône (qui relève de la ressemblance), se différencient selon le mode au sein d'une sphère unique (celle dont rend compte la typologie des signes), elle est envisagée comme capitale en textique, dans la mesure où l'indice (qui ressortit à l'écriture) et l'icône (qui relève de l'écrit), se différencient selon le statut, dans des sphères disjointes (celle de l'action et celle du résultat), faisant l'objet de branches disciplinaires séparées: la textique de l'écriture et la textique de l'écrit (48 p.).


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