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DU VENDREDI 3 AOÛT (19 H) AU LUNDI 13 AOÛT (14 H) 2012



TEXTIQUE : POUR UN ÉCRIT PUBLIABLE


DIRECTION : Jean RICARDOU

AVERTISSEMENT :

Le présent Séminaire accueille toute personne requise par le sujet traité.

En effet, si la textique est une discipline qui se développe avec sa technicité propre, l'usage de son vocabulaire spécial, restreint dans les contributions comme les discussions, se trouve élucidé chaque fois qu'il est nécessaire.


ARGUMENT :

La textique? Une discipline nouvelle, inaugurée en 1985 au Collège International de Philosophie de Paris, visant à établir une théorie unifiante des structures de l’écrit.

Ses avantages? Pour la théorie: une coordination conceptuelle de mécanismes jadis et naguère plus ou moins bien pensés, une reformulation critique de certaines notions trop admises, ainsi qu’une réévaluation concertée de phénomènes négligés, voire méconnus, et une classification réfléchie de toutes les erreurs possibles. Pour la pratique: sur la base de la cardinale notion de lieu scriptuel, une analyse inédite, attentive, notamment, aux prétendues broutilles, ainsi que la possibilité de programmes et métaprogrammes d’écriture raisonnés permettant la correction et la récriture à plusieurs. En général: une clarté et une rigueur neuves, dans l'ordre de l’écriture ainsi que des concepts, et quant à l'invention, et quant à l'enseignement.

Sa méthode? Explorer par niveaux l'ensemble des structures loisibles, leurs problèmes et leurs effets, selon des matrices exhaustives à stipulation croissante, réfutables à mesure, le cas échéant, par tout contre-exemple analysé comme tel.

Le thème? La textique s’engageant, avec le série TEXTICA, sur la voie de la publication, il s’agira de faire saillir, par des réflexions et des exemples, les conditions que doit remplir un écrit pour être publiable.

Le travail? Sur la base des contributions expédiées environ un mois à l’avance, chaque séance sera intégralement consacrée à une discussion des problèmes soulevés.

Les participants? Toutes celles et tous ceux, quels soient-ils, que le champ ainsi balisé et le travail du coup permis intéressent, et qui, sachant qu’une portion du séminaire, au début, sera vouée à une initiation d’ensemble et à une information quant aux concepts majeurs, désirent, le vocabulaire technique s'y employant au moindre tout en étant, s'il le faut, éclairci à mesure, venir à titre de participants actifs ou d'auditeurs curieux.

Les séances? En guise d’initiation ou de révision, un retour, pendant plusieurs séances, certaines étant des "mises à jour", sur la méthode et les enjeux. Puis le traitement des questions annoncées. Et non moins, chaque fin d’après-midi, en vue d’unir, ainsi qu'il sied, la théorie et la pratique, à partir d’un programme élémentaire, un atelier d’écriture.

L'inscription? Il est souhaitable, pour bénéficier du précoce envoi des écrits préparatoires, de l'accomplir au plus tôt.

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A l'intention de celles et ceux qui souhaitent, d'ores et déjà, en savoir davantage, il est loisible d'ajouter les précisions suivantes:

Sitôt, d'une part, que la textique vise à établir une théorie unifiante des structures de l'écrit dans ses divers modes (dits schémique, grammique, iconique, symbolique), ce qui la voue à une exhaustivité contrôlée sur un domaine immense, et sitôt, d'autre part, que ses premiers efforts, comme tels, datent du milieu des années mille neuf cent quatre-vingt, nul doute que, à l'orée du prochain séminaire, comme pour les années précédentes, se posent, quant à la mise à jour, l'un étant celui de l'initiation et l'autre celui de la révision, deux problèmes distincts.

Le problème de l'initiation concerne les participants nouveaux qu'une curiosité intellectuelle aura porté à venir pour la première fois, car il est nécessaire, pour bien saisir la pensée textique, voire pour y concourir, d'être mis en possession, aussi soigneusement que possible, de la méthode et des enjeux.

Le problème de la révision concerne les participants habitués, voire chevronnés, car il est opportun, avant ces journées de réflexion intensive, de se remettre en tête, soigneusement, les grandes perspectives du travail.

Cette initiation et cette révision se feront en trois phases à partir, notamment, des fascicules remis à jour pour 2012: Un aperçu de la textique par Gilles Tronchet, et Unification fondamentale de l'écrit par Jean Ricardou.

La première phase relève de la préparation: les deux fascicules étant expédiés, avec d'autres écrits, un mois environ avant le début du séminaire, les participants auront tout le loisir qu'ils s'accorderont pour en prendre connaissance à leur guise.

La deuxième phase ressortit à la discussion: les deux premières journées étant réservées à de libres échanges oraux sur ces deux fascicules, les participants auront tout le loisir permis par les séances pour solliciter les éclaircissements éventuellement nécessaires, voire pour énoncer, très librement, d'éventuelles objections.

La troisième phase sollicite des révisions: en prélude à la séance de certaines des après-midi, une heure sera réservée, sous la responsabilité de Daniel Bilous, à une révision systématique des concepts majeurs.


CALENDRIER DÉFINITIF :

Vendredi 3 août
Après-midi:
ACCUEIL DES PARTICIPANTS

Soirée:
Présentation du Centre, du colloque, du séminaire et des participants


Samedi 4 août
Matin:
Gilles TRONCHET: Un aperçu de la textique (Initiation)

Après-midi:
Gilles TRONCHET: Un aperçu de la textique (Initiation)


Dimanche 5 août
Matin:
Jean RICARDOU: Unification fondamentale (Initiation)

Après-midi:
Jean RICARDOU: Unification fondamentale (Initiation)


Lundi 6 août
Matin:
Jean-Christophe TOURNIÈRE: Des contours illusoires (Investigation)

Après-midi:
Jean-Christophe TOURNIÈRE: Des contours illusoires (Investigation)


Mardi 7 août
Matin:
Jean-Christophe TOURNIÈRE: Des contours illusoires (Investigation)

Après-midi:
Jean RICARDOU: Satisfaire un lectorat (Investigation)


Mercredi 8 août
Matin:
Jean RICARDOU: Intelligibilité structurale de la page (Investigation)

Après-midi:
Jean RICARDOU: Intelligibilité structurale de la page (Investigation)


Jeudi 9 août
Matin:
Gilles TRONCHET: Règles présentatives de l'écrit (Investigation)

Après-midi:
Gilles TRONCHET: Règles présentatives de l'écrit (Investigation)


Vendredi 10 août
Matin:
Gilles TRONCHET: Règles présentatives de l'écrit (Investigation)

Après-midi:
Sandra K. SIMMONS: La contrainte du bord constitutif (Invitation)


Samedi 11 août
Matin:
Daniel BILOUS: Ecrire "Coups de billard" (Investigation)

Après-midi:
Daniel BILOUS: Ecrire "Coups de billard" (Investigation)


Dimanche 12 août
Matin:
Jean-Claude RAILLON: Le mot de la fin (Investigation)

Après-midi:
Jean-Claude RAILLON: Le mot de la fin (Investigation)


Lundi 13 août
Matin:
Perspective

Après-midi:
DÉPARTS


En première partie d'après-midi, un jour sur deux, Daniel BILOUS (avec le concours de Jean-Christophe TOURNIÈRE): CONCEPTS MAJEURS (Initiation).

En fin d'après-midi, chaque jour, BESTIAIRE ENNÉALOGUE (Atelier d'écriture)


INITIATION

Jean RICARDOU: Unification fondamentale (évolution 2012)

Si la textique peut envisager, d'ores et déjà, une exhaustion des structures de l'écrit, c'est qu'elle accomplit deux gestes: d'une part, celui d'œuvrer par niveaux, du plus général au très particulier, en offrant, pour chacun d'eux, une matrice d'établissement sans reste; d'autre part, celui d'élargir progressivement l'envergure de ses investigations.

I. Matrices

Dès lors que s'établissent, à chaque niveau, des matrices d'établissement sans reste, ce sont deux exigences distinctes qui deviennent possibles.

La première, c'est, à tel niveau déterminé, de ne point laisser la moindre zone d'ombre.

La deuxième, puisqu'il suffit, pour objecter, de montrer qu'une occurrence concevable n'est pas incluse dans les matrices, c'est de permettre, à chaque niveau, le loisir d'une réfutation éventuelle.

Les deux plus générales matrices d'exhaustion textique, avec leurs divers concepts associés: la matrice modale et la matrice structurale, sont présentées, entre autres choses, par le fascicule Unification fondamentale de l'écrit.

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La matrice modale est d'allure arborescente.

D'abord un tronc commun, à savoir les schèmes, entendus, au plus général, comme "les zones déterminées, par au moins un différentiel, dans le champ qu'il implique".

Puis une première ramification, comportant, d'une part, les grammes, ou "schèmes capables de représenter en ce que, diversement liables aux sons d'au moins une langue selon certaines suites déterminées, ils permettent, par le relais d'une accréditation reçue, que s'ajoute, pour un récepteur donné, une autre idée à celles que l'on peut se faire d'eux-mêmes", et, d'autre part, les icônes ou "schèmes capables de représenter en ce que, sans devoir être liés aux sons d'une langue, ils comportent, pour un récepteur envisagé, au moins un caractère déterminant de tel objet, ou type d'objet, concret ou abstrait, réel ou fictif, vu sous quelque angle, et dont l'idée, ainsi, s'ajoute à celle que l'on peut se faire d'eux-mêmes".

Enfin, une deuxième ramification, ajoutant les symboles ou "schèmes capables de représenter en ce qu'ils permettent, par le relais d'au moins une accréditation, reçue ou convenue, que s'ajoute, pour un récepteur envisagé, une autre idée à celles que l'on peut se faire d'eux-mêmes", et qui, selon la base (schémique, grammique, iconique) sur laquelle ils s'appuient, forment trois types (les schémosymboles, les grammosymboles, les iconosymboles).

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La matrice structurale est spécialement développée ici, quant à sa portion représentative.

Quant à cette portion, elle est faite d'un couple principal flanqué d'un couple associé.

Le couple principal est formé de l'orthoreprésentation, déclarée advenue "chaque fois que des schèmes permettent correctement que s'ajoute, pour un récepteur donné, une autre idée à celles que l'on peut se faire d'eux-mêmes, si celle-ci semble convenir à tel ou tel objet réel ou fictif, concret ou abstrait", et de l'orthométareprésentation, déclarée advenue "chaque fois que, de manière organique, transparaissent, au-delà du régime représentatif, les "moyens", matériels notamment, qu'en son ordinaire fonctionnement l'orthoreprésentation à la fois requiert et estompe".

Le couple associé est formé de la dysorthoreprésentation, déclarée advenue "chaque fois qu'un effet d'orthoreprésentation se trouve engagé et entravé", et de la dysorthométareprésentation "chaque fois qu'un effet d'orthométareprésentation se trouve engagé et entravé".

L'hypothèse de l'exhaustion structurale (représentative) présume lors que l'écrit représentatif ne survient jamais sous d'autres structures que celles de l'écrit orthoreprésentatif (ou orthoscript), de l'écrit dysorthoreprésentatif (ou dysorthoscript), de l'écrit orthométareprésentatif (ou orthotexte), de l'écrit dysorthométareprésentatif (ou dysorthotexte).

C'est à une explicitation de telles catégories que procède le fascicule Unification fondamentale de l'écrit, et c'est à une élucidation de tous les écrits, quels soient-ils, et dans leurs moindres aspects, que, à partir des concepts plus pointus qu'impliquent ces deux matrices (la matrice modale et la matrice structurale) la textique a pour mission de procéder.

II. Envergure

Dès lors qu'il s'agit d'élargir entièrement l'envergure de ses investigations, la textique établit d'ores et déjà, avec le fascicule "Unification fondamentale" les communes structures qui se trouvent régir les modes grammique et iconique.



Gilles TRONCHET: Un aperçu de la textique (version 2012)

Proposant une simple présentation de la textique, ce fascicule est réactualisé chaque année, de façon à prendre en compte les acquis récents de la discipline ainsi que les remarques ou objections faites par les participants au séminaire antérieur. Il a une double visée: d'abord, fournir un historique succinct, pour montrer dans quelles conditions et selon quelles étapes la textique est apparue et s'est constituée en une discipline nouvelle ; puis, offrir un exposé des principaux concepts et outils d'analyse élaborés jusqu'à présent.

Tout d'abord, comme la textique s'efforce d'établir une théorie unifiante de l'écrit, il est indispensable d'expliquer la très large portée qu'elle donne à son objet, puis de préciser comment il trouve à se spécifier selon différents modes, permettant d'envisager, notamment, les particularités des caractères alphabétiques, des images et des symboles.

Ensuite, est retenu un domaine plus restreint et sans nul doute familier à tout lecteur, l'écrit représentatif relevant du mode grammique: cela correspond, quitte à simplifier un peu, aux écrits basés sur des séries de lettres, associables aux sonorités d'une langue et susceptibles, par équivalence avec d'autres séries, de faire surgir certaines idées (ainsi lorsqu'un terme s'échange avec sa définition). Il s'agit d'inventorier et d'expliciter les grandes catégories capables d'appréhender exhaustivement les structures possibles dans un écrit grammique: la textique prétend y parvenir, en l'attente d'une éventuelle démonstration contraire, susceptible de relancer la recherche.

Enfin, il a semblé utile de signaler quelques-uns des instruments analytiques servant à explorer en détail les dispositifs repérables dans un écrit représentatif, sachant que l'un des acquis majeurs de la textique consiste à distinguer, par rapport aux structures qui sont au service de la représentation, celles qui outrepassent un tel régime, en imposant leurs contraintes propres à la représentation, alors forcée de s'adapter. C'est le cas par exemple avec les rimes classiques, mais aussi avec beaucoup d'autres agencements irréductibles à la logique représentative, qui relèvent dès lors d'un régime métareprésentatif.

On admettra toutefois qu'un simple aperçu ne saurait dispenser à propos de la textique davantage qu'une information initiale: une approche théorique plus fouillée, débouchant sur une pratique effective de la discipline, exige de bien plus amples développements.


INVESTIGATION

Daniel BILOUS: Ecrire "Coups de billard"


La présente analyse, qui fait suite à d’autres plus exclusivement centrées sur l’objet, se propose un double but.

D’un côté, parce que nul écrit analytique ne saurait porter sur rien, l’on tâchera d’y montrer selon quels précis mécanismes certaine affiche publicitaire anonyme :



donne à voir la complexe transformation en symboles d’éléments iconiques proposant l’image d’une scène.

(En gros, de personnages censés jouer à une table de billard, elle fait un pictogramme renvoyant au jeu, et, du tapis vert bordé de noir, une enseigne de la marque à faire saillir. En sus, une spéciale structure articule telles deux métamorphoses, qui marquent le glissement d’un régime représentatif (l’iconique) à un autre régime représentatif (le symbolique): la voyante "rime visuelle" qui, pour le coup, semble outrepasser la représentation, suivant ce que la textique nomme la métareprésentation.

De l’autre, et parce que, du moins selon la textique, nulle analyse ne saurait s’écrire sans que l’on interroge ses façons d’y réussir, l’on examinera du même coup, en le testant, le style qui pourrait le mieux favoriser son exposition : la formule spéciale d’une rédaction selon deux zones, l’une en langage "courant" et destinée à qui aborderait la discipline en parfait novice, l’autre en langage "technique", réservée à qui voudrait en connaître davantage et moins vaguement.



Jean-Claude RAILLON: Le mot de la fin

La langue française dispose avec la structure adverbiale "mais enfin" d’une locution prête à divers emplois, dont celui d’exprimer un sursaut de vaine révolte. Le dessinateur Franquin a choisi de l’associer, la transformant, à son personnage Gaston toutes les fois que ce dernier souffre de ne rien pouvoir que protester.

Semblables à ce que montre l’extrait suivant:



les exemples sont nombreux. Il s’agit toutefois de bien davantage que d’un élément de discours ; il s’agit de la composante d’un dessin. On sera donc attentif à la singularité du graphisme. Celui-ci:



fera l’objet de la présente analyse.



Jean RICARDOU:
Satisfaire un lectorat

Cette contribution est formée par deux blocs.

Le premier bloc, intitulé Satisfaire un lectorat, offrira trois sections.

La première livrera certaines réflexions sur le rôle foncier de l'altérité dans le procès d'écriture.

La deuxième s'appliquera à faire saillir que, pour lors, se trouve nécessaire, dont l'ensemble constitue une certaine sorte de lectorat, maints "autres externes".

La troisième explicitera les façons par lesquelles un écrit résolument textique envisage de satisfaire ce qui semble pouvoir être qualifié de "lectorat novateur".

Le deuxième bloc, sous le titre Intelligibilité structurale de la page, et en guise d'exemple, correspondra aux premiers feuillets d'une étude qui aspire à être publiable.



Jean-Christophe TOURNIÈRE: Des contours illusoires

Cette communication fournira un examen tâchant de satisfaire un couple d’objectifs.

Le premier, concernant la manière dont se déroulera l’examen, sera de ménager au mieux les lecteurs non familiarisés avec la textique en déférant au principe dit de l'"écrit bizoné", lequel échelonne, méthodiquement, deux sortes de régions.

D’une part, les plus fréquentes, des zones dites "coutumières" qui, n’usant que de vocables assez habituels, divulguent, au moins inexact, les raisonnements suivis et les résultats obtenus selon des voies plus construites en "théorie pure".

Il s'agit, avec elles, de permettre une lecture plutôt facile à celles et ceux que l'on peut nommer les "novices".

D'autre part, les moins nombreuses, des zones dites "techniques", chacune fort visible à cause de leur présentation typographique, visant, avec le concours de la terminologie adéquate, à expliciter sans fléchir certaines bases de l'investigation.

Il s'agit, avec elles, de permettre une lecture approfondie à celles et ceux qui souhaitent commencer, ou perfectionner, leur initiation.

Le deuxième objectif, concernant l’examen lui-même, et à partir du puissant système conceptuel fabriqué par la textique, sera de progressivement jeter, notamment sur l’illusion du type de celles élaborées par le psychologue Gaetano Kanizsa dans son ouvrage La Grammaire du voir (Diderot éditeur, traduit de l’italien par Antonin Chambolle, 1997), par exemple avec son fameux "triangle":



une lumière plutôt nouvelle.

Car il se pourrait qu’une soigneuse analyse avisée par la textique (et, notamment, par le récent capital opuscule intitulé Intelligibilité structurale du trait (Jean Ricardou, Les Impressions Nouvelles, série "TEXTICA", 2012)), les divers travaux d’ores et déjà accomplis sur le sujet semblant grevés, à l’endroit de certains aspects déterminants, d’une épaisse négligence, soit en mesure de mettre clairement au jour, ce qui nécessitera, au préalable, une attention portée à certains types d’illusions très... quotidiennes, l’AVEUGLANTE MACHINERIE à l’œuvre.



Gilles TRONCHET: Règles présentatives de l'écrit

Nombre d’écrits paraissent pouvoir s’offrir selon des présentations diverses. Pour maints ouvrages, la variété des rééditions quant au choix, notamment, du support, du format, et, pour les écrits alphabétiques, de la "mise en page", semble en être l’indice. Une telle pratique laisse entendre que les modifications accomplies ne sauraient porter atteinte aux structures ni aux effets de ces écrits.

Bien d’autres écrits manifestent une obéissance à quelque disposition réglée qui requiert des caractéristiques de présentation invariables. Pour certains ouvrages, lorsqu’un agencement spécial relie certains de leurs constituants ou fait ressortir certains de leurs aspects, son exacte reprise, avec, pour les écrits alphabétiques, son application à la "mise en page", s’avère indispensable. Une telle obligation laisse attendre que la fabrique de copies soit astreinte, sauf à perturber les structures et les effets de ces écrits, à suivre les normes qui régissent l’original.

La réflexion s’efforcera, en s’appuyant sur la conceptualité qu’offre la textique, d’examiner le rôle que sont susceptibles de jouer les éventuelles consignes présentatives: selon qu’elles interviennent de manière extrinsèque ou intrinsèque par rapport à la logique de l’écrit, elles peuvent se traduire comme de simples exigences ou bien relever de contraintes aux implications tantôt localisées, tantôt généralisées.


INITIATION (Daniel BILOUS, avec le concours de Jean-Christophe TOURNIÈRE)

Concepts majeurs

Au cours des séances prévues, l'on abordera, sous la responsabilité de Daniel Bilous, avec le souci de les faire bien saisir, et choisis dans le massif théorique Intelligibilité structurale de l'écrit, Évolution 2011, abrégé en ISE (11), les concepts suivants.

Première séance: La textique - Ecrit (schème, comparution)

Textique: discipline animée d'un double souci: d'une part, celui de concourir à une théorie unifiée des structures de l'écrit, quel soit-il, sous ses divers aspects; d'autre part, celui d'établir, conjointement, une théorie unifiée de l'activité d'écriture, quelle soit-elle, sous ses divers angles (ISE (11), UF-4.1).

Ecrit: ensemble des éléments d'un champ rendu sensible au moins par un effet différentiel (ISE (11), UF-4.5).

Schèmes: visibles zones issues d'un effet différentiel qui comparaissent dans le champ qu'elles impliquent (ISE (11), UF-14.6).

Comparution: opération universelle par laquelle, selon la schémisation, un effet différentiel impliquant un champ y fait advenir toujours, sur sa totalité, au moins deux schèmes (ISE (11), UF-14.14).

Deuxième séance: Modes (schémique, grammique, iconique, symbolique)

Mode schémique: manière d'être d'un écrit quand il est fait de simples schèmes (ISE (11), UF-14.9).

Grammes: schèmes permettant, seuls ou réunis, de produire un effet représentatif en ce que, diversement liables, par le relais de spéciales associations convenues, aux sons d'au moins une langue selon certaines suites déterminées, ils contribuent à permettre que s'ajoute, pour un récepteur envisagé, au moins une autre idée à celles qu'on peut se faire d'eux-mêmes (ISE (11), UF-15.5).

Mode grammique: manière d'être d'un écrit quand il est fait de grammes (ISE (11), UF-15.8).

Icônes: schèmes permettant, seuls ou réunis, de produire un effet représentatif en ce que, sans devoir être liés aux sons d'une langue, ils comportent, pour un récepteur envisagé, au moins un caractère déterminant de tel objet ou type d'objet distinct, concret ou abstrait, réel ou fictif, vu sous un certain angle, dit objet concerné, et dont l'idée, ainsi, s'ajoute à celles que l'on peut se faire d'eux-mêmes (ISE (11), UF-15.11).

Mode iconique: manière d'être d'un écrit quand il est fait d'icônes (ISE (11), UF-15.14).

Symboles: schèmes permettant, seuls ou réunis, de produire un effet représentatif en ce qu'ils rendent possible que s'ajoute, pour un récepteur envisagé, directement ou indirectement, par le relais au moins d'une spéciale association, reçue ou convenue, au moins une autre idée à celles que l'on peut se faire d'eux-mêmes (ISE (09), UF-7.17).

Mode symbolique: manière d'être d'un écrit quand il est fait de symboles (ISE (11), UF-15.17).

Troisième séance: Structures (morphismes, chorismes) - Régimes (représentation, métareprésentation)

Structure: toute cohérence par laquelle s'établit un ensemble (ISE (11), UF-4.26).

Paramètre: tout aspect d'une structure (ISE (11), UF-11.5).
- paramètre phanique: apparence d'un schème
- hypoparamètre morphophanique: bordement d'un schème
- paramètre chorique: situation d'un schème.

Orthoreprésentation: opération par laquelle des schèmes permettent correctement que s'ajoute, pour un récepteur envisagé, au moins une autre idée à celles qu'on peut se faire d'eux-mêmes (ISE (11), UF-17.4).

Ortho(méta)représentation: opération par laquelle un écrit conduit organiquement, de façon directe ou indirecte, les "moyens", matériels notamment, qu'en son ordinaire procès celle-ci à la fois requiert et, en son conjoint effet destitutif, estompe à une restitution au-delà de l'orthoreprésentation (ISE (11), UF-12.5).

Quatrième séance: Effectuation (orthostructure, dysorthostructure) - Pratique (écriture, récriture)

Factures structurales: diverses réalisaions par lesquelles peut s'offrir une structure (ISE (11), UF-23.6).

Orthostructure: structure censée correcte en son efficience (ISE (11), UF-10.5).

Dysorthostructure: structure censée incorrecte en son efficience (ISE (11), UF-10.6).

Ecriture: enchaînement des opérations qui concourent à la venue d'un écrit dans ses diverses structures (ISE (11), UF-4.1).

Récriture: enchaînement des opérations qui concourent, à partir d'un écrit, à la venue d'un nouvel autre écrit dans ses diverses structures.


ATELIER D'ÉCRITURE

Les règles du BESTIAIRE

Le travail quotidien en Atelier d'écriture se fera en deux phases sur la base d'un programme, lié à de précises considérations théoriques, mais qu'il est possible d'honorer d'une façon toute naïve, en suivant simplement, au mieux, les neuf prescriptions que voici:

Première règle: Chaque écrit, destiné à un perfectionnement collectif, et pouvant ultérieurement faire partie d'un corpus intitulé BESTIAIRE, sera établi de façon individuelle sous les relatives apparences d'un article encyclopédique ayant pour thème un animal fantastique.

Deuxième règle: Il débutera par le nom de l'animal, précédé d'un article défini, et se terminera par une mise en rapport de cet être avec un autre dont le nom, formant le dernier mot de l'ultime ligne, et l'article qui le précède seront mentionnés avec des points de suspension (en principe, dans le corpus, cette zone recevra le titre de l'écrit suivant).

Troisième règle: Il adoptera, en guise de titre, le nom de l'animal, exclusivement composé avec le plus grand nombre possible des lettres du mot BESTIAIRE.

Quatrième règle: Il choisira, pour ce nom, une combinaison de ces lettres capable de fournir approximativement un certain sens.

Cinquième règle: Il déterminera, à partir du sens ainsi produit, certains caractères majeurs de l'animal.

Sixième règle: Il se composera d'une série de neuf lignes, toutes faites de neuf mots.

Septième règle: Il manifestera au moins une fois, en les comportant à des places respectives notables, les lettres du mot de base, BESTIAIRE.

Huitième règle: Il présentera, si possible, au moins une mention capable d'assurer une désignation de certains des aspects matériels du mot de base, BESTIAIRE.

Neuvième règle: Il offrira, si possible, au moins une mention capable d'évoquer certain de ses propres aspects matériels hors ceux qu'il partage avec le mot de base, BESTIAIRE.

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La première phase sera consacrée, sur plusieurs séances, à la lecture et à la récriture collectives, selon une méthode stricte, d'un des écrits qu'auront composé, dans cette optique, au préalable, certains participants (pour information, précisons que l'écrit examiné en 2011 a été "La SIBARITE").

L'écrit examiné:

La SIBARITE


«Sybarite: personne qui recherche les plaisirs dans
une atmosphère de luxe et de raffinement » (Petit Robert)


«Y: I grec (ainsi dit parce qu’il servait aux Latins à transcrire
le
upsilon grec) » (Petit Robert)


La sibarite est un
authentique animal voulant six barres
pour son image mais
ne sachant incorporer que trois
d’entre elles. Bien
que belle à sa façon,
elle éprouve une carence
absolue et se ressent tristement
gauche, cherchant ce qui
réussirait à la rendre adroite.
Connu depuis les anciens
idiosyncrasiques grecs qui manquaient de
ce qu’elle possède,
tout son comportement la pousse
à féconder son œuf
en visant maints plaisirs, son
rite lui intimant une
bascule spéciale vers l... ...

(le tribar)



(J.R.)

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La deuxième phase, au fil des séances suivantes, sera vouée à un examen et une éventuelle recomposition de cet écrit (pour information, précisons que l'écrit recomposé, en 2011, a été  "Le SIBARITE").

L'écrit recomposé:

Le SIBARITE


«Sybarite: personne qui recherche les plaisirs dans
une atmosphère de luxe et de raffinement » (Petit Robert)


«Y: I grec (ainsi dit parce qu’il servait aux Latins à transcrire
le
upsilon grec) » (Petit Robert)


Le sibarite est un
autre animal rêvant six barres
pour son image mais
ne sachant incorporer que trois
d’entre elles. Bien
que beau à la lettre,
il éprouve un vide
abyssal et se ressent tristement
gauche, cherchant ce qui
réussirait à la rendre adroite.
Connu depuis les anciens
idiomes grecs qui manquaient de
ce qu’elle possède,
tout son comportement la pousse
à féconder son œuf
en visant maints plaisirs, son
rite lui intimant une
bascule spéciale vers l... ...

(le tribar)



(d'après J.R.)


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