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CENTRE CULTUREL INTERNATIONAL DE CERISY

Programme 2005 : un des colloques







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L'INTERNET LITTÉRAIRE FRANCOPHONE

DU SAMEDI 13 AOÛT (19 H) AU SAMEDI 20 AOÛT (14 H) 2005

DIRECTION : Michel BERNARD, Patrick REBOLLAR

ARGUMENT :

L’internet littéraire francophone, l'ILF, est défini par quatre données incertaines: l’internet (il s'agit d'un réseau, mais d'un réseau de quoi?), la littérature (l'on n’est pas littéraire à sa guise), la francophonie (est-ce un simple usage langagier, un espace géopolitique?) et le temps (l'exercice de l'internet ne date que d'une dizaine d’années).

Complexe à cause de la polyvalence de ses acteurs, l’ILF paraît contenir cinq catégories ouvertes d’activités et d’objets littéraires: la création (sites d’auteurs, blogs), la recherche (travaux, sociétés savantes, revues), l’enseignement (nouvelles pédagogies, réseaux d’enseignants...), la communication (listes de discussion, médias, éditeurs) et les ressources (bibliothèques en ligne, institutions patrimoniales).

Par les croisements et interactions de leurs travaux, ceux qui, depuis plus de dix ans, ont eu un rôle important dans l’ILF et ceux qui l’étudient aujourd’hui d’un œil nouveau feront ensemble un état des lieux. Ils interrogeront, notamment, les œuvres, les médias, les technologies, les populations, tout en gardant un lien étroit avec les quatre dimensions du domaine.

Les enregistrements audio des communications présentées pendant ce colloque sont accessibles en ligne sur le site internet suivant :

http://www.berlol.net/ILF2005/ILF2005x.htm

CALENDRIER DÉFINITIF :

Samedi 13 août
Après-midi:
ACCUEIL DES PARTICIPANTS

Soirée:
Présentation du Centre, des colloques et des participants


Dimanche 14 août
Matin:
Michel BERNARD: Internet, un nouvel atout pour la recherche en littérature
Henri BÉHAR: Conservation et actualisation du patrimoine littéraire: le DVD de la revue Europe

Après-midi:
Claude BOURQUI: Edition en ligne et réviviscence des textes
Isabelle AVELINE: Pratiques textuelles, espace communicationnel et approches communautaires sur  le site www.zazieweb.fr


Lundi 15 août
Matin:
Patrick REBOLLAR: ILF - Danger Zone. De quelques apories littéréticulaires
Anne BRUNEL: De l'éphémère radiophonie à l'archive multimedia: le site internet de France Culture

Après-midi:
Yun-Sun LIMET: remue.net, littérature d'abord
Nathalie JUNGERMAN: Présentation du site FloriLettres de la Fondation d'Entreprise La Poste


Mardi 16 août
Matin:
Michel LEMAIRE: L'utilisation des textes littéraires offerts par les bibliothèques virtuelles
Xavier MALBREIL: Méthodologie d'approche critique des œuvres de littérature informatique

Après-midi:
Hajime SAWADA: De Bis, Bis ! au Diable à Paris - dans l'espace fermé et/ou ouvert de l'internet
Marie LISSART: La littérature électronique: une ressource d'un nouveau type pour les bibliothèques?
Philippe DE JONCKHEERE: Le livre de sable électronique


Mercredi 17 août
Matin:
Alckmar Luiz DOS SANTOS: La technologie: un récit
Etienne BRUNET: Le français sur Internet

Après-midi:
DÉTENTE


Jeudi 18 août
Matin:
Thomas C. SPEAR: Numériser et démocratiser les archives littéraires
Jean-Claude JØRGENSEN & Michèle LEROUX-BARON: L’Esprit de la liste

Après-midi:
Norbert DODILLE & Julien RUAULT: Un site, une littérature? Construire l'histoire des littératures francophones à l'aide d'internet
Isabelle ESCOLIN-CONTENSOU: Les avant-gardes littéraires sur Internet


Vendredi 19 août
Matin:
Kazuo KIRIU: Concordance, en acte ou en puissance
Yvan LECLERC & Danielle GIRARD: Le manuscrit intégral de Madame Bovary sur internet

Après-midi:
Serge BOUCHARDON: Les récits interactifs sur le web
Alexandre GEFEN: L'édition électronique: continuités et discontinuités dans l'histoire du livre


Samedi 20 août
Matin:
Bilan du colloque

Après-midi:
DÉPARTS

RÉSUMÉS :

Isabelle AVELINE: Pratiques textuelles, espace communicationnel et approches communautaires sur  le site www.zazieweb.fr
Espace personnel de publication, web collaboratif, base encyclopédique de connaissance, guichet du savoir, weblogs..., de nouvelles formes sont aujourd’hui à l’œuvre sur le web et ré-inventent l’internet de demain: blog, logiciels sociaux, web sémantique... Au-delà d’un simple site personnel, ces nouvelles formes représentent l’internaute sur le web et fonctionnent également comme un "logiciel social" à part entière qui définit et circonscrit la communauté électronique dont il se revendique, à laquelle il appartient. Elles sont l'expression et la personnification de son réseau. Elles sont le média où se retrouve "sa" communauté électronique - celle dans laquelle il se reconnaît et qui se reconnaît dans ce qu’il "montre" de lui. Elles s'insèrent dans un réseau de liens où se tisse sa démarche individuelle... Quelles pratiques et usages dès lors pour l’auteur ou le e-lecteur de demain?

Henri BÉHAR: Conservation et actualisation du patrimoine littéraire: le DVD de la revue Europe
Ayant contribué, de très près, à la réalisation de ce produit, qui est à la fois l'archive de la revue mais aussi, bien davantage, un moyen de la lire sous différentes façons et d'en exploiter le contenu, j'essaierai d'analyser son vocabulaire, par genre et selon les époques. Une question essentielle: le texte est-il en conformité totale avec les intentions déclarées des animateurs de la revue? En somme, je montrerai que la numérisation et les traitements lexicométriques apportent des réponses fiables, peut-être inattendues, à des questions qu'on se pose depuis des lustres.

Michel BERNARD: Internet, un nouvel atout pour la recherche en littérature
Internet, entendu ici comme outil documentaire et espace de publication savante, offre aux chercheurs en littérature de nouveaux outils de travail. S’appuyant sur des pratiques traditionnelles, la communauté de la recherche littéraire a mis au point des techniques originales, s’appropriant peu à peu un média pour lequel elle n’avait ressenti de prime abord aucune affinité. Il n’est plus guère aujourd’hui de chercheur qui ne recoure au courrier électronique, au traitement de texte, voire à la publication en ligne. Il est intéressant cependant d’observer d’un peu plus près ces pratiques, d’en interroger les présupposés, d’en inventorier les conséquences. Il est en effet probable qu’après avoir assisté le chercheur travaillant sur des bases théoriques datant de l’ère du papier, l’Internet va lui permettre d’explorer de nouveaux territoires et de s’ouvrir à une démarche de recherche et de diffusion fondée sur des paradigmes radicalement différents.

Serge BOUCHARDON: Les récits interactifs sur le web
L'expression "récit intéractif" semble relever d'une contradiction: comment concilier narrativité et interactivité? Parmi les récits interactifs, le récit littéraire, qu'il soit hypertextuel, cinétique, génératif ou collectif, en particulier sur cet espace ouvert et complexe qu'est le web, correspond par là même à un vaste champ d'expérimentation plus qu'à un genre autonome. Les auteurs s'efforcent ainsi d'exploiter le support numérique et le dispositif technique dans son ensemble à des fins narratives, en faisant appel à des procédés mêlant jeu sur les frontières, fictionalisation et réflexivité. Mais plus que dans la qualité des réalisations, l'intérêt principal de ce type de récits réside dans sa valeur d'objet heuristique: le récit littéraire interactif permet d'interroger le récit dans son rapport au support, mais aussi d'interroger la littérature elle-même.

Claude BOURQUI: Edition en ligne et réviviscence des textes
Les textes du passé, ceux que nous continuons à lire, nous sont parvenus, dans l’immense majorité des cas, sous la forme du codex imprimé. Une migration de ces textes sur un support électronique en ligne est désormais possible. De nombreuses entreprises tentent de la concrétiser. Le bénéfice que ces textes pourraient en retirer ne se limite pas à une accessibilité facilitée à certains égards. Un bon nombre d’entre eux pourrait y gagner une nouvelle lisibilité. Il s’agit des textes, fréquents dans l’histoire de la littérature, pour lesquels le support imprimé n’a représenté qu’une solution de compromis, destinée à en assurer la diffusion et la conservation. Une forme de pis-aller, imposant ses contraintes propres et ne rendant guère justice à leur spécificité. La transposition sur le nouveau support, par la souplesse des possibilités qu’elle offre, devrait permettre de proposer pour ces textes un mode de consommation adapté à la singularité de chacun d’entre eux. Ce nouveau mode d’accès, outrepassant le principe de réexhumation qui régit l’édition critique traditionnelle, pourrait constituer une forme d’authentique réviviscence. La réflexion proposée s’appuiera sur quelques exemples de textes français des XVIe et XVIIe siècles.

Anne BRUNEL: De l'éphémère radiophonie à l'archive multimedia: le site internet de France Culture
L'objet de cette communication sera de montrer pourquoi et comment la Radio Culturelle Française France Culture, à la fois patrimoniale et de découverte, contribue à travers son site internet à l'ILF ou Internet Littéraire Francophone, tant en lui fournissant des contenus originaux qu'en y développant une stratégie de portail et d'échanges.

Etienne BRUNET: Le français sur Internet
Je propose de développer une enquête historique sur la part du français sur Internet. Ayant amassé à cet égard des résultats statistiques depuis dix ans, je peux tenter de faire une synthèse qui croise différentes variables: la chronologie, la langue, la source géographique, la discipline. J'essaierai de montrer que, malgré sa part modeste dans les échanges sur Internet (à peine 5%), le français jouit d'un certain privilège culturel. Frantext servira à illustrer cette exception culturelle, non pas seulement pour la richesse et la précision documentaires de cette base qui sont exemplaires, mais aussi pour les ressources statistiques qu'on peut en tirer, si l'on dispose d'outils appropriés pour les exploiter.
On proposera un tel outil, le logiciel THIEF (Tools for Helping Interrogation and Exploitation of FRANTEXT).

Philippe DE JONCKHEERE: Le livre de sable électronique
Le site www.desordre.net depuis qu’il existe s’attache à perdre ses visiteurs (ce qui paradoxalement lui vaut un succès croissant). Usant du lien hypertexte, mais aussi de quelques commandes de programmations simples (javascript), une visite du désordre finit souvent par remplir l’écran de son visiteur, créant des dédales, des fausses pistes et généralement du désordre dans les plis duquel il est attendu que le visiteur s’engouffre, sans grande chance de s’y orienter fiablement, le chemin du retour se refermant bien souvent derrière lui comme une route de nuit retourne à l’obscurité après avoir été défrichée par les phares d’une automobile, ou encore tel l’infortuné lecteur du Livre de sable dans la nouvelle de Borges.
Les textes du désordre reprennent différentes formes de narration connues en les augmentant de spécificités inhérentes à l’outil Internet, ainsi Chinois (ma vie), un roman hypertexte, est construit sur le mode déambulatoire de Marelle de Cortázar, se complique d’une navigation tantôt aléatoire tantôt labyrinthique et infinie dans bon nombre de combinaisons, de même qu’il donne à ses visiteurs la possibilité de reproduire les figures du livre à l’aide d’un jeu de Tangram. De même la Cible, roman feuilletonné, fut envoyé, un épisode chaque jour, par mail à ses lecteurs et repris ensuite sous la forme d’un blog. L’évocation d‘un souvenir d’enfance, le jeu de memory, ou jeu des paires, donne lieu à une tentative graphique doublée d’un défi de programmation. Les pages à propos du photographe Robert Frank sont issues d’un mémoire de fin d’études qui s’agrémente, dans sa version électronique, d’illustrations en images du texte. Hommage est aussi rendu en divers endroits à Georges Perec, et en particulier sous la forme d’une collecte participative de "je me souviens" ou d’une ballade hypertexte à propos de Tentative d’épuisement d’un lieu parisien. Le site affiche depuis peu une volonté éditoriale modeste en publiant des textes et des images qui lui sont confiés, ainsi la version électronique de Libre comme le Plomb de Jacky Chriqui, Machine, ta Chine, un juke-box botanique aléatoire d’Emmanuelle Anquetil, la lecture de Berlin île sans mur de François Bon croisée avec un parcours photographique dans le Berlin de 1988. Le désordre cherche aussi à explorer les possibilités de l’outil Internet en matière de construction de labyrinthe et de méandres et son auteur n’aime rien tant que de donner à voir comment les pages du site sont construites, ce qui devient alors une nouvelle dimension de lecture du site, de même que de montrer les coulisses, les archives et parfois aussi de laisser entrevoir les développements futurs du site, comme autant de possibilités dont il est régulièrement fait usage pour agrandir sans cesse les proportions du labyrinthe.

Norbert DODILLE & Julien RUAULT: Un site, une littérature? Construire l'histoire des littératures francophones à l'aide d'internet
J’ai créé voici trois ans, dans le cadre d’un centre de recherches de mon université, un site internet dédié à la littérature réunionnaise. Ce site contient à la fois des "fiches" auteurs (plus de 180 noms), des textes littéraires (sortis du domaine public ou avec autorisation des auteurs et/ou éditeurs), des thèses et mémoires, des articles, dont certains inédits, une bibliographie. Ce site est recensé par Fabula et la BNF, et reçoit une moyenne de 350 visites journalières, 120 000 visites par an. Il fonctionne avec "Frontpage". L’idée est de faire connaître cette "petite" littérature et ses auteurs à travers un site spécialisé et en constante évolution. Des chercheurs intéressés par ce type de littérature, mais ne disposant pas des documents en raison de leur éloignement, peuvent ainsi disposer d’une documentation non négligeable sur cette littérature. Actuellement, je suis en train de faire évoluer ce site vers un logiciel spécialisé pour les centres de recherches ("Lumières électroniques"), véritable banque de données interactives qui présente l’avantage de pouvoir être renseignée à partir de n’importe quel ordinateur grâce à un login et un mot de passe. Les chercheurs éloignés pourront ainsi participer directement à l’évolution du site. L’adresse du site (en construction, et tout à fait incomplet pour l’instant, puisque seule une petite partie des données ont été transférées) sera: http://litterature-reunionnaise.univ-reunion.fr.

Alckmar Luiz DOS SANTOS: La technologie: un récit
Lire la technologie, voilà un exercice que l'on fait depuis longtemps; il en va de même pour la lecture de la technologie associée à l'art. Toutefois, pour ce qui est des relations entre technologie et art, on a toujours eu recours à des perspectives tout au moins étrangères à l'art lui-même. Et la littérature, certes, n'y a pas échappé. Ce que l'on propose ici, donc, c'est l'inversion de cette situation. Pour ce faire, il faudra montrer, tout d'abord, que cette primauté de perspectives étrangères au champ littéraire ne reviendrait pas à une certaine naïveté, qu'elle n'est même pas exempte de conséquences. Or, un tel renversement nous permettra de découvrir un récit, le récit de la science et de la technologie, à partir des perspectives littéraires qui sont les nôtres, sans tenir compte de la perspective évolutionniste souvent associée à la technologie. Aussi, raconter l'histoire de la technologie pourra nous donner une nouvelle manière de comprendre les récits que l'on construit et raconte, à présent, sur le Web, à l'aide des outils et des procédés informatiques.

Isabelle ESCOLIN-CONTENSOU: Les avant-gardes littéraires sur Internet
Quelles sont les transformations qui affectent le texte littéraire et son interprétation lorsqu’il se présente non seulement comme textualité électronique, mais également comme œuvre du réseau? Peut-on parler de mutation de la littérature? Quels sont les enjeux littéraires d’un mouvement d’innovation porté par les possibilités de la technologie, dans la conscience d’une situation inédite? Des éditeurs, des auteurs, des chercheurs et des artistes entretiennent en ligne, sur des sites individuels ou collectifs, une intense activité de définition théorique et programmatique. Dans le rapide renouvellement des avancées, accentué par une éthique de la diffusion, les avant-gardes interrogent la valeur des nouveaux écrits, animent la coexistence ou la mise en concurrence des auteurs et des réalisations. Nous en étudions les "manifestes" et les œuvres pour définir et caractériser, à leur suite, la spécificité de la littérature sur Internet. Au cœur des débats, les notions d’hypertexte, d’interactivité, de fragment, de lecteur et d’auteur, empruntent au domaine littéraire, comme si l’Internet ne faisait qu’actualiser ce que la littérature avait déjà mis en question. Mais en même temps travaillées par de nombreux autres champs disciplinaires, ces notions sont radicalement différenciées. L’avenir de la littérature est-il dans ces nouveaux territoires?

Alexandre GEFEN: L'édition électronique: continuités et discontinuités dans l'histoire du livre
La naissance de l'édition électronique a été parallèle avec l'émergence de l'histoire du livre comme champ disciplinaire dans les dernières décennies du XXe siècle. Ce dernier domaine apporte un éclairage parfois surprenant sur les pratiques ou les expérimentations éditoriales en ligne, en soulignant autant que des ruptures (caractère immatériel, hypertextualité explicite, etc.) des effets de continuité inattendus avec des pratiques ou des textes anciens (qui partagent par exemple la logique cumulative, le fonctionnement en réseau, ou encore l'ouverture au lecteur propres aux novations proposées par Internet), remettant en cause non la notion de livre mais notre habitude de la considérer par référence à un modèle unique forgé au XIXe siècle.

Jean-Claude JØRGENSEN & Michèle LEROUX-BARON: L’Esprit de la liste
Le succès d’Agreglettres, née il y a 5 ans et hébergée par le CRU suscite des interrogations, des inquiétudes, des jalousies.
1/ Qui se cache derrière elle? pour quels objectifs? selon quelles règles?
Cinquante à soixante dix professeurs de Lettres y préparent l’agrégation et partagent spontanément leur travail et leurs difficultés pendant une année selon des règles inventées en commun, et dont la première est aussi la plus ancienne et la plus incontournable: chacun dépose mensuellement une "contribution" s’il veut rester abonné. Chaque année, 500 travaux effacés et remplacés par 500 autres, et 8000 messages.
2/ Alors que l'agrégation est un concours, des candidats préfèrent mutualiser leur travail plutôt que de rivaliser.
L’importance de l’investissement de chacun et le nombre important d’admis au concours sont à mettre en relation avec la générosité désintéressée, le tutorat et des synergies que les colistiers appellent entre eux « L’Esprit de la liste »: on peut parler et discuter entre égaux, librement, sans souci des hiérarchies et agreglettres est un véritable espace de réflexion littéraire.
3/ Quelles évolutions se dessinent? Où allons-nous?
Il nous reste à faire des retours plus fouillés encore sur les contributions. Nous continuerons à refuser d’archiver pour archiver, à nous garder de tout consumérisme, à rester vigilant vis-à-vis des droits d’auteurs sur les plans juridique et éthique, et à préserver notre indépendance en refusant un droit d’ingérence de l’Institution: le compagnonnage complice des écrivains est notre seul guide.

Nathalie JUNGERMAN: Présentation du site FloriLettres de la Fondation d'Entreprise La Poste
Au-delà de ses activités financières, La Poste, entreprise publique, a pour vocation et mission le transport d'informations et de colis. Système complexe et rôdé de tri et d'acheminement, de liaisons matérielles et désormais immatérielles et numériques, la Poste s'est construite comme un réseau exhaustif. Si le contenu ne la concerne pas, la valeur de ce contenu lui confère néanmoins un statut à part: elle est un service public, elle est une institution présente dans la vie de chacun, elle est objet littéraire et légendaire. Consciente de ce rôle décisif, elle a développé une part de communication qui lui est spécifique. Cette communication prend acte de la valeur des contenus: il s'agit de La Fondation d’Entreprise La Poste, créée en 1995, dans le but de promouvoir l’écrit et de soutenir les projets culturels liés à l’écriture patrimoniale et contemporaine: prix Wepler-Fondation La Poste (fiction contemporaine), aide à l’édition de correspondances, festivals (rencontres littéraires et musicales), concours écriture épistolaire, exposition (peinture et correspondance)... Parmi ces activités, la Fondation a décidé de réaliser en 2000 un site Internet dédié à la littérature ayant pour thème l’écriture intime (correspondances, journaux intimes, biographies et autobiographies). Depuis 2002, le site Internet www.fondationlaposte.org propose aux internautes de recevoir deux fois par mois dans leur courrier électronique, une lettre d’information culturelle intitulée FloriLettres. Unique en son genre dans l’Internet littéraire, FloriLettres est articulée autour d’un auteur ou d'un événement culturel lié à l’actualité littéraire et aux correspondances. Elle comprend un entretien avec un écrivain, un artiste, un éditeur ou un spécialiste, un portrait d’auteur, un article critique, des extraits de lettres, des articles sur les nouvelles publications, un agenda (spectacles, expositions, festivals) et des illustrations. Elle compte, à ce jour, 60 884 abonnés.

Yvan LECLERC & Danielle GIRARD: Le manuscrit intégral de Madame Bovary sur internet
D'ici deux ans environ, il sera possible d'accéder sur internet à toutes les pages numérisées du manuscrit de Madame Bovary et à une grande partie de leurs transcriptions. C'est cette aventure humaine, intellectuelle et technique en cours que trois intervenants présenteront. Yvan Leclerc (directeur du Centre Flaubert, université de Rouen) esquissera l'historique des recherches et des collaborations institutionnelles qui ont permis à ce projet d'entrer dans sa phase active. Au Centre Flaubert revient, entre autres, la responsabilité de la transcription. L'immensité du corpus exigeait le recours à une légion de bénévoles. Danielle Girard (auteur de sites pédagogiques sur le Romantisme, Ruy Blas, Delacroix et Baudelaire, Hugo et la peine de mort) parlera de la communauté virtuelle internationale qu'elle anime et présentera une première application pédagogique déjà en ligne, rendue possible par ces transcriptions. La numérisation des manuscrits et la conception de la navigation finale reviennent à la Bibliothèque municipale de Rouen, où se trouvent tous les documents de genèse du roman: Pierre-Yves Cachard (conservateur chargé des nouvelles technologies) exposera pour finir le sens et le rôle de ce projet dans la démarche de valorisation du patrimoine de la Bibliothèque de Rouen, et présentera l'état d'avancement et les choix opérés dans la réalisation, en vue d'aboutir à une navigation multiple dans le massif des quelques 4500 folios de Madame Bovary.

Michel LEMAIRE: L'utilisation des textes littéraires offerts par les bibliothèques virtuelles
Une bonne partie de la littérature française, du moins jusqu'au XIXe siècle, est maintenant offerte sur l'Internet. Des sites institutionnels comme Athena ou Gallica, des sites indépendants comme ABU ou Poètes.com, proposent, en des formats divers, les grandes œuvres littéraires, de la Chanson de Roland aux poèmes de Rimbaud. Mais quel usage fait-on de ces textes? Les lit-on? Si oui, comment? Les utilise-t-on d'autres manières? Lesquelles?
Cette communication se propose d'étudier les différents types d'utilisation des textes littéraires offerts en fichiers informatiques. Je me placerai essentiellement à un niveau pratique. Je ne reviendrai pas sur le sujet de la lecture à l'écran, ni sur celui des nouvelles formes des textes électroniques qui pourraient aller jusqu'à en faire de nouveaux genres littéraires, ni sur celui de l'hypertexte. Je désire discuter de questions simples d'utilisation: comment peut-on lire des textes numériques? Que peut-on en faire d'autre? Et donc: à quoi servent les textes littéraires numériques?

Yun-Sun LIMET: remue.net, littérature d'abord
Sans aucun doute, le site littéraire fondé par François Bon occupe une place originale dans l’internet littéraire francophone. Du site personnel de l’écrivain, qui voit dans le nouvel outil un moyen nouveau de mettre à disposition des ressources: ouvrages dans leur version numérisée (Rabelais, par exemple), de faire partager l’expérience de la conduite d’ateliers d’écriture en divers lieux et avec divers publics, d’ouvrir son propre atelier d’écrivain et d’entrer en résonance avec des auteurs contemporains compagnons d’écriture (Michon, Bergounioux), on passera via la constitution d’une association de type loi 1901, et le désir de collectif des quelques pionniers réunis autour de François Bon, au site dans la configuration qu’on lui connaît aujourd’hui: l’animation par un collectif de rédaction de la "veille" littéraire: les blogs (actualité, lectures, ateliers d’écriture, art et photo), la revue trimestrielle, les chroniques, les dossiers, et toujours ouvert l’atelier de l’écrivain, sans oublier un bulletin hebdomadaire diffusé à 1300 exemplaires et on peut dire à autant de relais de l’incessante conversation qui s’y est instaurée. Richesse des informations, réactivité, subjectivité, mais aussi travail de fond, partage, tressage relationnel intense, sont les marques auxquelles on reconnaît (polysémie oblige) remue.net. Le site a épousé les évolutions techniques - si rapides -, et continuera à le faire: création d’un espace collaboratif, instillation du multimédia (dans la juste dose), la généralisation du haut débit modifiant la donne. Nul doute également que la personnalité de l’auteur de Daewoo, ses choix, ses "préférences", comme dit un de ses auteurs affectionnés, donnent à remue.net, son allure, sa physionomie si particulières (voir le "cahier de création"); ajoutée à cela, la militance des amis qui se retrouvent en sa compagnie, et l’on saisit le miracle quotidien d’une mise en ligne renouvelée, génératrice d’enthousiasmes. Au travers de l’historique (quelques moments significatifs), de la mise en relation d’éléments qui nous paraissent aussi pertinents que diversifiés, on voudrait donner quelques aspects de "l’envers du décor" qui expliquent la physionomie du site, l’esprit auquel voudraient tendre ses contributeurs, et ce qu’il apporte d’inédit et d’irremplaçable dans son canton propre à l’histoire littéraire en train de se faire.

Marie LISSART: La littérature électronique: une ressource d'un nouveau type pour les bibliothèques?
Comment la bibliothèque peut-elle prendre en compte une production d’un nouveau genre comme la littérature électronique?
La légitimité de l'intérêt des bibliothèques pour la littérature électronique se heurte à une grande méconnaissance de ce domaine. Les bibliothèques manquent de repères professionnels pour l'appréhender; des questions techniques se surajoutent à cette méconnaissance.
La prise en compte de la littérature électronique dans la bibliothèque peut s'effectuer selon deux axes. D’une part, la présentation d’une typologie des ressources littéraires électroniques - élaborée selon un éloignement progressif du modèle imprimé - en souligne les spécificités et l'intérêt. D'autre part, l'explication d'une méthode de recherche peut en faciliter la prise en main. De là découle l'intégration de la littérature électronique dans la bibliothèque et sa valorisation auprès des publics.

Xavier MALBREIL: Méthodologie d'approche critique des œuvres de littérature informatique
L’Internet littéraire francophone a assisté à l’émergence de nouvelles littératures, de plus en plus éloignées du modèle du livre. Elles sont produites de façon tout à fait spécifiques sur ordinateur, et ne peuvent être reçues que par le biais de cet appareillage. Les "littératures informatiques", puisqu’elles sont multiples, ont déjà une histoire, un public, certes restreint mais exigeant, elles méritent également une approche critique méthodologique - afin tout à la fois d’en faciliter l’accès au grand public, et de pouvoir en rendre compte dans les meilleures conditions.
Mon travail de recherche, mené dans le cadre d’un appel à projet de la BPI Pompidou, au sein d’une équipe conduite par Serge Bouchardon, et sous la responsabilité doctorale de François-Charles Gaudard, directeur des écoles doctorales du Mirail Université, m’a amené à me pencher sur des cas précis d’analyse d’œuvres de littérature informatique. Comment des lecteurs au fait de procédures et de modes de création informatiques peuvent-ils appréhender ces objets esthétiques nouveaux, et peut-on en dégager peu à peu une méthodologie d’approche critique des œuvres de littérature informatique, ce sont les questions que j’ai été amené à me poser, et dont je rendrai compte au cours de ce colloque de l’ILF-2005.

Patrick REBOLLAR: ILF - Danger Zone. De quelques apories littéréticulaires
Pourquoi y a-t-il si peu de discussion dans les listes de discussion? Les structures mentales liées aux institutions et aux professions déborderaient-elles sur l’intégrité intellectuelle des individus? Comment résoudre l’entropie des œuvres et des références? Si tout le monde cite n’importe comment, que seront devenues les œuvres littéraires dans un siècle?
Nous comptons sur les moteurs de recherche pour trouver des citations ou étudier la langue... Mais peut-on réellement compter dessus? Les logiques de marché n’obligent-elles pas les moteurs à mentir? Brodées d’exemples, ces quelques questions aideront à définir nos missions de créateurs de sites et d’enseignants-chercheurs littéréticulaires.

Hajime SAWADA: De Bis, Bis ! au Diable à Paris - dans l'espace fermé et/ou ouvert de l'internet
Je présenterai une partie des travaux et activités que l’Internet a permis à un enseignant-chercheur d’un département de littérature française d’université japonaise de réaliser au cours de ces dix dernières années. Des ressources privées pour l’apprentissage du français destinées aux débutants (écriture interactive, lecture sur écran, programme d’auto-apprentissage "Bis, bis !") aux sites publics pour ceux qui s’intéressent aux études littéraires (site de mon département et site de la Société Japonaise d’Études Balzaciennes, tous deux sous ma responsabilité), en passant par la publication virtuelle de textes numérisés (Le Diable à Paris, Le Code parisien, des œuvres de Le Clézio), l’Internet est devenu un outil indispensable pour l’apprentissage, les recherches ou la diffusion du savoir. Il peut aussi être un espace ouvert à tous ceux qui cherchent quelque chose. Mais il vaudrait peut-être mieux qu’il soit à certains moments un espace fermé, ce qui enlève alors la part essentielle du sens qu’a l’Internet. Nous tenterons de savoir quelles pratiques sont à souhaiter avec ce réseau pour un enseignant-chercheur.

Thomas C. SPEAR: Numériser et démocratiser les archives littéraires
Dans la perspective d’un webmestre ayant mis des ressources francophones en ligne avant même la création du web graphique, une introduction présente l’évolution inégale de l’internet dans le monde francophone à cause des disparités économiques et techniques, et la lente mais certaine avancée des zones isolées et des pays du "Sud". Un contexte économique et pédagogique sert à expliquer la volonté de développer les ressources disponibles en ligne, gratuitement et en format simple. Des considérations sur les normes (souhaitées, existantes et dominantes) permettent de parler de l’importance de la fiabilité des informations en ligne, et des problèmes de plagiat et de reproduction. Les techniques multimédia nous mènent également à de nouveaux formats d’écriture, d’où la nécessité de prendre en compte les genres narratifs d’une autre linéarité, existants et à venir (i.e., hypertextes, BDs interactifs, clips en shockwave). L’internet facilite le réseautage entre collègues, étudiants et chercheurs; la construction de sites web se fait de façon internationale, diversifiant les sources du savoir institutionnel et re-dessinant la mappemonde "francophone". Valorisant la littérature des zones insulaires, "île en île" s’agrandit continuellement, une encyclopédie vivante de lettres classiques et contemporaines. Une ressource délibérément libre d’accès, "île en île" s’interdit de hiérarchiser les pôles d’information. Un rare patrimoine littéraire est disponible à tous. Pour Haïti, les projets comprennent la numérisation d’anciens journaux et la création d’un cédérom. Les visites au site, la presse qui en parle et la correspondance témoignent de son utilité et de sa richesse.

En partenariat avec
l'Université de Paris III - La Sorbonne Nouvelle,
La Fondation d'Entreprise La Poste,
le site Fabula,
et le projet Artamène
(Fonds Suisse de la Recherche Scientifique (FNS) de l'Université de Neuschâtel)