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Centre
Culturel International de Cerisy
Association
des Amis de Pontigny-Cerisy |
MOT
DE PIERRE BOUET, MEMBRE DU CONSEIL D'ADMINISTRATION
(en charge des relations avec les partenaires normands)
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Au
début du mois d’octobre 2015 vont se tenir à Cerisy deux rencontres
normandes.
- La première traitera de La guerre en
Normandie (XIe-XVe siècle)
sous trois aspects : les réalités de la guerre, son impact sur la
société et l’économie, sa place dans l’historiographie. Ce colloque,
présenté ci-dessous, appartient au cycle sur "La Normandie médiévale",
organisées par l’université de Caen.
- La seconde, qui se tiendra en parallèle, évoquera, pour le centenaire
de sa disparition, la personnalité littéraire de Remy de Gourmont
(1858-1915) et s’attachera à réévaluer sa place aujourd'hui. |

Pierre BOUET
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Quels ont été, selon
vous, les apports de ces rencontres au plan de la recherche, des
coopérations scientifiques et de la valorisation des travaux ?
Depuis 1992, une vingtaine de rencontres scientifiques sur "La
Normandie médiévale" se sont tenues à Cerisy conformément à une
convention signée avec l’université de Caen. Elles ont donné une
nouvelle impulsion à la recherche concernant l’histoire, la
civilisation et le patrimoine de la Normandie. Très vite s’est
constitué un réseau de chercheurs anglais, canadiens, américains et
italiens avec lesquels ont été définis de nouveaux axes de recherche,
ouvrant sur une collaboration scientifique sur le long terme. Leurs
publications ont permis, en outre, de diffuser les résultats auprès
d’un large public passionné par l’histoire et le patrimoine de leur
région.
Quels
bénéfices avez-vous retiré d’autres colloques proposés à Cerisy sur des
thèmes comme les chevaux et les églises
normandes ?
Personnellement, je n’ai pas participé à la
rencontre sur Les
chevaux : de
l'imaginaire universel aux enjeux prospectifs pour les territoires,
mais je crois qu’elle a été très bénéfique pour la région car il est de
première importance que Cerisy réponde favorablement aux demandes
formulées par des instances régionales, qu’il s'agisse de colloques
concernant aussi bien l’avenir du patrimoine matériel et
immatériel que la prospective des territoires normands. Le colloque sur
le devenir
des églises normandes a permis d’ouvrir un dialogue fructueux entre
les différents acteurs intéressés par ce patrimoine aujourd'hui en
question (gens d’Église, élus, agents de l’État, associations de
bénévoles, mécènes) ; il reste à imaginer, pour construire des
solutions à court et à long termes, une ou des structures de
concertation.
Vous
participez depuis plus de 20 ans à la COCOR (Commission de Coordination
Régionale de l'Association) qui réunit, avec les universités de Caen et
de Rennes, les acteurs politiques et culturels de la région et assure
la programmation de plusieurs rencontres. Ce dispositif vous
semble-t-il fructueux ? Sur quels plans ?
Cette commission présente un bilan extrêmement positif. Elle permet à
tous les acteurs de la culture de se rencontrer deux fois par an pour
définir des axes de recherche sur des thématiques normandes et prévoir
les conditions de réalisation des colloques retenus. Elle a ainsi le
mérite de faire collaborer des personnes venant d’horizons différents
et de créer une dynamique dont le CCIC se trouve être le porteur.
Avec le temps, la Commission a développé une stratégie propre : au
départ, il s’agissait de coordonner les actions et les financements des
rencontres ; peu à peu, les instances régionales, devenant des
partenaires de plus en plus actifs, ont proposé des sujets originaux :
c’est ainsi que furent organisées des rencontres sur des peintres
normands (J.-F. Millet, Les impressionnistes), sur des écrivains
normands (Remy de Gourmont, Tocqueville, Octave Mirbeau), sur les bains
de mer ou sur le patrimoine. La tenue de ces réunions, avec un emploi
du temps qui n’oublie pas de montrer l’importance des publications et
le rayonnement du Centre culturel dans le monde, a été un facteur
essentiel pour l’intégration de Cerisy à son espace normand.
À la suite des réformes institutionnelles récentes, cette Commission
devrait s'ouvrir à des acteurs de l’ancienne région de Haute-Normandie,
notamment aux représentants des universités du Havre et de Rouen.
Peut-être faudrait-il que l’une des deux réunions se fasse en un lieu
géographiquement plus central ? Mais alors quel dommage il y aurait de
ne plus être dans la magie cerisyenne !
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EXPÉRIENCES
CERISYENNES
(de participants venus de loin)
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Vous avez participé
récemment, comme contributrice ou comme auditrice, à plusieurs
colloques de Cerisy. En nous rappelant le titre de ces colloques et en
précisant votre pays d’origine, voulez-vous nous donner votre
impression d’ensemble sur le plan intellectuel ainsi que sur celui du
lieu et de sa convivialité ?
Je viens de
Chine,
j'enseigne à Shanghai et suis rattachée au Collège International de
Philosophie. J'ai participé à trois colloques de Cerisy: septembre
2013, "Des
possibles de
la pensée. L'itinéraire philosophique de François Jullien" ; en
juillet 2014, "À
l'épreuve
d'exister avec Henri Maldiney" et, en
août 2015,
"Deleuze :
virtuel, machines et lignes de fuite".
J'adore
l'atmosphère culturelle de ce haut lieu académique. Les discussions
intenses m'ont profondément marquée et continuent à nourrir mes propres
travaux. Dans ce lieu charmant, riche d'histoire, j'ai passé des
moments heureux et enrichissants avec des personnes ayant des intérêts
proches des miens. Chaque fois, les activités du soir (projection de
film, récitation de poèmes, performance) ont éclairé le colloque en
cause, et ont inspiré nos pensées par une autre façon de vivre. Des
échanges avec des gens venus de tous les coins du monde (en séances et
aux repas) m’ont laissé des souvenirs profonds et inoubliables.
Lors
de vos séjours à Cerisy, qu’avez-vous apprécié le plus ? Certaines
choses vous ont-elles surpris ? D’autres vous ont-elles gêné ?
Le rythme de travail me plaît. C'est un lieu extraordinaire où, à
chaque fois, j'apprends beaucoup. L'équipe qui organise le tout est
impeccable. Ce lieu a gardé sa tradition brillante. Parfois du côté
matériel arrivent de petites surprises, mais elles ne sont pas
gênantes: elles font partie de l'étrangeté. Je n'ai que d'excellents
souvenirs de Cerisy.
Auriez-vous
des améliorations à suggérer ?
Cerisy pourrait éventuellement apporter encore quelques améliorations
techniques, par exemple l'internet wifi, mais je sais que l'équipe a
fait déjà des efforts pour répondre aux nouveaux besoins de notre
époque hyper-technologique (diffusion de certaines conférences en
ligne, par exemple). Par son héritage culturel, Cerisy possède des
ressources exceptionnelles pour la francophonie et le monde entier.
Sans doute un jour un projet de médiathèque numérique serait aussi à
explorer...
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Dandan
Jiang
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Vous avez participé,
pendant la saison 2015, comme contributeur, à un colloque de Cerisy. En
nous rappelant le titre de ce colloque et en précisant votre pays
d’origine, voulez-vous nous donner votre impression d’ensemble à la
fois sur le plan intellectuel et sur celui du lieu et de sa
convivialité ?
J’ai participé au
colloque qui s’est tenu du 22 au 29 juillet 2015 ayant pour titre :
"Hybridations
et tensions narratives au Maghreb et en Afrique subsaharienne".
Je suis Ivoirien (Côte d’Ivoire) et j’enseigne à l’Université Félix
Houphouët-Boigny d’Abidjan (capitale du pays) essentiellement les
littératures et les civilisations françaises. Avec une obédience
globalement néo-structuraliste portée sur la parole du sujet (au sens
où l'entend Lacan) : la parole des personnages narratifs (je travaille
surtout à partir de corpus narratifs) qui fait sens et construit une
organisation du texte.
Cerisy constituait pour moi un véritable rêve. J’ai d’abord entendu
parler de ce château et de ce qui s’y faisait à partir des ouvrages que
Jean Ricardou a fait paraître suite aux différents colloques qu’il a
organisés. J’étais alors étudiant au début des années 1980.
Le Cerisy que j’ai découvert cette année en tant que contributeur a
renforcé ma conviction que c’est un lieu qui a pour fonction
(topologique) de rapporter son hôte au savoir qu’il cherche. Peut-être
devrais-je plutôt parler de connaissance ? Car l’endroit invite
immédiatement à prendre conscience de ce qu’on ne sait pas grand-chose
à côté de toutes ces figures anciennes qui y sont passées et des
nouvelles qui continuent de le fréquenter. En tout cas, ça donne envie.
Peut-être même de vouloir y séjourner plus de temps pour approfondir et
découvrir ce lieu qui vous incite à sortir mais à rester dans le livre.
Et j’ai compris pourquoi des personnes parfois très âgées continuaient
d’y venir.
Lors
de votre séjour à Cerisy, qu’avez-vous apprécié le plus ? Certaines
choses vous ont-elles surpris ? D’autres vous ont-elles gêné ?
Ce que j'ai goûté avant tout, c'est l’ambiance générale et l’accueil.
Tout y est simple et sans protocole. On vous accepte et vous vous
sentez bien très rapidement. Il y a comme un air de famille...
d’intellos qui viennent se recueillir, non pour adorer quoi que ce
soit, mais pour se mettre au travail. Ce qui m’a frappé très
agréablement, c'est la beauté du site. J'ai aimé aussi la gentillesse
du personnel. Et enfin le fait qu'il s'agit d'un lieu de résidence
détaché de tout versant commercial.
De la gêne ? Non, pas vraiment...
Auriez-vous
des améliorations à suggérer ?
Développer la bibliothèque au-delà des publications cerisyennes.
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Jean-Marie
Kouakou
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Vous avez participé,
pendant la saison 2015, comme discutant, à un colloque de Cerisy. En
nous rappelant le titre de ce colloque et en précisant votre pays
d’origine, voulez-vous nous donner votre impression d’ensemble à la
fois sur le plan intellectuel et sur celui du lieu et de sa
convivialité ?
Je suis brésilien
et j'ai participé à la décade "Deleuze :
virtuel, machines et lignes de fuite". J'ai beaucoup de bonnes
impressions sur Cerisy et ce colloque.
D'abord sur le plan intellectuel, j'ai trouvé très intéressant de voir
comment la pensée deleuzienne se multipliait et se ramifiait dans les
différentes disciplines, et comment on pouvait jouer avec cette
puissance de prolifération.
Ensuite sur le plan de la convivialité, il y a eu de très bons moments
d'échanges d'idées avec les autres participants du colloque, soit aux
repas, soit durant les pauses, soit dans les soirées à la cave autour
d’un verre, une guitare et beaucoup de rires. Le château nous a aidé à
créer une amicale convivialité collective pendant toute la décade.
Lors
de votre séjour à Cerisy, qu’avez-vous apprécié le plus ? Certaines
choses vous ont-elles surpris ? D’autres vous ont-elles gêné ?
J'ai beaucoup apprécié les intervalles entre les séances, les
intermezzos, quand les gens s'allongeaient au soleil, ou regardaient
les oiseaux, l’étang, les insectes ; ou encore quand ils allaient voir
les fleurs ou l’arbre d'environ 250 ans, mangeaient des framboises ou
des mûres (oups!), se couchaient par terre ou caressaient Ponpon (le
chat)...
Auriez-vous
des améliorations à suggérer ?
J'ai juste une suggestion à faire à propos de la nourriture. Je
comprends bien que dans la tradition cerisyenne on mange souvent de la
viande. Mais je crois qu'il serait bien d'avoir plus d’options dans les
repas pour ceux qui n'en mangent pas. Nous sommes à un moment du XXIe
siècle où il est urgent de repenser écologiquement notre rapport avec
les milieux naturels et où le problème de consommation de viande est
central.
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Gustavo
Penha
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Notre
saison 2015
s'achèvera le 4 octobre prochain.
Vous pouvez retrouver l'ensemble des colloques accueillis cet été à
Cerisy, ainsi que leur programme définitif, sur notre site internet à
la rubrique "Le
programme".
Vous pouvez également télécharger l'affichette du programme provisoire
pour l'année prochaine (au format PDF) en cliquant sur l'image
ci-contre.
En savoir plus
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ZOOM SUR LES COLLOQUES D'OCTOBRE
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La guerre en
Normandie (XIe-XVe siècle)
(30 septembre-3 octobre)
Direction:
Anne Curry, Véronique Gazeau
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3
questions à Véronique Gazeau:
D’où
vient l’idée de ce
colloque?
C'est Anne Curry, professeur d’histoire médiévale de l’université de
Southampton et une des meilleurs connaisseurs de la guerre de Cent Ans,
qui en a eu l'idée. Elle a demandé à l’OUEN (Office universitaire
d’études normandes) de l’université de Caen d’organiser un colloque sur
ce thème et c’est dans le cadre du cycle "Normandie médiévale" que j’ai
accepté de le co-organiser. Spécialiste de la conquête de la Normandie
de 1417, Anne Curry a réalisé une base de données sur les soldats
anglais qui ont occupé la Normandie dans la première moitié du XVe
siècle. Elle est l’auteur de "Agincourt" (Azincourt). Pour ma part,
j’enseigne l’histoire médiévale et connais le milieu des spécialistes
de la question.
Qui
souhaitez-vous y
réunir?
Des universitaires des deux côtés de la Manche, spécialistes de la
conduite de la guerre (tactique et stratégie), ainsi que des effets de
la guerre sur les sociétés, des spécialistes des armes (un Suisse
expert de l’archerie médiévale), des amis de Cerisy qui s’intéressent à
l’histoire médiévale, des étudiants de l’université de Caen détenteurs
d’un master recherche, qui présenteront une communication ou seront
auditeurs.
Quels
résultats en
attendez-vous?
Faire le point historiographique sur la question entre le XIe
(les ducs de Normandie face au royaume d’Angleterre, au roi de France,
aux princes territoriaux) et le XVe
siècle (fin de la guerre dite de Cent Ans) qui voit dans l’Europe
médiévale non seulement de nombreuses guerres, mais aussi des
modifications dans le recrutement des soldats (passage des armées
féodales à des armées professionnelles, par exemple), sur la question
des armes (controverse autour des "révolutions militaires", sur
l’influence de la guerre quant aux sociétés (notion de guerre totale).
En savoir plus |
Véronique
Gazeau
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Présences
de Remy de Gourmont (30 septembre-4 octobre)
Direction:
Thierry Gillybœuf, Vincent Gogibu, Julien Schuh
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3 questions à Vincent Gogibu:
D’où
vient l’idée de ce
colloque?
Il s'agit du colloque du centenaire de la mort de Remy de Gourmont,
inscrit aux Commémorations nationales. Il intervient alors qu'un
renouveau des études gourmontiennes, initié lors d'un colloque à Cerisy
en 2002, a favorisé de féconds travaux et a vu éclore de nombreux
inédits tout en permettant des publications majeures.
Qui
souhaitez-vous y
réunir?
Colloque fédérateur, il entend réunir tout un panel international de
chercheurs, d'étudiants, de passionnés, de collectionneurs et
d'amateurs curieux autour de la haute figure de Gourmont, et ce non
loin de sa "petite ville" : Coutances.
Quels
résultats en
attendez-vous?
Une synthèse des travaux et découvertes effectués, mais aussi un
approfondissement de la recherche, le développement de nouvelles
perspectives, des échanges et des rencontres fructueuses dans une
atmosphère chaleureuse et conviviale.
En savoir plus |
Vincent
Gogibu
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Pascal
Quignard. Translations et métamorphoses
Direction:
Mireille Calle-Gruber, Jonathan Degenève, Irène Fenoglio
Editeur:
Hermann Editeurs - 2015
ISBN:
978-2-7056-9107-3
Explorant les mutations
de l'écriture et des genres littéraires dans leur frayage avec les
formes de l'art — peinture, arts plastiques, musique, théâtre, danse,
cinéma — ainsi qu'avec les extraordinaires découvertes scientifiques,
cet ouvrage est une méditation sur les gestes de connaître et sur les
mystères du vivant.
En savoir plus
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R
É
C
E
N
T
E
S
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Autour
de Lanfranc (1010-2010)
Réforme et
réformateurs dans l’Europe du Nord-Ouest (XIe-XIIe
siècles)
Direction: Julia Barrow,
Fabrice Delivré, Véronique Gazeau
Editeur:
Presses Universitaires de Caen - 2015
ISBN:
978-2-84133-521-3
À l'occasion de la
célébration du millénaire de la naissance de grand prélat réformateur
originaire d’Italie du Nord (1010-1089), prieur du Bec et abbé de
Saint-Étienne de Caen, en Normandie, puis archevêque de Cantorbéry, en
Angleterre, cet ouvrage propose une réflexion d’histoire comparée sur
la réforme ecclésiastique dans l’Europe du Nord-Ouest aux XIe
et XIIe siècles.
En savoir plus |
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La
Démocratie à l'œuvre. Autour de Pierre Rosanvallon
Direction: Sarah Al-Matary,
Florent Guénard
Editeur:
Éditions du Seuil - 2015
ISBN:
978-2-02-127973-3
Pour comprendre nos
sociétés démocratiques toujours en quête d’elles-mêmes, explique Pierre
Rosanvallon, il faut articuler l’histoire de l’âge moderne et l’analyse
du monde contemporain. Et pour cela inventer une méthode et des outils
conceptuels permettant à la fois de tirer parti de l’étude du passé et
de saisir ce qui nous en sépare. De L’Âge de l’autogestion (1976) à La Société des égaux (2011), cet objectif théorique est resté
indissociable d’une réflexion sur la difficulté de donner corps à
l’idéal démocratique. La démarche, originale et féconde, convoque une
pluralité de savoirs, invite les disciplines à dialoguer, appelle la
discussion. C’est à cette intention que répond le présent ouvrage, issu
d'un colloque tenu à Cerisy (13-20
septembre 2014), qui propose une mise en perspective globale de
l’œuvre de Pierre Rosanvallon.
En savoir plus |
NB: Vous pouvez accéder à l'ensemble
des publications du CCIC ainsi qu'à une liste plus complète des
prochaines parutions à la rubrique "Publications" de notre site
internet.
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2015 Centre Culturel International de Cerisy
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