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Centre
Culturel International de Cerisy
Association
des Amis de Pontigny-Cerisy |
Jean
Ricardou nous a quittés soudainement, au bord de l'eau, à Cannes, le 23
juillet 2016
Écrivain
et théoricien, il s'apprêtait à animer à Cerisy le 28ème séminaire de textique, nouvelle
discipline à laquelle, depuis 1989, il consacrait tous ses efforts.
Conseiller à la programmation et à l'édition, il a fait bénéficier
pendant plus de 35 ans, dans tous les domaines, le Centre culturel
international de Cerisy de ses qualités d'intelligence et de rigueur.
Nous avons demandé à Mireille Calle-Gruber, vice-présidente de
l'Association des Amis de Pontigny-Cerisy et qui l'a bien connu, de lui
rendre ici hommage. De Norvège, Bente Christensen, amie de longue date,
a eu la gentillesse de nous faire parvenir un témoignage d'amitié.
D'autres textes, lus lors des obsèques le 2 août par les texticiens,
sont
proposés en téléchargement.
Le séminaire de textique, qui s'est effectvement tenu du 4 au 8 août, a
été consacré
aux actions à mettre en œuvre pour que se développent les travaux
textiques en cours. Nous avons prié Jean-Christophe Tournière de nous
dire ce que lui avait apporté la textique et quelles étaient les suites
envisagées.
Par ailleurs, une journée d'hommage sera organisée à Paris dans les
prochains mois, ainsi que, en 2019, à Cerisy, un colloque international
autour de toute l'œuvre de Jean Ricardou.
Édith
Heurgon et l'équipe du Centre culturel international de Cerisy-la-Salle
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POUR
JEAN RICARDOU, par la vice-présidente de l'AAPC
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À
Cerisy, dans la mémoire des hôtes et dans celle de ce lieu séculaire où
il a longtemps œuvré à façonner la vie des rencontres, le souvenir de
Jean Ricardou n’est pas près de s’effacer: silhouette énigmatique
soigneusement composée et perpétuée, gracile, un peu féline, tout en
souplesse musclée, moulée dans l’éternel jeans-maillot noir sous
l’abondance des boucles de plus en plus grisonnantes. Les longues
rouflaquettes barrant les joues et les lunettes noires reportaient vers
les lèvres volontiers ironiques toute l’expression du visage. Ne pas
omettre le pendentif à son cou, quelque chose comme de la corne ou de
l’ivoire, une dent de sanglier, une corne d’abondance, un symbole
phallique ou apotropaïque, les hypothèses étaient sans fin. Le
personnage, iconique, se tenait ainsi hors de toute familiarité, ce qui
n’empêchait aucunement de sa part un accueil généreux à la chaleur
méditerranéenne.
Déconcertant à tous égards, il l’était: car il aimait jeter le trouble
dans les rencontres à l’unisson et les évidences les mieux partagées.
Jean Ricardou, ce fut le rocker du roman dans les années soixante-dix,
mais sa turbulence qui se méfiait des émotions cherchait à établir
"l’ordre dans la débâcle" — titre du premier article qu’il écrivit sur
La Route des Flandres de Claude Simon. Jean Ricardou, ce fut le
baroudeur de la littérature mais qui faisait dans la dentelle de la
phrase. Certains, lors de débats un peu âpres, le surnommèrent "Le
Saint-Just des Lettres", mais s’il était tranchant en séance de
colloque, il savait prendre le soin, lors des transcriptions qu’il
effectuait pour la publication des Actes, de rendre à chacun fidèlement
ses paroles.
Comme les chats, Jean Ricardou eut plusieurs vies. Des "Cerisy de
Ricardou", j’en sais au moins cinq.
Première vie à Cerisy. Dans les années soixante-dix, reprenant le mot
de "nouveau roman" au journaliste du Monde
Emile Henriot lequel avait, un jour de 1957, lancé cette expression,
somme toute banale, en désespoir de cause, ne sachant comment désigner
des romans de facture inclassable, Ricardou réussit à ré-inventer le
"Nouveau Roman" en "Nouveau Nouveau Roman": écrivant quatre livres de
théorie et quatre livres de fiction [1] (il aimait souligner cette
symétrie de sa production), et réunissant à l’enseigne du colloque
"Nouveau Roman, hier, aujourd’hui", en 1971 à Cerisy, avec Françoise
van Rossum Guyon, ceux qui allaient officialiser, de façon éphémère,
leur appartenance de "nouveaux romanciers": Michel Butor, Claude
Ollier, Robert Pinget, Alain Robbe-Grillet, Nathalie Sarraute, Claude
Simon. Et Jean Ricardou, donc, le plus jeune. C’est de Claude Simon, de
vingt ans son aîné, qui appréciait ses travaux de théorie, dont il fut
alors, finalement, le plus proche (Colloque "Claude Simon", 1974). À
l’opposé de Robbe-Grillet, Ricardou fit avec lui, le temps du colloque
qu’il lui consacra, un tandem explosif.
C’est à cette occasion qu’il m’invita à Cerisy. Je venais de terminer
une première thèse à Montpellier sur le Nouveau Roman, je la lui avais
envoyée, nous avions commencé une correspondance. Alors aux Affaires
étrangères en poste en Egypte, je découvrais un monde, une
effervescence intellectuelle insoupçonnée. Et bientôt, notamment, que
le Centre culturel international de Cerisy avait la faculté
d’accueillir de grands colloques universitaires pluridisciplinaires en
même temps qu’un espace de résistance au prêt-à-penser et aux
protocoles institutionnels.
La deuxième vie de Ricardou à Cerisy, ce fut l’instauration des
"ateliers du texte" à la fin des années soixante-dix [2]. Ou plutôt,
comme il aimait le dire, "l’obstination de l’atelier" ("Le
Tout-à-lire", Micromégas, 1981). Le "groupe" Nouveau Roman, c’était
terminé, chacun suivait sa forme propre d’écriture (même si une
certaine critique continue à appliquer l’étiquette indistinctement à
des œuvres disparates). Poursuivant sa logique selon quoi le texte
s’écrit et l’auteur n’est qu’illusion idéologique, Ricardou embarqua
vers "Une nouvelle éducation textuelle" — sous-titre de son ouvrage
"mixte/Seuil" théorie/fiction, Le
théâtre des métamorphoses, paru en 1981 dans la collection
"Fiction & Cie" que dirigeait Denis Roche aux éditions du Seuil.
Nous avons formé un étrange attelage et beaucoup d’amitié autour de
Ricardou, toutes tendances réunies, littéraires, philologues,
philosophes, écrivains, théoriciens, qu’il s’efforçait, avec une
patience inépuisable et une férule tout aussi inépuisable, de convertir
à la radicale matérialité de l’écriture — avec profusion de
"textualisation", "scription", "scripture", "autoréflexivité de second
degré", etc., il professait qu’"Un lecteur averti en vaut deux"; qu’il
fallait remédier à la division du travail entre "ceux qui écrivent et
qui ne savent pas ce qu’ils font et ceux qui savent mais qui n’écrivent
pas"; n’hésitant pas à recourir à la polémique afin de protéger de la
"crétinisation de premier degré" et de la "crétinisation de second
degré" les lecteurs qui se laisseraient endormir par le "plaisir du
texte". Avec Ricardou, nous étions à l’école de l’effronterie et de
l’irrévérence, lui qui avait le front d’enseigner que tout texte est
"améliorable" et qui s’en prenait à Mallarmé, à Proust ou encore,
"prenait le risque", au Théâtre-Poème de Bruxelles, invité par Monique
Dorsel et Emile Lanc, "d’une OPA sur Flaubert, une Offre Publique
d’Amélioration" (Le Mensuel
littéraire et poétique, avril-mai 1988).
Je l’avoue, mon amour de la littérature fut le plus fort, j’abandonnai
bientôt l’atelier ricardolien. Mais j’ai gardé, et je sais que c’était
réciproque, une grande affection et le plus profond respect pour
l’engagement et les travaux de Jean Ricardou. Et aussi de la
reconnaissance pour ce que j’ai désappris auprès de lui. Lors d’une de
nos conversations téléphoniques où nous confrontions encore nos
divergences, il avait eu ces mots, très forts, qui m’émurent: "J’ai
trouvé ce que je cherchais, je suis dans une grande sérénité, que les
autres l’entendent ou non, c’est leur affaire".
Sa troisième vie à Cerisy où il inventa "la Textique", lui consacrant à
partir de 1989, un séminaire annuel de dix jours ou d’une semaine et
plusieurs publications importantes aux Impressions nouvelles, je suis
trop ignorante pour en parler. La
cathédrale de sens (1988) qui joue dès la couverture avec "dans
tous les sens" "dans tous les sans" et avec "la cathédrale des sons"; Révolutions minuscules, republié
après réécriture, et précédé de "Révélations minuscules"; Une maladie chronique (1989); Intelligibilité structurale du trait:
TEXTICA 2 et Grivèlerie:
TEXTICA 3 (2012), marquent les jalons d’une réflexion toujours plus
rigoureusement formalisée. Son charisme a formé un groupe de fidèles
"texticiens" qui le suivent pour certains depuis plus de vingt ans
comme Marc Avelot, Daniel Bilous, Jean-Claude Raillon, Gilles Tronchet.
Nul doute qu’ils prendront la relève.
Textique: que dire
quant à la lecture? (2015)
(Gilles
Tronchet, Marc Avelot, Daniel Bilous, Jean Ricardou, Jean-Claude
Raillon)
Pendant ses trois vies, Ricardou en eut deux autres à Cerisy:
conseiller à la programmation et à l’édition du Centre culturel
international, il veillait aux apports intellectuels, assurait
l’articulation des programmes, la préparation d’ensemble et la
diffusion ainsi que le suivi des manifestations. Et puis, il y avait la
vie du joueur de pétanque: spontanéité, galéjades, hasards du jeu, la
rigueur textique envolée on riait aux éclats.
Auprès de Ricardou, nous avons été très sérieux, ratiocinant tout le
jour à la moindre pesée d’une lettre, et très insouciants, passant les
nuits à danser dans la cave du Château. Avec Ricardou, nous avons été
audacieux, lancés pleins d’enthousiasme dans l’aventure d’une première
revue La chronique des écrits en
cours, quatre livraisons en 1981 et 1982 (Marc Avelot, Mireille
Calle-Gruber, Michel Falempin, Daniel Fleury, Claudette Oriol-Boyer,
Benoît Peeters), et une présentation à la "Revue parlée" à Beaubourg
avec une communication de Jean Ricardou: "Une revue, aujourd’hui: pour
quoi faire?". Puis enchaînant sur l’aventure d’une seconde revue Conséquences (1er numéro automne
1983) qui eut, grâce aux Impressions nouvelles, une belle longévité.
Nous avaient rejoints à la rédaction Jan Baetens, José Calvelo, Michel
Gauthier, Patrice Hamel, Guy Lelong, Jean-Claude Raillon. Claudette
Oriol-Boyer s’en était allée fonder sa propre revue Texte en main.
J’aimais la vigilance de Jean Ricardou. Qu’il fût là, tenace, indompté,
ne lâchant rien, avait quelque chose de rassurant. Il faut que sa
pensée continue à vivre.
Comme s’il avait réussi à mettre aussi de l’ordre dans la débâcle
ultime du cœur, Jean Ricardou est mort le 23 juillet 2016, "chez lui",
sur la plage de Cannes, d’un arrêt cardiaque après avoir nagé pour
poser ses lignes de pêcheur le plus loin possible. C’est à décrire
cette plage et le mouvement récurrent des vagues près d’un corps
allongé qu’il avait consacré, 55 ans plus tôt, ses premières lignes
d’écriture déposées dans son roman L’Observatoire
de Cannes (1961):
Une
nouvelle vague déferle. Elle s’étend tout au long de la grève en une
nappe épaisse d’abord, de plus en plus mince ensuite, jusqu’à la
lisière ondulée du sable sec, dans les creux duquel, ici et là,
s’infiltrant déjà, elle a déposé des constellations d’ellipses
mousseuses.
Le
corps de la jeune fille, entièrement submergée, n’est qu’une silhouette
floue, dont les contours sont déformés par la réfraction.
Mireille
Calle-Gruber
[1] Jean Ricardou, L’Observatoire de
Cannes, Minuit, 1961; La
Prise de Constantinople, Minuit, 1965; Les lieux-dits, Gallimard, 1969; Révolutions minuscules, Gallimard,
1971; Problèmes du Nouveau Roman,
Seuil, 1967; Pour une théorie du
Nouveau Roman, Seuil, 1971; Le
Nouveau Roman, Seuil, 1973; Nouveaux
Problèmes du Roman, Seuil, 1978.
[2] Le Texte (à effets) de fiction (1977), Le Texte (à effets) de
théorie (1978), Pour une théorie matérialiste du texte, I (1980), Pour
une théorie matérialiste du texte, II (1981), Pour une théorie
matérialiste du texte, III (1982), Le Texte de fiction et sa théorie
(1983), Comment écrire la théorie?, I (1984), Comment écrire la
théorie?, II (1985), Initiation à la Textologie (1986).
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TÉMOIGNAGE
D'UNE AMIE DE NORVÈGE
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"Je vous instruirai avec plaisir de la
partie technique de notre art et nous lirons ensemble les écrits les
plus remarquables". Jean Ricardou a choisi cette citation de
Novalis en exergue de son livre Pour
une théorie du Nouveau Roman, paru en 1971. Dans l'exemplaire
dont je dispose, j’ai noté ”Oslo, printemps 1972” — une année avant ma
première rencontre avec Jean; il est venu en Norvège, au printemps
1973, faire des conférences sur le sujet. Depuis, j’ai suivi son
enseignement — de près et de moins près — avec la plus grande
attention. Jean avait une intelligence hors du commun, une grande
honnêteté intellectuelle, un vrai désir de comprendre et de faire
comprendre. Chaque fois que je l’ai entendu et vu — car il utilisait
beaucoup le tableau noir — développer une pensée, j’ai été fascinée par
cet esprit si supérieur au mien.
Sa supériorité ne se traduisait pourtant pas en arrogance. Il traitait
tout le monde de la même façon, et prenait au sérieux toute question
posée avec sérieux, même si elle pouvait lui sembler élémentaire.
Sérieux ne veut cependant pas dire austère. Jean avait le sens de
l’humour et une bonne répartie. Nous avons beaucoup ri dans le groupe
de travail, et il était évident qu’il trouvait un grand plaisir à cette
recherche en commun.
Jean a eu une grande influence sur mon approche de "notre art": la
littérature, les textes. Je suis très triste d’avoir perdu un tel
maître à penser — et un ami — mais je suis aussi très reconnaissante
d’avoir connu Jean et d’avoir lu, avec lui, ”les écrits les plus
remarquables”.
Bente
Christensen, Oslo
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Pour
en savoir plus, il est possible de télécharger les textes lus aux
obsèques de Jean Ricardou, le 2 août 2016, en cliquant sur le lien
ci-dessous:
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APPORTS
DE LA TEXTIQUE ET SUITE DES TRAVAUX
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Que vous ont apporté la
textique, et son inventeur Jean Ricardou?
Il est évidemment impossible, en quelques lignes, de rendre compte avec
justesse des enseignements d’une théorie
qui, dans sa dernière mouture, et sans ajouter ses nombreux corrélats,
se déploie sur environ... 1800 pages.
En outre, s’agissant de dégager certains des apports de la textique, plutôt que
de focaliser l'attention, fût-elle un peu avertie en la matière, sur
l'anecdotique subjectivité d’une personne, il semble plus instructif de
limiter cette attention au strict plan des idées, et de viser à
montrer en quoi telle discipline fait progresser l’intellection commune.
Sous tel angle, l’extrait suivant d’un propos de Jean Ricardou
(disponible dans son intégralité à partir du lien fourni plus bas), en
ce
qu’il répond lui-même à une question interrogeant l’utilité de la textique, paraît assez
éclairant:
"JR: A quoi sert la textique?
Cette question, si peu qu'on y songe, ne compte point parmi les plus
simples. Non que la textique ne serve à rien, non qu'il soit difficile
de préciser certaines des siennes utilités, mais bien parce que, comme
mainte autre chose, elle peut être avantageuse, non seulement sous
divers angles, mais encore à diverses profondeurs. Du coup, préciser,
sommairement, certains services qu'elle semble pouvoir assez vite
rendre, c'est courir un péril: celui, en privilégiant, mieux sensibles,
les bénéfices immédiats, de repousser dans l'ombre tels autres,
peut-être moins flagrants, mais d'un plus haut prix. D'emblée
j'avancerai donc que, en tout cas pour certains, la textique présente
des avantages rapides (c'est ce qui incite le débutant intéressé à
poursuivre l’effort), et, si j'en crois mon expérience, des avantages
ultérieurs moins attendus (qui inclinent à devenir véritablement
texticien).
Permettez-moi de le
préciser d'abord: la textique présente les avantages du recul
théorique. Si
l'on compare les divisions, qui distinguent, d'une part, les animaux
"entre vertébrés et invertébrés", et, d'autre part, entre "comestibles
et incomestibles", "nuisibles et utiles", l'on aperçoit que la
première, théorique, tend à se dégager de l'observateur, et que les
deux autres, pratiques, sont, à l'inverse, foncièrement liées à
celui-ci. Elles rendent toutes leur service, mais aucunement
d'identique façon.
Les classifications
pratiques ont le puissant mérite d'autoriser la survie: quiconque est dépourvu d'un
certain savoir sur ce qui est comestible ou non, utile ou non, ne
saurait guère prétendre, n'est-ce pas, réussir "de vieux os". Et si
l'on observe le quotidien sous cet angle, l'on voit que c'est de mille
manières, à tous niveaux, sans cesse, qu'il est soumis au jugement
"bon, pas bon". L'avantage des classifications pratiques vient donc,
précisément, de ce qu'elles sont faites pour l'observateur
concret. Quant à
leur élaboration, elle pro¬cède, pour l'essentiel, nullement
négligeable, multimillénaire le plus souvent, d'une géographique
accumulation empirique.
Les classifications
théoriques ont l'insigne vertu de favoriser l'intellection: au lieu de répondre,
immédiatement, à la seule utilitaire demande "à quoi ça sert?", elles
correspondent, plutôt, à la question "comment ça marche?". L'avantage
des classifications théoriques vient donc, précisément, de ce qu'elles
sont faites par
un observateur
excentré, tendanciellement
affranchi des œillères de
l'utilitarisme immédiat. Quant à leur élaboration, elle ressortit moins
à un inventaire des choses
sous l'emprise, au mieux, de notions évidentes, qu'à une invention de concepts permettant de
mieux voir, dans les choses, ce qui, peut-être, n'était pas encore tout
à fait vu. (...)".
(N°7/8
de la revue À travers champs
consacré à la textique, où
Jean Ricardou répond, avec de nombreux exemples à l’appui, à deux
questionnaires de Jean-Pierre Depétris: http://www.textique.org/discipline/complements).
Comment
envisagez-vous la suite du travail textique?
Lors du Séminaire de textique 2016,
les camarades œuvrant en textique
se sont réunis, non plus autour du thème Nouvelles questions sur la lecture,
mais, en somme, autour de la question "Comment réorganiser le travail
textique?".
Ce sur quoi chacune et chacun est tombé d’accord, c’est sur la
nécessité de conserver au moins les deux instances du travail collectif, à savoir le Cortext (Cercle Ouvert de Recherche en TEXtique)
et le Semtext (SEMinaire de TEXTique).
Ce souci de placer le collectif
au-dessus des individualités, il apparaît clairement quant à
l’organisation du prochain Semtext
en 2017: au nom de JR (Jean Ricardou) succède celui, englobant quiconque se trouve prendre part aux
travaux, de Collectif Textique.
Si, pour l’heure, l’avenir de la discipline est à envisager sans trop
d'inquiétude, c’est pour trois raisons.
La première, c’est que, lors des séances du Semtext 2016, malgré d’inévitables
moments de flottements dus aux circonstances exceptionnelles, un certain travail, d’une tenue
proche de celui auquel nous a habitué JR, s’est effectivement produit.
La deuxième, c’est que, lors de telles séances, de vives controverses, qui ont pu faire
constater que, JR absent, les débats
ne versent pas pour autant dans de douillettes complaisances, n’ont pas
laissé d’éclater.
La troisième, c’est que plusieurs projets
de travaux ont été conçus.
Pour ma part, je compte bientôt, entre autres choses, soumettre au
groupe les premiers éléments d'un écrit dont le titre provisoire est: La textique expliquée aux enfants.
Dès lors, puisque l’application de ces trois
règles capitales (à savoir produire
des travaux, les partager et
en débattre) a paru de la plus haute importance à toutes et
tous, il n’y a aucune raison de ne pas voir, au fil des années qui
viennent, la pensée textique
continuer de s'approfondir.
Jean-Christophe
Tournière
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S'agissant des inscriptions aux colloques
2016, elles sont ouvertes depuis
le 15 mars.
Vous pouvez retrouver,
pour chaque colloque, mise à jour chaque semaine, une présentation
détaillée (argument, calendrier provisoire, bibliographie,
résumé et présentation des intervenants).
Vous pouvez télécharger les flyers
des colloques qui vous intéressent, à la rubrique "Programme" de
notre site et, s'il vous plaît, les diffuser
largement
autour de vous.
En savoir plus
Vous pouvez aussi télécharger le programme
2016 complet (au format PDF) en
cliquant sur l'image
ci-contre.
Rappel: L'Association des
Amis de Pontigny-Cerisy est un organisme agréé pour la
Formation continue, enregistré sous le numéro: 25 50 00326 60. |
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Barbey
d'Aurevilly
Perspectives
critiques
Direction:
Pierre Galudes, Marie-Françoise Melmoux-Montaubin
Éditeur:
Éditions Classiques Garnier — 2016
Collection:
Littérature, 2
ISBN:
978-2-406-05899-1
Prolongeant le
bicentenaire de la naissance de Barbey d’Aurevilly célébré en 2008, cet
ouvrage, issu d'un colloque tenu à Cerisy en 2014, explore les chemins
actuels de la critique consacrée à l’écrivain. Après le Barbey
idéologue de la fin du XIXe siècle et de la première moitié du XXe
siècle, le Barbey normand des années 1960, les approches
psychanalytiques ou narratologiques des années 1980, une nouvelle
critique s’est fait jour, susceptible de faire feu de tout bois
méthodologique ou théorique. Cet ouvrage s’efforce de dégager les
perspectives ouvertes par cette critique, qu’elle aborde les rapports
de Barbey à l’histoire, à la politique, à la religion, à la critique
elle-même, ou qu’elle propose de nouvelles lectures de ses romans.
En savoir plus |
R
É
C
E
N
T
E
S
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Les
archives de la mise en scène
Spectacles
populaires et culture médiatique (1870-1950)
Direction:
Pascale Alexandre-Bergues, Martin Laliberté
Éditeur:
Presses Universitaires du Septentrion — 2016
Collection:
Arts du spectacle - Images et sons
ISBN:
978-2-7574-1369-2
Longtemps méprisés, les
spectacles populaires sont abordés ici sous l'angle d’une culture
médiatique dont on suit l’essor à travers différentes formes de
spectacles visuels et sonores, théâtre, cinéma, music-hall ou
café-concert.
Ce volume s’inscrit dans la continuité du précédent ouvrage publié dans
la même collection, Hypermédialités du théâtre.
Les dix-neuf contributions que renferme le présent volume poursuivent
l’analyse des archives du fonds de l’Association de la Régie Théâtrale
(ART), déposé à la Bibliothèque Historique de la Ville de Paris. Peu
étudiée jusqu’ici, cette riche collection rassemble les documents –
près de 6 500 pour la période choisie — déposés par les régisseurs,
metteurs en scène et directeurs de théâtre de la région parisienne:
relevés de mise en scène, photographies, partitions, articles de
presse… Une grande partie de ce fonds concerne des œuvres
traditionnellement rangées dans la catégorie des spectacles populaires.
En savoir plus
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Écritures
de soi, écritures du corps
Direction: Jean-François
Chiantaretto, Catherine Matha
Éditeur:
Hermann Éditeurs — 2016
Collection:
Colloque de Cerisy
ISBN:
978-2-7056-9242-1
On peut relever la place
de plus en plus importante occupée par le corps et la sensorialité dans
les écritures de soi, comme dans la clinique psychanalytique. Cela
renvoie à l’évolution tant des modalités de l’intime que de la
psychopathologie contemporaine. Et cette évolution offre à penser
autrement les liaisons et les déliaisons du corps somatique et du corps
érotique, du corps à aimer et du corps à détruire, c’est-à-dire du
corps et de ce qui l’anime.
Différentes questions sont ici débattues, notamment: le corps dans la
cure et les conditions de possibilité de son écriture; la dimension
sensorielle de l’intime dans les écritures de soi; le corps comme lieu
et lien d’écritures... Le débat prend la forme d’un dialogue entre
écrivains, spécialistes du texte littéraire et psychanalystes, autour
des différentes formes d’écriture de soi et de leurs ancrages
sensoriels: les écritures de soi, c’est-à-dire, au-delà même des
"genres" consacrés (autobiographies, journaux intimes, autofictions,
essais, etc.), toute écriture considérée dans sa dimension
d’autoprésentation, lorsque l’écrit inclut un certificat d’authenticité
produit par l’auteur en personne.
En savoir plus
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NB: Vous pouvez accéder à l'ensemble
des publications du CCIC ainsi qu'à une liste plus complète des
prochaines parutions à la rubrique "Publications" de notre site
internet.
En savoir plus
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