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DU LUNDI 2 AOÛT (19 H) AU JEUDI 12 AOÛT (14 H) 2004



TEXTIQUE : L'INTERSCRIT (MISE EN ORDRE)


DIRECTION : Jean RICARDOU

ARGUMENT :

La textique? Une discipline nouvelle, inaugurée en 1985 au Collège International de Philosophie de Paris, visant à établir une théorie unifiée des structures de l’écrit, classique et moderne, dans ses divers modes (schémique, grammique, iconique, symbolique).

Ses avantages? Pour la théorie: une coordination conceptuelle de mécanismes plus ou moins bien pensés jadis, et naguère (dont l'expressivité), une critique résolue de certaines notions trop admises (dont la polysémie), ainsi qu’une réévaluation concertée de phénomènes négligés, voire méconnus (dont les phénomènes liés aux places), et une classification réfléchie de toutes les erreurs possibles (dont les répétitions malheureuses et les omissions calamiteuses). Pour la pratique: sur la base de la cardinale notion de lieu scriptuel, une analyse inédite, attentive, notamment, aux prétendues broutilles, ainsi que la possibilité de programmes et métaprogrammes d’écriture raisonnés permettant la correction à plusieurs. En général: une clarté et une rigueur neuves, dans l'ordre de l’écriture et des concepts, quant à l'invention et à l'enseignement.

Sa méthode? Explorer par niveaux l'ensemble des structures loisibles, leurs problèmes et leurs effets, selon des matrices exhaustives à stipulation croissante, réfutables à mesure, le cas échéant, par tout contre-exemple analysé comme tel.

Le thème? L'on présentera, cette année, une intégrale distribution ordonnée de l'interscrit, celui-ci entendu, au plus modeste, et au moins infructueux peut-être, comme tout ensemble d'écrits distincts associés, puis on examinera certains problèmes spécifiques.

Le travail? Sur la base des contributions expédiées à l’avance, l’on discutera toutesquestions à tous égards soulevées.

Les participants? Celles et ceux que le champ ainsi balisé et le travail du coup permis intéressent, et qui, sachant que le début du séminaire sera consacrée à un recyclage à partir des documents adéquats, désirent venir à titre de participants actifs ou d'auditeurs curieux ; mais aussi, divers texticiens, et plusieurs chercheurs qui, sans s’inféoder à la textique, souhaitent prendre ou reprendre contact en présentant aussi bien des objections que des travaux.

Les séances? En guise d’initiation ou de révision, un retour, pendant plusieurs séances, sur la méthode et les enjeux. Puis le traitement des questions annoncées. Et non moins, chaque jour, en vue d’unir, ainsi qu'il sied, la théorie et la pratique, un atelier d’écriture, élémentaire, prolongeant la série ouverte en 1984-86 au Collège International de Philosophie à Paris.

L'inscription? Il est souhaitable de l'accomplir au plus tôt, si possible avant le 15 mai, pour bénéficier du précoce envoi des écrits préparatoires.

CALENDRIER DÉFINITIF :

Lundi 2 août
Après-midi:
ACCUEIL DES PARTICIPANTS

Soirée:
Présentation du Centre, du colloque et des participants


Mardi 3 août
Recyclage
Matin:
Gilles TRONCHET: Un aperçu de la textique

Après-midi:
Gilles TRONCHET: Un aperçu de la textique

Vers 18 heures:
Atelier d'écriture


Mercredi 4 août
Recyclage
Matin:
Jean RICARDOU: Unification fondamentale de l'écrit

Après-midi:
Jean RICARDOU: Unification fondamentale de l'écrit

Vers 18 heures:
Atelier d'écriture


Jeudi 5 août
Débats
Matin:
Benoît PEETERS: Lire la bande dessinée (case, planche, récit) / Jean RICARDOU: L'épreuve par neuf

Après-midi:
Benoît PEETERS: Lire la bande dessinée (case, planche, récit) / Jean RICARDOU: L'épreuve par neuf

Vers 18 heures:
Atelier d'écriture


Vendredi 6 août
Matin:
Bases
Gilles TRONCHET: Structures interscriptives de l'intitulation

Après-midi:
Débats
Bernardo SCHIAVETTA: Objections (réitérées) à la textique / Jean RICARDOU: Le propre de la textique

Vers 18 heures:
Atelier d'écriture


Samedi 7 août
Matin:
Bases
Jean RICARDOU:
Exhaustion de l'interscrit

Après-midi:
Contacts
Jany BERRETTI: Interscrit et interreconscription

Vers 18 heures:
Atelier d'écriture


Dimanche 8 août
Matin:
Bases
Philippe JONCHERAY: Problèmes interscriptifs dans les publications scientifiques

Après-midi:
Contatcs
Pascale HELLEGOUARC'H: Réflexions connexes sur l'interscrit

Vers 18 heures:
Atelier d'écriture


Lundi 9 août
Bases
Matin:
Daniel BILOUS: Le mimoscriptif: paramètres en jeu

Après-midi:
Daniel BILOUS: Le mimoscriptif: paramètres en jeu

Vers 18 heures:
Atelier d'écriture


Mardi 10 août
Bases
Matin:
Myriam LABADIE: Questions théoriques

Après-midi:
Myriam LABADIE: Questions théoriques

Vers 18 heures:
Atelier d'écriture


Mercredi 11 août
Bases
Matin:
Jean-Claude RAILLON: Zones interscrites

Après-midi:
Jean-Claude RAILLON: Zones interscrites

Vers 18 heures:
Atelier d'écriture


Jeudi 12 août
Matin:
Jean RICARDOU: Intelligibilité structurale de l'écrit

Après-midi:
DÉPART DES PARTICIPANTS

RÉSUMÉS :

RECYCLAGE

Sitôt, d'une part, que la textique vise à établir une théorie unifiée des structures de l'écrit dans ses divers modes (schémique, grammique, iconique, symbolique), ce qui la voue à une exhaustivité contrôlée sur un domaine immense, et sitôt, d'autre part, que ses premiers efforts, comme tels, datent du milieu des années quatre-vingt, nul doute qu'à l'orée du prochain séminaire se posent deux problèmes.
Celui de la révision, qui concerne les participants habitués, voire chevronnés, car il est opportun, avant ces journées de réflexion intensive, de se remettre en tête, soigneusement, les grandes lignes du travail.
Celui du recyclage, qui concerne les participants nouveaux qu'une curiosité intellectuelle aura porté à venir pour la première fois, car il est nécessaire pour bien saisir la pensée textique, voire pour y concourir, d'être mis en possession, aussi soigneusement que possible, de la méthode et des enjeux.
Cette révision et ce recyclage se feront en deux phases à partir des fascicules remis à jour pour 2004: Un aperçu de la textique par Gilles Tronchet, et Unification fondamentale de l'écrit par Jean Ricardou.
La première phase relève de la lecture: les deux fascicules étant expédiés, avec d'autres écrits, dans le courant de juin, les participants auront tout le loisir qu'ils s'accorderont pour en prendre connaissance à leur guise.
La deuxième phase ressortit à la discussion: les deux premières journées du séminaire étant réservées à de libres échanges oraux sur ces deux fascicules, les participants auront tout le loisir permis par les séances pour solliciter les éclaircissements éventuellement nécessaires, voire pour énoncer, très librement, de premières objections (JR).

Jean RICARDOU: Unification fondamentale de l'écrit (évolution 2004)
Si la textique peut envisager, d'emblée, une exhaustion des structures de l'écrit quel soit-il, c'est qu'elle procède par niveaux, du plus général au très particulier, en offrant, pour chacun d'eux, une matrice d'établissement sans reste. Ce sont deux choses distinctes qui deviennent lors possibles. La première, c'est, à tel niveau déterminé, de ne point laisser la moindre zone d'ombre. La deuxième, puisqu'il suffit de montrer qu'une occurrence concevable n'est pas incluse dans les matrices pour objecter, c'est de programmer, à chaque niveau, une réfutation éventuelle.
Le fascicule Unification fondamentale présente, notamment, les deux plus générales matrices d'exhaustion textique, avec leurs divers concepts associés: la matrice modale et la matrice structurale.
+++
La matrice modale est d'allure arborescente.
D'abord un tronc commun, les schèmes, entendus comme "les zones déterminées dans un champ par au moins un différentiel".
Puis une première ramification, avec, d'une part, les grammes, ou "schèmes capables de représenter en ce que diversement liables aux sons d'au moins une langue selon certaines suites déterminées, ils permettent, par le relais d'une accréditation reçue, que s'ajoute, pour un récepteur donné, une autre idée à celles que l'on peut se faire d'eux-mêmes", et, d'autre part, les icônes ou "schèmes capables de représenter en ce que, sans devoir être liés aux sons d'une langue, ils comportent, pour un récepteur envisagé, au moins un caractère déterminant de tel objet, ou type d'objet, concret ou abstrait, réel ou fictif, vu sous quelque angle, et dont l'idée, ainsi, s'ajoute à celle que l'on peut se faire d'eux-mêmes".
Enfin, une deuxième ramification, avec les symboles ou "schèmes capables de représenter en ce qu'ils permettent, par le relais d'au moins une accéditation, reçue ou convenue, que s'ajoute, pour un récepteur envisagé, une autre idée à celles que l'on peut se faire d'eux-mêmes", et qui, selon la base (schémique, grammique, iconique) sur laquelle ils s'appuient, forment trois types: les schémosymboles, les grammosymboles, les iconosymboles.
L'hypothèse de l'exhaustion des modes présume lors qu'un écrit, quel soit-il, ne comporte jamais d'autres modes que le schémoscrit, le grammoscrit, l'iconoscrit et, sous ses trois variétés (le symbolo(schémo)scrit, le symbolo(grammo)scrit, le symbolo(icono)scrit), le symboloscrit.
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La matrice structurale (représentative) est d'allure tabulaire.
Elle porte un couple principal flanqué d'un couple associé.
Le couple principal est formé de l'orthoreprésentation, déclarée advenue "chaque fois que des schèmes permettent correctement que s'ajoute, pour un récepteur donné, une autre idée à celles que l'on peut se faire d'eux-mêmes, si celle-ci semble convenir à tel ou tel objet réel ou fictif, concret ou abstrait", et de l'orthométareprésentation, déclarée advenue "chaque fois que, de manière organique, transparaissent, au-delà du régime représentatif, les "moyens", matériels notamment, qu'en son ordinaire fonctionnement l'orthoreprésentation à la fois requiert et estompe".
Le couple associé est formé de la cacoreprésentation, déclarée advenue "chaque fois qu'un effet d'orthoreprésentation se trouve engagé et entravé", et de la cacométareprésentation déclarée advenue "chaque fois qu'un effet d'orthométareprésentation se trouve engagé et entravé".
+++
L'hypothèse de l'exhaustion structurale (représentative) présume lors que l'écrit représentatif ne se présente jamais sous d'autres structures que celles de l'écrit orthoreprésentatif (ou orthoscript), de l'écrit cacoreprésentatif (ou cacoscript), de l'écrit orthométareprésentatif (ou orthotexte), de l'écrit cacométareprésentatif (ou cacotexte).
C'est à une explicitation de ces catégories que procède le fascicule Unification fondamentale de l'écrit, et c'est à une élucidation de tous les écrits, quels soient-ils, et dans leurs moindres aspects, que, à partir des concepts plus pointus qu'impliquent ces deux matrices (la matrice modale et la matrice structurale) la textique a pour mission de procéder.

Gilles TRONCHET: Un aperçu de la textique (version 2004)
Ce fascicule est réactualisé chaque année, de manière à prendre en compte les acquis de la discipline et les remarques ou objections faites par les participants au précédent séminaire. Il a une double visée: d'abord, offrir un historique succinct, pour montrer dans quelles conditions et selon quelles étapes la textique est apparue et s'est constituée en une discipline nouvelle ; ensuite, fournir un bref exposé des principaux outils conceptuels élaborés jusqu'à présent. Comme la textique se propose d'établir une théorie unifiée de l'écrit, il importe avant tout d'expliquer la conception très vaste qu'elle a de son objet et de préciser comment il trouve à se spécifier selon différents modes qui prennent en compte, notamment, les caractères alphabétiques, les images, les symboles. Ensuite, est retenu un domaine plus restreint et sans nul doute familier au lecteur, l'écrit représentatif relevant du mode grammique (ce qui correspond, pour simplifier, aux écrits basés sur des séries de lettres): il s'agit d'inventorier les principales catégories qui permettent d'envisager de manière exhaustive les structures possibles dans un écrit grammique (la textique prétend y parvenir, en l'attente d'une éventuelle démonstration contraire, susceptible de relancer la recherche). Enfin, il a semblé utile de signaler quelques-uns des instruments analytiques servant à explorer en détail les dispositifs repérables dans un écrit. On admettra toutefois qu'un simple aperçu ne saurait avoir d'autre visée que de dispenser une information initiale et qu'une approche théorique plus fouillée, débouchant sur une pratique effective de la textique, exige de bien plus amples développements, lesquels sont engagés avec le document Intelligibilité structurale de l'écrit (par Jean Ricardou).



BASES

Daniel BILOUS: Le mimoscriptif: paramètres en jeu
Par le terme de mimoscriptif, l’on désignera ici une région de l’interscrit aussi vaste que rarement explorée: celle des groupes d'écrits dont il est loisible d’associer au moins l'un aux autres en ce qu’entre eux se noue certain rapport que la tradition, selon une vue juste mais empirique des choses, regarde comme l’imitationdu premier par les seconds, sommairement classés, eux, à la rubrique des « pastiches ».
D’ores et déjà, en sa perspective de l’exhaustion, la textique est à même de baliser le champ avec un vocabulaire technique adéquat, de quatre points de vue: en termes de hiérarchie (c’est-à-dire sous l’angle de leur éventuelle dépendance représentative), les écrits associés, dont la mutuelle indépendance conditionne la distinction, paraissent devoir ressortir à la catégorie dite de l’inter(isopédo)scrit (du grec isopédos: sur le même niveau) ; en termes de structure, puisque ledit rapport articule tel écrit-modèle (ou moduloscrit) à tel autre qui l’imite (ou mimoscrit), l’interscrit en question se précise comme un inter(modulo-mimo)scrit ; en termes de régime (interreprésentatif ou intermétareprésentatif), il connaît deux variétés: l’inter(modulo-mimo)script et l’inter(modulo-mimo)texte ; en termes d’effectuation (selon qu’il est réussi ou défectueux), il se spécifie en inter(modulo-mimo(ortho))scrit ou inter(modulo-mimo(caco))scrit.
Pour restreindre cependant l’analyse au praticable, l’on entend se borner à:
- évoquer le problème des conditions qui déterminent, au plan théorique, la possibilité même de tels objets, à la fois indépendants l’un de l’autre et associés par le rapport mimoscriptif ;
- repérer les niveaux de l’écrit où est susceptible de s’établir un tel rapport (que l’on cernera comme une réplication inter(modulo-mimo)scriptuelle), en s’appuyant notamment, pour les décrire, sur la distinction fondamentale entre les deux principales familles de paramètres (ou paramétries) dont relèvent toutes les sortes d’écrits: d’un côté la paramétrie matérielle, de l’autre les paramétries idéelle et caractéristique.

Philippe JONCHERAY: Problèmes interscriptifs dans les publications scientifiques
Toute publication scientifique est un lieu attendu de l'interscrit. En effet, nul ne peut imaginer qu'un tel écrit ne fasse référence à rien, ne soit lié à aucune théorie scientifique existante, n'existe que pour et par lui-même. Dans cette optique, il est donc loisible d'appliquer à ce type d'écrit les diverses matrices d'exhaustion relatives à l'interscrit.
Alors pourquoi parler de problèmes interscriptifs? Parce qu'une publication scientifique reste malgré tout un écrit spécifique avec un certain code, des formules, des schémas, des photos ce qui en fait un écrit d'une certaine mixité.
Pour faire émerger ces difficultés et afin de s'affranchir de toutes généralités, l'étude d'une publication scientifique récente sera proposée. Sur cet écrit, le statut des formules, la notion de convocation d'une théorie dans un même écrit seront analysés à la lumière de la théorie existante de l'interscrit.

Jean-Claude RAILLON: Zones interscrites
La textique réclame qu’une étude selon ses vues livre un écrit ouvert à deux parcours: soit en régime cursif pour un lecteur ne souhaitant que récolter les leçons de l’analyse, soit en régime technique pour tel autre qui s’intéresse au jeu des concepts mobilisés. Le principe est celui d’une alternance et d’une continuité: distribution croisée des secteurs homogènes dans leur régime mais enchaînement des zones rédigées en langue commune, lesquelles sont à l’initiative de l’exposé. Quels rapports entre ces développements de style distinct, aussi bien autonomes qu’articulés? La question sera posée en référence à la catégorie d’interscrit.

Jean RICARDOU: Exhaustion de l'interscrit
L'on persiste à nommer interscrit, au plus humble, tout ensemble d'écrits distincts quand ils se trouvent associés, et l'on se propose, aux fins d'une intelligibilité globale, d'en ordonner la cohue selon quatre sous-matrices d'exhaustion, dont les situations stipulées se combinent.
+++
La sous-matrice d'exhaustion topographique distribue les écrits concernés à partir de leurs positions respectives. Sous cet angle, l'on distingue la pluralité (tout ensemble d'écrits distincts considérés indépendamment de leurs positions respectives), le recueil (tout commun lieu au sein duquel, selon la convocation, et tout en restant eux-mêmes mobiles, se trouvent enclos certains écrits distincts), le corpus (tout commun lieu au sein duquel se trouvent fixés certains écrits distincts), l'assignat (tout commun lieu au sein duquel se trouvent fixés au moins deux écrits distincts, dont l'un est, partielle ou intégrale, une copie de quelque autre).
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La sous-matrice d'exhaustion hiérarchique distribue les écrits concernés à partir du niveau de leur représentative indépendance. Sous cet angle, l'on distingue, techniquement, l'inter(isopédo)scrit (quand les écrits sont mutuellement indépendants) et l'inter(anisopédo)scrit (quand certains des écrits sont indépendants sans que le soient les autres).
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La sous-matrice d'exhaustion régimale distribue les écrits concernés selon que leur rapport relève des régimes de  l'interreprésentation (l'on parle, techniquement, d'interscript) ou de l'intermétareprésentation (l'on parle techniquement d'intertexte).
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La sous-matrice d'exhaustion effectuative distribue les écrits concernés selon la réussite ou la défectuositté du rapport représentatif ou métareprésentatif noué. Quand il s'agit d'une réussite, l'on diagnostique un inter(ortho)scrit. Quand il s'agit d'une défectuosité, l'on diagnostique un inter(caco)scrit.
+++
Suivant l'hypothèse d'exhaustion, l'on postule, dès lors, que la combinaison de toutes les situations ainsi définies, et approfondies, chacune, avec les concepts adéquats, est capable d'offrir une intégrale distribution ordonnée de l'intercrit, et l'on construit, de lasorte, du moins l'estime-t-on, le loisir d'une réfutation, en permettant, de façon précise, l'éventuelle venue d'un contre-exemple analysé comme tel qui sache faire opposition.



DÉBATS

Débat 1: Benoît PEETERS: Lire la bande dessinée (case, planche, récit) / Jean RICARDOU: L'épreuve par neuf
Ce débat suivra, exceptionnellement, une formule spéciale. Sur la base du livre de Benoît Peeters Lire la bande dessinée (Champs/ Flammarion, 2002), Jean Ricardou proposera neuf courtes interventions orales, entre chacune desquelles s'insèreront des échanges avec l'auteur et auxquels seront également conviés les divers participants du séminaire.

Benoît PEETERS: Lire la bande dessinée (case, planche, récit)
A partir d'exemples variés empruntés à toute l'histoire de la bande dessinée et notamment à Töpffer, McCay, Hergé, Jacobs, Franquin, Fred et Lewis Trondheim, je me suis efforcé dans ces pages de donner quelques clés de compréhension et de lever quelques malentendus.
Les réflexions ici rassemblées sont nées autant de la théorie que de la pratique, puisque j'ai eu la chance d'approcher la bande dessinée de ces deux manières, essayant ainsi d'établir une passerelle entre deux domaines trop souvent séparés.
Mieux comprendre la bande dessinée ouvrira peut-être de nouvelles possibilités créatrices (prière d'insérer du livre).

Jean RICARDOU: L'épreuve par neuf
En prime lieu, on reconnaîtra au livre de Benoît Peeters l'insigne mérite de pouvoir déniaiser diversement les éventuels béotiens. C'est qu'il les met en contact, même si forcément un peu vite, non seulement avec une assez grande variété de productions (tel est, si l'on veut, son intérêt "panoramique"), non seulement avec certaines problématiques dont ils pourraient bien n'avoir guère conçu l'idée (tel est, si l'on veut, son intérêt "théorique"), mais encore avec des cases ou des planches, sur lesquelles ils avaient peut-être, trop rapidement, soit glissé, soit trop vite abandonné (tel est, si l'on veut, son intérêt "analytique").
Puis on engagera le débat selon neuf courtes interventions (chacune suivie d'une discussion). Ainsi la première, par exemple, commencera par le... commencement. Elle examinera le titre du volume lui-même en observant que si, en matière de réflexion, l'usage de la langue ordinaire comporte un avantage (celui d'être sitôt accessible à la plupart), il présente aussi un inconvénient (celui de concevoir l'objet visé à partir de ce que les vocables usuels en déclarent, bref inclinent à penser). Sous cet angle, on fera donc le départ, habituel en textique, entre, d'un côté, la synecdoque de la partie pour le tout (laquelle, de façon légitime, requiert la partie pour évoquer le tout), et, d'un autre côté, l'illusion synecdochique de la partie confondue avec le tout (laquelle, de façon plus scabreuse, s'en vient à occulter le tout en le réduisant à telle de ses parties). Pour lors, une conception théorique et analytique soucieuse d'une rigueur accrue pourrait bien, s'agissant de Lire la bande dessinée, préférer ne dire, ni qu'elle est... dessinée (car, foncièrement, et l'on montrera quoi, il peut s'agir d'autre chose), ni qu'elle est une ... bande (car, foncièrement, et l'on montrera quoi, il peut s'agit d'autre chose), ni qu'il sied seulement de la lire (car, foncièrement, et l'on montrera quoi, il peut s'agir d'autre chose), et, par suite, retenir une conceptualité moins asservie à l'empirisme ordinaire.

Débat 2: Bernardo SCHIAVETTA: Objections (réitérées) à la textique / Jean RICARDOU: Le propre de la textique

Bernardo SCHIAVETTA: Objections (réitérées) à la textique
Les textes, en tant qu'ensembles de signes conventionnels sont entièrement constitués par des codes socialement partagés. Ces codes étant constitutifs du texte, des codes nouveaux ne peuvent y être introduits que par la médiation de contrats sociaux supplémentaires, comme, par exemple, lors de la création des règles explicites d’une forme fixe ou d'une contrainte sui generis.
Or, par diverses surinterprétations, la textique monte en épingle des détails, certes présents dans les textes, mais étrangers aux codes conventionnels. Elle brouille ainsi les frontières entre bruit et information, entre signes purement indiciels et signes conventionnels, voire entre œuvres allographiques et œuvres autographiques (au sens de Goodman). La textique introduit de cette manière, à partir de ces surinterprétations de lecture, comme si c’étaient des réalités, des codes supplémentaires non prévus, non conventionnels et donc illégitimes. Elle prétend ensuite introduire, par des récritures, ces codes dans les textes.
Pour une discipline qui se veut exhaustive, il est particulièrement grave de constater que les surinterprétations textiques impliquent la mise à I’écart d’aspects fondamentaux du texte sur les plans formel, sémantique et esthétique, ce qui m'amène à lui opposer trois objections fondamentales:
- Son parti pris pour une "lecture a la loupe" matérialiste, méconnaît la pragmatique de textes qui ne sont pas écrits à la loupe, c’est-à-dire qui n’ont pas été écrits pour être Ius de la sorte ; autrement dit, en regardant le texte comme objet et non comme discours, la textique méconnaît les règles pragmatiques de sa production et de sa réception ; elle tombe ainsi dans la surinterprétation formelle ;
- De ce premier parti pris il résulte un anti-intentionnalisme radical, qu’elle partage avec d’autres tendances de la critique textuelle (Wimsatt et Beardsley, Barthes, Derrida, etc.) ; or en privilégiant la signification et I’énoncé au détriment du sens et de I’énonciation du texte, elle finit par le méconnaître comme fait de communication ; elle tombe ainsi dans la surinterprétation sémantique ;
- Son parti pris pour la complétude des structures servant à ce qu’elle appelle la "représentation", écarte les esthétiques de I’incomplétude (la modernité iconoclaste, par exemple) ; elle tombe ainsi dans une normativité crypto-classique.
Ces objections me semblent devoir déboucher sur une mise en question de la vocation de la textique : elle devrait se proposer, de manière plus réaliste, non pas comme une analyse de textes qui n’ont pas été écrits selon ses normes, mais comme une découverte de possibilités textuelles, et comme une technique normative d’écriture et de lecture, seulement valable, en définitive, pour les textes produits selon ses propres normes de production et de réception.



CONTACTS

Jany BERRETTI: Interscrit et interreconscription
D'abord, l'on acceptera, à titre d'hypothèse, deux démarches textiques. D'une part, la définition de l'interscrit admis comme "la prise ensemble d'au moins deux écrits distincts". D'autre part, l'acte de l'interreconscription, c'est-à-dire, une "circonscription" étant "l'acte qui détermine dans l'écrit tel secteur, quelconque ou non, sur lequel, et hors le reste, s'applique une analyse", l'élargissement du secteur obtenu quand se trouve impliqué un autre écrit. Puis, regardant de plus près certaines lisières que peut faire apparaître le rapprochement entre les deux démarches, l'on se demandera s'il n'existerait pas certaines questions sous-jacentes.

Pascale HELLEGOUARC'H: Réflexions connexes sur l'interscrit
Dans la définition de l'interscrit donné comme "tout ensemble formé par au moins deux écrits absolument ou relativement distincts dès lors qu'ils se trouvent associés", le terme associés éveille la curiosité et suscite nombre de questions, en particulier dans le cas d'un écrit qui pousse la malice jusqu'à reprendre, par l'intermédiaire de la couverture notamment pour un ouvrage, l'aspect physique d'un autre écrit, et affirmer ainsi d'emblée cette relation sous la forme la plus matérielle qui soit. Comment se structure cette impression de similitude alors que l'imitation n'est pas une copie? Comment se met en place le processus de mystification et de démystification? Comment l'imitation joue avec — ou se joue de — la représentation?



ATELIER D'ÉCRITURE

Les règles du BESTIAIRE
Le travail quotidien en Atelier d'écriture se fera en deux phases sur la base d'un programme, lié à de précises considérations théoriques, mais qu'il est possible d'honorer d'une façon toute naïve, en suivant simplement, au mieux, les neuf prescriptions que voici:

Première règle:
Chaque écrit, destiné à un perfectionnement collectif, et pouvant ultérieurement faire partie d'un corpus intitulé BESTIAIRE, sera établi de façon individuelle sous les relatives apparences d'un article encyclopédique ayant pour thème un animal fantastique.
Deuxième règle:
Il débutera par le nom de l'animal, précédé d'un article défini, et se terminera par une mise en rapport de cet être avec un autre dont le nom, formant le dernier mot de l'ultime ligne, et l'article qui le précède seront mentionnés avec des points de suspension (en principe, dans le corpus, cette zone recevra le titre de l'écrit suivant).
Troisième règle: Il adoptera, en guise de titre, le nom de l'animal, exclusivement composé avec le plus grand nombre possible des lettres du mot BESTIAIRE.
Quatrième règle: Il choisira, pour ce nom, une combinaison de ces lettres capable de fournir approximativement un certain sens.
Cinquième règle:
Il déterminera, à partir du sens ainsi produit, certains caractères majeurs de l'animal.
Sixième règle:
Il se composera d'une série de neuf lignes, toutes faites de neuf mots.
Septième règle:
Il manifestera au moins une fois, en les comportant à des places respectives notables, les lettres du mot de base, BESTIAIRE.
Huitième règle:
Il présentera, si possible, au moins une mention capable d'assurer une désignation de certains des aspects matériels du mot de base, BESTIAIRE.
Neuvième règle:
Il offrira, si possible, au moins une mention capable d'évoquer certain de ses propres aspects matériels hors ceux qu'il partage avec le mot de base, BESTIAIRE.

La première phase sera consacrée, sur plusieurs séances, à la lecture et à la récriture collectives, selon une méthode stricte, d'un des écrits qu'auront composé, dans cette optique, au préalable, certains participants.
La deuxième phase, au fil des séances suivantes, et en vue de pratiquer et de théoriser, s'agissant de l'interscrit, une variante paradoxale (dite l'inter(arthro)scrit), sera vouée à un ré-examen et à un accroissement de l'articulation pouvant réunir deux écrits composés dans les années quatre-vingt: L'eresit et L'esare

ERESIT

l'érésit est une
Bête altière aux ailes ligneuses;
bistre, sa couleur l'
Exige au loin du tibre;
comme elle développe une
Scripturale stratégie, ses rites hérétiques
sont hypocritement réticulaires: elle
Torture les êtres par son
Bord Et Ses Textiles
Intersections. Avec Insistance, Rigueur, Elle
étire, de ses plumes
Acérées, en partant de la
gauche, neuf parallèles, qu'
Inévitablement recoupent, à angle droit,
de belles stries formant
Résille; souvent s'y abrite,
en bas, triste, capture
Extrême, autre bizarrerie, l... ...

(d'après E.H.)


ESARE

L'ésare type ressemble fort, apparemment, au risible "Tab"
Et le même air de bêtise semble leur caractéristique.
Symétrique partout, ne subsiste cependant qu'une des ailes.
A part cela le subtil volatile est vraiment parfait.
Rapport aux mœurs, il est bien le meilleur ami
Envisageable pour le très beau Satyre dont il sera
Toujours (bonheur des antithèses) un faire-valoir merveilleusement décati.
Inconvénient: il veut toujours, mais sans succès, vous imiter.
Bicolores, comme nonnes en messe, ils évoquent (l... ..e).

(d'après M.A.)


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