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DU SAMEDI 1er AOÛT (19 H) AU MARDI 11 AOÛT (14 H) 2009



TEXTIQUE : COMMENT ÉCRIRE (LA THÉORIE) - 2


DIRECTION : Jean RICARDOU

ARGUMENT :

La textique? Une discipline nouvelle, inaugurée en 1985 au Collège International de Philosophie de Paris, visant à établir une théorie unifiée des structures de l’écrit, classique et moderne, dans ses divers modes (respectivement dits schémique, grammique, iconique, symbolique).

Ses avantages? Pour la théorie: une coordination conceptuelle de mécanismes jadis et naguère plus ou moins bien pensés, une reformulation critique de certaines notions trop admises, ainsi qu’une réévaluation concertée de phénomènes négligés, voire méconnus, et une classification réfléchie de toutes les erreurs possibles. Pour la pratique: sur la base de la cardinale notion de lieu scriptuel, une analyse inédite, attentive, notamment, aux prétendues broutilles, ainsi que la possibilité de programmes et métaprogrammes d’écriture raisonnés permettant la correction et la récriture à plusieurs. En général: une clarté et une rigueur neuves, dans l'ordre de l’écriture et des concepts, quant à l'invention et à l'enseignement.

Sa méthode? Explorer par niveaux l'ensemble des structures loisibles, leurs problèmes et leurs effets, selon des matrices exhaustives à stipulation croissante, réfutables à mesure, le cas échéant, par tout contre-exemple analysé comme tel.

Le thème? L'on approfondira, au fil de ce vingt-et-unième séminaire, la question de savoir si la déméconnaissance qu’obtient la textique quant aux structures de l’écrit soumet à de nouvelles exigences et lesquelles les façons d’écrire la théorie.

Le travail?
Sur la base des documents expédiés environ un mois à l’avance, l’on discutera toutes questions à tous égards soulevées.

Les participants?
Celles et ceux que le champ ainsi balisé et le travail du coup permis intéressent, et qui, sachant qu’une portion du séminaire sera consacrée à une initiation d’ensemble et à une information quant aux concepts majeurs, désirent venir à titre de participants actifs ou d'auditeurs curieux, mais, aussi, outre les texticiens résolus, certains chercheurs qui, sans s’inféoder le moins du monde à la textique, souhaitent néanmoins prendre ou reprendre contact en présentant, sur invitation, à titre de compagnonnage, soit des objections, soit des travaux.

Les séances? En guise d’initiation ou de révision, un retour, pendant plusieurs séances, certaines étant des "mises à jour", sur la méthode et les enjeux. Puis le traitement des questions annoncées. Et non moins, chaque fin d’après-midi, en vue d’unir, ainsi qu'il sied, la théorie et la pratique, un atelier d’écriture à partir d’un programme élémentaire.

L'inscription? Il est souhaitable de l'accomplir au plus tôt, pour bénéficier du précoce envoi des écrits préparatoires.

CALENDRIER DÉFINITIF  :

Samedi 1er août
Après-midi:
ACCUEIL DES PARTICIPANTS

Soirée:
Présentation du Centre, du séminaire et des participants


Dimanche 2 août
Matin:
Gilles TRONCHET: Un aperçu de la textique (Initiation)

Après-midi:
Gilles TRONCHET: Un aperçu de la textique (Initiation)


Lundi 3 août
Matin:
Jean RICARDOU: Unification fondamentale (Initiation)

Après-midi:
Jean RICARDOU: Unification fondamentale (Initiation)


Mardi 4 août
Matin:
Amandine CYPRES: Constitution d'un phénomène (Prospection)

Après-midi:
Amandine CYPRES: Constitution d'un phénomène (Prospection)


Mercredi 5 août
Matin:
Jean-Christophe TOURNIÈRE: Bizonage (Prospection)

Après-midi:
Jean-Christophe TOURNIÈRE: Bizonage (Prospection)


Jeudi 6 août
Matin:
Jean-Claude RAILLON: Palinodies (Prospection)

Après-midi:
Jean-Claude RAILLON: Palinodies (Prospection)


Vendredi 7 août
Matin:
Jean RICARDOU: Le technicoscrit transparallélique (Prospection)

Après-midi:
Jean RICARDOU: Le technicoscrit transparallélique (Prospection)


Samedi 8 août
Matin:
Myriam LABADIE: "Néo(lexémo)logisme" et matrices conceptuelles (Prospection)

Après-midi:
Myriam LABADIE: "Néo(lexémo)logisme" et matrices conceptuelles (Prospection)


Dimanche 9 août
Matin:
Johanna GOSSART: Problème(s) de vis-à-vis (Prospection)

Après-midi:
Sandra K. SIMMONS: La théorie mise en marche autour de la page (Prospection)


Lundi 10 août
Matin:
Gilles TRONCHET: A l'école d'un écrit théorique: réflexion sur les modalités de sa lecture (Prospection)

Après-midi:
Gilles TRONCHET: A l'école d'un écrit théorique: réflexion sur les modalités de sa lecture (Prospection)


Mardi 11 août
Matin:
Perspectives

Après-midi:
DÉPART DES PARTICIPANTS

EXPOSITION : Myriam LABADIE: Imajustages 09

ATELIER D'ECRITURE (chaque fin d'après-midi) : BESTIAIRE ENNÉALOGUE

RÉSUMÉS :

INITIATION

Sitôt, d'une part, que la textique vise à établir une théorie unifiée des structures de l'écrit dans ses divers modes (schémique, grammique, iconique, symbolique), ce qui la voue à une exhaustivité contrôlée sur un domaine immense, et sitôt, d'autre part, que ses premiers efforts, comme tels, datent du milieu des années quatre-vingt, nul doute qu'à l'orée du prochain séminaire, comme pour les années précédentes, se posent deux problèmes.

Celui de l'initiation, qui concerne les participants nouveaux qu'une curiosité intellectuelle aura porté à venir pour la première fois, car il est nécessaire, pour bien saisir la pensée textique, voire pour y concourir, d'être mis en possession, aussi soigneusement que possible, de la méthode et des enjeux.

Celui de la révision, qui concerne les participants habitués, voire chevronnés, car il est opportun, avant ces journées de réflexion intensive, de se remettre en tête, soigneusement, les grandes lignes du travail.

Cette initiation et cette révision se feront en trois phases à partir, notamment, des fascicules remis à jour pour 2009: Un aperçu de la textique par Gilles Tronchet, et Unification fondamentale de l'écrit par Jean Ricardou.

La première phase relève de la préparation: les deux fascicules étant expédiés, avec d'autres écrits, dans le courant de juin, les participants auront tout le loisir qu'ils s'accorderont pour en prendre connaissance à leur guise.

La deuxième phase ressortit à la discussion: les deux premières journées du séminaire étant réservées à de libres échanges oraux sur ces deux fascicules, les participants auront tout le loisir permis par les séances pour solliciter les éclaircissements éventuellement nécessaires, voire pour énoncer, très librement, d'éventuelles premières objections.

La troisième phase sollicite des révisions: en prélude à la séance de certaines des après-midi, une heure sera réservée, sous la responsabilité de Daniel Bilous, à une révision systématique des concepts majeurs (JR).

Jean RICARDOU: Unification fondamentale (évolution 2009)

Si la textique peut envisager, d'emblée, une exhaustion des structures de l'écrit quel soit-il, c'est qu'elle procède par niveaux, du plus général au très particulier, en offrant, pour chacun d'eux, une matrice d'établissement sans reste. Ce sont alors deux choses distinctes qui deviennent possibles. La première, c'est, à tel niveau déterminé, de ne point laisser la moindre zone d'ombre. La deuxième, puisqu'il suffit pour objecter de montrer qu'une occurrence concevable n'est pas incluse dans les matrices, c'est de programmer, à chaque niveau, le loisir d'une réfutation éventuelle.

Quant aux deux plus générales matrices d'exhaustion textique, avec leurs divers concepts associés: la matrice modale et la matrice structurale, elles sont présentées, entre autres choses, par le fascicule Unification fondamentale.

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La matrice modale est d'allure arborescente.

D'abord un tronc commun, les schèmes, entendus, au plus général, comme "les zones déterminées, par au moins un différentiel, dans le champ qu'il implique".

Puis une première ramification, avec, d'une part, les grammes, ou "schèmes capables de représenter en ce que diversement liables aux sons d'au moins une langue selon certaines suites déterminées, ils permettent, par le relais d'une accréditation reçue, que s'ajoute, pour un récepteur donné, une autre idée à celles que l'on peut se faire d'eux-mêmes", et, d'autre part, les icônes ou "schèmes capables de représenter en ce que, sans devoir être liés aux sons d'une langue, ils comportent, pour un récepteur envisagé, au moins un caractère déterminant de tel objet, ou type d'objet, concret ou abstrait, réel ou fictif, vu sous quelque angle, et dont l'idée, ainsi, s'ajoute à celle que l'on peut se faire d'eux-mêmes".

Enfin, une deuxième ramification, avec les symboles ou "schèmes capables de représenter en ce qu'ils permettent, par le relais d'au moins une accréditation, reçue ou convenue,  que s'ajoute, pour un récepteur envisagé, une autre idée à celles que l'on peut se faire d'eux-mêmes", et qui, selon la base (schémique, grammique, iconique) sur laquelle ils s'appuient, forment trois types (les schémosymboles, les grammosymboles, les iconosymboles).

L'hypothèse de l'exhaustion des modes présume lors qu'un écrit, quel soit-il, ne saurait jamais comporter d'autres modes que le schémoscrit (l'écrit là où il est fait de schèmes stricts), le grammoscrit (l'écrit là où il est fait de grammes), l'iconoscrit (l'écrit là où il est fait d'icônes) et, sous ses trois variétés (le symbolo(schémo)scrit, le symbolo(grammo)scrit, le symbolo(icono)scrit), le symboloscrit.

+++

La matrice structurale restreinte, ici, à sa seule portion représentative est d'allure tabulaire.

Elle porte un couple principal flanqué d'un couple associé.

Le couple principal est formé de l'orthoreprésentation, déclarée advenue "chaque fois que des schèmes permettent correctement que s'ajoute, pour un récepteur donné, une autre idée à celles que l'on peut se faire d'eux-mêmes, si celle-ci semble convenir à tel ou tel objet réel ou fictif, concret ou abstrait", et de l'orthométareprésentation, déclarée advenue "chaque fois que, de manière organique, transparaissent, au-delà du régime représentatif, les "moyens", matériels notamment, qu'en son ordinaire fonctionnement l'orthoreprésentation à la fois requiert et estompe".

Le couple associé est formé de l'anorthoreprésentation, déclarée advenue "chaque fois qu'un effet d'orthoreprésentation se trouve engagé et entravé", et de l'anorthométareprésentation "chaque fois qu'un effet d'orthométareprésentation se trouve engagé et entravé".

+++

L'hypothèse de l'exhaustion structurale (représentative) présume lors que l'écrit représentatif ne se présente jamais sous d'autres structures que celles de l'écrit orthoreprésentatif (ou orthoscript), de l'écrit anorthoreprésentatif (ou anorthoscript), de l'écrit orthométareprésentatif (ou orthotexte), de l'écrit anorthométareprésentatif (ou anorthotexte).

C'est à une explicitation de ces catégories que procède le fascicule Unification fondamentale de  l'écrit, et c'est à une élucidation de tous les écrits, quels soient-ils, et dans leurs moindres aspects, que, à partir des concepts plus pointus qu'impliquent ces deux matrices (la matrice modale et la matrice structurale) la textique a pour mission de procéder.

Gilles TRONCHET: Un aperçu de la textique (version 2009)

Proposant une simple présentation de la textique, ce fascicule est réactualisé chaque année, de façon à prendre en compte les acquis récents de la discipline ainsi que les remarques ou objections faites par les participants au séminaire antérieur. Il a une double visée: d'abord, fournir un historique succinct, pour montrer dans quelles conditions et selon quelles étapes la textique est apparue et s'est constituée en une discipline nouvelle ; puis, offrir un exposé des principaux concepts et outils d'analyse élaborés jusqu'à présent.

Tout d'abord, comme la textique s'efforce d'établir une théorie unifiée de l'écrit, il est indispensable d'expliquer la très large portée qu'elle donne à son objet, puis de préciser comment il trouve à se spécifier selon différents modes, permettant d'envisager, notamment, les particularités des caractères alphabétiques, des images et des symboles.

Ensuite, est retenu un domaine plus restreint et sans nul doute familier à tout lecteur, l'écrit représentatif relevant du mode grammique: cela correspond, quitte à simplifier un peu, aux écrits basés sur des séries de lettres, associables aux sonorités d'une langue et susceptibles, par équivalence avec d'autres séries, de faire surgir certaines idées (ainsi lorsqu'un terme s'échange avec sa définition). Il s'agit d'inventorier et d'expliciter les grandes catégories capables d'appréhender exhaustivement les structures possibles dans un écrit grammique: la textique prétend y parvenir, en l'attente d'une éventuelle démonstration contraire, susceptible de relancer la recherche.

Enfin, il a semblé utile de signaler quelques-uns des instruments analytiques servant à explorer en détail les dispositifs repérables dans un écrit représentatif, sachant que l'un des acquis majeurs de la textique consiste à distinguer, par rapport aux structures qui sont au service de la représentation, celles qui outrepassent un tel régime, en imposant leurs contraintes propres à la représentation, alors forcée de s'adapter. C'est le cas par exemple avec les rimes classiques, mais aussi avec beaucoup d'autres agencements irréductibles à la logique représentative, qui relèvent dès lors d'un régime métareprésentatif.

On admettra toutefois qu'un simple aperçu ne saurait dispenser à propos de la textique davantage qu'une information initiale: une approche théorique plus fouillée, débouchant sur une pratique effective de la discipline, exige de bien plus amples développements.



PROSPECTION

Amandine CYPRES: Constitution d'un phénomène

Situé à la base de la théorie textique, le phénomène est défini, au début du fascicule Unification fondamentale, comme suit : "L'on appellera phénomène, ici, tout fragment de ce qui apparaît à la conscience d'au moins quelques-uns".

La contribution annoncée se proposera d'étudier, en deux temps, les conditions d'apparition du phénomène.

Dans un premier temps, on l'observera à travers un exemple concret (la lecture textique d'un écrit).

Dans un second temps, l'on tentera de dégager de cet exemple divers éléments constitutifs du phénomène ainsi que les questions que pose ce concept en textique, parmi lesquelles celles de sa relativité intrinsèque, de sa possible transformation au fil du temps ou encore de la pertinence ou non d'un nombre minimal de consciences à prendre en compte.

Johanna GOSSART: Problème(s) de vis-à-vis

On peut envisager qu’un écrit théorique, tel qu’il est d’ordinaire mis en ordre, se développe sur des feuillets successifs qui en interrompent la continuité et rendent celle-ci, dès lors, virtuelle.

Chaque feuillet (A) offre, de part et d’autre de ces deux faces, une surface d’éploiement paginale, indiquée, ci-dessous, par du gris (dans l’illustration 1), que borde une marge, indiquée par du blanc, préalablement réglée:



verso (A)        recto (A)

(Illustration 1)

La marge constitue le problème initial.

Chaque surface d’éploiement paginale est le lieu d’un agencement complexe des subdivisions de l’écrit, que l’on peut nommer zones d’éploiement (telles que, et pour reprendre la terminologie textique, les zones coutumières, indiquées, ci-dessous, par du jaune, les zones technoscriptives, indiquées par du bleu, les zones intitulatives, indiquées par du rouge, et les zones de bas de page, indiquées par du noir), dont les deux premières sont susceptibles d’être rompues par la contrainte que constitue la surface paginale et dont il faudra, pour chacune, spécifier les différences:



(Illustration 2)

La surface d’éploiement paginale et les diverses zones dont elle autorise la venue constituent le problème second.

On peut admettre aussi, d’une part, qu’un écrit théorique intervienne sur le verso et le recto de deux feuillets successifs, réalisant ainsi ce que l’on nomme une double page, et, d’autre part, que les deux surfaces d’éploiement paginales alors mises en jeu entretiennent une relation de "vis-à-vis":



verso (A)          recto (B)

(Illustration 3)

La relation de "vis-à-vis" qu’entretiennent, non seulement, les deux surfaces d’éploiement paginale, mais davantage peut-être, les zones d’éploiement constitue le problème dernier.

Myriam LABADIE: "Néo(lexémo)logisme" et matrices conceptuelles

Nul ne peut concevoir que selon la textique
Et ses principes nets concernant les vocables,
On puisse s’accorder, penchant hellénistique,
La gratuite invention de mots indésirables.
En effet la venue d’un morphonyme étrange,
Xéno- diraient les grecs, répond à maints préceptes,
Et se corrèle à d’autres avec quoi il s’échange,
Matriçant de façon exhaustive un concept.
Or il est étonnant de ne voir, au Promptuaire,
Le schéma constructeur pourtant systématique,
Oubliant son dessein tout paradigmatique,
Guère peser, d’abord, sur un mot exemplaire :
Il faudrait que le "Néo(lexémo)logisme"
S’y trouve organisé de semblable manière,
Mais les règles qu’il dicte, il paraît s’y soustraire...
En somme, l’énonçant, il rompt le mécanisme !

*

Mais, las ! ce n’est pas tout, car ces vocables frais
A base de mots grecs, ou latins, ou gaulois,
Très peu soucieux, parfois, des matricielles lois
Rallongent nos écrits souvent à moindre frais.
Il n’était pas utile, en notre cercle, avant —
Ce n’est que depuis peu que l’on traduit l’inepte —
En ouvrant un dico, de paraître savant,
Si l’on combinait bien les précédents concepts.

C’est du "cyanochromatisme", en voulez-vous ?
Ou c’est du "quadripilectomique", en voilà.
Nonobstant le pédant, la textique se voue,
C’est un aspect majeur, à dresser une liste
Etroite d’étymons qu’Hélène dévoila,
Pour un lexique au fonds, certes, minimaliste,
Toutefois des concepts opérant au-delà.
Unification fondamentale ! Oh, rappelle
En ton titre, effectif,  le principe inspirant,
La muse théorique adverse au mêle-pêle,
Le contrat d’unité dont on se doit garant :
En quoi la théorie "unitaire" l’est-elle,
Si l’on prend l’orphelin... sans chercher ses parents ?

Jean-Claude RAILLON: Palinodies

L’on nomme palinodie en textique un basculement structural : ainsi lorsque tel dispositif d’apparence stable révèle à l’analyse des aspects changeants, certains inattendus. La présente contribution envisage d’examiner le phénomène à partir d’une réflexion:



que le dessinateur Philippe Geluck attribue à son personnage, le Chat. Elle s’efforcera aussi bien de respecter le protocole textique des écrits bizonés, lequel recommande d’alterner au fil de l’étude, d’une part, les observations rédigées dans le langage technique de la discipline et d’autre part, les développements en style ordinaire.

Jean RICARDOU: Le technicoscrit transparallélique

Cette contribution, affinant celle de l'année dernière, s'efforcera, notamment, aux quatre gestes que voici :

- premièrement, interroger les problèmes, peut-être inaperçus, que pose la notion de parallélisme (telle qu'elle est définie ordinairement et telle qu'elle est désignée couramment) ;

- deuxièmement, approfondir le rôle du spécial couple relationnel concernant la forme et la position, dans ce qui sera nommé le transparallélisme ;

- troisièmement, saisir les diverses propriétés de ce rôle selon qu'il s'applique, d'une part, selon la transparence, aux effets représentatifs, et, d'autre part, que ceux-ci soient matériels ou idéels, selon la transparition, aux "moyens" représentatifs ;

- quatrièmement, faire saillir, en leur opposition, la paradoxale stratégie de l'écrit à effets représentatifs dominants et la paradoxale stratégie de ce qui sera nommé l'écrit à effets représentatifs surdominants.

Sandra K. SIMMONS: La théorie mise en marche autour de la page

Construire des objets, les Margelles, en liaison avec la textique, permet, sous les espèces d’un dialogue précis, un échange fructueux entre la pratique et la théorie. En effet il se peut que le développement de l’objet mette en jeu de multiples paramètres qui pourront bénéficier d’une analyse approfondie. Le point de départ sera donc un principe à explorer avec l’espoir d’une meilleure connaissance des objets possibles selon une problématisation logique.

Si, au cours de ces analyses, certaines difficultés apparaissent, des anorthologies selon la textique, l’objet, en vue d’une moindre incohérence, devra recevoir, si les structures s’y prêtent, divers raffinements. Mais il est possible, non moins, que l’objet propose de nouvelles situations dont la théorie, promise ainsi à un nouveau développement, aura à construire l’intelligibilité.

Jean-Christophe TOURNIÈRE: Bizonage

La présente contribution vouera une attention à ce que, en textique, l’on nomme écrit bizonal, à savoir tout écrit alternativement scindé, les unes étant dites coutumières (avec leurs vocables courants) et les autres techniques (avec leurs vocables nouveaux), en deux types de régions.

L’on reviendra, avec l’espoir d’en approfondir, même un brin, l’étude, sur certaines des quatre suivantes questions relatives à la bizonalité:

- la première, extrinsèque mais qui a son importance, concerne sa présentation;

- la deuxième concerne la zonalité coutumière envisagée seule;

- la troisième concerne la zonalité technique envisagée seule;

- la quatrième concerne le rapport de ces deux zonalités.

Gilles TRONCHET: A l'école d'un écrit théorique: réflexion sur les modalités de sa lecture

Dans un écrit théorique, les analyses et leurs enchaînements sont voués à rendre compte d'un ensemble de phénomènes, avec un maximum de précision et de rigueur. Corrélativement, l'exposé se doit d'être aussi clair et abordable que possible, de manière à faciliter l'accès à sa démarche et à l'intellection de ses résultats. C'est pourquoi dans un tel écrit s'établissent des structures spécifiques, obéissant à des règles d'agencement, suivies de manière conséquente. De la sorte, le raisonnement se déploie en intégrant diverses contraintes matérielles qui déterminent un dispositif aux aspects récurrents.

Ces caractéristiques fournissent à la lecture des pistes pour se repérer dans le cours de chaque développement, comme pour appréhender les articulations entre les divers concepts, grâce au jeu cohérent desquels s'instaure la théorie. En outre, la découverte à mesure d'une présentation méthodique favorise l'accès à  une capacité de réflexion accrue. Davantage, en manifestant les principes qui l'organisent, l'écrit promeut une intellection de ses propres fonctionnements.

Cependant, la mise en œuvre par l'écriture de protocoles adéquats n'élimine pas tous les obstacles susceptibles d'entraver la compréhension: la lecture se heurte à des problèmes intrinsèques, liés à la complexité des objets étudiés comme à la minutie des analyses ; elle rencontre aussi des difficultés extrinsèques, liées au manque de maîtrise dans le maniement des données abstraites comme à l'ignorance, pour les novices, des corrélations entre les diverses composantes du domaine étudié.

Il s'agira de réfléchir aux modalités d'approche que peut suivre la lecture face aux problèmes qu'elle rencontre et d'envisager comment un écrit théorique est susceptible d'en faciliter certaines. Prolongeant la contribution présentée au 20ème Séminaire de Textique, en 2008, le travail se concentrera sur l'examen d'un exemple, le fascicule de Jean Ricardou, "Unification Fondamentale" (évolution 2009). Ce choix découle de trois motifs: d'abord, le document, qui expose dans ses grandes lignes la théorie de l'écrit, montre un ferme souci de concrétiser dans son élaboration les acquis de la textique ; ensuite, résultant de récritures assidues au fil des années, il comporte un haut degré de cohérence et de minutie, propices à l'observation de ses mécanismes ; enfin, par la rigueur même de ses agencements, il semble capable de faire surgir les écueils auxquels la lecture est confrontée.



EXPOSITION

Myriam LABADIE: Imajustages 09

Inspirés des "remplissages périodiques du plan" de Mauritz Cornelius Escher et transposant à l'acrylique la technique du glacis (succession de couches très peu pigmentées), les imajustages de Myriam Labadie répondent à un programme d’exécution sous contraintes.

La principale de ces contraintes, appelée contrainte “d’ajustage”, nécessite que chaque figure soit représentée entière sous un certain angle, sans cacher aucune autre, et de telle sorte que l'espace investi soit totalement couvert.

Or, contestant plus que miette l'habituel rapport fond/forme, telle règle peut amener certains raffinements additionnels, suivant la représentation d'un volume d'ensemble (pour lors appelé imacintrage) ou selon la "superposition" d'une figure d'emblème (alors nommée imajoutage).



Pour une meilleure intellection des structures en jeu, retrouvez la présentation théorique réalisée par Jean Ricardou sur le site: http://labadie.myriam.neuf.fr/



RÉVISION

Daniel BILOUS: Concepts majeurs

Au cours des séances prévues, l'on abordera, avec le souci de les faire bien saisir, et choisis dans le massif théorique Intelligibilité structurale de l'écrit, Évolution 2009, les concepts suivants.

Première séance: La textique - Ecrit (schème, comparution)

Textique: discipline animée d'un double souci: d'une part, celui de concourir à une théorie unifiée des structures de l'écrit, quel soit-il, sous ses divers aspects; d'autre part, celui d'établir, conjointement, une théorie unifiée de l'activité d'écriture, quelle soit-elle, sous ses divers aspects (ISE (09), UF-4.1).

Ecrit: ensemble des composants d'un champ rendu sensible au moins par un effet différentiel (ISE (09), UF-4.5).

Schèmes: zones différenciées qui comparaissent dans le champ qu'elles impliquent (ISE (09), UF-6.3).

Comparution: opération universelle par laquelle, selon la schémisation, un effet différentiel impliquant un champ y fait advenir toujours, sur sa totalité, au moins deux schèmes (ISE (09), UF-6.10).

Deuxième séance: Modes (strictoschémique, grammique, iconique, symbolique)

Strictoschèmes: schèmes qui ne produisent pas un effet représentatif (ISE (09), UF-6.7).

Mode schémique: manière d'être d'un écrit quand il est fait de strictoschèmes (ISE (09), UF-6.9).

Grammes: schèmes permettant de produire un effet représentatif en ce que, diversement liables, par le relais d'une spéciale association reçue, aux sons d'au moins une langue selon certaines suites déterminées, ils contribuent à permettre que s'ajoute, pour un récepteur envisagé, au moins une autre idée à celles qu'on peut se faire d'eux-mêmes (ISE (09), UF-7.5).

Mode grammique: manière d'être d'un écrit quand il est fait de grammes (ISE (09), UF-7.9).

Icônes: schèmes permettant de produire un effet représentatif en ce que, sans devoir être liés aux sons d'une langue, ils comportent, pour un récepteur envisagé, au moins un caractère déterminant de tel objet ou type d'objet distinct, concret ou abstrait, réel ou fictif, vu sous un certain angle, dit objet concerné, et dont l'idée, ainsi, s'ajoute à celles que l'on peut se faire d'eux-mêmes (ISE (09), UF-7.11).

Mode iconique: manière d'être d'un écrit quand il est fait d'icônes (ISE (09), UF-7.15).

Symboles: schèmes permettant de produire un effet représentatif en ce qu'ils rendent possible que s'ajoute, pour un récepteur envisagé, directement ou indirectement, par le relais au moins d'une spéciale association, reçue ou convenue, au moins une autre idée à celles que l'on peut se faire d'eux-mêmes (ISE (09), UF-7.17).
Mode symbolique: manière d'être d'un écrit quand il est fait de symboles (ISE (09), UF-7.21).

Troisième séance: Structures (morphismes, chorismes) - Régimes (représentation, métareprésentation)

Structure: relation ou famille de relations permettant une cohérence de certains éléments, laquelle se trouve liée, ainsi, à une opérativité capable de certains effets (ISE (09), UF-5.1).

Paramètre: aspect de l'écrit susceptible d'une détection et d'une structuration (ISE (09), UF-35.2).
- paramètre phanique: apparence d'un schème sous ses divers aspects
- hypoparamètre morphophanique: bordement d'un schème
- paramètre chorique: situation d'un schème sous ses divers aspects

Orthoreprésentation: opération par laquelle des schèmes permettent correctement que s'ajoute, pour un récepteur envisagé, au moins une autre idée à celles qu'on peut se faire d'eux-mêmes (ISE (09), UF-8.5).

Ortho(méta)représentation: opération par laquelle un écrit porte à tendanciellement transparaître, organiquement, de façon directe ou indirecte, au-delà de l'ortho(baso)représentation, les "moyens", matériels notamment, qu'en son ordinaire procès celle-ci à la fois requiert et, en son conjoint effet occultatif, estompe (ISE (09), UF-12.5).

Quatrième séance: Effectuation (orthostructure, anorthostructure) - Pratique (Ecriture, récriture)

Effectuations structurales: divers accomplissements par lesquels s'obtient une structure (ISE (09), UF-5.36).

Orthostructure: structure censée correcte en sa logique (ISE (09), UF-5.39).

Anorthostructure: structure censée incorrecte en sa logique (ISE (09), UF-5.40).

Ecriture: enchaînement des opérations qui concourent à la venue d'un écrit dans ses diverses structures (ISE (09), UF-4.22).

Récriture: enchaînement des opérations qui concourent, à partir d'un écrit, à la venue d'un nouvel autre écrit dans ses diverses structures.



ATELIER D'ÉCRITURE

Les règles du BESTIAIRE

Le travail quotidien en Atelier d'écriture se fera en deux phases sur la base d'un programme, lié à de précises considérations théoriques, mais qu'il est possible d'honorer d'une façon toute naïve, en suivant simplement, au mieux, les neuf prescriptions que voici :

Première règle: Chaque écrit, destiné à un perfectionnement collectif, et pouvant ultérieurement faire partie d'un corpus intitulé BESTIAIRE, sera établi de façon individuelle sous les relatives apparences d'un article encyclopédique ayant pour thème un animal fantastique.

Deuxième règle: Il débutera par le nom de l'animal, précédé d'un article défini, et se terminera par une mise en rapport de cet être avec un autre dont le nom, formant le dernier mot de l'ultime ligne, et l'article qui le précède seront mentionnés avec des points de suspension (en principe, dans le corpus, cette zone recevra le titre de l'écrit suivant).

Troisième règle: Il adoptera, en guise de titre, le nom de l'animal, exclusivement composé avec le plus grand nombre possible des lettres du mot BESTIAIRE.

Quatrième règle: Il choisira, pour ce nom, une combinaison de ces lettres capable de fournir approximativement un certain sens.

Cinquième règle: Il déterminera, à partir du sens ainsi produit, certains caractères majeurs de l'animal.

Sixième règle: Il se composera d'une série de neuf lignes, toutes faites de neuf mots.

Septième règle: Il manifestera au moins une fois, en les comportant à des places respectives notables, les lettres du mot de base, BESTIAIRE.

Huitième règle: Il présentera, si possible, au moins une mention capable d'assurer une désignation de certains des aspects matériels du mot de base, BESTIAIRE.

Neuvième règle: Il offrira, si possible, au moins une mention capable d'évoquer certain de ses propres aspects matériels hors ceux qu'il partage avec le mot de base, BESTIAIRE.

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La première phase sera consacrée, sur plusieurs séances, à la lecture et à la récriture collectives, selon une méthode stricte, d'un des écrits qu'auront composé, dans cette optique, au préalable, certains participants.

La deuxième phase, au fil des séances suivantes, et en vue de pratiquer et de théoriser, s'agissant de l'interscrit, une variante paradoxale (dite l'inter(arthro)scrit), sera vouée à un ré-examen et à un accroissement de l'articulation pouvant réunir deux écrits, assez anciens, composés dans les années quatre-vingt: L'eresit et L'esare.


l'ERESIT
 
l'érésit est une
Bête altière aux ailes ligneuses;
bistre, sa couleur l'
Exige au loin du tibre;
comme elle développe une
Scripturale stratégie, ses rites hérétiques
sont hypocritement réticulaires: elle
Torture les êtres par son 
Bord Et Ses Textiles
Intersections. Avec Insistance, Rigueur, Elle
étire, de ses plumes
Acérées, en partant de la
gauche, neuf parallèles, qu'
Inévitablement recoupent, à angle droit,
de belles stries formant
Résille; souvent s'y abrite,
en bas, triste, capture
Extrême, autre bizarrerie, l... ...

(d'après E.H.)


l'ESARE

L'ésare type ressemble fort, apparemment, au risible Tab
Et le même air de bêtise semble leur caractéristique.
Symétrique partout, ne subsiste cependant qu'une des ailes.
A part cela le subtil volatile est vraiment parfait.
Rapport aux mœurs, il est bien le meilleur ami
Envisageable pour le très beau Satyre dont il sera
Toujours (bonheur des antithèses) un faire-valoir merveilleusement décati.
Inconvénient: il veut toujours, mais sans succès, vous imiter.
Bicolores, comme nonnes en messe, ils évoquent (l... ..e)

(d'après M.A.)


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