Programme 2017 : un des colloques

Programme complet


LE KITSCH : DÉFINITIONS, POÉTIQUES, VALEURS


DU LUNDI 21 AOÛT (19 H) AU LUNDI 28 AOÛT (14 H) 2017

[ colloque de 7 jours ]



DIRECTION :

Franz JOHANSSON, Mathilde VALLESPIR


ARGUMENT :

De l'essai savant à la presse à grand tirage, du musée à l'écran de cinéma ou d'ordinateur, dans des domaines aussi variés que les arts plastiques, la décoration, le cinéma, le théâtre, le clip, la décoration d'intérieur ou la mode vestimentaire, le kitsch est partout aujourd'hui. Son extension s'accompagne d'un renversement : de marginal et honni qu'il était il y a quelques décennies, le kitsch est devenu triomphant. Il s'affiche et s'affirme sans complexes, presque avec arrogance.

Ce colloque se propose de suivre les manifestations du kitsch à travers tous les langages, formes et lieux qui peuvent en être le support, aussi bien que les discours qui portent sur lui. En faisant dialoguer créateurs et chercheurs avec un public intéressé par les questions traitées, son ambition est de montrer à l'œuvre les processus de création — plastique, poétique, musicale ou cinématographique — en les confrontant à des approches théoriques ou critiques et, par la même occasion, de redéfinir les contours et réévaluer les théories d'une notion dont le succès a entraîné l'éclatement et le brouillage. Il s'agira de traquer le kitsch jusqu'aux confins de ses territoires, en s'interrogeant sur ses relations à des catégories voisines (le "camp" ou l'art "pompier") ou à des situations ou phénomènes analogues (le baroque ou le rococo) ; de comprendre l'inscription du kitsch dans la complexité de notre actualité historique, politique, esthétique, culturelle et sociétale ; de se donner, en définitive, les moyens d'engager une véritable épistémologie du kitsch.


CALENDRIER DÉFINITIF :

Lundi 21 août
Après-midi
ACCUEIL DES PARTICIPANTS

Soirée
Présentation du Centre, des colloques et des participants


Mardi 22 août
Matin
Franz JOHANSSON & Mathilde VALLESPIR : Ouverture

CONFÉRENCE INAUGURALE
Christophe GENIN : Le devenir kitsch : un modèle global pour nos sociétés ? [enregistrement audio en ligne sur La forge numérique de la MRSH de l'université de Caen Normandie et sur le site Radio France, rubrique France Culture]

Après-midi
KITSCH ET ARTS VISUELS (CINÉMA, ARTS PLASTIQUES)
Président de séance : François PROVENZANO

Michaël BOURGATTE : Du kitsch à prendre avec des gants ? Les films amateurs suédés
Vincent OLINET : Le merveilleux (dé)fait main

Soirée
Vernissage de l'exposition des œuvres du plasticien Vincent OLINET


Mercredi 23 août
Matin
KITSCH ET PRATIQUES SOCIÉTALES
Président de séance : Christophe GENIN

Dominique PETY : Le kitsch et la pratique de la collection au XIXe siècle
Martial GUÉDRON : Nu, lisse et brillant : du héros néoclassique au mâle kitsch

Après-midi
KITSCH, DISCOURS ET PRATIQUES SOCIÉTALES
Présidente de séance : Dominique PETY

Marie SCHIELE : Le couturier-chiffonnier : quand la parure se fait parodie
François PROVENZANO : Pensées kitsch : rhétorique et politique d'un discours théorique


Jeudi 24 août
Matin
STYLISTIQUES DU KITSCH
Président de séance : Martial GUÉDRON

Vivien BESSIÈRES : Tarte et kitsch — fiches-recettes
Mathilde VALLESPIR : Faire kitsch, défaire l'œuvre : l'effet esthétique du kitsch

Après-midi
DÉTENTE

Soirée
Christian PRIGENT : Kitsch, avant-garde, carnaval, etc. [entretien et lecture]


Vendredi 25 août
Matin
KITSCH ET MUSIQUE
Présidente de séance : Mathilde VALLESPIR

Stéphanie ATANASIU : Des représentations du kitsch dans la musique
François-Xavier FÉRON : Citations et allusions dans la musique de John Zorn : manifestation du kitsch ou relation à l'héritage ?

Après-midi
FORMES POPULAIRES
Présidente de séance : Danielle PERROT-CORPET

Séverine BARTHES : Le kitsch, c'est chic. Rhétorique du kitsch dans les séries du basic cable américain
Romain BENINI : Kitsch et populaire : l'exemple de la chanson au XIXe siècle


Samedi 26 août
Matin
ÉCRITURE DU KITSCH
Présidente de séance : Marie-Albane WATINE

Franz JOHANSSON : Ekphraseis kitsch
Luc VIGIER : Des effets du kitsch sur le sublime chez Philippe Le Guillou

Après-midi
POLITIQUE ET HISTOIRE DU KITSCH
Président de séance : Romain BENINI

Daniel PATERSON : "Les mots dans le vent", emplois du mot "kitsch" dans Le Monde (1944-2016)
Danielle PERROT-CORPET : Elfriede Jelinek : le kitsch ou le "virus du crime"


Dimanche 27 août
Matin
KITSCH ET ÉNONCIATION
Président de séance : Franz JOHANSSON

Marie-Albane WATINE : Style kitsch et énonciation sérieuse : le cas du roman rose [entretien vidéo]
Anne-Gaëlle TOUTAIN : Kitsch et théories linguistiques : le sujet entre langue et idiome
Violeta CRUZ : Le goût : réflexe esthétique involontaire

Après-midi
DÉTENTE

Soirée
Concert, Œuvres de Violeta CRUZ (compositrice), avec Guy-Loup BOISNEAU


Lundi 28 août
Matin
Franz JOHANSSON & Mathilde VALLESPIR : Conclusions

Après-midi
DÉPARTS


RÉSUMÉS & BIO-BIBLIOGRAPHIES :

Stéphanie ATANASIU : Des représentations du kitsch dans la musique
Nous nous proposons, dans le cadre de cette communication, d'étudier les phénomènes du kitsch dans les pratiques de réappropriation des musiques dites "classiques" par la musique populaire (reprises, adaptations, réorchestrations). Nous nous attacherons plus particulièrement à l'exemple de la scène Metal qui est régulièrement amenée à reprendre l'Allegro de "La Primavera" de Vivaldi. Partant de certains critères d'analyse proposés par Christophe Génin (Kitsch dans l'Âme, Paris, Vrin, 2010, p. 24), nous étudierons les cas du Vivaldi Metal Project et du guitariste Uli Jon Roth pour illustrer comment le kitsch peut s'immiscer dans ces musiques. L'analyse sera ensuite étendue à d'autres cas de reprises et interprétations de musiques, tels que Kimera, Maxim Mrivca ou encore Klaus Nomi et Liberace (dont les deux cas sont particulièrement intéressants pour comprendre le rôle du visuel dans les musiques "kitsch").

Stéphanie Atanasiu, récemment diplômée de Paris 8 Vincennes Saint-Denis (Master Recherche en Musicologie), a effectué des recherches à l'université Humboldt de Berlin afin de rédiger son travail de Master 1 sur "Les Musiques populaires sous la République de Weimar". Le sujet de son Master 2, réalisé sous la direction de M. Frédérick Duhaupas, était : "Des Représentations du Kitsch dans la Musique". Pratiquant le piano classique, elle travaille actuellement sur une interprétation de Canto Ostinato de Simeon Ten Holt pour trois pianistes.

Romain BENINI : Kitsch et populaire : l'exemple de la chanson au XIXe siècle
La chanson du premier XIXe siècle, avant l'émergence du café-concert et de ce que certains ont appelé la "culture de masse", a pour spécificité une pratique constante du réemploi et de la réécriture, puisque les textes étaient écrits pour accompagner des airs anciens et déjà bien connus des auditeurs. La mention de l'air, donnée généralement, dans la version imprimée, sous le titre de la chanson, était appelée timbre. La notion de kitsch est généralement réservée aux arts plastiques, mais cet exposé s'interrogera sur ce qu'elle peut apporter à l'étude de la chanson ancienne. On questionnera notamment la pertinence de la notion d'auctorialité (ou de singularité auctoriale) pour ce type de productions que sont les chansons à timbre, en observant l'articulation de ce qu'on pourrait voir, après Moles, comme une "aliénation consentie", avec l'ambition populaire des œuvres : l'imitation des modèles et la reprise de clichés entraîne-t-elle la définition d'un espace de communication qu'on pourrait appeler kitsch ?

Romain Benini est maître de conférences à l'université Paris 4-Sorbonne. Il a soutenu en 2014 une thèse de stylistique et de métrique sur les "Chansons dites populaires" imprimées à Paris entre 1848 et 1851.

Vivien BESSIÈRES : Tarte et kitsch — fiches-recettes
À travers ce titre en forme de jeu de mots on ne peut plus tarte ou kitsch, je propose de faire deux choses : élaborer une carte d'identité du style kitsch en comparaison et opposition avec ce que serait un style tarte et poser la question des recettes stylistiques en art, dans la perspective du kitsch. Le premier axe de réflexion tournerait autour de la définition par F. Jameson du style postmoderne comme pastiche, "parodie blanche", de styles dépassés (dead styles). Le kitsch serait ainsi constitutif d'un tel style, et aurait toujours à voir avec le passé, contrairement au style tarte, uniquement ancré dans le présent. Le second axe de réflexion consisterait à se demander si le kitsch est toujours l'application d'une recette stylistique. Il s'agirait alors de chercher à mieux comprendre, à travers le fait du kitsch, le rapport entre l'idée de recette en art et l'idée de valeur. La valeur esthétique est-elle inversement proportionnelle à l'application d'une recette ? Le kitsch est-il ce style qui garde une valeur tout en appliquant une recette ?

Maître de conférences en langue française à l'université de Limoges, agrégé de lettres classiques, Vivien Bessières a soutenu en 2011 à Toulouse une thèse sous la direction de Jacques Dürrenmatt : "Antiquité et postmodernité — Les intertextes gréco-latins dans les arts à récit depuis les années soixante (fiction, théâtre, cinéma, série télévisée, bande dessinée)", dont une version remaniée vient de paraître (voir ci-dessous). Ses thèmes de recherche actuels sont : stylistique participative appliquée au récit — ou comprendre une œuvre narrative sans l'interpréter : niveau affectif (stylistique cognitive), niveau corporel (soma-esthétique), niveau pratique de l'imitation et de la création (ateliers et manuels d'écriture).
Publications
Le Péplum et après ? L'Antiquité gréco-romaine dans le récits contemporains, Classiques Garnier, 2016.
"Stylistique et fiction populaire", Le Pardaillan, Revue de Littératures populaires et cultures médiatiques, n°1 : "Fictions populaires", septembre 2016, p. 49-64.

Michaël BOURGATTE : Du kitsch à prendre avec des gants ? Les films amateurs suédés
Le suédage est une pratique cinématographique imaginée par le réalisateur Michel Gondry dans Be Kind Rewind (2008). Ce film raconte les aventures de deux gérants de vidéoclub qui mettent à la location des remakes de films célèbres qu'ils réalisent eux-mêmes avec une caméra amateur, quelques objets et l'aide de leurs amis. Suite à un concours de films suédés lancé après la sortie de Be Kind Rewind, la pratique de suédage a connu une carrière importante sur Internet au sein des cercles de cinéastes amateurs. Le principe reste le même : une bande d'amis, avec quelques objets de récupération, re-tournent un film le plus généralement issu de la culture commune. Ils mettent ensuite leur création en ligne afin de la faire circuler le plus largement possible. Généralement, le rendu est un film court, de quelques minutes tout au plus, dont la cohérence narrative dépend d'une connaissance préalable du film qui a été suédé. Le film est doté d'une (in)esthétique propre et affirme pleinement ses malfaçons, ce qui conduit à l'amusement et au rire. À bien des égards, la pratique de suédage entretient donc une relation avec le kitsch. Elle est d'abord un principe de reprise avec variation. C'est ensuite une réalisation qui doit à la fois rendre compte de sa médiocrité pour paraître authentiquement suédé/kitsch et, dans le même temps, montrer sa capacité à dire quelque chose d'un objet premier auquel elle se réfère. Enfin, pratique de suédage et production d'objets kitsch renvoient toutes deux à la société industrielle puisqu'elles sont à la fois création (principe d'unicité) et imitation (principe de reproductibilité).

Michaël Bourgatte est maître de Conférences à l'Institut Catholique de Paris, EA 7403. Ses travaux portent sur la circulation de la valeur dans le champs de l'audiovisuel : films de cinéma, vidéos en ligne et pratiques éducatives. Il a publié plusieurs articles et chapitres dont trois sur Michel Gondry et la pratique de suédage.
Direction d'ouvrages
Quelles Humanités numériques pour l'éducation ? (2016).
Le cinéma à l'heure du numérique. Pratiques et publics (2012).
Numéro 46 de la revue Éduquer/Former ("Innovations pédagogiques et usages de la vidéo", 2014).

Violeta CRUZ : Le goût : réflexe esthétique involontaire
À travers mon travail, sous forme de musique de concert ou d'installation sonore, je propose au spectateur une expérience où, dans un esprit qu'on pourrait qualifier de kitsch, le banal approche le sublime. Certains objets, matières et sons provoquent naturellement chez l'auditeur une jouissance presque infantile, un plaisir qui n'a pas à se justifier. Ces objets, matières et sons ont la vertu de rendre familier l'univers très abstrait et parfois mystérieux de la musique contemporaine instrumentale, musique qui se veut loin des canons habituels de la beauté, où la notion du goût semble déplacée.

Compositrice colombienne née en 1986, Violeta Cruz fait ses études à l'université Javeriana, à Bogota, et au Conservatoire de Paris. Son travail inclut pièces instrumentales, électroacoustiques et "sculptures sonores" (des machines mécaniques dont le comportement sonore est prolongé par un dispositif électronique). Une des préoccupations communes à ces trois types de pièces est le rapport entre son et matière.

François-Xavier FÉRON : Citations et allusions dans la musique de John Zorn : manifestation du kitsch ou relation à l'héritage ?
Né en 1953, le compositeur et musicien new-yorkais John Zorn s'est inspiré d'une myriade de genres musicaux — relevant aussi bien des musiques populaires que traditionnelles ou savantes — pour construire une œuvre profondément originale au regard de sa nature protéiforme et hétéroclite. Comme l'explique sans détour le compositeur : "This is something I really react strongly against, the idea of high art and low art. I mean, that distinction's a bunch of fucking bullshit. […] There's good music and great music and phoney music in every genre and all the genres are the fucking same !". Zorn ne se restreint aucunement à un genre spécifique, préférant depuis toujours s'aventurer dans différentes sphères musicales (classique, jazz, klezmer, rock, hardcore, world music…) pour mieux en abolir les frontières. Ses œuvres regorgent ainsi de citations et allusions qui se réfèrent explicitement à ces différentes esthétiques et pratiques musicales. Ce mélange des genres et cette culture de l'emprunt relèvent-ils d'une esthétique kitsch ou témoignent-ils d'une volonté de rendre hommage à son héritage culturel ? Pour tenter de répondre à cette question, nous analyserons le travail de réappropriation que Zorn opère dans sa musique, en recourant notamment à certains modèles et clichés puisés dans différents répertoires. À travers cette réflexion, qui sera étayée de nombreux extraits sonores, notre objectif est de révéler l'incroyable richesse et variété de son œuvre musicale.

Titulaire d'un master en acoustique musicale (Paris VI) et d'un doctorat en musicologie (Paris IV), François-Xavier Féron a été chercheur postdoctoral, en 2008-2009, au sein du Centre for Interdisciplinary Research in Music Media and Technology (CIRMMT, Université McGill, Montréal) puis, entre 2009 et 2013, au sein de l'Institut de Recherche et Coordination Acoustique/Musique (IRCAM, Paris). En 2013, il intègre le CNRS en tant que chargé de recherche le Laboratoire Bordelais de Recherche en Informatique (LaBRI-SCRIME, UMR 5800, Université de Bordeaux). En 2015, au sein du CIRMMT, il continue d'étudier, avec le professeur Guastavino, la manière dont les auditeurs perçoivent des trajectoires sonores dans l'espace. Ses autres recherches, le plus souvent ancrées autour de la dialectique Acoustique-Musique, se concentrent sur les pratiques musicales contemporaines (du processus de création au travail d'interprétation en passant par l'analyse des œuvres), l'histoire et l'esthétique des musiques des XXe et XXIe siècles.

Christophe GENIN : Le devenir kitsch : un modèle global pour nos sociétés ?
Le kitsch semble insaisissable. Goût, style, manière, mode d'existence, genre artistique, classes d'objets : il semble être un prédicat protéiforme applicable à tout en toutes circonstances au gré de chacun. Les caractères naguère identifiés par Greenberg ou Moles semblent laisser la place aujourd'hui à des modulations floues. Permettant naguère d'identifier le goût d'une classe bourgeoise et un type d'objets afférents, ce vocable acquiert aujourd'hui un usage universel exprimant bien souvent la réaction d'un choc culturel, péjorative ou laudative. On peut interpréter cela comme une extension de sens qui perd en acuité. Il nous semble que ces conversions, inversions et interversions des valeurs et des signes relèvent en fait d'un processus de kitschification d'objets socialement marqués. Cette kitschification s'inscrit dans une mondialisation libérale qui brasse les cultures selon les règles marchandes des industries culturelles. En cela le kitsch paraît être la pente de toute production qui verse tôt ou tard dans sa caricature. Il s'agira de voir pour nous dans le concept de kitsch une sorte d'opérateur qui permet d'en étendre le champ sémantique et le champ d'application. Par là même, il ne s'inscrit plus dans une dichotomie entre le vrai et le faux, entre l'original et le pastiche, entre le chic le toc, mais dans un monde d'économie compassionnelle qui semble ruiner les notions d'authenticité et de vérité, et même toute ontologie.

Christophe Genin, né en 1958, est agrégé de philosophie et docteur d'État ès Lettres et Sciences humaines. Professeur en philosophie de l'art et de la culture à l'université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, il est membre de l'UMR 8218, ACTE, et dirige la ligne Études de la Culture. Il dirige le master d'études culturelles et l'École doctorale 279 Arts Plastiques, Esthétique et Sciences de l'art. Ses recherches portent sur les identités réfractaires, qu'elles s'expriment dans la culture populaire (kitsch, street art) ou dans les processus réflexifs des pratiques artistiques. Il s'interroge également sur les conditions d'interprétation des œuvres d'art et des pratiques culturelles traditionnelles ou émergentes.
Travaux sur le kitsch
2016, Co-organisateur du colloque "Kitsch et idéologies", Brest, UBO.
2015, Journée d'études "Kitsch et art contemporain ? Emmanuel Mahé", Paris, ENSAD, Communication : "La kitschification du street art".
2014, Co-organisateur de la Journée d'Études "Kitsch et Antiquité", UB0/UP1.
2014, Conférence sur "Kitsch et Baroque", Journées d'Études sur le kitsch, Brest, UBO.
2013, DAFOR de Paris, en Sorbonne, Communication : "Kitsch et imitation".
2013, Brest, UBO, Faculté Victor Segalen, Laboratoire HCTI, Journée d'Étude "Le kitsch, une affaire de goût ?", Communication : "Modélisme et kitschisation".
2010, Ouvrage personnel Kitsch dans l'âme, Paris, Vrin ; rééd. 2016.
2009, CAPC de Bordeaux / Université de Bordeaux, Communication : "Kitsch et art modeste".
2007, "Le kitsch, une histoire de parvenus" référencé dans Wikipédia et "Le guichet du savoir", site en ligne de la Bibliothèque municipale de Lyon.
2006, Colloque "Kitsch et avant-garde", Université de Limoges.

Franz JOHANSSON : Ekphraseis kitsch
L'ekphrasis implique la superposition de deux écritures : ce qui est représenté par le texte est, à son tour, une représentation possédant, en tant que telle, des codes esthétiques qui lui sont propres. Quelles formes revêt cette interférence lorsque l'œuvre décrite relève d'une esthétique kitsch — soit d'un art ayant trait, d'une manière ou d'une autre, et aussi complexe et ambivalent que soit ce rapport, au déchet, à la pacotille, au mensonge, à l'échec ? Si l'ekphrasis suppose toujours une "indexation de la valeur de culture" (G. Molinié), qu'arrive-t-il lorsque l'objet dont s'empare la figure appartient à une forme de sous-culture, fondée sur des valeurs artificielles ou truquées, sur des fausses valeurs ou des contre-valeurs ? Cette communication se propose de suivre la manière dont, de Flaubert à Éco, de D'Annunzio à Robbe-Grillet, les textes se logent dans la tension entre deux pôles : à l'un des extrêmes, la célébration ou la consécration d'une esthétique à travers une écriture qui tend à faire corps avec l'œuvre décrite ; à l'autre, le détachement et le désaveu sous diverses formes.

Franz Johansson a consacré sa thèse de doctorat au théâtre de Paul Valéry. Il enseigne à l'université Paris-Sorbonne depuis 2007 et co-dirige depuis 2014 l'équipe Valéry de l'ITEM (ENS/CNRS). Il participe à l'édition numérique de l'intégralité des Cahiers de Paul Valéry, comme il a participé à l'édition partielle, en treize volumes, des Cahiers 1894-1914 (Gallimard).
Publications de collectifs
"Du divin et des dieux". Recherches sur le Peri tôn tou theou de Paul Valéry, avec Fabienne Mérel et Benedetta Zaccarello, Peter Lang.
Puissances et possibilités d'une île : études sur L'Isle sans nom, un projet inédit de Paul Valéry, Classiques Garnier, 2017.

Vincent OLINET : Le merveilleux (dé)fait main
Mon travail s'apparente à un incessant voyage entre un imaginaire débridé et une réalité qui faillit. Fait d'espoirs et de désillusions, l'univers artistique bâti emprunte à l'image populaire et au divertissement leur puissance universelle et leur fort pouvoir métaphorique. Ainsi, les œuvres s'appréhendent dans une lecture double qui, de l'apparence au détail, fait passer le spectateur de l'admiration à un malaise léger, que viennent questionner des œuvres dont le parfait attendu est manifestement tombé dans l'approximation d'un fait-main douteux. Mélange de brutalité et de finesse, de dégoût et de plaisir, de formes connues ou réinventées, les œuvres surprennent et interpellent. L'artiste joue ainsi sur la perception, la mémoire et les souvenirs. Si le registre d'images et de formes utilisées, et leur ancrage dans l'inconscient collectif attire, c'est pour mieux souligner les mirages de la séduction des images et le déséquilibre subtil que notre société entretient avec elles.

Né en 1981, Vincent Olinet vit et travaille à Paris. Il est diplômé de l'École Nationale des Beaux Arts de Lyon en 2005. En 2006, il a été en résidence à la Rijksakademie, Amsterdam. Il est représenté par la galerie Laurent Godin. Son travail est exposé en Europe et dans le monde : à la Cité de la Céramiques de Sèvres ; au Lentos Kunstmuseum de Linz, Autriche ; au Kunstmuseum Wolfsburg, Allemagne ; à la Biennale de Shanghaï… Il a remporté plusieurs prix, récemment le prix d'Ube pendant sa participation à la Ube Biennale, Japon. Son travail est suivi par de nombreuses collections privées et publiques, parmi lesquelles le Fonds National d'Art Contemporain, le Musée d'Art Contemporain du Val de Marne Mac-Val, Diane von Fürstemberg et L'Oréal.

Daniel PATERSON : "Les mots dans le vent", emplois du mot "kitsch" dans Le Monde (1944-2016)
La presse généraliste est une fenêtre privilégiée sur l'esprit d'une société, à la fois un reflet et un moteur de son époque. Son étude, pour qui est à la recherche d'un cadre sémantique pour le terme "kitsch", peut apporter une lumière intéressante sur cet apport récent et protéiforme à la langue française. Les archives du quotidien Le Monde couvrent, sur soixante-dix ans, un large éventail de domaines, du plus populaire au plus pointu. Entre théories issues du monde germanophone et usages courants, qu'est-ce qui, au sens populaire, peut-être attesté "kitsch" ? Quelles clarifications l'inspection de la presse quotidienne peut-elle apporter à l'étude d'un terme qui se dérobe aux cadres de la définition et du classement ? Nous chercherons des éléments de réponse en confrontant la polyphonie de ses usages dans les articles du Monde à des approches lexicométriques, axiologiques et à une mise en relation de cas pratiques avec les idées développées par quelques théoriciens du kitsch.

Danielle PERROT-CORPET : Elfriede Jelinek : le kitsch ou le "virus du crime"
"L’identité de l'Autriche a été fondée sur un mensonge historique : sur l'innocence... Cela a fait de moi une sorte d'ange exterminateur", explique Elfriede Jelinek dans une interview de 2007. Représentante exemplaire de toute une lignée d'artistes autrichiens qui se vouent à dénoncer les "trous de mémoire" d'une Autriche officiellement mise au nombre des victimes du nazisme par la Conférence de Moscou en 1943, Jelinek décrit volontiers sa patrie comme un "bonbon au poivre" : la surface lisse et rose sert à masquer un cœur noir et âcre — comme le kitsch intrinsèque des mythes identitaires nationaux recouvre et protège depuis 1945 un fascisme persistant, "ce virus du crime autrichien" (selon l'expression d'Ingeborg Bachmann) toujours vivace dans les structures d'une société où prospèrent — à l'ombre des valses viennoises et des randonnées bucoliques — la haine de l'étranger et la loi du plus fort. Pour autant, l'Autriche n'a pas l'apanage du kitsch ainsi défini. Il s'agira de mettre en évidence les modalités de déconstruction par Jelinek, qui se réclame des Mythologies de Barthes, d'un kitsch — qu'il soit typiquement autrichien dans Les Amantes (1975) ou étendu à la médiasphère occidentale dans Bambiland (2004) —, toujours dénoncé comme arme idéologique au service d'une violence destructrice d'autant plus virulente qu'elle est collectivement déniée.

Ancienne élève de l'ENS de Fontenay-Saint-Cloud, agrégée de Lettres Modernes, Danielle Perrot-Corpet est maître de conférences en littérature comparée à l'université Paris-Sorbonne.
Publications
(dir.) "Fiction littéraire contre storytelling ? Formes, valeurs, pouvoirs du récit aujourd’hui", Comparatismes en Sorbonne, n°7, 2016.
(dir. en collaboration avec Lise Gauvin), La Nation nommée Roman face aux histoires nationales, Paris, Classiques Garnier, 2011.
"Deux mythologues v(i)oleurs de mots : le sexe ou/contre la Norme dans Juan sin tierra (1975) de Juan Goytisolo et Lust (1989) d'Elfriede Jelinek", Revue d'Études culturelles (Dijon), n°1 : "Érotisme et ordre moral", Printemps 2005, p. 157-166.

Dominique PETY : Le kitsch et la pratique de la collection au XIXe siècle
On cherchera à comprendre, d'une part la notion de "kitsch onirique" que Walter Benjamin propose à la fin des années 1920, d'autre part le jugement qu'il porte rétrospectivement sur la surcharge ornementale des objets et des intérieurs à la fin du XIXe siècle. Le collectionneur semble être le parangon de cette esthétique fin de siècle du kitsch. Mais Walter Benjamin propose aussi une lecture politique de ce type de rapport aux objets et préfigure les analyses d'un Jacques Rancière ou les positionnements d'artistes contemporains à l'égard des collections d'objets.

Christian PRIGENT : Kitsch, avant-garde, carnaval, etc. (entretien et lecture)
Lectures par Christian Prigent de quelques textes extraits de ses livres de poésie et de fiction, suivies d'un entretien (sur le kitsch, l'avant-gardisme, le carnavalesque…) avec les directeurs du colloque.

Christian Prigent a dirigé de 1969 à 1993 la revue d'avant-garde "carnavalesque" TXT et la collection du même nom. Il a publié, essentiellement chez P.O.L., à Paris, mais aussi chez Christian Bourgois, Al dante, Cadex, Zulma, Argol, une cinquantaine d'ouvrages (poésie, fiction, chroniques, essais sur la littérature et la peinture). Le CCIC lui a consacré un colloque en 2014, publié sous le titre Christian Prigent : trou(v)er sa langue.

François PROVENZANO : Pensées kitsch : rhétorique et politique d'un discours théorique
À partir d'un ancrage méthodologique en rhétorique et en sémiotique discursive, cette contribution interrogera la portée du kitsch comme catégorie d'analyse de pratiques discursives du savoir et, plus particulièrement, de styles théoriques. L'hypothèse de travail consistera, notamment, à envisager la manière dont les écarts épistémologiques, les incongruités conceptuelles, les flottements terminologiques participent de la figuralité du discours théorique, autant que de son impertinence culturelle et politique. Cette hypothèse sera mise à l'épreuve d'un corpus puisé aux théoriciens du kitsch eux-mêmes, Benjamin en premier lieu, dont on cherchera ainsi à éclairer l'historicité de leurs théories.

François Provenzano est enseignant-chercheur au Centre de Sémiotique & Rhétorique de l'université de Liège. Ses recherches actuelles portent sur la rhétorique du discours social, la circulation sociale du discours théorique et l'histoire des idées linguistiques. Avec d'autres collègues de l'ULg, il conduit un projet de recherche collective intitulé "Genèse et actualité des Humanités critiques. France-Allemagne (1945-1980)". Il est secrétaire de la revue Signata – Annales des sémiotiques et membre du groupe de travail "Presse magazine : source et objet d'histoire" (LCP-CNRS).
Publication
Vies et mort de la francophonie, une politique française de la langue et de la littérature, Les Impressions nouvelles, 2011.

Marie SCHIELE : Le couturier-chiffonnier: quand la parure se fait parodie
Le kitsch est intrinsèquement lié au vêtement, ou plutôt à l'apparence, à son ornementation, puisqu'il désigne couramment une collection hétéroclite d'accessoires, de couleurs, de matières saturant le regard par la combinaison dissonante, aléatoire, peut-être excentrique de l'ensemble, heurtant le bon goût, aux antipodes d'une silhouette harmonieuse. Pourtant, s'il se comprend comme un jugement, une appréciation relative sanctionnant l'adéquation ou non de la parure à une norme esthétique en vigueur, il peut également se définir comme un geste revendiqué, de l'ordre d'un assemblage improbable, qui fait appel moins à un savoir-faire issu de la couture qu'à un goût du recyclage, du ramassage, de la rencontre inattendue entre motifs, matières, formes, dans le sillage de la figure du chiffonnier chère à Walter Benjamin, qui glane les restes, les guenilles de l'histoire. Cette communication étudiera le kitsch comme un versant de l'art de la parure, son versant parodique, teinté d'ironie sourde envers un modèle classique qu'il détourne et réinvente. À partir de textes d'Adolf Loos sur l'ornement et le vêtement, de Simmel sur la coquetterie, on interrogera cette production vestimentaire, moins élaboration de formes qu'art de la composition. On s'appuiera en particulier sur les propositions de Miuccia Prada, qui fait du kitsch un creuset d'inspirations, de la logique du recyclage un remède contre l'oubli, et invite à considérer le vêtement avec une distance critique, affirmant par là-même sa nature moins d'ornement que de curiosité.

Marie Schiele est doctorante contractuelle à l'université Paris-Sorbonne, membre du centre Victor Basch (Philosophie de l'Art et Esthétique). Son sujet de thèse porte sur le drapé, du savoir-faire textile au motif artistique et à l'imaginaire qu'il véhicule, en particulier dans la modernité.

Anne-Gaëlle TOUTAIN : Kitsch et théories linguistiques : le sujet entre langue et idiome
Le discours théorique linguistique est à bon droit qualifié d'"objet paradoxal du kitsch" dans l'argumentaire du colloque. Le discours théorique, en général, exclut en effet a priori le kitsch du fait de son objet et de sa nature : si "la notion de kitsch est indissociable d'un questionnement sur la valeur esthétique", on peut se demander si ce type de jugement peut avoir quelque pertinence lorsqu'il s'agit de théorisation. La seule valeur n'est-elle pas alors la vérité, l'adéquation à la réalité ? Il importe, à cet égard, d'analyser les conditions qui rendent possible une interrogation sur le caractère kitsch d'une théorie linguistique. Le paradoxe, dans cette perspective, viendrait moins de l'objet (le discours théorique) que de la réception de ce dernier. Ce sont donc ces conditions que cette communication s'efforcera de mettre en lumière, conditions qui paraissent tenir à l'adoption d'une problématique empirique déterminant tout à la fois, du côté du récepteur, la possibilité d'un questionnement sur le kitsch, et, du côté du théoricien, celle d'une position subjective permettant le déploiement de ce dernier. Se posera ainsi, en dernière analyse, la question du rapport entre langage et pensée, d'autant plus aiguë quand il s'agit du langage que celui-ci, comme l'a montré Saussure, est double : tout à la fois langue et idiome, et, en tant que tel, et à ce double égard, tout à la fois proche et lointain.

Anne-Gaëlle Toutain est maître d'enseignement et de recherche à l'Institut de langue et de littérature françaises de l'université de Berne (Suisse). Ses recherches portent sur l'histoire et l'épistémologie de la linguistique, en particulier sur Saussure et le structuralisme ainsi que sur l'articulation entre linguistique et psychanalyse.
Publications
La rupture saussurienne. L'espace du langage, Academia, 2014.
La problématique phonologique. Du structuralisme linguistique comme idéologie scientifique, Classiques Garnier, 2015.
Entre langues et logos. Une analyse épistémologique de la linguistique benvenistienne, De Gruyter, 2016.

Mathilde VALLESPIR : Faire kitsch, défaire l'œuvre : l'effet esthétique du kitsch
Cette communication, à visée théorique et prospective, a pour fin d'aborder la question du kitsch dans la perspective de la réception de l'œuvre. Loin de souscrire au point de vue selon lequel le kitsch détermine une production artistique de second rang, elle s'intéressera précisément à la présence du kitsch dans des œuvres esthétiquement valorisées. Enfin, on envisagera le kitsch dans sa plus grande plasticité sémiotique, à travers ses formes verbale, musicale et cinématographique notamment. En nous inscrivant dans la lignée de l'esthétique de la réception (Iser), nous tenterons de saisir ce que le kitsch fait à l'œuvre d'art et à son récepteur/spectateur, i.e. en quoi il modifie la réception de cette œuvre. On montrera ainsi, en s'appuyant sur la pensée de Daniel Arasse, qu'il produit un "effet de détail" propre à modifier la réception de l'œuvre d'art et à défaire son organisation interne pour faire apparaître sa dimension sérielle et affleurer l'historicité de son matériau.

Mathilde Vallespir est maître de conférences en sémiotique littéraire comparée à l'université Paris-Sorbonne.
Publications
Lire, écouter, exorciser la guerre. Essai de sémiotique comparée (poésie-musique), Paris, Champion, 2012.
Éthique et significations, en collaboration avec L. Kurts-Woeste et M.-A. Rioux-Watine, Louvain-La-Neuve, Academia Bruylant, 2007.
La Violence du logos : entre sciences du texte, philosophie et littérature, en collaboration avec L. Kurts-Woeste, M.-A. Watine, Paris, Garnier, 2012.

Luc VIGIER : Des effets du kitsch sur le sublime chez Philippe Le Guillou
Il s'agirait d'explorer chez ce romancier et essayiste singulier (Prix Méditerranée, Prix Médicis), bien connu des lecteurs bretons et tout doucement d'un public plus large (il a publié 19 romans chez Gallimard ainsi que des dizaines d'essais chez Gallimard et au Mercure de France), l'assomption étonnante du pastiche, de la surécriture lyrique et initiatique souvent au détriment de la fluidité narrative et plutôt au profit d'insularités poétiques d'une grande intensité verbale qui oscillent entre la musicalité la plus fine et la densité kitsch du morceau de bravoure, notamment dans le domaine religieux et rituel. On étudiera en particulier les formes lyriques, le principe de la répétition, de la reprise stylistique et des emprunts allusifs, de la surcharge et de l'échappée soudaine vers la légèreté, qui feraient chez lui du kitsch la marche première et matérielle d'une spiritualité d'arrachement.

Luc Vigier est maître de conférences à l'université de Poitiers et dirige l'Équipe Aragon de l'ITEM. Il a publié récemment Aragon et le cinéma aux nouvelles Éditions Jean-Michel Place, Les Cahiers Aragon aux Éditions les Cahiers et dirigé un numéro de la revue Genesis consacré à la génétique de la bande dessinée. Il est par ailleurs responsable de la numérisation des manuscrits et carnets de Philippe Le Guillou sur la plateforme Eman.

Marie-Albane WATINE : Style kitsch et énonciation sérieuse : le cas du roman rose
Le roman rose représente à l'évidence un corpus typique du kitsch, notamment par sa thématique sentimentale, la reproductibilité de ses structures narratives, la faible variabilité de ses principales déterminations stylistiques, ainsi que les caractéristiques spécifiques de sa production et de sa diffusion commerciale. Toutefois, il reste exclu de la revalorisation esthétisante du kitsch qui apparaît dans l'ère postmoderne. C'est entre autres parce que, contrairement au kitsch contemporain de l'art plastique ou architectural, il est peu susceptible d'une lecture distanciée et ironisante : alors que les caractéristiques énonciatives des textes révèlent un usage constant de la polyphonie, notamment dans l'expression du point de vue de la troisième personne, ils excluent presque constamment la posture ironique, ce qui limite la lecture du roman rose comme un kitsch au second degré et invite à une suspension au moins temporaire de la réception critique.

Marie-Albane Watine est maître de conférence à l'université Nice Sophia Antipolis. Elle travaille sur les déterminations stylistiques de plusieurs auteurs des XXe et XXIe siècle, notamment au regard de la polyphonie énonciative, des figures de construction, et d'une approche cognitive de la phrase littéraire.
Bibliographie
Arrault Valérie, 2010, L'Empire du kitsch, Paris, Klincksieck.
Bonhomme Marc, 2005, Pragmatique des figures du discours, Paris, Champion.
Constans Ellen, 1999, Parlez-moi d'amour. Le roman sentimental : des romans grecs aux collections de l'an 2000, PULIM.
Helgorsky Françoise, 1987, "Le roman Harlequin : l'unité dans la diversité et vice-versa", Pratiques, n°54, juin, p. 5-19.
Jaubert Anna, 2013, "La figure et le dess(e)in. Les conditions de l'acte ironique", Les figures de style vues par la linguistique contemporaine (dir. M. Bonhomme), L'Information grammaticale, 137, p. 29-35.
Rabatel Alain, 2013, "Humour et sous-énonciation (vs ironie et sur-énonciation)", Les figures de style vues par la linguistique contemporaine (dir. M. Bonhomme), L'Information grammaticale, 137, p. 36-42.
Richaudeau François, 1986, "La galaxie Harlequin, des auteurs et des genres", Communication et langages, 67/1, p. 9-24.


BIBLIOGRAPHIE :

• ADORNO, Theodor Wiesengrund, Théorie Esthétique, Paris, Klincksieck, 2011.
• BENJAMIN, Walter, Œuvres, Traduit de l'allemand par Maurice de Gandillac, Rainer Rochlitz et Pierre Rusch, Présentation par Rainer Rochlitz, Paris, Gallimard, 2000.
• ARRAULT, Valérie, L'Empire du kitsch, Paris, Klincksieck, 2010.
• BELLON, Guillaume, BARBERIS, Isabelle, LUSSAC, Olivier & FIX, Florence (dir.), "Kitsch et néo-baroque sur les scènes contemporaines", Théâtre/public, n°202, oct.-déc. 2011.
• BROCH, Hermann, Quelques remarques à propos du kitsch, Traduction de l'allemand par Albert Kohn, Paris, Éd. Allia, 2001.
• GENIN, Christophe, Kitsch dans l'âme, Paris, Vrin, 2010.
• KUNDERA, Milan, L'Insoutenable légèreté de l'être, Paris, Gallimard, 1984.
• MOLES, Abraham, Le Kitsch : l'art du bonheur, Tours, Mame, 1971.
• SOUQUET, Lionel, "Kitsch, baroque, néobaroque et postmodernité : Duvignaud, d'Ors et Sarduy", Les époques du kitsch : du baroque à la postmodernité, Juin 2014, Brest, France.
• SONTAG, Susan, "Le style camp", in L'Œuvre parle, traduit par Guy Durand, Paris, Chritian Bourgois, 2010 ("Notes on Camp" [1964] in Against Interpretation and Other Essays, New York, Farrar, Straus and Giroux, 1961).


SOUTIENS :

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• Fonds d'intervention pour la recherche | École Doctorale V "Concepts et langages", EA CELLF/UMR 8599 CNRS, Labex OBVIL, EA 4509 - STIH