Programme 2019 : un des colloques

Programme complet


PSYCHANALYSE ET CULTURE :

L'ŒUVRE DE NATHALIE ZALTZMAN


DU LUNDI 19 AOÛT (19 H) AU LUNDI 26 AOÛT (14 H) 2019

[ colloque de 7 jours ]



DIRECTION :

Jean-François CHIANTARETTO, Georges GAILLARD


ARGUMENT :

Avec les catastrophes génocidaires et leur projet négateur de l'appartenance humaine des victimes, dont la Shoah a constitué la figure emblématique, le vingtième siècle a marqué une rupture dans la culture. "L'écroulement de ce qui assurait à chacun, à son insu, inconsciemment, la certitude d'un pacte entre l'homme et lui-même, et les autres, cet écroulement a eu lieu, quelles que soient nos forces de dénégation".

Dans la perspective ouverte par Freud avec Malaise dans la culture, Nathalie Zaltzman a pris acte de l'absolue nécessité de repenser le travail de la culture, qui s'accomplit par le "psychique dans l'individuel". Le travail de la culture, consistant à rendre (partiellement) pensable ce qui indissociablement anime le sujet, le dépasse et lui échappe, est au cœur du travail de la cure. Cette posture théorique novatrice procède de l'invention en 1979 du concept de "pulsion anarchiste", qui a fait date dans le champ psychanalytique, tant au plan national qu'international, et participait d'une critique de la tendance des analystes à ramener toute conflictualité psychique au couple sexuel / narcissique.

Il s'agit de prolonger la théorisation freudienne de la pulsion de mort, en l'enrichissant d'une variante au service de la (sur)vie. Nathalie Zaltzman repense ainsi l'articulation narcissisme individuel / narcissisme collectif et dessine une approche de la négativité, au-delà de l'auto-destructivité narcissique de type mélancolique ou de la haine de la culture suscitée par l'exigence collective de sacrifices pulsionnels. Dans cette perspective, l'espace culturel apparaît irrémédiablement traversé par une lutte entre le travail de la culture comme prise de conscience transformatrice du négatif et la régression (auto)-destructrice, agglomérant dans la masse l'individuel et le collectif.

Ce colloque, ouvert aux psychanalystes comme à tous les auditeurs curieux, visera à faire comprendre la place aujourd'hui décisive de cette œuvre. Elle vient témoigner de l'importance vitale tout à la fois de la psychanalyse pour penser la puissance bivalente des processus culturels et de ce travail de pensée pour maintenir la puissance thérapeutique et scientifique de la psychanalyse.


CALENDRIER DÉFINITIF :

Lundi 19 août
Après-midi
ACCUEIL DES PARTICIPANTS

Soirée
Présentation du Centre, des colloques et des participants


Mardi 20 août
Matin
Monette VACQUIN : Démesure et civilisation… Et retour
Jean-Michel HIRT : La chute des corps [enregistrement audio en ligne sur Canal U, chaîne La forge numérique | MRSH de l'université de Caen Normandie et sur le site Radio France, rubrique France Culture]

Après-midi
Geneviève BRISAC (écrivain) : Carte blanche


Mercredi 21 août
Matin
Catherine MATHA : Souffrir maintenant et indéfiniment : une maladie trop humaine
Raphaël MINJARD : Du chaos à la pulsion anarchiste : l'antre de l'éveil

Après-midi
Jean-Pierre PINEL : Les alliances inconscientes psychopathiques, une figure du Mal
Evelyne TYSEBAERT : Le mal. Ses représentations entre corps individuel et corps du monde


Jeudi 22 août
Matin
Georges GAILLARD : Travail de culture et rencontre avec "les figures intimes de la barbarie"
Gaia BARBIERI : Valeur subversive de Thànatos dans l'accompagnement clinique des sujets migrants

Après-midi
DÉTENTE


Vendredi 23 août
Matin
Jean-François CHIANTARETTO : Travail de la culture, travail de la mélancolie
Débat autour d'un texte inédit de Janine ALTOUNIAN : "Rupture et discontinuité au service de la survie ou à celui du lien chez Nathalie Zaltzman et Jean-François Chiantaretto"

Après-midi
Ghyslain LÉVY : Les émissaires de l'ailleurs
Noémie DURR : La rencontre d'un sujet hors héritage, étranger en lui-même


Samedi 24 août
Matin
François VILLA : Psyché anarchiste, psyché totalitaire ?
Aline COHEN DE LARA : Déliaison de vie ?

Après-midi
Barbara DE ROSA : Nathalie Zaltzman et l'enjeu du Kulturarbeit dans la rencontre entre témoignage et écoute
Isabelle LASVERGNAS : La pulsion anarchiste : pour un retour vers une métasociologie psychanalytique


Dimanche 25 août
Matin
Ellen CORIN : Pouvoirs et risques de la déliaison. Parcours aux limites
Christian FERRIÉ : Destins collectifs de la pulsion anarchiste (des rois de Thulé aux chefferies tupi-guarani)

Après-midi
Marie-Françoise LAVAL-HYGONENQ : Pulsion anarchiste, pulsion de mort, paradoxes de l'autoconservation
Arlette LECOQ : Entre l'esprit du mal et la vie de l'esprit, d'Angkar à Angkor


Lundi 26 août
Matin
Bilan et clôture du colloque

Après-midi
DÉPARTS


RÉSUMÉS & BIO-BIBLIOGRAPHIES :

Janine ALTOUNIAN : "Rupture et discontinuité au service de la survie ou à celui du lien chez Nathalie Zaltzman et Jean-François Chiantaretto"
En tressant ensemble de nombreuses citations de Nathalie Zaltzman et de Jean-François Chiantaretto, ce texte chercherait à montrer comment l'évaluation de la rupture et de la discontinuité comme facteurs de survie est présente non seulement dans l'élaboration théorique de Nathalie Zaltzman mais aussi dans celle de Jean-François Chiantaretto. Si Nathalie Zaltzman définit la pulsion anarchiste par la spécificité de sa temporalité : "Le mouvement anarchiste surgit lorsque toute forme de vie possible s'écroule", Jean-François Chiantaretto considère que rupture et discontinuité constituent néanmoins "la seule possibilité d'hébergement psychique" de celui qui a survécu à cet écroulement chez celui qui l'accueille mais ne peut qu'en mécomprendre le récit.

Janine Altounian, essayiste, a été co-traductrice et responsable de l'harmonisation dans l'équipe éditoriale des Œuvres complètes de Freud sous la direction de Jean Laplanche. Elle travaille par ailleurs sur la "traduction" de ce qui se transmet d'un trauma collectif aux héritiers des survivants.
Publications
"Ouvrez-moi seulement les chemins d’Arménie". Un génocide aux déserts de l'inconscient, Préface de René Kaës, Les Belles Lettres, 1990.
La Survivance, Traduire le trauma collectif, Préface de Pierre Fédida, Postface de René Kaës, Dunod, 2000.
L'écriture de Freud, Traversée traumatique et traduction, PUF, 2003.
L'intraduisible, Deuil, mémoire, transmission, Dunod, 2005.
Mémoires du génocide arménien. Héritage traumatique et travail analytique, Vahram et Janine Altounian, avec les contributions de K. Beledian, J.F. Chiantaretto, M. Fraire, Y. Gampel, R. Kaës, R. Waintrater, PUF, 2009.
De la cure à l'écriture. L'élaboration d'un héritage traumatique, PUF, 2012.
L'effacement des lieux. Autobiographie d'une analysante, héritière de survivants et traductrice de Freud, PUF, 2019.

Gaia BARBIERI : Valeur subversive de Thànatos dans l'accompagnement clinique des sujets migrants
Lorsque Nathalie Zaltzman théorise la "pulsion anarchiste", ce courant somme tout "individualiste" et "libertaire" de la pulsion de mort, elle complexifie radicalement la métapsychologie freudienne autour de Thànatos. Ainsi, Zaltzman forge un système conceptuel qui permet à la psychanalyse de fonctionner dans des champs de la pratique qui relèvent d'"expériences-limite", où le registre du besoin prime sur celui du désir, et où l'interférence entre politique et psyché est centrale. Dans mon travail clinique et de recherche auprès des sujets exilés, la question de l'exposition à la mort (physique, psychique et politique) de ces hommes et ces femmes est persuasive. À partir de la figure de "homo sacer", conceptualisée par le philosophe Giorgio Agamben en tant que "vie nue et tuable", et reprise par Nathalie Zaltzman, je partagerai avec vous cette recherche des lieux de vie occupés par des collectifs de personnes migrantes, ainsi que mes réflexions sur la pulsion anarchiste — ouverture subversive d'une alternative de vie, mouvement psychique de révolte subjective, inaugurant une verticalisation politique collective.

Gaia Barbieri, psychologue clinicienne, a une formation en philosophie et en sciences cognitives. Doctorante en Psychologie Clinique à l'université Lumière-Lyon 2, elle prépare une thèse intitulée "Ni patrie, ni destin : enjeux psychiques post-migratoires du sujet et du groupe, entre utopie et responsabilité collective".
Publications
2019, Ni patrie, ni destin ? Pour une pratique clinique militante auprès des jeunes exilés, Canal Psy, en cours de publication.
2019, "L'accueil des exilés en squat. Pensée en actes d'un habitat subversif", article co-écrit avec Arnaud De Rivière de La Mure, Nouvelle Revue de Psychosociologie, n°28, "Faire société autrement ?", en cours de publication.

Jean-François CHIANTARETTO : Travail de la culture, travail de la mélancolie
Du travail de la cure au travail de la culture, "l'humain" est censément pour chacun au cœur de la donne à la fois intrapsychique et culturelle. Mais lorsque vient à faire défaut la certitude minimale d'exister pour autrui, la donne devient précaire et le psychanalyste doit affronter des registres où l'enjeu pour le sujet est de survivre à la menace d'une disparition : celle de l'autre, de soi en l'autre, de l'autre en soi. Les travaux de Nathalie Zaltzman sont ici essentiels, tant du côté de la clinique psychanalytique que du côté des nouvelles formes du malaise dans la culture après la Shoah.

Philosophe et psychologue clinicien de formation, Jean-François Chiantaretto est psychanalyste et professeur de psychopathologie (Université Paris 13, UTRPP). Ses livres sont traversés par la question de l'interlocution interne, à l'entrecroisement de la clinique des limites et de l'écriture.
Derniers ouvrages
Trouver en soi la force d'exister, Paris, Campagne Première, 2011.
Avec Matha C. et Neau F., L'écriture du psychanalyste, Colloque de Cerisy, Paris, Hermann, 2018.

Aline COHEN DE LARA : Déliaison de vie ?
Les travaux de Nathalie Zaltzman, et notamment le concept de pulsion anarchiste, invitent à questionner le processus même de liaison pulsionnelle, parfois considéré comme l'un des buts du travail analytique. La clinique auprès d'enfants violents, où la destructivité est à l'œuvre, amène parfois à envisager la déliaison dans un versant plus positif, source de remobilisation psychique, tant individuelle qu'au regard du collectif. La liaison à tout prix ne revêt-elle pas parfois un caractère asséchant ?

Aline Cohen de Lara est professeure de psychologie (Université Paris 13-SPC); Psychanalyste, membre de la SPP et du comité de rédaction de la Revue française de psychanalyse.
Publications
"Quelques considérations actuelles sur "Les petites choses. Enfants du Coteau, temps de guerre"", in La psychanalyse : anatomie de sa modernité (autour des travaux de Laurence Kahn), Colloque de Cerisy, Éditions Belles Lettres, à paraître 2019.
"Fais pas ci, fais pas ça : un surmoi impatient", in L’impatience, Revue française de psychanalyse, Paris, Puf, n°2, Mai 2018.
"Sentiment de persécution et intériorisation du surmoi", in Persécutions, dir. André J., Petite bibliothèque de psychanalyse, Paris, PUF, 2018.
"Accueil ou écueil de la destructivité chez l'enfant et ses liens avec le sentiment inconscient de culpabilité, Un texte, des analystes, Autour de "L'enfant mal accueilli et sa pulsion de mort" de S. Ferenczi, Le coq héron, 224, Mars 2016, 44-50.
"Supporter la destructivité", in La destructivité chez l’enfant, dir. Cohen de Lara A., Danon Boileau L., Monographies et Débats de Psychanalyse, Paris, PUF, 2014, 147-162.

Ellen CORIN : Pouvoirs et risques de la déliaison. Parcours aux limites
La pulsion anarchiste est saisie à l'entrecroisement du collectif et du singulier. Divers exemples empruntés à la clinique et à la culture, celle d'"ailleurs" mais aussi le cinéma et la littérature, permettront d'interroger certaines conditions qui, dans la culture ou dans le social, favorisent l'inflexion de la pulsion de mort en pulsion anarchiste ou au contraire entravent cette possibilité. La Kulturarbeit sera saisie ici comme ce qui mobilise "ce qui, de la pulsion de mort, est psychiquement transformable".
Pour Nathalie Zaltzman, tant la pulsion anarchiste que la Kulturarbeit sont à mettre du côté d'une individuation permettant d'échapper aux contraintes de la massification. Si un tel travail s'accomplit essentiellement "par le psychique dans l'individuel", comme le soutient Nathalie Zaltzman, il peut mettre en jeu des éléments empruntés à la culture, au sens traditionnel du terme, en les infléchissant et les retravaillant en des réalités psychiques singulières. C'est l'hétérogénéité de la culture et les possibilités qu'elle ouvre ou actualise qui est ici mise au travail, dans la recherche de figurations d’enjeux psychiques inconscients. Dans le même souffle, il s'agira de voir comment la réalité matérielle, telle qu’elle s'invite à l'horizon de la cure ou dans le monde, reprise à son tour et transformée par la réalité psychique, peut donner une figure matérielle à l'emprise, lui conférant ainsi le poids d'un destin, d'une nécessité, et bloquer l'infléchissement de la pulsion de mort en pulsion anarchiste.

Ellen Corin est psychanalyste clinicienne, membre de la Société psychanalytique de Montréal. Elle a été professeur aux départements d'anthropologie et de psychiatrie de l'université McGill. Ses recherches l'ont conduite en République du Congo, où elle a notamment travaillé avec les groupes de possession par les esprits, et en Inde où elle s'est intéressée à la construction culturelle de l'expérience psychotique et aux parcours de vie des ascètes.
Publications
CORIN, E. (2018), "Le prisme de la persécution", in Jacques André et al. (dir.), Persécutions, Petite bibliothèque de psychanalyse, PUF.
CORIN, E., Padmavati, R. (2016), "The religious Texture of the Experience in psychosis", in H. Basu, R. Littlewood and A. Steinforth (eds), Spirit and Mind. Mental Health at the Intersection of Religion and Psychiatry, Berlin-Münster-Wien-Zürich-London, LIT Verlag, 89-110.
CORIN, E. (2010), "Le sujet et la structure. Tissage et contrepoint", in Tahon, M.-B. (dir.), Une anthropologue dans la cité. Autour de Françoise Héritier, Montréal, Athéna, 31-52.
CORIN, E. (2014), "Entre vie et mort. Les voies de l'actuel dans la psyché et la culture", in Revue française de psychanalyse, LXXVIII, 5, 1623-1630.

Barbara DE ROSA : Nathalie Zaltzman et l'enjeu du Kulturarbeit dans la rencontre entre témoignage et écoute
En se référant à la césure historique représentée par la Shoah, dans un petit et précieux essai de 2005 Nathalie Zaltzman analyse la problématique de la rencontre entre témoignage et écoute en soulignant la faille du Kulturarbeit qui a accompagné l'accueil des survivants. Le gain de conscience et intelligibilité offert par la littérature concentrationnaire a été raté par l'individu et la communauté humaine dans la mesure où ils se sont soustraits à l'œuvre de "dé-rangement" à laquelle elle les invitait. Dans cette contribution on essaiera de prolonger cette analyse en creusant le rôle, les possibilités et les limites de l'écoute testimoniale, dans l'idée que faire face à la dimension aporétique dans laquelle semble plongée la rencontre entre témoignage et écoute — aporie consubstantielle, mais aujourd'hui accrue par les failles du cadre collectif (Kaës, 1989, 2012) et du "témoin garant" (Chiantaretto, 2004, 2011) — n'est pas seulement un impératif éthique auquel nous sommes appelés en tant qu'individus et communauté, mais aussi une voie pour essayer de sortir de la zone grise de l'écoute (Levi, 1986, Mengaldo, 2007).

Barbara De Rosa a une formation en philosophie, psychanalyse et phd en psychologie, est enseignant-chercheur en psychologie dynamique (Département de Studi Umanistici, Université de Naples Federico II), membre de l'AIP et du SIUERPP, fait partie du comité de rédaction des revues Notes per la psicoanalisi et La Camera blu. Elle est la traductrice italienne de Nathalie Zaltzman et a dirigé l'ouvrage collectif qui lui est dédié Il male dal prisma del Kulturarbeit. Sull'opera di Nathalie Zaltzman (Milano, Franco Angeli, 2014). Thématiques de recherche : le mal extrême, notamment la Shoah, en rapport avec les questions du Kulturarbeit, du processus d'humanisation/déshumanisation, de l'emprise et du témoignage; les transformation de la fonction paternelle, la crise de la fonction adulte et l'actuel malaise dans la culture; l'agressivité et "longue" adolescence.
Publications en français
2018, "Le mal extrême, arcanum imperii, arcanum humani. Un regard intégré sur la notion d'emprise", Cliniques Méditerranéennes, 2/98.
2018, "Le Kulturarbeit et ses défaillances : passé et présent", in R. Hamon, Y. Trichet (sous la direction de), Les fanatismes, aujourd'hui. Enjeux cliniques des nouvelles radicalités, PUR.
2017, "Ranimer l'espoir. L'intervention psycho-éducative de Maestri di Strada", Connexion, 107.
2011, "La dimension du mal et le Kulturarbeit. Méditation sur L'esprit du mal de Nathalie Zaltzman", Bulletin du Quatrième Groupe, numéro spécial.
2009, "La violence dans la famille : Nue propriété, ou le piège… et son ouverture", Le Divan Familial, 23.

Noémie DURR : La rencontre d'un sujet hors héritage, étranger en lui-même
À partir de la rencontre avec un personnage littéraire : l'Étranger, venu de l'œuvre d'A. Camus, et plus particulièrement à partir de la scène de meurtre, je souhaite mettre au travail plusieurs questions : de quoi cet homme est-il étranger ?, quelle est l'impasse dans laquelle il semble arrêté ?, qu'est-ce que ce meurtre viendrait figurer ?, à qui appartient le corps qui tombe ?, à quoi renverrait le silence qu'il fallait rompre ? À partir d'un questionnement initial autour des liens entre exclusion sociale et temporalité, je propose de reprendre ces réflexions et de les développer à la lumière des concepts développés par Nathalie Zaltzman.

Noémie Durr est psychologue depuis 2006 et docteur en 2018. Thèse intitulée Figures de la mélancolie, exclusion sociale et temporalité. Article à paraître dans la revue de psychothérapie psychanalytique de groupe n°72 : Figurer l'informe, l'écriture comme prolongement de l'espace du corps.

Christian FERRIÉ : Destins collectifs de la pulsion anarchiste (des rois de Thulé aux chefferies tupi-guarani)
La réflexion de Nathalie Zaltzman sur la conception freudienne de la Kulturarbeit l'amène à envisager un double destin de la pulsion de mort, bouleversant de la sorte l'axiomatique pulsionnelle de Freud en considérant la possibilité d'un retournement de cette pulsion. Il s'agirait de partir de la lecture que la psychanalyste propose de l'ouvrage de J. Malaurie sur Les rois de Thulé pour la prolonger sur d'autres terrains ethnologiques afin d'éprouver et confirmer la fertilité de l'idée d'un tel retournement de la pulsion de mort : sans exclure d'autres travaux comme, par exemple, l'analyse de Zomia par l'anthropoloque James C. Scott, il sera tout particulièrement question du cas, étudié par les ethnologues Pierre et Hélène Clastres, des mouvements messianiques au sein des tribus tupi-guarani à propos desquels on peut risquer une interprétation ethnopsychanalytique. Tout en posant l'épineuse question de la transposition du cas individuel au niveau collectif, on montrera de quelle manière la pulsion anarchiste permet de dégager une force émancipatrice à l'occasion exceptionnelle d'une confrontation individuelle ou collective à la perspective de la mort : bravant le danger de mort, tirant toute leur force de survivre de cette confrontation exaltée à la perspective de mourir (Viva la Muertè), les individus en danger de mort se mettent ensemble en mouvement et se donnent la force politique de retourner la pulsion de mort contre elle-même.

Bibliographie
Le mouvement inconscient du politique - essai à partir de Clastres, Lignes, 2017 (312 p.).
"La dynamique inconsciente du mouvement politique", in M. Abensour et A. Kupiec, Pierre Clastres, Sens&Tonka, 2011, p. 323-339 (16 p.).
"Les Cannibales de Montaigne à la lumière ethnologique de Clastres", Publications numériques du CÉRÉdI, "Actes de colloques et journées d'étude (ISSN 1775-4054)", n°8, 2013 [en ligne].

Georges GAILLARD : Travail de culture et rencontre avec "les figures intimes de la barbarie"
La notion de kulturarbeit, telle que Nathalie Zaltzman l'a promue, met l'accent sur l'intrication entre le travail psychique qui incombe au sujet, la dimension collective et la dimension humaine. Qu'est ce qui spécifie ce travail dans la période contemporaine de mutation accélérée des arrière-fonds sociétaux, lorsque les métacadres se délitent et que le sujet doit faire face à de nouvelles modalités de déliaison et de libération de la pulsion meurtrière ? De la cure aux espaces où les sujets font groupe (groupes d'appartenance et groupes professionnels) permettre qu'advienne à la représentation les "figures intimes de la barbarie", suppose de confronter le narcissisme (là où il se met au service de Thanatos), et la tentation mélancolique, en prenant appui dans le lien, et dans cette l'"instance" en partage qu'est "l'espèce humaine".

Georges Gaillard est psychologue clinicien, professeur au Centre de recherche en psychologie et psychopathologie clinique (CRPPC EA653) Lyon 2 ; psychanalyste membre du Quatrième Groupe ; membre de Transition (Association européenne, analyse de groupe et d’institution).
Quelques publications
(2018), "Aléas dans la transmission : auto-engendrement, dette d'altérité, et travail d'historisation", Revue de Psychologie Clinique et Projective. Transmissions, 2018/1, n°24, Toulouse, Érès, p. 21-39.
(2016), "La conflictualité : une modalité de lien où s'arrime la destructivité humaine", Connexions, 2016/2, n°106, Toulouse, Érès, p. 71-85.
(2016), "Autorisé à vivre ? L'infans, la confusion vie-mort, et le travail d'appropriation subjective", Le Coq-Héron, 2016/1, n°224, p. 97-104.
(2015), "Le féminin, le meurtre et la promesse d'un accueil", in Quatrième Groupe Actes 4, 2015, Paradoxes du féminin, Paris, InPress, p. 119-134.
(2015), "L'institution, le "bien commun" et le "malêtre"", in R. Kaës et al., Crises et traumas à l'épreuve du temps. Le travail psychique dans les groupes, les couples et les institutions, Paris, Dunod, p. 99-129.

Jean-Michel HIRT : La chute des corps
"L'amitié, ce rapport sans dépendance, […], cette séparation fondamentale à partir de laquelle ce qui sépare devient rapport", cette approche de Maurice Blanchot concernant sa relation à Georges Bataille sera le fil rouge d'un propos où Nathalie Zaltzman, disparue, est cette interlocutrice intérieure, devenue. Autour du vide advenu, des noms apparaissent, écrivains, psychanalystes, réalisateurs, musiciens, qui ont donné lieu à tant d'échanges vivants voués à tomber dans l'oubli. Le temps de cette chute cherche ici à se dire.

Jean-Michel Hirt est Professeur d'Université (Psychopathologie – Interculturel) et membre de l'Association Psychanalytique de France.
Publications
L'insolence de l'amour, fictions de la vie sexuelle, Albin Michel, 2007.
La dignité humaine, sous le regard d'Etty Hillesum et de Sigmund Freud, Desclée de Brouwer, 2012.
Paul, l'apôtre qui "respirait le crime", pulsions et résurrection, Actes Sud, 2014.
La vraisemblable ascension de John Coltrane, Éditions Domens, 2019.

Isabelle LASVERGNAS : La pulsion anarchiste : pour un retour vers une métasociologie psychanalytique
Le travail de Nathalie Zaltzman sur la notion de pulsion réoriente les présupposés métahistoriques freudiens sur le travail de la culture et sur la groupalité psychique au cœur des dynamiques inconscientes subjectives et collectives. Dans la poursuite de ces élaborations métapsychologiques sur les destins de la vie pulsionnelle, on esquissera des parallèles avec les propositions de nature métaphysique dans l'œuvre de Jean Baudrillard sur le sujet de la condition humaine en ce début du XXIe siècle, ainsi que sur le mal et l'implosion du politique dans le contexte dit de post-histoire.

Isabelle Lasvergnas est psychanalyste, Professeur honoraire, UQAM. Auteur de très nombreux articles, elle a dirigé plusieurs ouvrages collectifs, dont récemment, La consultation psychanalytique aujourd'hui, entre héritages et remaniements, Monographie, Filigrane, 2018.
Publications récentes
"L'attraction du double dans la filiation : du socius à la transmission analytique", Psychanalyse et Psychose, 2018.
"Transcrire la trace", in J.-F. Chiantaretto, C. Matha & F. Neau (dir.), L'écriture du psychanalyste, Colloque de Cerisy, Hermann Éditeurs, 2018.
"Temporalité psychique des premières rencontres et noyaux inconscients transmis dans la cure. La fonction conservatoire des entretiens préliminaires", Filigrane, 2018.
"L'abime des mots", in L. Grenier (dir.), Écritures du divan, 2017.
"Le corps exorbité", in J.-F. Chiantaretto & C. Matha (dir.), Écritures de soi, Écritures du corps, Colloque de Cerisy, Hermann Éditeurs, 2016.

Marie-Françoise LAVAL-HYGONENQ : Pulsion anarchiste, pulsion de mort, paradoxes de l'autoconservation
Avec la pulsion anarchiste, N. Zaltzman vient interroger les deux dualismes pulsionnels, plus particulièrement les deux pôles que Freud a successivement opposés au pôle libidinal : le pôle autoconservatif en 1910 et celui des pulsions de mort en 1920. Cette notion nous engage à penser autrement la clinique avec certains patients : "Reconnaître à l'activité anarchiste des pulsions de mort sa dimension de protestation vitale, c'est se donner les moyens de cesser d'incarcérer dans des étiquettes douteuses et impuissantes les trouble-fête de l'hygiène mentale et les ratés de la pratique analytique protocolaire…" écrit N. Zaltzman dans ce texte princeps de 1979. C'est le même projet qui anime les reconsidérations de M. de M'Uzan avec l'opposition : vital-identital/sexual, à distinguer d'un dualisme pulsionnel. Tous les deux prolongent une réflexion sur la dimension paradoxale du champ auto-conservatif laissé en jachère par Freud, qui reconnaissait en 1938 dans l'Abrégé "ne pas avoir réussi à élucider complètement" le renversement de la pulsion d'autoconservation en autodestruction.

Marie-Françoise Laval-Hygonenq est membre titulaire de la Société Psychanalytique de Paris.
Bibliographie
N. Zaltzman, De la guérison psychanalytique, Épîtres, PUF, 1998.
N. Zaltzman, La résistance de l'humain, Petite bibliothèque de psychanalyse, PUF, 1999.
N. Zaltzman, L'esprit du mal, Éd. de l'Olivier, penser/rêver, 2007.
M. de M'Uzan, De l'art à la mort, RTEL, Gallimard, 1977.
M. de M'Uzan, Aux confins de l'identité, NRF, Gallimard, 2005.
M. de M'Uzan, Nouveaux développements en psychanalyse autour de la pensée de M. de M'Uzan, EDK, 2011.

Arlette LECOQ : Entre l'esprit du mal et la vie de l'esprit, d'Angkar à Angkor
Mon propos débutera par une réflexion sur le statut du Mal que Nathalie Zaltzman situe hors filiation et sur l'héritage archaïque, en ce compris les références ontogénétiques et phylogénétiques. Richard III et Broddeck, l'un se situant avant, et l'autre après la césure des barbaries du XXe siècle, me permettront d'illustrer quelques facettes du travail de culture par l'art et la tragédie en ce qui concerne le premier, par la compulsion de répétition collective si bien mise en évidence dans le rapport de Broddeck de Philippe Claudel, en ce qui concerne le second.

Arlette Lecoq est psychiatre, psychanalyste, membre titulaire et membre de la commission de la SBP, secrétaire scientifique de la SBP, membre de l'IPA et Maître de conférences à l'université de Liège. Elle participe au groupe FIMMPIC de la SBP consacré aux Figures Intrapsychiques de la Mort et du Mal dans la Psyché Individuelle et Collective.

Ghyslain LÉVY : Les émissaires de l'ailleurs
Ce sont les messagers qui nous apportent, venant de nos lointains intimes, des nouvelles de nos objets perdus ou des objets que nous ne parvenons pas à perdre. Je suivrai ici le chemin que Nathalie Zaltzman avait ouvert avec son concept de sexualité mélancolique, quand détachement et séparation ont échoué et que le lien d'amour triomphe dans la mort. À travers l'écriture d'une fiction clinique, j'explorerai cette "charge cadavérique du lien d'amour", lorsque l'Histoire génocidaire est venue, à travers les générations, déchirer le temps, et que la passion de mourir reste le seul témoignage d'une telle déchirure.

Ghyslain Lévy est psychiatre et psychanalyste, membre du Quatrième Groupe.
Il a dirigé l'ouvrage collectif L'esprit d'insoumission, réflexion autour de la pensée de Nathalie Zaltzman, aux éditions Campagne Première, 2011, qui vient d'être réédité.
Il vient de publier Survivre à l'indifférence (Campagne Première, 2019).

Catherine MATHA : Souffrir maintenant et indéfiniment : une maladie trop humaine
La souffrance humaine, fidèle compagne de vie, liée à la solitude originelle de l'être humain face à l'angoisse de sa finitude, ne se laisse pas aisément apaiser. Car, paradoxe scandaleux, ce à quoi l'homme semble tenir le plus est sa souffrance, en dépit de ce dont il cherche à se convaincre. Les formes diverses dans lesquelles elle s'incarne en témoignent et conjuguent différemment les forces d'Eros et de Thanatos. Depuis les situations d'impuissance douloureuse où l'homme se convainc qu'il ne peut pas ce qu'il voudrait pour mieux se préserver du risque de la confrontation à un véritable impossible, aux "situations-limites" telles que décrites par Nathalie Zaltzman, où l'enjeu est celui d'une survie psychique quand la menace de mort est effective. Si la conceptualisation du masochisme et de ses différentes figures a ouvert des voies de compréhension sur les œuvres silencieuses de la pulsion de mort quand elle se drape d'érotisation, l'élaboration de la pulsion anarchiste qui tire sa force de la seule pulsion de mort en ouvre une autre.

Psychologue clinicienne de formation, Catherine Matha est Psychanalyste et Maître de Conférences en Psychologie clinique et psychopathologie à l'université Paris 13 SPC.
Publications
Les attaques du corps à l'adolescence, Dunod, 2018.
Blessures de l'adolescence, , avec Fanny Dargent, Puf, 2011.
Écritures de soi, Écritures du corps, avec Jean-François Chiantaretto (dir.), Colloque de Cerisy, Hermann, 2016.
L'écriture du psychanalyste, avec Jean-François Chiantaretto et Françoise Neau (dir.), Colloque de Cerisy, Hermann, 2018.

Raphaël MINJARD : Du chaos à la pulsion anarchiste : l'antre de l'éveil
Réanimer signifie ramener un malade, un blessé à la vie par une série de soins intensifs destinés à rétablir les fonctions vitales abolies ou compromises à la suite d'une intervention chirurgicale, d'un accident ou de toute autre agression pathologique. Une jeune spécialité médicale à la pointe du développement technologique telle que la réanimation ou les soins intensifs permettait-elle de penser l'éveil à la vie psychique ? Le moment de télescopage que représente l'éveil provocant confusion, délire et parfois hallucinations pourrait-être une fenêtre sur l'originaire dont le processus serait appelé à se répéter à l'identique ou de façon plus artificiel pour survivre. Réanimer traite autant de l'éveil, du lien et de la déliaison que de la vie et de la mort. Réanimer traite également du négatif des points de tension, de stase et de conflits internes exprimés ou non, mais agissants le sujet dont la parole est suspendue au moins pour un temps. Réanimer nous emmène au confins de l’articulation psyché soma, à la racine de la pulsion ; en ce sens la réanimation peut s’entendre aussi dans la métaphore du souffle de vie, de la "relance" de l'élan vital et de l'expérience limite. La théorie de la pulsion anarchiste nous permettrait-elle de penser ces mouvements ?

Raphaël Minjard est Psychologue clinicien, psychanalyste, participant au IVeme Groupe, Maître de Conférences en psychopathologie clinique au Centre de recherche en psychologie et psychopathologie clinique (CRPPC EA653) Lyon 2. Il est co-fondateur de la revue In Analysis, revue trandisciplinaire en psychanalyse et sciences.
Publications
Minjard R. (2019), "Corps débordant, parole absente : La vie psychique en réanimation", in F. Thomas, Le soin en médecine intensive. Les enjeux contemporains en réanimation, Paris, Seli Arslan.
Minjard R. & Di-Rocco V. (2018), "L'excitation hallucinée. Hallucinations et éveil de coma", in In Analysis, 2(1), 40–45.
Minjard R. & Combe C. (2017), "Je ne sens pas", in In Analysis, novembre, Vol 2, Numéro 3, Paris, Elesevier Masson.
Minjard R. (2016), "L'entretien en réanimation médico-chirurgicale adulte", in P. Attigui et B. Chouvier, L'entretien clinique, Paris, Armand Colin, 2ème Ed.
Minjard R. (2014), "L'éveil de coma ; approche psychanalytique", in Psychismes, Paris, Dunod, 257 p.

Jean-Pierre PINEL : Les alliances inconscientes psychopathiques, une figure du Mal
Dans L'esprit du Mal (2007), Nathalie Zaltzman prend appui sur une œuvre littéraire : Sa majesté des mouches, un roman de William Golging (1954), pour interroger le travail de la culture dans le traitement psychique du mal. L'ouvrage décrit les transformations subjectives et groupales qui s'opèrent dans un groupe d'enfants naufragés sur une île déserte, abandonnés par toute figure tutélaire. L'attention de Nathalie Zaltzman va se porter sur une question centrale : celle des modalités de régression du narcissisme individuel et collectif dans le déploiement d'agirs meurtriers commis à plusieurs.
Cette communication se situera dans le champ d'une psychanalyse en extension Kaës (2015), visant à mieux comprendre les interférences, les résonances et les nouages entre les espaces intra-, inter- et trans-subjectifs pour explorer une modalité de la destructivité, une modalité du mal, qui procède du nouage entre ces trois espaces psychiques, que je propose de désigner comme une alliance inconsciente psychopathique. Elle visera à caractériser les conditions dans lesquelles s'effectue la régression ouvrant la voie aux différents agirs destructeurs, aux désirs et plaisirs du meurtre comme de l'auto-anéantissement. Elle développera la proposition selon laquelle l'agir meurtrier se déploie lorsque prévaut une modalité de négatif, celle d'une absence du répondant (Kaës). Enfin, le propos se centrera sur les configurations intersubjectives dans lesquelles l'absence du répondant se forme paradoxalement in praesentia. L'analyse des processus psychiques mobilisés en ces configurations visera à en singulariser les sous-bassement pulsionnels mais également les ressorts groupaux et institutionnels. Le propos se clôturera par une réflexion sur les prolongements cliniques et culturels de telles configurations de liens psychopathologiques.

Publications
Pinel J.-P. (2018), "Adolescentes, agirs délinquants et convocation du répondant", Adolescence, 36, 1, p. 133-146.
Drieu D. ; Pinel J.-P. (2015), Violence et institution, Paris, Dunod, Préface de René Kaës.
Pinel J.-P. (2014), "Le traitement institutionnel des incestualités-mafieuses familiales intériorisées chez les adolescents", Le divan familial. L'énigme du sexuel dans les familles et les institutions, 33, Automne 2014, p. 17-34.
Pinel J.-P. (2011), "Les adolescents en grandes difficultés psychosociales : errance subjective et délogement généalogique", Connexions, 96, p. 9-26.
Pinel J.-P. (2011), "Group analytic work with violent preadolescents : working-through and subjectivation", Group Analysis, London, Vol. 44(2), London, p. 196-207.

Evelyne TYSEBAERT : Le mal. Ses représentations entre corps individuel et corps du monde
L'œuvre de Nathalie Zaltzman a analysé les questions du mal et du travail de culture de manière approfondie et novatrice. En explorant les ressources psychiques dont dispose l'humain pour faire face à une réalité dominée par le primat de la destruction physique et morale, elle s'est demandé si l'on pouvait tenter d'approcher de ces ressources psychiques sans sortir, au moins en partie, de l'univers freudien où la vie inconsciente est mue par l'organisation fantasmatique du désir au service des buts d'Éros.
Cette réflexion sera structurée autour des questions du corporel, du sensoriel et de leur transmission, tels qu'ils se manifestent dès le départ de la vie psychique. Une parenthèse littéraire sur le crime collectif et un cas clinique de meurtre individuel mettront en avant cet en-deçà de l'inconscient freudien qui permet de rendre pensable une activité pulsionnelle de vie et de mort hors liaison par l'activité fantasmatique inconsciente.

Monette VACQUIN : Démesure et civilisation... Et retour
La vie m'a fait l'inestimable cadeau de trente ans d'amitié avec Nathalie Zaltzman. Nouée dans le travail, cette amitié prit la forme de décennies de conversations qui ne furent interrompues que par sa mort. Démesure et civilisation sont des concepts propres à son œuvre, dont je m'efforcerai de faire partager l'amplitude à travers ses travaux mais aussi à partir de nos échanges privés. "La démesure est l'ancrage humain, sa marque de fabrication, sa vocation naturelle (…) Mais prendre la mesure de l'ancrage humain dans la folie, c'est disposer d’une raison suffisamment solide pour vivre avec cette démesure sans vivre ni dans sa terreur, ni dans son idéalisation", écrivait-elle dans Faire une analyse, et guérir : de quoi. De mon côté, je travaillais sur la question inédite du conflit de la techno-science et de la civilisation, sur les délires de la raison, en prenant soin d'en repérer les dimensions liées à l'histoire et à l'inconscient. Un retour de l'hybris dans des lieux imprévus…

Monette Vacquin est psychanalyste et écrivain. Membre du bureau de "Schibboleth, Actualité de Freud", association internationale inter-universitaire. Membre du conseil scientifique du département d'éthique bio-médicale du Collège des Bernardins. Ancien membre du Collège de Psychanalystes, Paris. Lauréate du Grand Prix "Science et conscience" attribué par "Humanisme et Société".
Principaux ouvrages
Frankenstein ou les délires de la raison, François Bourin, 1989 / Julliard, 1995 (Traduit en allemand et en japonais).
Main basse sur les vivants, Fayard, 1999.
Grave ma non troppo, Beethoven, dernier mouvement, Penta, 2014.
Frankenstein aujourd'hui, égarements de la science moderne, Belin, 2016 (Traduit en chinois).
Ouvrages collectifs
Tensions et défis éthiques dans le monde contemporain, mai 2012, Éd. des Rosiers, sous la dir. de M. G. Wolkowitcz.
États du Symbolique aujourd'hui, juin 2014, Éd. In Press, dirigé par M. G. Wolkowicz.
Figures de la cruauté, mai 2016, Éd. In Press, sous la direction de M. G. Wolkowicz.
Le sujet face au réel et dans la transmission, 2017, Éd. In Press, sous la direction de M. G. Wolkowicz.
Si c'était Jérusalem, février 2018, Éd. In Press, sous la direction de M. G. Wolkowicz.
Une France Soumise, sous la direction de G. Bensoussan, Préface d'E. Badinter, Albin Michel, 2017.
Le Nouvel Antisémitisme en France, Préface d'E. de Fontenay, avec P. Val, P. Bruckner, G. Bensoussan, J.-P. Winter, etc., Albin Michel, 2018.
Direction d'ouvrage et préface
La Responsabilité, Éd. Autrement, Collection "Morales", 1994.
Travaux sur la musique
Publiés sur le site "l'interprète-musicien", sous la direction de R. Stricker.

François VILLA : Psyché anarchiste, psyché totalitaire ?
La pulsion peut s'avérer possiblement, comme l'envisage N. Zaltzman, porteuse d'une tendance anarchiste qui révèle la participation de la pulsion de mort à la vitalité de la vie psychique. Cela ne nous permet pas d'en déduire que cette dimension anarchiste caractérise la psyché et nous devrons envisager la tendance totalitaire qui œuvre aussi dans la psyché. Au-delà du caractère péremptoire de ces affirmations, notre projet est de les soumettre à la question et à la discussion.

François Villa est professeur d'université (psychopathologie psychanalytique), université de Paris. Il est co-porteur du programme interdisciplinaire La personne en médecine et co-porteur du LabEx Who Am I ?. Il est psychanalyste, membre de l'Association Psychanalytique de France et de l'Association Psychanalytique internationale.
Publications
La Puissance du vieillir, Paris, Le fil rouge, Paris, PUF, 2010.
Le caractère dans la pensée freudienne, Paris, Hors collection, Paris, PUF, 2009.
"Identité de perception, identité de pensée et tentation totalitaire", in Wolkowicz M. G. (éd), Tensions et défis éthiques dans le monde contemporain, Paris, Les éditions des Rosiers, 2013, 493-512.
"Au cœur du rêve, la horde", Penser/rêver, 2009, n°15, "Toute-puissance", Éd. de l'Olivier, 41-60.
"La psychanalyse a-t-elle les moyens de penser le mal ? À propos de L'esprit du mal de Nathalie Zaltzman", L'évolution psychiatrique, 2009, 74 (2), Elsevier, 314-324.
Avec Eva Weil
"Lettre à Nathalie… absente", in Lévy G. et coll., L'esprit d'insoumission - Réflexions autour de la pensée de Nathalie Zaltzman, Paris, Campagne Première, 2011.
"The spirit of evil. By Nathalie Zaltzman", Paris, Éditions de l'Olivier, 'penser/rêver', 2007. 109 pp., International Journal of Psychoanalysis, 2010, 91, 3, June, 667–674. doi: 10.1111/j.1745-8315.2010.315(4).x.


SOUTIENS :

• Unité transversale de recherche psychogénèse et psychopathologie (UTRPP, EA 4403) | Université Sorbonne Paris Nord
• Centre de recherche en psychopathologie et psychologie clinique (CRPPC, EA 653) | Université Lumière Lyon 2