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DU MARDI 1er AOÛT (19 H) AU
VENDREDI 11 AOÛT (14 H) 2000
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DIRECTION : Jean CÉARD, Marie-Luce
DEMONET
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ARGUMENT :
Invité par Pantagruel à explorer diverses voies par lesquelles pourrait
être élucidée la question de savoir s'il doit se marier et s'il s'en
trouvera bien, Panurge a consenti à essayer la divination par les
songes. Au matin, il raconte à ses amis ses visions nocturnes, et
conclut: "Voyez là une belle platelée de songes, faites grande chère là
dessus. Et l'exposez comme l'entendez. Allons desjeuner, Carpalim".
Il est tentant de tenir cet épisode pour emblématique d'une œuvre qui
ne soulève pas seulement une foule de problèmes d'interprétation, mais
semble aussi s'ingénier à poser le problème de son interprétation, dans
des textes mi-théoriques, comme le Prologue de Gargantua, ou à travers certains
épisodes énigmatiques que la critique a depuis longtemps remarqués et
qu'elle s'emploie inlassablement à gloser. On peut même se demander,
comme le suggère le Tiers Livre,
si ce n'est pas le problème général de l'interprétation qui est mis en
scène dans cette œuvre. Panurge est peut-être la figure du lecteur qui,
renonçant à poser la question du sens, choisit de lire l'œuvre de
Rabelais comme simplement comique - mais qu'est-ce qu'une œuvre
simplement comique? - et décide d'aller déjeuner.
La critique rabelaisienne nous a proposé mille Rabelais: sans parler
des Rabelais athée, déiste, libre-penseur, chrétien orthodoxe ou
chrétien séduit par les idées nouvelles évangéliques ou luthériennes;
d'autres, avec Leo Spitzer, nous ont invités à une approche qui,
délaissant les idéologies, s'attacherait à une lecture stylistique;
d'autres encore, convaincus de la présence obstinée d'un sens crypté
nous ont encouragés à une lecture ésotérique, lecture qui connaît
elle-même de nombreuses variantes, franc-maçonne, folklorique,
kabbaliste, alchimique, numérologique, etc.
Toutes ces lectures postulent une certaine cohérence de l'œuvre de
Rabelais. Et si cette œuvre renonçait à ce critère rassurant? Si elle
était l'un des monuments de cette crise de l'interprétation qui est,
selon certains, le fait de la Renaissance? Si elle s'attachait
malignement à multiplier les signes pour paraître désigner un sens
qu'elle s'emploi à ébranler, à miner, ou même à ruiner? Si la
prolifération du texte rabelaisien était plus que l'indice d'un plaisir
d'écrire, mais nous affrontait à ce que Michel Jeanneret a fortement
appelé "le défi des signes"?
Ce colloque ne se propose pas de faire l'histoire de la critique
rabelaisienne; il voudrait plutôt, prenant en compte cette
histoire, confronter les lectures proposées, non pas tant pour
chercher à les concilier que pour dégager les choix théoriques qu'elles
supposent, notamment sur la question décisive du signe.
Outre les spécialistes reconnus de l'œuvre de Rabelais, ce colloque
veut donner la parole à de jeunes chercheurs, les uns auteurs de
travaux, en cours ou achevés, sur Rabelais et, en particulier, sur
l'écriture rabelaisienne, les autres spécialistes de domaines où les
amateurs de sens cachés cherchent des clés pour interpréter l'œuvre de
Rabelais: kabbale, alchimie, numérologie, etc. À leurs propositions,
seront confrontées celles des lecteurs d'aujourd'hui, écrivains,
graveurs, peintres, internautes.
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CALENDRIER DÉFINITIF :
Mardi 1er
août
Après-midi:
ACCUEIL DES
PARTICIPANTS
Soirée:
Présentation du Centre, du colloque et des participants
Mercredi 2 août
Matin:
Jean CÉARD:
Introduction
Après-midi:
Michel SIMONIN:
Rabelais, l'encre et le soleil
Jean-Eudes
GIROT: Rabelais et ses modèles littéraires
Jeudi 3 août
Matin:
Nina ZHIRI:
Rabelais, le sens et le temps
Myriam
MARRACHE: Panurge architecte et maître du sens: cornes et
cornemuses
Après-midi:
Christophe
CLAVEL: Rabelais, Aulu-Gelle et les "esparez", ou la question de
l'absurde
Stéphane
GEONGET: Le "Y grégois" et la quête du sens
Vendredi 4 août
Matin:
Gilles POLIZZI:
La dérive des intertextes du Tiers
au Quart Livre: le sens de la
navigation rabelaisienne
Paul J. SMITH:
Au cœur du Quart Livre:
Quaresmeprenant et les Andouilles
Après-midi:
Frank
LESTRINGANT: Une lacune du sens: l'épisode du Physétère dans le Quart Livre
Pierre LAFITTE:
Quelques vers de Me François dans le Quart
Livre. Ou Villon embarqué dans l'évangélisme
Samedi 5 août
Matin:
Marie-Luce
DEMONET: Que faire du sens littéral?
Jacques
BERCHTOLD: Mouches et mousses aux orifices du corps: les niveaux
de sens au chapitre XV de Pantagruel
Après-midi:
Emmanuel NAYA:
Sustinere
assensum, sustinere sensum: gelées rabelaisiennes du sens
Barbara C.
BOWEN: Sens et non-sens chez Bridoye
Soirée:
Lectures rabelaisiennes par le Théâtre en Partance et sa troupe "les
Embruns"
Dimanche 6 août
DÉTENTE
Lundi 7 août
Matin:
Editer Rabelais,
table ronde animée par Stéphane
GEONGET, avec Marie.-Hélène
ANTONI, Jean CÉARD et Marie-Luce DEMONET
Après-midi:
Jean-François
MAILLARD: La chimère de Rabelais kabbaliste
Christine
ESCARMANT: Poétique et anthropologie du signe: la fête
Mardi 8 août
Matin:
André TOURNON:
Croisements signalés
Jean DUPÈBE:
Les dés de Bridoye
Après-midi:
Claude LA
CHARITÉ: La disputation par signes et la "philochirosophie"
Louis-Georges
TIN: Le Pantagruélion: la quête des signes, la quête du sens
Mercredi 9 août
Matin:
Véronique
ZAERCHER: Logorrhée ou silence: les limites de l'interprétation
dans le dialogue
Sandra VULCAN:
Les signes oraculaires et le dialogue
Après-midi:
Marie-Elisabeth
BOUTROUE: Rabelais et la question de la réception de la science
antique
Christine de
BUZON: La fortune du "grand peut-être"
Jeudi 10 août
Matin:
Gérard
MILHE-POUTINGON: Rabelais et le mouvement
Frédéric de
BUZON: Rabelais et la musique
Après-midi:
Franco GIACONE:
Intus et foris:
la parole biblique et le sens de l'œuvre rabelaisienne
Hyperbase de Rabelais
Vendredi 11
août
Matin:
Marie-Luce
DEMONET & Jean CÉARD: Conclusions
Après-midi:
DÉPARTS
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Avec la participation
de
l'Université de Paris X - Nanterre
et du Centre
régional des Lettres de Basse-Normandie
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