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CENTRE CULTUREL INTERNATIONAL DE CERISY

Programme 2007 : un des colloques





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LA NOTION DE TEMPS SOUS TOUS SES ASPECTS

DU MARDI 2 OCTOBRE (12 H) AU MARDI 9 OCTOBRE (10 H) 2007

DIRECTION : Evandro AGAZZI, Jean-Pierre DESCLÉS, Zlatka GUENTCHEVA

ARGUMENT :

"Qu’est-ce donc que le temps? Quand personne ne me le demande, je le sais. Qu’on vienne à m’interroger là-dessus, je me propose de l’expliquer, et je ne sais plus" (Confessions, Saint Augustin). Interroger la notion de temps sous tous ses aspects permettra de croiser plusieurs de ses conceptualisations: le temps appréhendé par les mouvements dans l’espace (Aristote, Galilée, ...); les temps quantique, relativiste et cosmique; la flèche du temps; le temps de l’évolution; l'irréversibilité et réversibilité du temps; les représentations cognitives du temps; la notion sémantique de la temporalité appréhendée par la diversité des langues; modélisations, logiques et mathématiques des référentiels temporels... Ce croisement fait appel à des spécialistes reconnus sur le plan international dans différents domaines (biologie, cosmologie, linguistique, logique, philosophie, physique quantique, physique relativiste, épistémologie et philosophie des sciences...).

La première partie de la session sera consacrée à la temporalité dans les langues; la seconde partie sera vouée au temps appréhendé à travers différentes disciplines. Les deux sessions forment un tout interdisciplinaire.

CALENDRIER DÉFINITIF :

Mardi 2 octobre
Matin:
ACCUEIL DES PARTICIPANTS

Après-midi:
La temporalité dans la diversité des langues
Jean-Pierre DESCLÉS & Zlatka GUENTCHEVA: Présentation de la première partie du colloque
Jean-Pierre DESCLÉS: Quelques concepts cognitifs et formels de l'aspectualité et de la temporalité
Jon LANDABURU: La mise en ordre du temps selon la langue et le mythe chez les Andoké de l'Amazonie colombienne
Nicolas TOURNADRE: Temps relatif ou délimitation aspectuelle: le cas du tibétain littéraire

Soirée:
Présentation du Centre


Mercredi 3 octobre
La temporalité dans la diversité des langues
Matin:
Alice VITTRANT: Le birman: une langue sans temps?
Philippe MENNECIER: Appropriation du temps en Innuit
Valentina VAPNARSKY: Temporalités mayas: grammaire et culture en jeux

Après-midi:
Zlatka GUENTCHEVA: Les notions d'événement, d'aoriste et de perfectivité
Anaïd DONABÉDIAN-DEMOPOULOS: Le passé est-il un temps en arménien moderne?
Christiane PILOT-RAICHOOR: Les temporalités dans le verbe dravidien

Soirée:
Patrick DENDALE: Serait-ce un conditionnel de ouï-dire? Sur les liens entre les deux emplois épistémiques du conditionnel


Jeudi 4 octobre
Matin:
La temporalité dans la diversité des langues
Stéphane ROBERT: Le temps dans les langues africaines: l'exemple du système du wolof
Marie-Françoise ROMBI: Aspect et temps dans un échantillon de langues bantu d’Afrique Orientale
Amr Helmy IBRAHIM: Conséquences de l'usage d'un outil unique pour les oppositions d'aspect et de temps en arabe
Jean-Pierre DESCLÉS & Zlatka GUENTCHEVA: Conclusions de la première partie du colloque

Après-midi:
ACCUEIL DU SECOND GROUPE DES PARTICIPANTS

Soirée:
Présentation de la deuxième partie du colloque et du Centre


Vendredi 5 octobre
Le temps appréhendé à travers différentes disciplines
Matin:
Evandro AGAZZI: Le temps entre subjectivité et objectivité
Jean FAYE: Tenses, Changes and Space-Time
Jean-Pierre DESCLÉS: Les référentiels temporels dans les langues: une approche cognitive et formelle

Après-midi:
Daniel VANDERVEKEN: Ramified Time, Attitudes and Action
Marco BUZZONI: Causalité et temporalité du point de vue opérationnel
Jean DURUP: Le temps présent, la conscience et l'irréversibilité


Samedi 6 octobre
Le temps appréhendé à travers différentes disciplines
Matin:
Hervé BARREAU: Du temps physique au temps cosmique: le rétablissement de la flèche du temps
Peter MITTELSTAEDT: Concepts of Time in Physics and Cosmology
Alberto CORDERO: Psychological Time and Foundations of Physics

Après-midi:
Jesús MOSTERIN: Time and Clocks, from Aristotle to Einstein and Beyound
Fabio MINAZZI: The Philosophical Signifiance of Relativistic Conception of Relativity (texte lu)
Roland OMNÈS: Le temps dans la physique quantique
Giovanni PROSPERI: Various aspects and problems regarding the concept of time in modern physics


Dimanche 7 octobre
Le temps appréhendé à travers différentes disciplines
Matin:
Massimo PAURI: Time, Physics, and Freedom: at Roots of Contemporary Nihilism
Paul GOCHET: La formalisation du temps et de l’aspect en français: une approche cognitive
Anne FAGOT-LARGEAULT: Ontologie du devenir
Evandro AGAZZI: Clôture du colloque

Après-midi:
Assemblée Générale de l'AIPS (réservé aux membres titulaires de l'Académie)


Lundi 8 octobre
EXCURSION AU MONT-SAINT-MICHEL


Mardi 9 octobre
DÉPARTS

RÉSUMÉS :

Evandro AGAZZI: Le temps entre subjectivité et objectivité
Though an explicit definition of time is hardly possible, we can single out three characteristics that are included in this notion at the level of personal experience: change, the distinction of past, present and future (that is intrinsic to the psychic phenomena of memory and expectation), irreversibility. Yet experience of the "external world" shows some evidence against these features, constituted by periodical or cyclical changes. The awareness of these facts has produced the metaphysical problem of the origin and the end of change as such, and the question is whether they occur "in" time or "with" time itself. This general notion receives certain “objective” treatments according to the partial optics of particular sciences. For example, in physics only change remains; in biology we find change and irreversibility; but not past-present-future in a proper sense; in historical sciences the presence of the three components is possible, because it introduces a scale of time tuned on some zero-point constituted by certain "events", and in it the category of memory is essential, and also that of expectation.

Hervé BARREAU: Du temps physique au temps cosmique: le rétablissement de la flèche du temps
La science classique a détruit le privilège de l'orientation privilégiée du temps du passé vers l'avenir, qu'offre le sens commun. Toutes les lois fondamentales de cette science sont, en effet, invariantes par rapport aux deux directions possibles du temps. D'où le problème de concilier cette symétrie avec l'expérience humaine du temps. Ce n'est pas la thermodynamique phénoménologique qui résout ce problème, puisque l'accroissement d'entropie dans un système clos suppose déjà la direction habituelle du temps. Ce n'est pas non plus la thermodynamique statistique, puisqu'elle n'offre qu'une probabilité (d'autant plus forte que les composants du système sont plus nombreux) pour que l'entropie croisse au cours du temps. C'est la cosmologie relativiste qui rétablit finalement la direction unique du temps, puisque, quand il s'agit d'appliquer la théorie relativiste de la gravitation à l'Univers, on est obligé, pour éviter des contradictions, de dissocier la dimension temporelle des dimensions spatiales, et de postuler un temps cosmique, rendu manifeste par le phénomène de l'expansion. Hermann Weyl et Georges Lemaître ont été les pionniers de cette manière de considérer le temps cosmique.

Patrick DENDALE: Serait-ce un conditionnel de ouï-dire? Sur les liens entre les deux emplois épistémiques du conditionnel
Dans l'étude du conditionnel français, on reconnaît généralement trois groupes d'emplois: des emplois temporels (futur du passé, futur des historiens), des emplois modaux (éventualité et atténuation) et des emplois épistémiques, évidentiels ou médiatifs (Dendale 2001).
Du point de vue sémantique, il y a lieu de distinguer dans cette dernière classe au moins deux sous-classes d’emplois, illustrées par les exemples (1) et (2):
(1) Les Américains auraient capturé ce matin Oussama Ben Laden à la frontière pakistanaise.
(2) On n'a toujours pas pu capturer Oussama Ben Laden. Serait-il mort? Aurait-il été tué?
C'est à ces deux emplois que sera consacrée cette communication. Ce qui est étrange, c'est que la valeur évidentielle quotative de (1) se perd complètement lorsque la phrase est mise à la forme interrogative avec inversion ou avec est-ce que. Le conditionnel prend alors une autre valeur évidentielle, inférentielle.
Plusieurs études ont été consacrées à l’un et l’autre de ces deux emplois du conditionnel (Diller 1977, Martin 1981, Maingueneau 1981, Tasmowski 2001 et Haillet 2001). Certaines des ces études ramènent le conditionnel évidentiel inférentiel au conditionnel évidentiel quotatif, ou l'y assimilent. Nous montrerons, dans notre contribution, que cette mise en rapport va à l’encontre, sur le plan diachronique, des nouvelles datations que nous avons pu donner à ces deux emplois, et que sur le plan synchronique, elle ignore la différence fondamentale qu’il y a entre les catégories évidentielles de la reprise à autrui et de l’inférence. Nous proposerons deux hypothèses devant expliquer d’une autre façon le lien entre ces deux conditionnels ou la place du conditionnel évidentiel d’inférence parmi les emplois du conditionnel, l’une qui passe par le futur conjectural et l’autre qui convoque une caractéristique sémantique du conditionnel d’éventualité quand celui-ci est utilisé dans une phrase interrogative.

Amr Helmy IBRAHIM: Conséquences de l'usage d'un outil unique pour les oppositions d'aspect et de temps en arabe
Nous rappellerons les grandes lignes de notre démonstration (Ibrahim 1979): la possibilité de rendre compte de toute la gamme des interprétations aspectuelles, temporelles et modales qu’un verbe arabe peut prendre dans un énoncé à travers l’opposition des formes du mod:ari3 (littéralement ressemblant) que la tradition européenne dénomme inaccompli et du mâd:î (passé) que la tradition européenne dénomme accompli, en termes d’applications successives à une base, d’opérateurs de perfectivisation ou d’imperfectivisation dont ces deux formes, associées à d’autres constituants de la grammaire, constituent les traces morphologiques.
Nous montrerons ensuite, après réflexion sur l’opposition entre la simplicité pour ne pas dire la pauvreté désarmante des deux formes de départ et l’extraordinaire richesse et complexité des valeurs de la combinatoire où elles peuvent entrer, quelles conclusions de nature conceptuelle on est bien obligé de tirer quant aux relations entre la perception humaine du temps, sous ses deux volets universel et culturel, et le mode d’inscription de cette perception dans le système grammatical d’une langue particulière et plus généralement dans celui du groupe, que la typologie moderne tend à étendre, dont cette langue fait partie.

Fabio MINAZZI: The Philosophical Signifiance of Relativistic Conception of Relativity
In Einstein relativity theory, the order of temporal succession, of the before and after, is always reducible to the causal order, on the basis of which effects always follows cause. However, for relativity theory time constitutes a relationship that is asymmetrical, but certainly not unidirectional. In contrast with Reichenbach's observations, this brings us back to the profoundly anti-intuitive character of relativity, which sees it as pointless ti introduce a qualitative difference between the directions of time. Relativity also delineates a theory of physics that increasingly tends to "dissolve" and "resolve" physical entities into the significance and the precise functions of critical integration of the experimental dimension that they developed within a given natural horizon. From this point of view it is therefore legitimate to doubt that relativity is truly capable of decisively helping to pulverise the concept of critical integration of the experimental dimension that they developed within a given natural horizon. From this point of view it is a therefore legitimate to doubt that relativity is truly capable of decisively helping to pulverise the concept of the synthetic a priori and the related critical "Copernican" breakthroug introduced by Immanuel Kant with the identification of the transcendental dimension.

Peter MITTELSTAEDT: Concepts of Time in Physics and Cosmology
Newton's concept of time was criticised as an useless concept by Mach and Poincaré. On the basis of this critique, a mesurable concept of time was formulated by Einstein in the Theory of Relativity. In particular, General relativity which is governed by Einstein's field equations, offers the possibility of global solutions that may be interpreted as models of the universe.
The requirements of homogeneity and isotropy lead to the Friedmann models of the universe and the concept of cosmic time. This concept allows to discuss the dynamics of the universe as well as its age, and it allows to answer important questions known from the philosophical tradition: is an infinite past of the universe possible? Can the concept of eternity be given a physical meaning? And was time created together with the world? What happened before time came into being?

Jesús MOSTERIN: Time and Clocks, from Aristotle to Einstein and Beyound
What was the first, the chicken or the egg? What comes conceptually first, time or the clocks? We need the notion of time in order to describe change. A clock is a repetitive or cyclic type of movement or change, each repetition being a cycle. We measure the duration of a particular process by counting how many cycles of a clock have taken place between the beginning and the end of that particular process. Some of the questions to be addressed are:
- Is the passage of time a mere subjective illusion or does it have some objective reality?
- What is the relation between the operational time of the clocks and the "geometric" time as a dimension of the spacetime manifold?
- In the standard cosmological model, the Big Bang is the beginning of everything, including clocks and time. Does it make any sense to ask about what happened before the Big Bang, as some cosmologists do?
- Quantum field theory is the only way to reconcile quantum mechanics with special relativity. It presupposes the time of special relativity. Does it make any sense to speculate about time arising from a non-time situation in a quantum context, as some theoreticinas do?

Giovanni PROSPERI: Various aspects and problems regarding the concept of time in modern physics
In its very foundation time remains certainly a philosophical problem. In its analysis, however, Physics has exhibited aspects that can not be ignored. In Newtonian Physics time was understood as a predetermined framework in which events were supposed to occur. In Special Relativity, more in line with classic Philosophy, time is a relational concept, which stems from the basic postulate of universality of the light velocity. Consistency with common sense and causality is assured when time ordering is referred to the light cone topology. Problems may arise at a global level in General Relativity and in connection with the idea of a cosmological time. In Quantum Mechanics time and in Quantum Field Theory time and space have a classical status. Only in special contexts the time of occurence of some event can be considered as quantum observable. Serious problems arise in the attempts to extend quantization to the gravitational field, which is related to the space-time metric in Einstein Theory.

Stéphane ROBERT: Le temps dans les langues africaines: l'exemple du système du wolof
Du point de vue grammatical, les langues africaines présentent des systèmes temporels assez divers que l’on ne peut ramener à un modèle unique. On présentera d’abord quelques caractéristiques remarquables relevées dans les systèmes temporels de ces langues: indications métriques, auxiliaires à valeurs aspecto-temporelles variées, amalgames entre temps et négation, entre temps et focus, orientation variable de la flèche du temps... On s’attachera ensuite à décrire plus précisément le système verbal d’une langue africaine parlée au Sénégal: le wolof. On montrera notamment que, dans cette langue, les indications aspecto-temporelles sont amalgamées à d’autres déterminations: il en résulte un système assez complexe à deux niveaux d’organisation et dans lequel la valeur d’accompli est construite de trois manières différentes. On soulignera également le rôle des types de procès dans la construction de la valeur temporelle des conjugaisons, ainsi que dans les glissements de valeur de certaines formes, du temps à la modalité.

Valentina VAPNARSKY: Temporalités mayas: grammaire et culture en jeux
L’usage discursif des formes linguistiques servant à l’expression des temporalités est déterminé par et, à la fois, définit des configurations d’actions et des liens de causalité entre celles-ci. Ces configurations étant elles-mêmes en partie dépendantes de conceptions culturelles quant aux cours des événements, elles nous amènent à envisager l’inscription grammaticale de conceptions locales mises en jeu dans les pratiques discursives. L’analyse partira des formes aspectuelles et des déictiques du yucatèque — langue maya du Mexique parlée par près de 800 000 locuteurs —, en s’attachant tout particulièrement aux liens entre temporalité et causalité ainsi qu’à ceux entre temporalité, modalité épistémique, et intersubjectivité.

Alice VITTRANT: Le birman: une langue sans temps?
Les langues ont à leur disposition plusieurs stratégies pour indiquer le moment où a lieu un événement. Elles peuvent utiliser des expressions lexicales plus ou moins complexes ou encore des catégories grammaticales, contenues habituellement dans le syntagme verbal. La majorité des langues combinent ces différents types d'expression. Mais d'autres choisissent de ne pas marquer la référence temporelle au sein des catégories grammaticales du groupe verbal, c’est-à-dire de ne pas grammaticaliser le temps et d’indiquer quand a lieu un événement au moyen du lexique (adverbe) et/ou d’une expression syntaxique (circonstant, proposition subordonnée...). Le birman semble appartenir à ce dernier type de langue, ce que nous nous efforcerons de démontrer.

Avec le soutien
du Laboratoire LaLIC (Université de Paris-Sorbonne),
du Laboratoire LACITO (CNRS)
et de l'AIPS (Académie Internationale de Philosophie des Sciences)